1.Tout vient à point à qui sait attendre 🙌
Le ciel prenait des couleurs orangées du fait que le soleil se couchait petit à petit.
Kimia ne savait pas comment elle allait s’en sortir. Ce matin elle était sortie de chez elle avec un but précis, se trouver un travail. Mais le soleil se couchait, emmenant avec lui une nouvelle journée infructueuse.
Triste de ne pas avoir réussi, elle rentra chez elle à pied et le trajet lui pris plus d’une heure. À quelques mètres de chez elle, une dame bossue peinait à récupérer son bâton qui lui permettait de se déplacer. Les passants ne lui prêtaient aucune attention, trop occupés dans leurs activités ou faisant semblant de ne rien voir.
Kimia ressentit en elle le besoin de l’aider, preuve de sa bonne éducation. Elle ramassa le bâton de la vieille dame sous le regard désapprobateur de tous ceux qui passaient par là.
— Merci ma fille. Tu n’imagines pas comment je souffre depuis un moment pour récupérer ce simple bâton.
Kimia pris le sac de la vieille dame et elle l’accompagna pendant quelques minutes.
— Tu m’as l’air triste petite fille. Il s’est passé quelque chose ?
— Non mamie. Il y a juste quelques petits soucis et je dois m’en occuper. C’est la raison de mon inquiétude.
— Ne t’inquiètes pas, ton Dieu n’est pas mort à la croix en vain. N’oublie pas, il est écrit : « rendez grâce en tout temps ».
Cette simple phrase fut comme un nouveau souffle pour la jeune fille. Elle marcha encore un peu pour aider la vieille dame jusqu’à l’extrémité de la ruelle, devant une église. Kimia attendit qu’elle entre dans l’enceinte de l’église pour retourner chez elle.
Ses frères lui avaient laissé un peu d’igname et de l’arachide grillée. Voilà ce qui faisait office de repas du soir pour eux. Son frère avait 16 ans et ses frères jumeaux, une fille et un garçon en avaient 12. Leurs parents étaient morts depuis seulement trois mois et ces enfants habitués à un certain confort, apprenaient déjà à survivre dans ce monde plein de désillusion.
Certaines coutumes étaient vraiment à bannir car les pauvres orphelins furent dépouillés par les frères et sœurs de leur père. Tout ce qu’ils possédaient leur avait été retiré et les plus petits vendaient de l’eau dans les rues de pointe noire tandis que le grand frère s’occupait de puiser de l’eau pour certains foyer moyennant une modique somme. Ils vivaient dans un petit studio que Iris, la meilleure amie de Kimia possédait dans leur parcelle familiale. Au moins, le loyer et l’électricité n’étaient pas une nouvelle source de problème.
Le lendemain, chacun vaquât à nouveau à ses occupations et Kimia retourna chercher du boulot. Ses frères devaient retourner à l’école dans peu de temps et ne pas trouver de job la stressait de plus en plus. Ils n’étaient peut-être pas des gens très riche mais leur mode de vie était assez aisé. Il y avait toujours de quoi manger, un toit sous lequel chacun avait son espace, des vêtements des chaussures et tout ce qui va avec. Ils avaient même un chauffeur à leur disposition mais aujourd’hui plus rien n’était pareil.
Les Pemba avaient toujours fréquenté à DOM ELDER CAMARA. Une école assez selecte, où allaient de nombreux enfants de riche. Aujourd’hui , aucune option n’était assez réaliste pour Kimia. De DOM à une école de quartier c’était une très grande chute sociale pour ses frères. Et l’école publique, elle n’y avait même pas pensé. Après trois jours de recherches infructueuses, elle dû se résigner et rester à la maison. Le pays-ci était vraiment injuste avec les jeunes.
— Yaya, lui dit Faïda, ce n’est pas la fin du monde. L’école publique est une option. Ya Joaquim et Fernand sont d’accord avec moi.
Elle voulait à tout prix qu’ils continuent leurs études dans une école privée mais les moyens ne permettant pas, elle dû prendre en compte l’avis de ses frères.
