CHAPITRE XII - Ezra
Un papillon de nuit attiré par la lumière.
Elle se laisse aveugler et charmer, fonçant tête baissée pour venir graviter autour de la flamme. Ce guet-apens déguisé en mirage. En illusion narcotique pour ses sens ainsi que sa perception de la réalité.
Ses ailes battent fort, comme son cœur.
Son envie est brouillée, comme son jugement.
La partie n'est pas équitable.
Cette foutue conclusion me galvanise autant qu'elle me trouble. Ma respiration augmente en intensité alors que mes principes s'effondrent, un à un, tel un vulgaire château de sable emporté peu à peu par l'écume des vagues.
Elle m'incite et me tente.
Elle me séduit et me plaît.
Elle m'emmerde.
Mon visage fermé remonte à hauteur de son regard, frôlant sa joue brûlante au passage. Levés sur moi, ses prunelles noisette me fixent tandis que les miennes la contemplent. De cette petite cicatrice sur son front à la naissance de ses cheveux, à ce grain de beauté au-dessus de sa lèvre. De cette légère ride qui se creuse entre ses sourcils à ses pommettes rosées. Tous ces détails insignifiants mais qui pourtant, font ce qu'elle est.
—Seriez-vous déstabilisé, monsieur Cannon ? me nargue-t-elle une nouvelle fois, d'une voix à peine audible.
Mes yeux se plissent.
Je ne suis pas dupe.
Je pense savoir d'où lui vient cette soudaine assurance mais pour le moment, j'en fais fi. Une chose est sûre, l'enjeu n'en sera que plus gratifiant.
Mes paumes délaissent le mur pour venir attraper sa taille afin de la coller davantage contre mon sexe. Ma prise est ferme, presque violente. Je veux qu'elle ressente mon excitation.
Un gémissement lui échappe et sa bouche s'entrouvre.
—Je te trouve bien imprudente, lui susurré-je à son oreille.
—Paraît-il qu'il faut regarder là où l'ennemi attaque, rétorque-t-elle en passant ses deux bras sur mes épaules. C'est souvent là, que se trouve son propre point faible.
Je ricane
Sa manière de me provoquer est si franche, si innocente, qu'elle me fait penser à un ange.
Un ange qui prend plaisir à danser en enfer.
Mes muscles se contractent, ma résistance s'atrophie. Je mords son lobe avant de laisser ma langue tracer un sillon humide le long de ce putain de foulard, sur son cou parfumé. Son étreinte, elle, se resserre.
—Prends garde, chaton. Sous-estimer son adversaire est une grave erreur.
Je vais - je veux - la baiser.
Mais pas là.
Pas ici, pas comme ça.
Je grogne de nouveau tout en replongeant mes yeux dans les siens.
Elle m'observe encore tandis que ses ongles passent et repassent sur ma nuque, procurant à ma peau une réaction que j'aurais préféré ne pas ressentir. Son toucher embrase ma ferveur, sa proximité me pousse à jouer davantage.
Sans la lâcher du regard, j'attrape sa main droite - cette même main avec laquelle elle se touchait de manière si charnelle, si sensuelle, pas plus tard qu'hier - puis la porte à hauteur de mon visage. Ma langue côtoie ses doigts. Je les lèche, les suce puis les aspire. Ses paupières tremblent et ses joues se colorent un peu plus.
—J'imagine déjà ton goût s'imprégner sur mon palais.
Elle frétille.
Ça l'excite.
Et moi aussi.
—Je vais te faire une confidence, ajouté-je après avoir cessé mon geste sans pour autant la lâcher. Même deux.
Mon genou se fraye un passage entre ses jambes que j'écarte tandis qu'une nouvelle fois, j'appuie mon bassin contre son bas-ventre. Nos bouches se frôlent et nos souffles se confondent.
—La première, c'est que tu viendras bientôt t'empaler sur moi, lui avoué-je avant de mordre sa lèvre.
Un soupir lascif lui échappe pendant qu'elle se cambre.
Tellement prévisible, jolie Tessa...
—La seconde, et pas des moindres...
Ma phrase reste quelques secondes en suspens. Le temps de dévier vers sa joue où je dépose un léger baiser.
—... c'est que je sais que tu essayes de me séduire pour ton connard de fiancé.
Sa posture se crispe alors que mon poing se resserre sèchement sur son poignet.
—Tu as perdu, cha-ton.
Je la libère et me repositionne face à elle. D'un mouvement bref je secoue mon visage pour décaler les quelques mèches qui tombent sur mon front.
Je veux la voir dans son entièreté.
Je veux lire sans voile le sentiment d'échec dans son regard.
Règle numéro un : ne joue pas avec plus fort que toi.
Ses yeux s'alarment, son corps tout entier panique.
—Laissez-le tranquille, s'il vous plaît ! Je ferai tout ce que vous voudrez !
Tête penchée sur le côté, j'arque une sourcil.
—Tu serais prête à te sacrifier pour lui ? je dis en caressant sa joue du dos de la main.
Elle se laisse faire.
—Si ça peut lui sauver la vie... oui.
