chapitre 4


Les jours passaient dans une sorte de flou incessant. L'enquête avançait à un rythme à peine perceptible, les indices se dérobant toujours au moment où ils semblaient à portée de main. Et pourtant, à chaque nouvel indice, Evan sentait qu'il était de plus en plus piégé par cette affaire.

Barty, lui, semblait presque détaché. Bien sûr, il faisait ses blagues comme toujours, décalées et parfois maladroites, mais il n'avait pas le même air indifférent qu'auparavant. Il passait plus de temps à farfouiller dans les dossiers, à poser des questions aux témoins, à traîner dans les coins sombres de la ville à la recherche de réponses qu'il espérait secrètement. Mais Evan savait qu'il y avait quelque chose derrière cette énergie effervescente.

C'était lié à sa mère. Il le savait. Et c'était ce qui le perturbait. Parce qu'Evan avait promis de l'aider, de l'accompagner dans cette enquête, même si cela réveillait des démons qu'il aurait préféré laisser enfouis.

Ce matin-là, ils se retrouvaient tous les deux dans un petit café. Les dossiers étaient éparpillés entre eux, un peu plus que d'habitude. Mais il y avait une tension dans l'air, comme un malaise dont personne ne voulait vraiment parler.

Barty semblait agité, les doigts tapotant nerveusement sur la table. Il n'était pas comme à son habitude. Même ses blagues étaient un peu forcées.

— Tu sais, je commence à croire que les suicides, ça devient la mode dans cette ville. C'est comme si tout le monde voulait y échapper par la même porte de secours. Il lança cette phrase avec un sourire nerveux, mais Evan remarqua immédiatement qu'il n'était pas du tout dans son état normal.

Evan leva les yeux de son dossier, observant un instant son coéquipier. Il avait cette lueur dans les yeux, comme s'il cherchait à cacher quelque chose.

—  Tu veux dire que tu crois que ta mère...  commença-t-il, puis s'interrompit. Il ne savait même pas comment aborder le sujet. Ce n'était pas facile. Mais il avait fait une promesse à Barty.

Barty soupira, les épaules affaissées. Il tourna un peu la tête, comme s'il cherchait les bons mots. Puis, il se reprit.

—  Peut-être que je cherche des réponses là où il n'y en a pas. Mais, merde, Evan, je veux comprendre. Je veux savoir ce qui a vraiment poussé ma mère à faire ça. Il se mordit la lèvre, et ses doigts s'agitaient toujours plus nerveusement.  C'est tout ce que je demande. 

Evan se sentit mal à l'aise, mais il posa doucement son café. Il n'avait pas l'habitude de traiter ce genre de choses, surtout quand elles touchaient à des histoires personnelles, douloureuses. Pourtant, il se rendait compte qu'il ne pouvait plus ignorer ce qui se passait dans l'esprit de Barty. Cette affaire n'était pas simplement une enquête criminelle, c'était bien plus que ça. C'était un poids, un fardeau qui accablait les deux hommes, à sa manière.

—  Barty, tu sais que je ne peux pas faire de miracles. Mais... je t'ai promis que je t'aiderais à comprendre. » Il posa une main sur le bras de son coéquipier, un geste hésitant, presque instinctif, mais pourtant porteur de quelque chose qu'il n'avait pas pleinement conscience de livrer. « Je vais tout faire pour qu'on découvre ce qui s'est passé. 

Barty leva les yeux, étonné par la sincérité dans la voix d'Evan. Il garda un instant le silence, les mots restant suspendus dans l'air. Puis, comme pour détourner son attention, il esquissa un sourire, bien que ce dernier soit plus triste qu'amusé.

—  T'es un putain de têtu, Rosier, tu sais ça ? 

Evan roula des yeux, mais un sourire amusé se dessina malgré lui.

—  T'as pas idée, Croupton. 

Ils restèrent là un moment, à se fixer, comme deux personnes qui comprenaient sans se dire toute la vérité. Il n'y avait pas de mots parfaits dans ce genre de situation. Pas encore. Mais quelque part, un lien semblait naître entre eux, un lien fait de respect, de promesses non dites, et d'une compréhension silencieuse de la douleur de l'autre.

Lorsque la porte du café s'ouvrit brusquement, coupant l'atmosphère tendue, Barty se leva immédiatement, une énergie nouvelle dans son attitude. Il était redevenu le Barty de toujours, prêt à foncer dans le feu de l'action.

—  Allez, on se bouge. On a un dossier à déchiffrer. 

Evan soupira, mais se leva également. Ils n'étaient pas proches. Pas encore. Mais quelque part, cette enquête les changeait lentement, malgré eux.

En sortant du café, Evan sentit la chaleur du soleil sur son visage. C'était un autre jour, une autre journée à essayer de trouver des réponses. Mais cette fois, il savait qu'il ne serait pas seul. Pas avec Barty à ses côtés, même si les deux savaient que l'un portait un fardeau plus lourd que l'autre.

Il se tourna vers son coéquipier et, sans réfléchir, lui posa une main sur l'épaule.

—  On va y arriver, Croupton. 

Barty haussait les épaules, mais un petit sourire presque imperceptible se dessina sur ses lèvres. Ce n'était pas grand-chose, mais c'était un début.

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