La lumière tamisée de l'automne filtrait à peine à travers les fenêtres, offrant une lumière douce et mélancolique dans la pièce. La brigade criminelle était en effervescence, mais Evan Rosier, lui, était concentré. Assis à sa table, il observait l'écran de son ordinateur, son regard perçant scrutant des détails que la plupart des gens auraient ignorés. Evan était dans son élément ici. Les mystères, les détails qui échappaient aux autres, c'était son terrain de jeu. Quand il enfilait son badge et se plongeait dans un dossier, il était comme un chirurgien, découpant méticuleusement chaque indice, chaque preuve, cherchant la vérité.

Ses cheveux châtains  étaient attachés en un chignon décontracté, quelques mèches s'échappant autour de son visage aux traits fins et marqués par la fatigue. Sa chemise gris clair était soigneusement rentrée dans son pantalon, et ses manches étaient légèrement retroussées, laissant entrevoir des poignets marqués par des années de travail rigoureux. Il n'avait pas le temps pour les distractions. Mais aujourd'hui, il avait une toute nouvelle distraction : Bartholomew Croupton.

La porte s'ouvrit brusquement et un jeune homme entra, l'air effronté et sûr de lui. Il portait une veste en cuir noir trop grande pour lui, les cheveux éparpillés dans une coupe négligée, et un sourire qui semblait dire "je suis ici pour être vu". Dès qu'il posa les yeux sur Evan, un éclat d'amusement traversa son regard.

— Croupton, Bartholomew Croupton, annonça-t-il d'une voix arrogante en se présentant d'un geste théâtral. T'inquiète, je vais tout déchirer ici. On m'a dit que je serais avec toi pour cette enquête... intéressant.

Evan leva les yeux au ciel en soupirant intérieurement. Pas lui... pensa-t-il. Qu'est-ce que j'ai encore fait pour mériter ça ?

Il ne s'intéressait pas à ce genre de personne. L'ironie, la légèreté, les gestes excessifs : Evan les haïssait. Il avait grandi dans un monde où rien n'était jamais aussi simple. Il savait que les gens comme Croupton aimaient se faire remarquer, et ça l'énervait. Il avait le sentiment que chaque mouvement, chaque mot, de ce type semblait conçu pour attirer l'attention.

— Bien, alors., répondit Evan en reposant les yeux sur l'écran, son ton sec, presque froid. Il ne voulait pas montrer qu'il était agacé. Laisse-moi deviner, tu vas encore faire ton numéro pour te montrer à tout le monde, hein ?

Croupton ne se démonta pas. Il fit un petit pas en avant, ses dok's claquant contre le sol, avant de s'installer sur une chaise voisine d'Evan, comme s'il s'agissait d'une scène de théâtre.

— Si tu crois que je vais rester là, à bosser comme un robot toute la journée sans un peu de spectacle, tu te trompes complètement ! répondit-il en lançant un clin d'œil. La vie est trop courte pour ne pas en profiter un peu, non ?

Evan serra les dents. Ce genre de type me fout littéralement en rogne. Il n'aimait pas les gens qui avaient besoin d'attirer l'attention. Cela ne servait à rien. Il était là pour la vérité, pas pour les drames. Mais Croupton semblait bien décidé à lui prouver qu'il allait être un élément perturbateur dans son quotidien. Un genre de perturbation qui, selon Evan, ne faisait qu'encombrer les choses.

Quelques heures plus tard, ils se retrouvaient sur une scène de crime dans un quartier malfamé de la ville. La scène était sombre et étouffante, une atmosphère de désolation remplie de ruines et de graffitis. Evan s'agenouilla, analysant les indices sur le sol, ses yeux sombres parcourant chaque détail avec une précision méticuleuse. Il suivait son instinct, son esprit cherchant à faire correspondre les morceaux du puzzle. Chaque mouvement était calculé, chaque geste important. Pas de place pour l'erreur.

Croupton, lui, semblait en être l'antithèse. Il se promenait autour de la scène, touchant tout ce qu'il trouvait, comme un enfant curieux, sans respecter les protocoles.

— Hé ! gronda Evan, en se levant brusquement. Ne touche pas ça ! Chaque indice compte ici !

Croupton haussait les épaules, sans se départir de son sourire provocateur.

— Détends-toi un peu, t'es trop tendu. Ce ne sont que des miettes, on en a vu d'autres !

Evan sentit son sang bouillir. C'est ça, vas-y, fais-toi plaisir à tout foutre en l'air, pensa-t-il. Il s'avança et attrapa le bras de Croupton pour l'éloigner d'un indice important qui venait d'être laissé sur le sol.

— Je t'avais dit de faire attention répéta-t-il, son ton de plus en plus sec. Tu crois peut-être que c'est juste un jeu, mais tu n'es pas ici pour jouer les héros. Ce n'est pas un cirque. Alors fais attention à ce que tu fais.

Croupton, un peu déconcerté mais toujours aussi sûr de lui, se tourna vers Evan et haussant les sourcils, il s'éloigna enfin de l'indice, un sourire narquois sur le visage.

— Ouais, je vois que t'as vraiment une obsession avec ton boulot. Il se tourna vers un autre indice. Tu crois que ça va tout changer ?

Evan pinça les lèvres. Il aurait bien voulu lui répondre, mais à cet instant précis, Croupton fit un autre faux pas : il trébucha sur un morceau de bois éparpillé près du sol, manquant de tomber en avant. Il se redressa précipitamment, l'air gêné mais riant tout de même de sa maladresse.

— Ok... ça, c'est pas très classe. Il se frotta la tête, comme pour se donner une contenance. Je commence à comprendre qu'il y a des règles ici. Mais c'est pas facile de s'y faire.

Evan haussait les sourcils, un peu surpris, mais il ne laissa rien paraître. Ce mec est vraiment un cas.

— T'as tout à apprendre, Croupton. Et tu ferais bien de t'y mettre sérieusement, répondit-il, son regard toujours aussi perçant. Il n'aimait pas du tout que quelqu'un prenne des risques inutiles.

Croupton lui lança un autre sourire, mais cette fois, il semblait un peu moins sûr de lui. Il se déplaça un peu en arrière, visiblement un peu gêné d'avoir fait une gaffe devant un collègue aussi sérieux. C'était bien le genre de personnes à se faire remarquer sans réfléchir, mais il commençait à comprendre que dans ce métier, l'exubérance n'était pas toujours la meilleure arme.

Il est nouveau dans ce milieu, mais il fait comme si c'était un jeu. pensa Evan, en poussant un soupir agacé. Et pourtant, il semble assez intelligent pour comprendre quand il faut s'arrêter. Il faut juste qu'il arrête de se croire invincible.

Les heures passèrent. Croupton, bien que distrayant et agaçant à ses yeux, réussit à capter l'attention de plusieurs témoins avec son énergie débordante. Tandis qu'Evan, plongé dans les détails, connectait les indices et traçait des pistes qui pourraient mener à la vérité. Les deux hommes, en dépit de leurs différences, se retrouvaient à avancer ensemble, chacun à sa manière.