— D’accord, mais je te promets que ça ne sera pas définitif. Je sais que d’autres vivent pire que nous actuellement. Cependant le seigneur ne nous laissera pas tomber.
— Il sera toujours là à nos côtés. Papa et maman seront toujours là aussi.
— Bon maintenant je dois trouver comment vous achetez des fournitures. Ils nous ont tout pris quand ils nous ont chassé. Même nos vêtements ils ont pris. C’est vraiment déplorable.
Le jour le plus horrible de leur vie. On venait à peine d’enterrer leurs parents. Certaines familles congolaises ont pour habitude de casser la veillée funèbre le dimanche, c’est-a-dire que même si l’enterrement s’était déroulé un jeudi, certains resteraient dormir au lieu de la veillée et le dimanche après la réunion avec la famille entière et les chefs de zone et de quartier, tout le monde reprendrait le chemin de sa maison.
Ce dimanche là, il n’y eut aucune réunion. Une grande injuste s’était produite. Les frères et sœurs de leurs parents montrèrent leurs vrais visages. Déjà, ils ne venaient là que pour demander de l’aide, de l’argent ou lors des grandes cérémonies organisées par la maîtresse de maison. Les visiteurs ne venaient jamais pour prendre de leurs nouvelles, on ne croiraient même pas qu’ils étaient de la famille.
La mort de PEMBA Kieceh fut une occasion de fête pour certains de ses frères, et la pauvre Pemba Kya Marie, née MOUANDA passa presque inaperçu. Sa famille n’était pas d’accord avec ce mariage et les enfants ‘e connaissaient pratiquement personne d’eux. C’est comme si tout le monde avait disparu de la terre.
De très bon matin on les avait réveillé afin de faire quelques corvées comme tous les matins. Dès qu’ils étaient sortis pour accomplir leur tâche, on avait fermé le portail. Ils étaient revenus et passèrent la journée entière à attendre qu’on les ouvre mais rien et le soir. L’ainé de leur père était sorti les demander de dégager et de ne plus jamais remettre les pieds là.
Ils n’avaient aucune ressource. Personne ne pouvait les aider et sans argent, ils n’avaient aucun moyen de payer un avocat. Kimia avait entraîné ses frères avec elle, se promettant qu’un jour ils allaient payer.
~
Il ne restait que deux jours avant la rentrée et toujours aucun changement. Leurs provisions s’amenuisaient de plus belle, les voisins étaient de vrais commères et tous les jours ils parlaient de ces orphelins qui vivaient là sans payer quoique ce soit. Ils ne vivaient là que depuis quelques mois, environ deux et les commérages allaient bon train.
Ce soir là, ils furent surpris, Dieu ne les avait pas oublié. En effet, Iris ainsi que quelques uns de ses amis de classe vinrent les rendre visite avec quelques vivres. Ils s’étaient même cotisé pour apporter des fournitures scolaires pour ses frères. Ce geste la remplit de joie. Son amie était toujours là, d’un grand soutien pour elle. Et le fait qu’elle ait convaincu les autres de l’aider la toucha encore plus.
— Dieu vous le rendra au centuple, déclara t-elle. Je n’oublierai jamais cet acte de solidarité que vous avez fait à mon égard.
— Nous l’avons fait pour t’aider, énonça l’un d’entre eux. Tu as toujours été là plus sociable parmi nous. Te laisser comme ça serait comme un péché devant Dieu.
— Et puis, on s’est peut-être connu à la fac mais dès le départ tu étais vrai avec tout le monde. Tu mérites que l’on t’aide comme toi tu l’as toujours fait, ajouta une fille.
C’était des mots réconfortant. Elle se sentait heureuse, ses frères iraient à l’école, ils avaient un toit, des fournitures et même quelques vêtements que lui trouvait son amie. Dieu ne les laisserai pas tomber.
