1 - L'Angleterre

Je vais commettre un meurtre.

Je vais tuer mon père.
Ou alors ma cousine?
Ou peut-être les deux.

Plus sérieusement: j'en ai marre.

Ça fait une semaine que je suis arrivée en Angleterre, une semaine que je n'ai plus aucun contact avec le monde extérieur, et quand je dis aucun, je n'abuse pas: pas d'internet, pas de télé, pas même de radio! Seulement Netflix (ok c'est déjà ça). Une semaine aussi que mon "paternel" me piste où que j'aille (pour le peu d'endroits où je vais: superette ou librairie du coin et boulangerie), et il me surveille en permanence, h24, même quand je dors, j'en suis sure! Il a carrément fait installer des caméras de surveillance dans la maison et m'oblige à porter une montre avec un émetteur gps pour toujours savoir où je vais, où je suis. C'est assez discret et vu de l'extérieur, c'est juste une montre, mais j'ai vite compris l'embrouille quand j'ai vu la puce clignoter derrière le cadran. 

Trace est complètement malade, avec lui j'ai l'impression d'être un prisonnier en liberté conditionnelle.

Ça fait aussi une semaine que je dois de nouveau supporter ma chère cousine et ma chère tante. Enfin, ma tante ça va, elle est plus gentille qu'avant, ou plus compréhensive, je ne sais pas trop, mais elle est plus ou moins agréable, elle me sourit et me fait souvent la conversation, alors que la folle qui me sert de cousine passe son temps à me faire des remarques désobligeantes et des commentaires déplacés. Et même quand sa mère la reprend, elle lui répond comme si elle était une grosse merde.

C'est peut-être cette attitude chez Camypute qui a fait changer Chris au final. Elle a le même âge que moi, mais elle est tellement pire que moi. En fait, c'est une véritable garce. Elle passe son temps à sortir habillée avec 3cm de tissu sur le corps et à rentrer au bras d'un garçon différent chaque soir.

Enfin soit, assez parler d'elle.

Je n'ai vraiment pas hâte de recommencer le lycée, et c'est dans seulement 3 jours, en plus en tant que nouvelle, encore.

J'ai l'impression d'être à nouveau repartie dans un engrenage comme quand je suis arrivée à l'internat, en Australie, et que je ne connaissais personne. Au final, j'ai découvert que j'ai des frères cachés, j'ai rencontré mon cher paternel, et je me suis fais une bande d'amis. Mais tout ça n'est plus que souvenirs, car aujourd'hui ils ne sont plus là. Cela dit, qui sait, peut-être que je vais découvrir que ma cousine n'est pas ma cousine! Oh divinités, oh bonheur.

Non plus sérieusement, vous savez ce qui est le plus insupportable?
C'est cette sensation de vide dans la poitrine, ce creux dans la cage thoracique, ce sentiment de manque intense. J'ai l'impression d'avoir un trou béant à la place du cœur, c'est un peu la même douleur que quand j'ai perdu ma mère, mais en plus vivace. C'est incessant, c'est la tout le temps, ça me rappelle que je suis seule, bien plus que je ne l'ai jamais été. Et ça fait mal. Ça me rend vulnérable, colérique, lunatique, violente, et presque dépressive. Je pense que c'est pire que le deuil de maman, parce qu'on parlait d'une personne décédée, qui ne reviendra jamais. Ici, j'ai été arrachée à des personnes physiques, et je dois juste accepter que je ne les reverrai jamais, alors qu'elles sont toujours là, quelque part.

Donc, je passe mes journées à tourner en rond dans la maison, quand je ne m'abruti pas devant Netflix, ou à me morfondre sur mon sort, à casser tout ce que je trouve quand mes nerfs explosent, à hurler ma douleur en frappant les murs, comme s'ils allaient tomber et se briser, alors qu'il n'y a que moi qui tombe, que moi qui sombre et qui me brise à l'intérieur.

