Chapitre 18

°•Pdv de Jennifer•°

  Le taxi roule et bientôt les rues bruyantes et animées de New-York laisse place aux banlieues puis à la campagne. Nous continuons de rouler et je m'endors peu à peu, fatiguée par cette journée. Je pense. Je pense à ce que font Bobby, Cara, Sara, Marina et les autres. À cette heure ci, ils doivent me rechercher. Je ne sais pas pourquoi j'ai ce besoin de quitter tout. Je reconnais la route que l'on fait, c'est celle qui mène à la caserne de Greenford. Immédiatement​, les souvenirs reviennent, tous douloureux et poignants, fin d'une Jennifer fleur bleue et innocente. Je crois que ça c'est ressenti malgré mes efforts. Mes tentatives de suicides ont été des solutions non comprises par mon entourage et je leur en veux. J'en veux à Bobby de s'acharner à me faire penser à autre chose. J'en veux à Marina d'être si épanouie, heureuse et formidable autant dans son travail qu'avec Michael. J'en veux à Sara de ne pas m'avoir percée à jour quand j'allais au plus mal. J'en veux à Cara d'être tellement elle, une femme s'assumant et défiant toute ce qui se trouve sur son chemin avec une force remarquable. J'en veux au monde entier et c'est pour ça qu'aujourd'hui je veux faire mon deuil, je veux rendre hommage à Jennifer Brown, celle qui était belle, pimpante, joyeuse et heureuse, je veux apprendre à accepter la nouvelle Jennifer, la violée, la sale, la cochonne. Parfois il m'arrive de me demander si j'ai aimé ce que m'a fait Mario Berrenzi. Si je n'ai pas pris du plaisir à me faire torturer, violer, insulter. Ma raison me dit que non, que c'est impossible mais mes souvenirs flous me font douter. Des questions existentielles impossibles à résoudre se bousculent dans mon esprit torturé et lacéré. Je me relève et dis au chauffeur:

  -Emmenez moi devant la caserne de Greenford s'il-vous-plaît.
  -Elle est fermée depuis quelques temps vous savez. Une histoire de corruption et de viol a priori. Ce n'est pas très prudent d'y aller en pleine nuit, seule.
  -Je suis la fameuse violée et j'en ai besoin. Au pire, les​fantômes vont venir me hanter ? Je ne vous demande pas de m'y accompagner, seulement de m'y emmener et je suis la cliente, vous devez me plier à ma volonté.

Il soupire et prend la route de la caserne, en quelques minutes nous y arrivons, je le paye, sors et regarde le taxi s'en aller dans l'obscurité. Mon téléphone sonne. Je le sors et je vois que c'est Cara qui m'appelle. Je le regarde, les yeux embués et je le jette contre le mur. Le téléphone se fracasse, me laissant définitivement seule, tant que l'on ne me retrouve pas, je suis obligée de rester ici, peut-être que j'arriverai à trouver des indices, peut-être même que je trouverai un lien entre mon violeur et la Voleuse de bébés. Je me plante devant le portail​ et pousse la grosse porte de fer.

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