*
Peu à peu les choses semblaient reprendre forme dans leur vie. Après un mois de recherche infructueuses, la pauvre jeune femme avait laissé tomber. Kimia travaillait à présent comme ménagère dans une maison non loin de chez elle. Malheureusement aucune société ne la prenait au sérieux quand elle venait postuler pour être comptable. Son jeune âge lui faisait défaut car pour les congolais, le plus âgé était apte à l’emploi et le plus jeune n’était aucunement sérieux.
La prière était vraiment ce qui les aidait tous à tenir. Leurs parents pouvaient être fière de les avoir inculqué cette vie de crainte envers le seigneur. Le dimanche ils se rendaient dans l’église au bout de la ruelle. Chaque fois qu’elle s’y rendait, elle espérait y rencontrer la dame bossue. Cependant la vie ne semblait pas être de cet avis.
— J’ai apprécié le culte d’aujourd’hui, commença Iris. La patience est l’un des fruits de l’esprit et celui qui ne sait pas être patient sera toujours pressée dans la vie.
— C’est tout à fait réel ce que tu dis, répondit Kimia. Regarde seulement les jeunes d’aujourd’hui. D’où tu acceptes de kidnapper des gens juste pour devenir Riche ? Et la vie de ces gens là, ça ne compte pas ?
Les trois frères marchaient devant car les discussions entre Kimia et son amie tiraient toujours en longueur. Tout le chemin du retour, les deux filles ne cessèrent de débattre sur l’affaire. Quelques temps plus tôt, une affaire avait éclaté à Kinshasa, concernant de supposées influenceurs qui se faisaient de l’argent en kidnappant de pauvres innocents.
Démêler le vrai du faux n’était pas chose facile car tout le monde avait sa version. Les photos de ces influenceurs circulaient sur les réseaux, on pouvait y voir des jeunes femmes qui postaient des photos d’elles dans les endroits les plus luxueux, des jeunes hommes dans des voitures avec plein de billets et autres. Il y avait aussi des photos d’eux après leur arrestation et le contraste était très frappant. Certains avaient même des blessures, certainement qu’on les avait frappé.
Cette affaire d’influenceur prenait de plus en plus de l’ampleur et la jeunesse des deux Congo s’y empêtrait facilement . Tout le monde voulait devenir influenceur, poster des photos dans des vêtements de marques, sortir dans des endroits luxueux, conduire des voitures très cher. Ces choses matérielles primaient dorénavant sur l’éthique mais aussi sur le comportement des jeunes.
D’où ils se permettaient de kidnapper des gens et de les livrer pour de l’argent ? Et leur conscience dans tout ça ? Que devenaient ces personnes kidnappées ? Avoir du sang sur les mains juste pour vivre une vie de luxe, était-ce donc ça la vie qu’ils désiraient réellement ? La vente d’organe était l’un des business les plus cruels dans le monde et les choses semblaient ne pas s’arranger.
*
Deux mois étaient passés depuis la rentrée des classes. Joaquim rentrait souvent avec des blessures sur les points et sa sœur ne cessait de parler sur ça. Le jeune homme se battait presque tous les jours. Il fréquentait au lycée technique Poaty Bernard et malheureusement depuis plusieurs années, le lycée technique était en guerre avec le lycée général Victor Augagneur.
Ces bagarres étaient très souvent dangereuses car avec le phénomène bébés noirs, certains ramenaient des armes blanches juste pour faire couler le sang.
— Depuis quand tu es devenu ce jeune homme plein de rancœur ? Te battre alors que tu peux mourir à tout moment ?
— Ya Kimi, tu n’es pas présente pendant ces émeutes. Tu ne sais pas de quoi tu parles.
Malgré le respect qu’il avait pour sa sœur, une certaine insolence naissait petit à petit. La mort de ses parents le transformait et sa sœur aînée n’était pas ravie de ce changement drastique. Joaquim n’était pas violent. Il détestait pourtant les bagarres et même quand ses parents se disputaient, il s’enfermait dans la chambre pour prier afin que les choses ne se finissent pas mal. Et aujourd’hui , il était devenu ce qu’il avait toujours détesté.
