°●Pdv de Sara●°

    Je me lève avec difficulté et la tête en sang. Un horrible mal de crâne me prend et s’ajoute aux nombreux hématomes et courbatures que j’ai déjà. Fort heureusement je n’ai pas l’impression d’avoir quelque chose de casser car je me déplace sans grands problèmes, seul mon coccyx semble avoir pris un sale coup et je sais que ça va me suivre un bout de temps. Tant pis je n’avais qu’à ne pas avoir cette idée folle, illusion ou pas, je ne vois pas comment j’ai réussi à m’embarquer dans ce quasi-suicide. Je jette un rapide coup d’oeil à l’heure et me rends compte avec effroi qu'il est tard. Les circonstances sont plutôt en ma faveur, je décide de prendre malgré tout des céréales puis m’habille en vitesse et cours le long du trajet même si je suis déjà en retard. Je pousse les portes du commissariat avec rapidité et essuie des remarques de quelques gars en poste, je les ignore et me dirige vers le bureau de Marina pour m’excuser de mon retard, le premier de ma vie d’ailleurs, je m’apprête à ouvrir la porte mais je vois que Cara est déjà dans le bureau et que les deux femmes déjeunent, je fais demi-tour et marche d’un pas rapide jusqu'au laboratoire. En entrant je vois que Enis est déjà là.

    -Vous êtes en retard…
    -Je m’excuse sincèrement seulement je n'ai pas vu passer le temps, je me suis réveillée tard, je me suis stressée et puis…
    -N’en dites pas plus, nuit difficile n’est-ce pas ? sourit le barbu. Dans ce cas, vous êtes pardonnée, reprend il en me voyant acquiescer, nous sommes dans le même camp.
    -Seriez-vous prêt à me dire qu'est-ce qui vous est arrivé ? demandé-je non sans regretter immédiatement ma question.
    -Seulement si vous me racontez aussi…
    -J’ai été la première à poser la question ! m’enquis-je.

    Le scientifique rigole et s’assoit sur la table métallique servant aux autopsies et m’invite à m’asseoir à côté de lui, chose que je me dépêche de faire.

    -J’ai voulu me faire pardonner et j’ai échoué, cette arrivée précipitée à New-York implique forcément de régler les comptes laissés pour morts à mon départ.
    -Avouez, ces règlements sont déjà réglés, le seul qui mérite un intérêt pour vous, c’est celui concernant Cara.

    Il soupire et se tourne vers moi, je le regarde dans les yeux et me mords la lèvre pour ne pas baver.

    -C’est vrai, finit-il par admettre. Je ne sais pas comment faire, elle m’en veut pour ce que j’ai fait et c’est légitime mais elle n’est pas toute blanche non plus et elle a du mal à l’admettre, je suis persuadé que j’aurais dû lui dire de venir mais aurait-elle accepté ? Je ne pense pas, son orgueil est trop grand…
    -Je suis une amie de Cara et je peux vous aider mais je serais d’avantage efficace si vous m’expliquiez ce qui s’est passé il y a 5 ans.
    -Bien tenté mais je ne dirai rien, pas pour l’instant.
    -Au fond, je pense savoir pourquoi vous ne vous entendez pas avec Cara, vous êtes trop similaires, vous êtes solitaires, froids, débrouillards et vos tempéraments sont trop forts pour qu'ils puissent cohabiter, expliqué-je.
    -Je ne sais pas, quoi qu'il en soit, je me suis fait une raison avec le temps.
    -Ne dites pas ça, il lui faut du temps, elle vient de perdre l’homme qu'elle aime sous ses yeux et de la pire manière qu'il soit, laissez lui le temps de respirer, de s’en remettre et vous verrez après…

    Il se met debout et me souris de ses dents plus que blanches.

    -Vous avez le don de me mettre à l’aise, mademoiselle Frickz, me complimente le brun.
    -Oh, ce doit être héréditaire, ma mère était très...je me tais en me rendant compte du ridicule de mes paroles.

    Je me mets à rire de manière incontrôlable et Enis ne tarde pas à me suivre dans cet élan d’hilarité et c’est les larmes aux yeux que je me jette sur ses lèvres, sans même réfléchir aux conséquences, et surtout, sans penser que Cara allait débarquer dans le labo à ce moment là...