7. Robes et promesses
Les interminables heures de cours sont enfin derrière moi, et je sors vite prendre l'air accompagnée de Jonathan et Thomas. Nous sommes mercredi, nous ne travaillons pas cet après-midi, j'attends donc de voir ce qu'ils vont faire.
- Je vais sûrement rentrer et commencer à organiser la fête pour Genny, m'informe Jonathan, il va falloir gérer beaucoup de choses et j'ai envie que tout soit parfait. Elle le mérite.
- Si tu veux de l'aide, dis le moi, se propose Thomas,sincère.
- Merci, vieux, j'aurai sûrement besoin de bras en plus.
Jonathan affiche un sourire sur ces paroles, mais je vois néanmoins qu'il n'est pas au mieux de sa forme. Il doit être heureux d'organiser cette fête pour sa meilleur amie, mais triste des causes pour lesquelles il fait cela.
- Je t'aiderai aussi avec plaisir, dis-je. Après ce que tu as fait pour moi c'est tout à fait normal...
- Non, désolée mais cet après-midi je t'embarque, me coupe Genny, qui vient de nous rejoindre.
Elle me prend le bras et l'attache au sien comme pour me kidnapper, avec un grand sourire aux lèvres.
- Nous allons faire du shopping, il est hors de question que je choisisse une robe sans avoir eu ton avis,continue-t-elle.
Je ne sais pas quoi dire. Je souris à Genny et lance un regard d'excuse à Jonathan. Je n'aime pas revenir sur mes paroles mais là je crois que je n'ai pas le choix.
Nous laissons alors les garçons devant le lycée et je me fais emmener de force vers le centre ville. Nous allons manger un morceau dans un snack et nous nous dirigeons vers les rues les plus emmagasinées de la ville. Nous marchons dans l'allée et je regarde les enseignes des boutiques une par une, chacune illuminant sa marque de vêtement. Je ne passe jamais dans ce coin-là, ils y vendent des habits de luxe à des prix beaucoup trop élevés pour moi. Et puis,ça ne m'intéresse pas trop.
Je suis Genny, qui entre dans une boutique nommée « Victory » qui est très illuminée malgré le grand soleil à l'extérieur, et très, très chic. J'en conclus qu'elle doit venir du même milieu que Jonathan, qui est aussi riche que le fils d'un grand politicien peut l'être. Je suis un peu impressionnée, mais je ne le montre pas. J'accompagne Genny à travers les rayons et regarde celle-ci qui commence à fouiller dans les robes.
- Est-ce que tu viens souvent ici ? demandé-je, en touchant une robe en soie du bout des doigts.
- Eh bien, quand je dois choisir une tenue pour une soirée importante c'est mon adresse préférée, alors je ne dirai pas souvent, mais assez régulièrement oui.
Je hoche la tête. Après qu'elle ai posé à son bras quelques trouvailles, nous nous avançons vers les cabines d'essayage. J'attends debout, dos au mur, pendant qu'elle enfile sa première robe. J'en profite pour envoyer un message à Zoé pour la tenir au courant de ce qui se passe. Je lui dis que je n'ai rien trouvé pour l'instant, mais que je projette d'en savoir plus durant la soirée chez Jonathan vendredi. J'appuie sur le bouton envoyer,quand j'entends les rideaux s'ouvrir. Quand je lève la tête, je vois Genny s'avancer vers le miroir vêtue d'une robe splendide.C'est un bustier qui descend au niveau des genoux et prend du volume grâce à la tulle qui forme la jupe. Le haut est en satin, tout simplement croisé sur sa poitrine, le tout couleur ivoire.
- Est-ce que tu aimes ?
- Je te trouve très jolie... mais ce n'est pas trop habillé pour une soirée entre jeunes ?
Elle baisse la tête, gênée.
- En fait, avoue-t-elle, j'ai déjà quelque chose à porter pour vendredi. Celle-ci sera pour le bal du printemps. Il paraît qu'il y en a un aussi dans le lycée où je vais aller et j'avais vraiment envie de venir acheter ma robe dans cette boutique,avec toi.
Elle secoue la tête comme pour se sortir de ses révélations, et retourne dans la cabine. Elle en a plusieurs autres à essayer, donc elle n'a pas finit.
Après plusieurs défilés avec des tenues plus impressionnantes les unes que les autres, Genny sort avec une énième robe. Celle-ci est vraiment époustouflante. Elle porte une longue robe vert foncé qui descend jusqu'à ses chevilles.Elle est faite d'un tissu très léger, comme de la mousseline de soie, et son haut comportant une multitude de petits diamants se termine par des bretelles qui se rejoignent derrière sa nuque. Elle a prit également soin de mettre des escarpins ouverts de la même couleur qui complètent sa tenue. Lorsqu'elle se regarde dans la glace, je vois ses yeux pétiller.
- Je crois que celle-ci est la bonne, dit-elle,parfaitement sûre d'elle.
- Tu es superbe, je suis d'accord avec toi tu n'as pas besoin d'essayer les autres, on dirait qu'elle a été faite pour toi.