Je veux partir d'ici, m'enfuir, aller n'importe où, tant que c'est ailleurs, tant que c'est loin.

Pourtant voyez vous, malgré la douleur, je reste debout, et je me nourris du peu d'espoir qu'il me reste. Je me remémore les dernière paroles d'Ashton, et je revis quelque peu, ou au moins, je reste en vie.

"Je te retrouverai princesse. Je reviendrai te chercher. Je te le promet."

Je dois avoir écrit ces douze mots et trois phrases une bonne centaine de fois. Partout on peut apercevoir les quatre mots par phrase. Sur mes murs, sur mes classeurs, sur mon sac, sur mes bras, sur des feuilles. Partout.

J'ai l'impression d'être enfermée dans un asile et d'être entrain de devenir folle.

Je garde sans cesse l'espoir qu'il me retrouvera, peu importe quand, j'espère juste qu'il viendra.





~ ASHTON's POV ~

Une semaine.

Une semaine que Brooke est "partie", ou tout du moins, que nous n'avons plus entendu parler d'elle, qu'elle s'est volatilisée soudainement, brusquement et brutalement. Une semaine depuis cette histoire bizarre dans ces foutues caves, cet espèce de laboratoire dans lequel ils font leurs expériences illégales. Une semaine depuis ma petite discussion avec Trace. Une semaine que nous avons tous été renvoyés de l'internat, sans motif valable. Une semaine que nous passons réunis dans mon salon, à tenter de trouver où pourrait être Brooke, à essayer de trouver comment la retrouver, à se soutenir les uns les autres pour ne pas sombrer dans ce trou béant qu'elle a laissé. Ce néant, qu'elle a laissé.

C'est bizarre quand même hein. 

Cette petite tête blonde est arrivée il y a trois mois, elle a chamboulé nos vies à tous, elle nous a apporté tant de choses positives. Notre bande n'a jamais été du genre à laisser entrer n'importe qui parmi nous, mais avec elle ça a été différent. Elle est arrivée, et elle s'est fait une place bien à elle dans le groupe. Alors maintenant qu'elle est partie, même si tout ça était bien court, ce n'est plus pareil.

Une semaine et j'ai l'impression que ça fait cent mille ans, au moins.

Elle me manque atrocement, et c'est insupportable. J'ai ce gout amer qui me reste en travers de la gorge, comme une histoire arrêtée avant la fin, cette sensation de vide à l'intérieur. Pourtant, contrairement à elle, je ne suis pas seul, et je le sais, et je m'en veux encore plus de ne pas savoir où elle est. En faite, j'ai l'impression d'avoir été séparé d'une part essentielle de moi-même, un peu comme si on vous permettait de vivre après vous avoir enlever un poumon. Ou non, le cœur, genre on vous enlève le cœur puis on vous en met un faux et on vous dit "allez, vivez normalement maintenant!". Mais ouais mais sauf que non.

Je dois la retrouver.

Parce que j'ai besoin d'elle.





~ BROOKE's POV ~

En faie, depuis une semaine, ma vie se résume à manger de la glace en regardant Netflix. Je ne fais tellement rien que j'ai pu regarder environ une dizaine de séries complètes. Quand j'en ai marre, je lis, mais j'ai déjà lu tous les livres de cette maison, alors je regarde la télé, encore.

En ce moment, je suis en train de regarder Expelled, le film avec Cameron Dallas, en mangeant de la Ben&Jerry's Peanut Butter, affalée dans le canapé installé dans ma chambre, quand quelqu'un vient toquer à ma porte.

Il y a des choses qui ne changeront jamais, et venir me déranger tout le temps quand je suis dans ma chambre en fait partie.

Quoi? je souffle en mettant pause.

Un grand brun entre dans la pièce en se faufilant par la porte et viens s'asseoir à côté de moi.

~ Tu veux quoi Aaron? je lui demande en lui jetant un regard noir.

