Voilà que le soleil se lève lentement en caressant la cime des arbres. Je suis debout depuis longtemps. Connor dort encore. Je décide de voir si je trouve quelque chose à manger. Noume m'accompagne, je grimpe à un arbre avec agilité, ce dernier est assez haut et me permet de dépasser les autres. Depuis enfant je grimpe aux arbres avec facilité. Je remarque, arrivé en haut, qu'il nous reste encore beaucoup de chemin à faire, et tant de choses à découvrir. Je trouve des baies comestibles dans des branchages, que l'on appelle si mes souvenirs sont bons des vaccinium. Ce sont des baies de couleurs pourpres, elle ressemble à des myrtilles mais un peu en chair.

- C'est une habitude de monter dans les arbres comme cela ? survient la voix de Connor. Je dévie mon regard sur lui.

- Disons que si tu veux manger, il le faut bien. dis-je en lui lançant une petite besogne remplie de fruits. Cadeau !

Je descends de l'arbre rapidement.

- Nous avons encore beaucoup de route, mieux vaut avancer.

- C'est vrai.

Nous nous sommes restaurés en prévision du chemin qu'il nous reste. Puis nous reprenons la route en direction de la frontière.

Connor parle beaucoup mais cependant ce qu'il me raconte est tout à fait intéressant. Il me parle de ses nombreuses aventures à travers Afetis. Il me décrit les créatures et elfes qu'il a rencontré. Les anecdotes qu'il a vécues à travers les quatre contrées, les différentes cultures.

- Es-tu allé plus loin qu'Afetis ?

- Une fois avec mon père, je suis allé dans le désert du Grand Râ, récolter de la poussière d'étoiles, c'est vraiment aride comme endroit le jour. Mais la nuit, le désert semble prendre vie, il s'anime. Offrant un spectacle, vraiment magnifique. Les dunes semblent se mouvoir tel l'océan, la lumière de la lune se réfléchit sur l'or fin du sable. Là est là poussière d'étoiles. On s'en servait pour des médicaments. Tu sais, c'est un phénomène tellement rare.

- Cela devait être incroyable. Et ici, à Afetis, quel est pour toi le plus beau lieu ?

- C'est dure à dire, chaque lieu est unique, la capitale de Viridis est la plus importante, celle Combaist est la plus élégante et légère. Celle du feu, Teine et de l'eau, Cuan-Geal sont royales et toutes aussi imposantes et élégantes que les deux premières. Mon lieu préféré restera sans aucun doute la cascade d'or au sud de Fanra où si tu préfères au nord des montagnes. L'eau est rendue par le couché du soleil d'une couleur or, elle brille de mille feux. Et ses propriétés sont telles qu'on dit qu'elle guérit tous les mots. Après ce ne sont pas des faits avérés, mais je trouve la légende qui l'entoure plutôt belle. Les elfes des eaux raconte qu'un dragon vit sous la cascade, et qu'il serait une des gardiens des mondes souterrains et celui de la guérison. Sinon j'aime beaucoup la cité maritime de Neamhnaid sur la pointe percée qui marque la jonction entre le canal des Sept glaces et l'océan du Néant. C'est une ville de pécheur, et d'enfileur de perles, c'est là bas qu'on trouve les plus beaux bijoux. Je peux aussi te conseiller la forêt des Sgreadail, du moins, si tu aimes te faire peur. Je peux continuer ainsi pendant des heures, avec le Craobh Cuimhne, le bois Seinn, les cavernes Criscestalam, le volcan Neo-Chriochnach, le lac Nighe où encore la Péninsule Verte.

- Tout cela est vraiment passionnant. Tu as dû énormément voyager.

- Je n'ai pas encore tout vu, j'ai beaucoup lu d'ouvrages sur certains de ces lieux, notamment le Volcan Néo-Chriochnach. Il se trouve à la frontière entre Fanra et Haemeu. C'est l'un des plus beaux sites.

- Je n'en doute pas une seule seconde.

Après, encore une trentaine de minutes de marche, nous atteignons la lisière de la forêt et s'étale devant nos yeux une immense plaine parsemée de collines.

- Je connais un village derrière les collines et non loin de la frontière avec Viridis. J'ai un ami qui y vit. Il pourra probablement nous héberger pour cette nuit, et cela ne nous fera pas de mal de dormir à l'abri.

- Je ne suis pas contre. Noume acquiesce aussi.