— Je ne plaisante pas, écoute moi très bien, déclara sa sœur, si tu continues dans cette lancée, ne compte pas sur moi pour venir t’aider en prison. Tes parents sont morts, je n’ai aucune relation dans la police. Et ne t’attend même pas à recevoir quelque chose à manger de ma part.
Elle le laissait dans la chambre et quitta la maison. Pourquoi devenait-il un mauvais garçon ? Les cigarettes, l’alcool et les bagarres. Pourquoi le seigneur la faisait subir la rébellion de ses frères ? Parce que Joaquim n’était pas le seul à changer. À 12 ans, la puberté avait déjà débuté chez les jumeaux et Faïda s’intéressait un peu trop aux garçons. À peine l’école commençait qu’elle se recevait déjà certains cadeaux assez cher pour son âge. Que ferait-elle avec un sac à main Aldo franchement ?
Les choses échappaient de plus en plus à son contrôle. Tout ce dont elle avait besoin, c’était que ses frères reviennent sur le droit chemin et qu’ils se concentrent sur la suite de leur études. Les mauvaises compagnies avaient toujours cette influence négative sur les gens et Kimia s’en voulait de ne pas réussir à redresser ses frères.
L’église était son refuge. Elle y partait à chaque occasion et continuait de prier pour la restauration de ses frères. Fernand ne la laissait jamais partir seule Ils voyaient ses frères mal tourner et sa sœur aînée qui n’en pouvait plus. Il avait pour devoir de la soutenir et c’est ce qu’il fit.
Assez rapidement, Joaquim cessa de se comporter comme un voyou. Il avait vécu un grand traumatisme, un de ces jeunes avec qui il trainait s’était fait tué devant ses yeux. Ça avait été le déclic pour lui, il s’était rendu compte de son comportement et des conséquences que cela pouvait avoir sur sa vie et celle de sa famille.
Faïda quant à elle se rendait compte qu’elle n’était plus la même et le fait qu’une de ses amies tombent entre les mains d’un homme violent l’avait rapidement ramené à la réalité. Au début, ils t’offraient des cadeaux, te chouchoutaient et te faisaient te sentir unique. Cependant, dès qu’ils avaient une emprise sur toi, leur vrai visage se montrait. Kimia était désolée que sa sœur ait vu cette facette de la vie assez tôt. D’un autre côté, c’était un mal pour un bien.
Le temps passait calmement cette fois-ci, conscient des dangers de la vie, tout le monde se comportait bien et continuait de prier pour le changement dans leur existence. Kimia venait de terminer sa journée et elle retournait chez elle. Cette nuit là, elle fit un rêve étrange. Une voix lui disait de ne pas lâcher prise et de rester fidèle car les choses à venir seraient merveilleuses.
Le lendemain elle était heureuse, incapable de dire pourquoi mais une joie immense remplissait son cœur. Âgée de 23 ans, la jeune fille était passée par toutes les situations en à peine six mois et elle se disait en elle-même que si ses frères et elles respiraient encore, il y avait toujours de l’espoir.
Le fils de son patron revenait de l’étranger et la jeune femme eu beaucoup à faire ce jour là. Le lendemain, un samedi, elle fit sa connaissance et eu du mal à se concentrer. Elle n’était pas vraiment active sentimentalement parlant et ce n’était pas cette rencontre qui allait tout bouleverser. La journée était sur le point de se terminer pour mais la jeune femme dû faire face à un nouveau drame dans sa vie.
Alors qu’elle se changeait dans la pièce qui lui fut acquittée le fils de son patron s’y aventura et la jeune fille perdit ce qu’elle considérait être là chose la plus précieuse pour elle. Ce maudit jeune homme quitta la pièce sans un seul regard, la laissant là, baignant dans un mélange de sang et de sperme.
Le matin même, elle avait une immense joie dans son cœur et ce soir tout était brisé. Comment ce Dieu qu’elle considérait tant pouvait lui faire un coup aussi bas. La faire espérer et au final briser son cœur en mille Morceaux ? Faïda, Fernand et Joaquim ne surent pas comment lui redonner cette joie qui les avait contaminé le matin même.