Elle se tourne vers moi et me regarde comme pour me remercier. Puis elle se retourne à son reflet pour s'admirer. Même si je ne la connais pas, ça me fais de la peine de savoir qu'elle va partir, surtout pour Jonathan. Genny a vraiment l'air d'être une fille bien. Comme si elle lisait dans mes pensées, elle me dit :
- Je suis contente qu'il t'ai trouvé.
Je ne comprend pas directement le sens de sa phrase,alors elle ajoute :
- Jonathan n'a pas pour habitude... de s'ouvrir aux autres. Il est plutôt réservé, même si ça ne se voit pas avec les gens avec qui il traîne comme les gars de l'équipe de volley,mais c'est la première fois qu'il accorde autant d'importance à quelqu'un. Je sais qu'il va vouloir te protéger, en quelque sorte.
Je souris intérieurement à cette remarque. En vérité c'est moi qui le protège et non le contraire, c'est pour cela que je suis là.
- Mais j'aimerai te demander une faveur...
Elle se tourne vers moi. Je vois ses yeux brillants,mouillés de larmes de tristesse, pleins de sincérité, qui montrent un amour aussi fort que je n'en avais jamais vu depuis longtemps.Elle a du mal à formuler ses phrases. Elle ouvre la bouche mais rien n'en sort, et une larme coule sur sa joue. Je n'ose pas m'approcher d'elle pour la réconforter, je ne la connais que trop peu et j'ail'impression que ce n'est pas ce qu'il lui faut pour le moment. Elle finit par articuler :
- Prends soin de lui s'il te plaît... je n'ai pas envie qu'il souffre, et je ne veux pas qu'il se fasse de la peine pour moi, parce que je sais que mon départ va le toucher. J'ai envie qu'il continue à être heureux... parce qu'il est comme mon frère.
Je ne dit pas un mot et préfère juste hocher la tête pour lui promettre que je ferai de mon mieux. Malheureusement je ne sais pas du tout en quoi se réserve mon avenir alors cette promesse ne sera peut-être qu'un mensonge. Cependant je ne peux rien lui dire d'autre. Elle sourit en s'essuyant les yeux d'un revers de main,faisant attention à ne pas éparpiller son maquillage sur son visage blanc.
- Bon, nous ne sommes pas là pour pleurer mais pour faire des emplettes. Je vais prendre cette robe-ci ça ne fait aucun doute.
Elle se dirige une dernière fois en direction de la cabine pour se changer. Maintenant que je l'ai vu pleurer, je comprends pourquoi elle n'en montre rien devant les garçons : elle ne veut pas les blesser et c'est courageux de sa part. Elle ne se rend pas compte que c'est elle qui les protège en agissant ainsi. Je regarde mon téléphone qui affiche un nouveau message. C'est Zoé.Elle ne me répond qu'un simple « OK » pour m'informer qu'elle a lu mon texto.
***
De retour chez moi, je vais directement m'installer à mon bureau pour continuer mon travail. Cela devient très sérieux,deux jours sur place et presque aucun nouvel élément à part quelques noms. Je prend le feutre noir et écrit sur mon tableau blanc les évènements importants auquel Jonathan va sûrement participer. D'abord, je suis sûre qu'il va y avoir la soirée de vendredi, où je devrai être très vigilante, il y aura vraiment beaucoup de monde je pense. Et ensuite il y a ce bal du printemps. Genny en a parlé et elle a dit « il y en aura aussi un dans le lycée où je vais » ce qui veut dire qu'ils en organisent un à Clinton Hill. Il y a des chances pour qu'il y aille à moins qu'il ne soit pas fan de ces fêtes, ce que je doute. Il faudra que je sache qui y participera. Ceci étant fait, je m'élance sur ma chaise roulante et me propulse vers mon bureau où j'effectue quelques recherches supplémentaires sur mon ordinateur. Je tape les noms de chacun des amis de Jonathan et je ne tombe que sur des profils de réseaux sociaux remplis de photos de différentes soirées, entre amis ou en famille. Je décide donc d'aller plus loin et de pirater leurs comptes.
Je découvre toutes leurs conversations mais aucun ne parle de Jonathan ou d'un quelconque projet qui soit hors scolarité et divertissements. Je ne vois pas ce que je peux faire pour le moment à part les suivre un par un, chaque jour, ce qui serai une perte de temps vu qu'ils sont beaucoup trop nombreux. Un criminel, ce n'est pas difficile à trouver, mais un espion peut se réinventer un nom, une vie, et même une famille, il va me falloir plus de temps que trois petits jours pour mettre la main dessus.
***
Les deux jours qui suivent se passent très vite, trop vite même. J'ai peur que mon ennemi ne prenne un temps d'avance surmoi. Stevens a appelé Zoé et celle-ci n'avait pratiquement rien à lui révéler mais elle a essayé de se justifier en disant que ce n'était que le début, le repérage, et que dans un lycée d'environ deux milles élèves et une centaine de professeurs, cela prend du temps. Je sais qu'elle n'avait pas à se justifier et qu'elle a fait ça surtout pour me couvrir.