—Pour ce salopard qui saute tout c'qui bouge ? ricané-je. Tu mérites mieux que ça.
La ride entre ses sourcils se prononce mais elle ne relève pas. Elle ignore ma remarque et se voile la face.
Mes recherches sur lui m'avaient conduit à ce que je soupçonnais déjà. Un coureur de jupons doublé d'un escroc opportuniste de bas étage. Pourquoi, je ne sais pas, mais la savoir avec un type comme lui m'exacerbe.
Mon pouce s'égare sur sa lèvre inférieure que je caresse.
Je fixe sa bouche, cette bouche chaude et accueillante qui s'entrouvre de nouveau et dans laquelle j'imagine déjà ma queue y trouver refuge.
J'inspire profondément.
—Je sais que tu n'es pas insensible à mes paroles. Et je sais aussi que tu me désires.
Elle grimace, tourne la tête et fuit mon regard.
Dans le mille.
Doucement, je prends son menton afin de tourner son visage dans ma direction.
—Protège tes ailes, petit papillon.
Elle me scrute, m'interroge en silence.
Mes yeux quittent ses traits et se posent sur la barrette argentée qui maintient ses cheveux côté gauche. Je la détache et m'en saisis. Des mèches ondulées retombent désormais sur son épaule.
—Petit souvenir, précisé-je en la mettant au fond de ma poche, la même qui contient la fameuse clé. Maintenant, passons aux choses sérieuses. Je te repose la question : es-tu prête à m'aider pour coincer ce fumier de Miller ?
Elle hésite, se mord l'intérieur de la joue tout en se triturant les doigts.
Son indécision fragilise mes nerfs.
—Réponds, putain !
Elle sursaute puis finit par acquiescer.
Bien.
Je la délaisse pour m'installer derrière le bureau de l'autre enculé. Il n'y a plus de temps à perdre, ce n'est plus qu'une question de secondes avant qu'il se pointe. J'insère le dispositif usb puis me mets à pianoter sur les touches du clavier à une vitesse folle.
Je suis concentré.
Focalisé sur ma tâche.
Mais quelque chose coince.
Alors que la copie des fichiers cachés allaient débuter, une page s'affiche et plante littéralement tout le système.
Ma patience s'ébranle.
—Et merde ! m'agacé-je en abattant le plat de ma main près de l'ordinateur.
Interloquée, Tessa s'approche et se positionne derrière moi.
—Qu'est-ce qui se passe ?
—J'en sais rien, grommelé-je en tentant à nouveau. Sûrement une sécurité.
—Laissez-moi voir.
Surpris par sa demande, je la considère par-dessus mon épaule en fronçant les sourcils.
—Poussez-vous ! réitère-t-elle. Je vais regarder, je m'y connais un peu en informatique.
Mes choix sont limités, j'en ai conscience. Et je n'ai pas d'autres options à l'heure actuelle que de lui accorder ma confiance.
Je me décale donc et lui cède la place.
—J'te préviens, t'as plutôt pas intérêt à me la faire à l'envers.
Elle ne me répond pas et se met à survoler les touche avec une dextérité évidente. Ça me fait chier de l'avouer mais elle me surprend de plus en plus.
—Magne-toi, Ez' ! gronde Harvey derrière la porte. Il arrive !
Je m'empresse de la déverrouiller.
Debout au centre de la pièce maintenant, je ferme les yeux et bascule ma tête en arrière pour faire craquer mes cervicales.
Je vais serrer.
—Je sais pas c'que t'es en train de foutre, chaton. Mais fais-le plus vite.
—J'y suis presque.
Des bruits de pas dans le couloir ainsi que des éclats de voix attirent mon attention.
—Tessa, putain, m'impatienté-je.
—Plus que cinq secondes, lâche-t-elle, les yeux rivés sur l'écran.
—Bordel de merde, pesté-je en passant les deux mains sur mon visage.
—Trois secondes.
La poignée se met à bouger, elle descend.
—Une seconde, poursuit-elle.
—Tessa... râlé-je de plus belle dans un murmure.
—C'est bon !
Elle se relève à la hâte en même temps que la porte s'ouvre sur Miller, accompagné de deux matons derrière lui.
Sans grande surprise, son regard suspicieux de connard passe à plusieurs reprises sur nous deux.
Ça pue.
—Mais enfin, qu'est-ce qui se passe, ici ?!
_______________
Bonjour, les bébés !
Et désolée pour l'attente.
J'ai galéré à écrire ce chapitre vous imaginez même pas 😫
Pour être honnête, j'ai grave hésité sur le contenu. Grave hésité quant au fait qu'ils cèdent... ou non.
Comme vous avez pu le lire, j'en ai décidé ainsi (n'en déplaise à certaines 😈😘).
On va faire grimper la tension d'un chouïa entre ces deux-là en attendant (hihi)
Des hypothèses pour la suite ?
Micro indice ci-dessous pour le prochain chapitre qui sera du PDV de Tessa. Et ouais, faut bien lui laisser un peu la parole à elle aussi.
En tout cas, moi, je me frotte les mains car ça y est ! On rentre ENFIN dans le vif du sujet !
À bientôt ✌🏼
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