La pauvre fille se sentait sale, trahie, blessée et chosifiée. En l’espace d’une minute, elle avait été reléguée à un objet sexuel qui après avoir été utilisé, se faisait jeté. Sa meilleure amie passa la nuit avec eux pour la soutenir car elle n’en pouvait plus.
Ses frères quant à eux, passèrent la majeure partie de la nuit à prier. Même quand leurs parents étaient vivants, elle était toujours la plus optimiste, elle soutenait ses frères, les consolait, les conseillait. Elle avait toujours été une deuxième mère pour eux, surtout à la mort de leurs parents. Kimia signifiant paix, la jeune femme apportait toujours une sorte de paix autour d’elle.
Ils comprenaient tout à fait qu’elle puisse craquer car autant de responsabilité en un coup ça faisait trop. Mais une Kimia mortifiée, presque morte intérieurement, ils ne l’avaient jamais vu et seul Dieu pouvait les aider.
Se faire violer n’était pas seulement un mauvais souvenir, cet acte marquait à vie. Se regarder dans le miroir devenait un vrai supplice. Si avant, on se trouvait assez belle et attirante, cet acte venait détruire cette estime de soi. Cette beauté malheureusement vaine devenait à présent la source même de notre mal être. Kimia s’en était rendu compte et se maudissait d’avoir attiré ce vil homme.
Elle se dégoutait elle-même et elle ne savait pas pourquoi mais le lundi elle retourna travailler. Peut-être que c’était du masochisme mais elle souffrait déjà tellement, le revoir ne serait pas pire. Grave erreur. Le jeune homme qui avait brisé sa vie ne l’avait accordé aucun regard, aucun mot et il s’était même permis de critiquer son travail devant elle.
Intérieurement, elle le maudissait, le haïssait, tout en imaginant sa mort. Elle aurait pu porter plainte ou le dire à ses patrons mais là réalité était tout autre. Qui l’aurait cru ? Le pire était que ce lundi encore, elle fut violé plus brutalement que la dernière fois. Elle lui fit tellement mal qu’elle se fit mal à la côte. Comme si rien de grave ne s’était passé, il lui avait balancé de l’argent en lui faisant clairement comprendre que si elle disait quoi que ce soit, il dirait à tout le monde qu’elle l’avait séduit pour de l’argent.
Un acte banal pour lui, mais tellement significatif pour elle. Il l’avait quasiment traité comme une prostituée. Les hommes étaient donc aussi cruels, faisant tout ce qui leur passait par là tête ? Pourquoi lorsqu’une personne avait de l’argent, elle se croyait tout permis ? La jeune fille ne prit même pas la peine de se changer. Elle récupéra toute ses affaires avant de s’enfuir. Pourtant elle avait déjà décidé de démissionner, qu’est-ce qui l’avait pris d’y retourner ? Voulait-elle seulement remuer un peu plus le couteau dans la plaie ?
Elle rentra chez elle avec difficulté et ne parla plus à quiconque. Plus rien ne comptait, ni le travail, ni sa santé, ni rien du tout et après trois jours elle commit l’irréparable. La jeune fille s’ouvrit les veines, voulant laisser ce monde cruel derrière elle.
Le cri de Faïda alerta toute la cour. Ses pleurs déchirèrent le cœur de ses frères. L’accident de leurs parents étaient encore trop frais et maintenant Kimia qui se laissait mourir volontairement. Iris, la meilleure amie de Kimia venait les rendre visite et fut horrifiée de voir que les poignets de son amie se faisaient bandées.
— Bats-toi ma belle, pleurait sa meilleure amie alors qu’un jeune du quartier la portait. Regarde tes frères, ils ont besoin de toi. Tu es leur mère, leur père et leur sœur. Ils s’étaient peut-être égaré mais aujourd’hui ils travaillent bien mieux à l’école pour te rendre fière parce que tous les jours tu te bats pour eux. Ne baisse pas les bras, Dieu seul sait ce qui se passe et comment il va régler la situation.
