Chapitre 19
Noah continue son inspection après avoir reposer la photo. Moi, je reste immobile en observant chaque recoin, chaque détail de cette photo, comme si j'allais y trouver un indice qui me permettrai de revenir à ce jour-là. Je repère Ashley derrière nous. Elle a bien changé aussi. Elle était joie, avant. Elle a une belle silhouette et de belles formes, bien qu'elle les mette plus en avant qu'avant. Elle était timide et réservée. Elle n'avait réussi à faire confiance qu'en moi et Noah. Je finis par m'assoir sur le lit, toujours perdue loin dans les souvenirs, nostalgique.
Ce n'était pas il y a si longtemps que ça au final. Mais ça me parait une éternité, car ces six dernières années ont été les plus mouvementées de ma vie.
Après un moment, Noah, m'imite et s'assoit près de moi, son genou frôlant le mien. Ce petit contact suffit à me redresser, comme réveillée d'un rêve. Il sourit. C'est un sentiment bizarre, la nostalgie. C'est un peu le fait d'avoir perdu quelque chose et de ne jamais pouvoir le revoir.
J'aurais voulu rester dans mon adolescence. Là où Noah était près de moi, où je voyais mes amis tout les jours, où il y avait tout le temps des petites histoires, des potins à raconter. Ça terminait toujours bien. Je ne savais pas à quoi m'attendre de la vie d'adulte. Je ne suis pas déçue, seulement pas très motivée à continuer. A chaque fois que quelque chose se passe dans ma vie, j'ai l'impression que c'est faux et que le lendemain, je me réveillerais dans mon ancienne chambre pour aller au lycée. On ne dirait pas de l'extérieur, mais c'est dur, d'être adulte. C'est comme faire le deuil de quelque chose, de notre ancien nous. Sans me rendre compte, je ferme les yeux tandis qu'une larme tombe.
Pourquoi je pleure ?
Parce que j'en ai besoin.
Je sens les bras solides de Noah entourer mes épaules. Sans ouvrir les yeux, je m'allonge, ma tête sur l'oreiller. Je sens le poids de Noah s'affaler près de moi. Je me décide enfin à ouvrir les yeux. Je tourne la tête vers, et lui la tourne vers moi. Nos mains toujours entrelacées forment un mur entre nos têtes, que je romps en décalant ma main pour l'embrasser. Il répond à mon baiser avec une douceur qui envahit mon corps et mon cœur. Nounous nous embrassons, doucement, comme si nous voulions profiter de ce moment, une partie de moi que je croyais perdue revient. Je soupire contre sa bouche tandis que ses mains se baladent librement. Puis, le désir arrive sous forme de grosse chaleur, et est si fort que j'en tremble. Mon esprit me dicte que c'est trop, déjà rien qu'un baiser. Je me calme et me niche dans ses bras, la tête dans son cou. Il éteint la lumière grâce à son long bras et nous enrobe sous les couvertures. Je souffle, fatiguée. Nous finissons par nous assoupir, entrelacés de la tête aux pieds. J'ai tout juste le temps de m'entendre dire :
- Je t'aime.
Je me réveille, ma tête toujours au même endroit. Il ne semble pas réveillé. J'essaie alors de sortir du lit sans trop bouger. Je sors de la chambre en fermant la porte. Mes cheveux sont en bataille, et je semble avoir transpirer toute la nuit. Je soupire et prends une douche rapide. Je me rhabille et sors. Noah semble toujours être dans la chambre, alors je vais dans la cuisine et fais griller deux tranches pain avant de sortir le chocolat et le beurre, ainsi que du lait. Un bon petit-dej. C'est tout ce que je demande. Je pose les assiettes pile au moment où Noah se décide à enfin sortir du lit. Ses cheveux sont dispersés dans tous les sens, mais ça le rend craquant par rapport à moi, qui est l'air d'un monstre. Cette pensée me fais sourire mais ma bouche est vite occupée à répondre au baiser de Noah. C'est bizarre un peu. Je sais que je l'aime. Pas forcément de l'amour profond, mais bien plus qu'un ami. Je ne l'ai jamais nier, je l'aime et je l'aimerais toujours d'un certaine façon. Il est mon premier amour, et ça, ça ne s'efface pas malgré le temps. Malgré la rupture et la distance, ça ne s'efface pas. Je veux être avec lui. Mais en fait pas. Je ne sais pas, je ne sais plus. J'ai un peu peur. Je ne sais pas si mes sentiments d'avant pourront un jour ressurgir.
- Liv', commence Noah, a deux centimètres de mes lèvres, pourquoi on ne ressortirait pas ensemble ? On ne s'aime pas forcément comme avant, mais on peut essayer de se retrouver un peu. D'être plus proche. Je t'aime toujours tu sais ?
Je recule, surprise. Ressortir ensemble ? Mais c'est un peu bizarre non ? Et compliqué.... Mon esprit bouillonne tachant d'assimiler les milliers de pensées qui me chauffent l'esprit. Je l'adosse au plan de travail.
- Des raisons, j'en ai, je souffle.
Pourtant j'ai beau chercher je n'en trouve pas. Sauf qu'il m'a quitté. J'avais quasiment oublié ce petit détail.
- Par exemple, que tu m'ai quitté en jugeant notre amour trop fragile pour résister à la distance et au temps.
Je lui fais face cette fois.
- Mais c'était vrai, à ce moment-là, tu allais construire ta nouvelle vie. Il ne te fallait pas un petit copain que tu ne voyais jamais quelque part, mais qui t'empêchait d'être libre. En plus, il y a eu... Shanna. Je ne voulais pas te mêler à mes histoires. Et puis, il me semble que tu t'en sois bien remise, vu la rapidité avec laquelle tu m'as remplacé, se justifie-t-il, en bougonnent à la fin de ta tirade.
Il n'a pas tord, d'une certaine façon. Voyant que je ne réponds pas, il s'approche et prend mon visage en coupe avec ses mains.
- Mais tu me plais encore, Liv'. S'il te plaît, supplie-t-il.
Il doit le feu vert dans mes yeux parce qu'il m'embrasse. Une chaleur l'envahît, mais pas comme hier. Plus profondément. Comme avant. Comme il y a six ans. Ça me fait revenir en arrière, et ça fait du bien. Au moins un repère dans ma vie. Oui évidemment que je veux toujours de lui. Je serais idiote de refuser de me remette avec lui. Je souris quand il s'écarte. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie comme ça. Nous finissons le petit déjeuner et il m'emmène en voiture au boulot. Ça fait tellement bizarre que personne ne parle pendant le trajet. Je dépose un rapide baisse sur sa joue en lui souhaitant une bonne journée. C'est pas un peu rapide quand même ? Est-ce que je l'aime ? Oui bien sûr. L'amour n'est peut-être pas aussi puissant, mais assez pour être comme un ras de marée m'emportant sans que je ne puisse me contrôler.
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