Il ne reste plus que deux heures de cours avant le week-end et cela ne ma rassure pas. Il va falloir que je trouve un moyen d'avoir Jonathan constamment sous les yeux, ce qui ne va pas être facile si l'on ne peut pas se voir au lycée. En attendant,nous avons cours de technologie et je vais devoir prendre sur moi si je veux supporter Thomas et ses remarques désobligeantes.
Nous entrons en classe et commençons. Cette fois,Thomas ne m'empêche pas de participer pour aller chercher les outils dont nous avons besoin, ce qui me surprend. Nous attaquons les manipulations, comme la première fois, et alors que je m'occupe de l'assemblage de la coque, il prend la parole.
- Tu fais quoi dans la vie ? me demande-t-il sans arrêter ce qu'il fait.
Sa question, pour le moins déroutante, me surprend.Mais je réponds presque immédiatement.
- Je suis lycéenne à Clinton Hill. Tu connais ?
Ma réponse l'étonne tout autant, mais un léger sourire s'affiche sur son visage. Wahou, c'est la première fois que je le fais sourire ! Il répond le plus naturellement possible :
- J'en ai entendu parlé, oui. J'ai même entendu dire qu'il y a une fille qui se croit tout permis là-bas.
Je souris intérieurement. Le fait qu'il ne soit pas désagréable avec moi me fait presque bizarre. Je ne sais pas ce qui l'a fait changer d'avis sur moi. Peut-être Jonathan...
- Et sinon tu habites ici depuis longtemps ? me questionne-t-il, intéressé.
La chute est violente. En fait, non. Il veut juste aborder l'interrogatoire avec plus de tact. Je suis impressionnée,j'y avais presque cru. Je souffle discrètement, agacée.
- Depuis un peu plus de dix ans...
- Et tes parents travaillent dans quoi ?
Bon, là ça suffit. Je crois que j'ai assez déballé ma vie. Je tape des mains vivement sur la table et tente de changer de sujet.
- Je crois que tu as assez de colle, là, dis-je en lui montrant le pot qu'il tient et qu'il est toujours en train de remplir.
Il jette un œil sur ce qu'il fait et arrête son mouvement, voyant que le récipient est presque rempli à ras bord.Il se remet au travail en me voyant éviter sa dernière question. Je me demande pourquoi il veut savoir tout ça, en quoi ça l'avance. Je garde les yeux rivés sur ce que je fais, mais je vois que Thomas surveille du coin de l'œil chacun de mes gestes, comme s'il voulait les décrypter. J'essaie de ne pas en tenir compte et reste concentrée.
***
Lorsque les deux heures se terminent, je rejoins Jonathan comme à notre habitude et nous sortons de l'établissement.
- On se voit ce soir, vingt-deux heures, me dit Jonathan une fois dehors.
- Oui, bien sûr. Ah, j'allais oublier... je n'ai pas ton adresse pour la fête.
- Donne-moi ton bras.
Il me fait un signe de la main pour que je m'approche de lui et m'attrape le poignet. Il sort un stylo qu'il ouvre avec les dents à cause de ses deux mains prises, et commence à écrire à l'encre noire sur ma peau. Il a une écriture rapide, mais soignée.Lorsqu'il a terminé, il me relâche le bras et bouchonne le stylo qu'il range dans son sac. J'aurai pu avoir son adresse par Stevens ou Zoé, mais cela aurait pu soulever des questions de la part de mon hôte.
- Merci, dis-je. On se voit tout à l'heure, alors.
Je lance un regard à Thomas pour lui dire au revoir, et je rejoins le parking pour prendre ma moto et rentrer.
***
À l'appartement, je tourne en rond en m'imaginant le fil de la soirée. Je ne sais pas à quoi cela va ressembler, qui sera là, et ce sera peut-être le cas de ma cible. Je me prépare pour y aller : je décide de porter un jean noir simple, un débardeur blanc, des bottes noires et ma veste en cuir de la même couleur. Je ne veux pas mettre de tenue qui serait inconfortable pour faire mon boulot, surtout si je dois courir après quelqu'un. Je me coiffe simplement en me passant un coup de brosse dans les cheveux et ajoute une touche de noir à mes yeux. Je me regarde une dernière fois dans le miroir , histoire de ne pas sortir n'importe comment, mais je suis à peu près satisfaite. Je ne fais trop attention à mon physique de toute façon, alors ce n'est pas ce soir que cela va changer. Je n'oublie pas d'accrocher mon micro à l'intérieur de ma veste et mets mon oreillette que je recouvre comme à chaque fois de mes longs cheveux. Comme je ne prends pas de sac, je range mon pistolet à ma ceinture et le cache comme je peux avec mon haut. Je mange un bout,bois un coup et me voilà partie pour la fête.
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Hey ! Petit moment d'émotion pour Genny et préparation pour la fête de Jonathan. A votre avis, que va-t-il se passer à cette fête ?
A bientôt !
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