Ces mots, Kimia les avait entendu mais son esprit était trop loin pour réagir. Le jeune homme installa la jeune femme sur la moto et il roula rapidement jusqu’à l’hôpital général de Loandjili. Étant à Siafoumou la moto fila assez rapidement.
Lorsque la jeune fille ouvrit ses yeux, elle ne reconnut pas immédiatement l’endroit où elle était. L’odeur des antiseptiques la dégoutaient au plus haut point. Elle était allongée en robe d’hôpital, dans pansements sur les deux poignets et là elle se rappela la raison de sa présence dans cette chambre.
Elle referma ses yeux, laissant perler des larmes qu’elle avait retenu tout ce temps. Elle s’était faite violer et sa vie ne lui semblait plus si importante que ça. À quoi bon vivre avec un corps souillé ? Un corps chosifié, utilisé pour être jeté dès qu’il n’y avait plus aucun intérêt.
Elle se rappela de sa vie avant tout ceci. Elle était heureuse, avec des parents aimants et des frères et sœurs casse-pieds qu’elle aimait plus que tout au monde. Elle s’apprêtait à débuter son master en comptabilité après les vacances mais tout s’était dégradé en aussi peu de temps.
Un mouvement de l’autre côté de la chambre la fit rouvrir les yeux. Quel ne fut pas son étonnement quand elle reconnut la vieille dame bossue rencontrée il y a trois mois de cela. Celle-ci se mit debout à l’aide de sa canne.
— Je savais que les choses allaient mal, mais je n’aurai jamais imaginé te retrouver dans cet état.
Elle ne savait quoi dire. Cette femme, elle l’avait rencontré par hasard, l’avait aidé et l’avait raccompagné. Pendant des semaines elle avait espéré la revoir mais on aurait dit que la dame s’était volatilisée et maintenant elle se réveillait pour tomber sur elle dans une chambre d’hôpital. Quel coïncidence !
— Trop de choses se sont accumulées mamie. Et malheureusement j’ai fait le mauvais choix. Le seigneur ne va pas être content de moi.
— Tu te trompes, il a prévu des choses qui dépassent ton entendement. La situation que tu as vécu a brouillé tes esprit et tu ne t’es pas tournée vers lui. Mais il a dit : Venez à moi, vous qui êtes chargés et fatigués et je vous donnerai du repos. Tu sais qu’il ne te laisserai jamais subir quelque chose au dessus de tes forces. Bats toi juste et tu verras les portes s’ouvrirent.
Kimia n’eut pas la force de réagir et la dame reprit sa place après quelques minutes. Faïda Fernand et Joaquim entrèrent dans la pièce et furent heureux de voir leur sœur consciente. Personne ne parla, ils restèrent tous silencieux et embrassèrent leur sœur pendant un moment déjà. Puis la petite pipelette ne put se taire plus longtemps.
— Kimia tu m’as vraiment fait peur. Je ne sais pas ce qu’on serait devenu si tu mourrais. Ne refais jamais ça je t’en prie. Tu es notre pilier, si tu pars que deviendrons-nous ?
— Tu n’as pas pensé à nous, repris Fernand. Ta sœur me cherche tout le temps des problèmes et toi tu veux nous abandonner ?
Cela les fit sourire et Joaquim regarda longuement sa sœur. Pas besoin de mots. Ils se comprenaient toujours dans le silence. Kimia demanda pardon à son frère rien qu’en le regardant et il lui accorda son pardon. L’amour les reliant était fort et les jumeaux se sentirent moins seuls maintenant qu’elle allait mieux. Ils passèrent un moment assez agréable, rigolant de tout et de rien juste pour voir un magnifique sourire illuminer le visage de leur aîné.
— Kimi s’écria Iris en entrant dans la pièce. Plus jamais, tu m’entends ? Plus jamais tu me fais aussi peur.