Nous reprenons la route, et traversons des champs mis en jachère, laissant des fleurs sauvages prendre vie. Elles sont de toutes sortes, de toutes couleurs, bleus, rouge, rose, violette, jaune. Nous parvenons en haut d'une colline, un petit village se tient là, avec sa rue principale, sa fontaine au centre la place et une autre rue qui associé à la principale forme une croix. Des venelles et des ruelles séparent les maisons. En nous rapprochant. Je remarque quelque chose d'étrange.

- Bienvenue à Teintean.

- Connor, tu ne trouves rien d'étrange ? dis-je à voix basse.

- Si. Me répond-il après quelques secondes de silence. D'habitude, tout est vivant ici.

On avance dans la rue principale. Des vitres sont brisées, des volets fermés, une maison complètement incendiée.

- Il semble qu'il y a eu un conflit ici. Peut être que ceux qui ont attaqué sont encore ici.

- Oui. . . Cela s'est produit il y a peu de temps, il y a encore de la fumée.

- Où sont donc les habitants ?

On s'approche de la fontaine. Un murmure nous interpelle, je cherche du regard la provenance de ce dernier.

Je vois un elfe dans l'encadrement d'une porte, il nous fait signe de venir vers lui. Connor passe devant moi je le suis. Nous entrons dans une sorte de boutique à l'évidence dévastée. L'homme est d'une carrure assez grande, il a les cheveux roux et une barbe nouvelle et des yeux verts sapin.

- Narmarcil ! S'exclame Connor.

- Ravis de te revoir. Mais tu arrives un peu au mauvais moment.

- Que s'est-il passé ici ?

- Des mercenaires de Viridis ont attaqué le village. On ne sait encore pourquoi, mais rien de bon, ils ont emporté la plupart des hommes du village. Si les attaques continuent contre Haemeu, la guerre va reprendre.

Il s'approche de moi et fronce les sourcils.

- Toi, je t'ai déjà vu.

- Impossible c'est la première fois que je viens par ici.

- Ta mère ne s'appellerait pas Velia ?

- Comment le savez-vous ?!

- Montons à l'étage. On ne sait jamais quand ils pourraient revenir.

Nous nous asseyons ainsi autours d'une table en bois.

- Velia était ma meilleure amie. Elle est tombée amoureuse d'un elfe de la terre. Mais bien sûr. . . Cet amour était interdit. Velia a été pourchassé par des soldats et à dû fuir avec Nonna. Enfin tout ça est une longue histoire. Comment t'appelles tu ?

- Calion. Vous connaissez mon père ?

- Peu malheureusement. Mais je l'ai vu deux trois fois. Au début je l'ai trouvé terrifiant mais finalement il était gentil. En tout cas, il aimait plus que tout ta mère.

- Comment il s'appelait ?

- Je ne serais capable de me souvenir de ce détail. Je suis désolé, il s'est passé tellement d'années. Je n'ai pas une mémoire excellente. Je me souviens seulement de son visage. Il te ressemblait, il n'avait simplement pas cette mèche argentée et avait des cheveux longs.

- Qu'elle histoire palpitante. Dit Connor.

- Si on veut. Où vous rendez vous ?

- Je suis à la recherche de mon père. déclarais-je. Et j'en profite pour découvrir Afetis.

- Recherche ambitieuse. Et toi, tu l'accompagnes ? Toujours en vadrouille ?

- C'est cela !

- Restez ici, pour la nuit. C'est dangereux de dormir dehors en ce moment.

- Nous avons remarqué cela.

- Voulez vous manger quelque chose ?

- Volontiers ! s'exclame Connor avant que je puisse répondre.

Notre hôte se lève et revient avec une sorte de ragoût.

- Je suis désolé c'est tout ce qui reste, les Viridiens ont tout pris.

- C'est bien suffisant. Assurais-je.

- Comment va Velia ?

- Elle est malade. . .

- Rien de grave j'espère.

- Et bien nous ne savons pas trop. . . En tout cas, Nonna la soigne du mieux qu'elle peut.

- Velia a toujours été forte. Elle s'en sortira.

Connor s'étire après avoir englouti son assiette.

- Mais dit moi, Namarcil, où ont ils emmené les gens du village ? questionne Connor

- Je ne sais pas . . . Sûrement à Temarlys.

- Mais pourquoi ont-ils fait cela ?

- Il recherche quelqu'un.

- Qui ? demandais-je.

- Je ne sais malheureusement pas.

Le soir tombe et Narmarcil après ce modeste repas, nous conduit dans une chambre. Connor n'a pas trop de mal à s'endormir mais moi je suis rongé par tant de questions. Je viens m'asseoir près de la fenêtre et observe le ciel étoilé qui s'étend sous mes yeux.