De mes trois frères, c'est celui, je crois, que je supporte le moins. Peut-être à cause de l'histoire dans laquelle il est impliquée, ou alors.. je ne sais pas. Mais avec lui, le courant ne passe pas, et je ne me sens pas proche de lui. Un peu comme si nous n'étions pas liés.

Je ne connais pas son histoire, je ne sais pas ce qu'il y a entre Nash, Dylan, Trace et lui, et ça ne m'intéresse pas, parce que quand je le vois, j'ai juste envie de changer de pièce pour le fuir. Le voir me ramène aux événements passés, et je ne veux plus devoir penser à ça.

~ Pourquoi tu me déteste Brooke? il demande en regardant par la fenêtre.

~ Je ne vois pas ce que ça peut te faire, je grogne en remettant le film sur play.

Je continue de manger ma glace en matant Dallas, ignorant délibérément l'autre gland, puis je commence à rigoler toute seule quand Felix  essaie de chanter pour foutre en l'air la pièce de théâtre de son école et fait tout foirer. C'est beaucoup trop drôle.

Je me marre toute seule, et sens le regard azur du brun à mes côtés qui me fixe sans gêne. Je tourne la tête vers lui et fronce les sourcils.

~ Ça va, je te dérange pas? je dis en haussant un sourcil, gardant l'autre froncé.

Il me sourit froidement, en hochant la tête en signe de négation, et je remarque à ce moment que ses traits ne me rappellent aucun de ceux que je connais, pas même ceux de mon père, et pourtant, il ressemble sans aucun doute à Nash et Dylan, mais il a un truc en moins. Il lui manque quelque chose de vraiment... Je ne sais pas en fait. Je me rends juste compte qu'en réalité aucune de ses expressions ne ressemble à une personne de notre famille. Peut-être qu'il ressemble à sa mère?

~ Aaron, je demande brusquement, prise d'une idée bizarre, parcourant son visage en scrutant ses moindres détails.

Il me regarde en penchant légèrement la tête sur le côté pour m'inciter à continuer, mais la question qui me brûle les lèvres me semble soudainement absurde et déplacée.

~ Non rien, je dis d'une voix glaciale ne laissant pas place à la réplique.

Il hausse les épaules et je retourne à mon film. Il reste près de moi jusqu'à la fin, puis j'en met un second, un peu au hasard, que je dois voir pour la dixième fois déjà, mais j'aime bien alors je laisse. Et Aaron reste.



+++



Lundi matin, 7h30.

Je suis dans la voiture avec Aaron, qui m'amène à mon nouveau lycée. Il n'est pas très loin de la maison, et je pourrai y aller en bus mais, pour le premier jour, Trace voulait que le frangin m'escorte.

Je devais aller en internat mais finalement, le paternel a décidé que je serai mieux en lycée privé, près de la maison, là où il serait sur de pouvoir garder un œil sur moi tous les jours.

Voilà donc comment je me retrouve devant un énorme bâtiment, mon frère à mes côtés et ma montre de traçage au poignet.

C'est bon Aaron, je peux faire le reste toute seule, je dis en voyant qu'il m'accompagne dans le bâtiment.

~ Mh, je vois que Trace ne t'as pas prévenue, il marmonne.

~ Prévenue de quoi? je demande, anxieuse.

Il s'arrête, et je me retourne face à lui, et c'est la qu'un détail me saute aux yeux. Il a un sac sur le dos. Un sac de cours.

Oh divinités, tout mais pas ça.

Je suis ton garde du corps h24 ma belle, je suis les cours avec toi, il m'explique avec un grand sourire, tu devrais être contente, t'as une escorte perso, il ajoute en souriant et en reprenant sa marche, me laissant la, bouche bée.

Je vais le tuer.
Je vais tuer Trace.
Je vais tuer Camy aussi.
Je les hais, tous.
Je hais cette nouvelle vie, comme jamais je n'ai haïs quelque chose auparavant.


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