Iris avaient les yeux tout brillants . Ses frères s’étaient déplacés pour manger et Kimia était seule dans la chambre. La dame bossue était partie depuis longtemps déjà.
— Je suis désolée, dit-elle les larmes aux yeux. Je n’en pouvais juste plus et j’ai préféré me laisser partir. Mais au moment où tout devenait flou, je t’ai entendu et je demandais la force à Dieu pour rester.
Toutes les deux étaient de vraies madeleines, toujours là à pleurer pour un rien. Mais dans cette chambre d’hôpital, la situation était toute autre. Elles venaient de passer une étape importante de leur amitié, elles pouvaient se considérer comme les sœurs qu’elles étaient devenues au fil des ans. Depuis le collège, plus de dix ans d’amitié les unissaient et cette épreuve était l’une des plus grandes qu’elles avaient traversé ensemble.
— J’ai été violée par le fils de mon patron, annonça Kimia, après un temps de silence. Il m’a violé à même le sol, me cassant une côte par la même occasion et emportant avec lui mon bien le plus précieux.
La mentalité avait certes évolué, mais la jeune fille s’était gardée de tout contact sexuelle afin d’honorer son futur mari. Mais maintenant tout était perdu, elle avait perdu sa virginité et son cœur était brisée en mille morceaux. Son futur mari l’accepterait-il dans cet état ?
— Je suis vraiment désolée pour toi. Il ne restera pas impuni. Ne t’en fais pas. Son châtiment sera vraiment intense.
Elle réconforta son amie et quand celle-ci se calma, elle lui annonça une nouvelle qui n’allait pas la rendre heureuse.
— Malheureusement, pendant que tu te battais entre la vie et la mort, mon oncle a chassé ta famille de chez nous. Ils ne savaient pas que je n’y habitais plus. Ta tentative de suicide les a alerté et mon père n’a pas réussi à le convaincre de vous laisser là.
— Mais comment font les petits ? Ou vivent-ils ?
— Dieu est bon, le couple de médecin qui s’occupait de ton cas s’est porté volontaire pour vous aider. On y a rapporté toutes vos affaires chez eux et les petits s’y plaisent beaucoup.
Elle n’eut pas le temps d’être triste. Une joie immense remplit son cœur. C’était donc ça de vivre un miracle ? Deux anges tombés du ciel qui acceptaient volontairement de les aider. Avec Iris, elles rendirent grâce à Dieu et Kimia se souvint de sa première conversation avec la dame bossue. Rendre grâce à Dieu quelque soit la circonstance. Voilà que leur vie prenait un nouveau tournant.
*
Noël fut beau pour chacun des enfants Pemba car le couple qui les avait accueilli avaient un cœur en or. Qui l’eut cru, ils avaient l’impression d’avoir retrouvé leurs parents. Ayant vécu énormément de mauvaises situations depuis juin, ils appréciaient encore plus ce moment de réunion familiale.
Mr et Mme Samba avaient deux enfants âgés qui étaient à l’étranger actuellement et la dame était enceinte de leur troisième enfant. Les petits avaient reçu un cadeau chacun et c’était pour eux une très belle récompense. Kimia quant à elle était toujours aussi surprise de voir la dame bossue. En réalité, celle-ci était la mère de Mr Samba et c’est elle qui les avait raconté l’histoire de ces pauvres enfants.
Deux ans après la mort de leurs parents, Joaquim avait obtenu son bac, les jumeaux passaient en classe de troisième dans une école de la place, pas trop cher mais avec un niveau de réussite très élevé et Kimia s’était vu devenir une grande entrepreneuse. N’ayant pas eu l’opportunité de travailler en tant que comptable, le commerce fut son activité salvatrice et en une année, elle s’était fait un nom dans la ville de Pointe noire. Elle avait un salon de coiffure qui fonctionnait très bien, mais aussi une boutique de vêtements qui fleurissait à vue d’œil.
Cette année là elle avait décidé de reprendre son Master, étant donné que la licence au Congo n’avait plus une si grande valeur, elle cru bon d’obtenir son diplôme de Master et retenter sa chance. Son viol avait laissé énormément de séquelles en elle et elle était sur la voie de la guérison. Tous les jours, ses jumeaux lui rappelaient cette nuit là. Elle était tombé enceinte mais ne s’était pas rabaissé à retourner vers ce violeur. Elle ne savait pas ce qu’il était devenu et n’avait jamais plus entendu parler de lui ni de sa famille.
Elle aurait bientôt 25 ans et ses petits comblaient son cœur de mère. En l’honneur de ses parents, ses enfants s’appelaient Kya, signifiant lumière en kikongo et Kyeceh signifiant allégresse en kikongo. Sa vie avait pris un tournant qu’elle n’aurait jamais imaginé et son fiancé était l’une des raisons pour laquelle elle se remettait de ce viol.
Des années plus tard, cette petite famille qui avait vécu la pire expérience de leur vie fut récompensée. Joaquim était devenu médecin, Faïda terminait son cursus de télécommunication et Fernand son cursus d’ingénierie. Iris s’était tournée vers le droit, l’expérience de son amie l’avait fait changé de cursus et elle était déterminée dans son combat pour les droits de l’enfance. Elle s’était mariée et se battait ainsi afin que ses enfants aussi ne subissent rien de tout ça. Le couple Samba était vraiment comblé leur famille s’était agrandit de façon inimaginable et ils étaient fiers de ces enfants qu’ils avaient recueilli six ans plutôt.
Kimia était une comptable très respectée dans l’entreprise pétrolière Total énergie, elle avait tellement bien fait son travail qu’aujourd’hui elle était chef comptable de cette société. Ses enfants grandissaient très bien et sa troisième grossesse était à son deuxième trimestre. Son mariage la comblait et ses jumeaux et leur fille Amaya, signifiant celle qui arrive en téké, étaient impatients de voir ce bébé qui naîtrait bientôt.
Les circonstances de la vie peuvent nous paraître impossible à surmonter, mais la foi c’est cette ferme assurance que nous avons et qui peut déplacer les montagnes. Même lorsque tout le monde pense que c’est fini, le seigneur trouve toujours une solution. Perdre une bataille ne signifie pas que la guerre et finie, cela veut tout simplement dire qu’il faut redoubler d’efforts pour remporter les batailles à venir.
Voili voilou 😅🥰
Alors voici ma première histoire pour ce livre. J'ai décidé d'en écrire des toutes petites riquiqui 🤣🤣 parce que actuellement c'est très difficile pour moi de me remettre à l'écriture de livres avec chapitres et autres 😅.
J'écrirai une série de petites histoires qui j'espère vous plairont et si tout va bien je pourrais reprendre avec l'écriture du Miracle de Noël et de Retrouvailles.
En ce qui concerne le rythme de publication, il sera vraiment aléatoire parce que j'ai commencé avec mon stage dans un cabinet d'avocats et les journées sont assez chargées. J'écrirai donc dans mon temps libre.
Bisous à vous anciens et nouveaux, j'espère que ces petites histoires et anecdotes vous feront rire, pleurer, crier, rouspéter et tout ce qui avec les émotions 😅🥰.
Je n'écrirai pas beaucoup sur les autres histoires et peut-être que c'est petits textes deviendront de grandes histoires avec chapitres 🤗😁.
23 juillet 2023
Cc j'ai un peu modifié l'histoire, la dernière fois c'était un peu bâclée selon moi.
J'espère que cette version vous plaira.
16 décembre 2023
Hello, sorry de tout ce silence 🤧, j'avais un souci avec mon téléphone et le fait de ne plus écrire régulièrement m'a mis face au syndrome de la page blanche.
D'ici la fin du mois il y aura une ou deux histoires de plus dans ce recueil.
Désolée pour toute cette attente 😅 je vous fais de gros bisous et vous souhaite une bonne année 2025 🎉🎉🎉
04 février 2025
Stéphanie ❤️
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