Chapitre 24

La douceur des rayons du soleil m'éveille. Mes paupières s'ouvrent doucement. Je suis encore engouffrée dans ces draps si doux. Je peux affirmer avoir bien dormi. Mélione et Sitara dorment encore profondément. Je me redresse, jusqu'à m'asseoir en petit tailleur. La lumière se glisse à travers les rideaux, et vient caresser le parquet, créant un ballet silencieux de douceur. Les délicates fragrances de l'aube titillent mes sens, une invitation à émerger de ce cocon de confort. Je m'étire et passe une main derrière la tête. Je rabats la couette moelleuse et viens enfiler mes chaussures. Je m'approche de la fenêtre et admire le soleil se lever sur la ville. Il inonde Cuan-Geal de teintes dorées et orangées. Les canaux scintillent, reflétant les premières lueurs du jour, tandis que les voiles des navires commencent déjà à se déployer dans le port encore endormi. J'ouvre légèrement la fenêtre ne voulant pas réveiller les filles. Une brise légère entre et fait danser les rideaux. Je me permets de respirer profondément l'air frais, chargé de l'odeur salée de la mer mélangée aux arômes des pâtisseries fraîchement cuites des échoppes.

À mesure que la lumière s'intensifie, la ville semble s'éveiller. Les marchands commencent à s'installer sur les places, leurs cris joyeux et leurs rires résonnent dans l'air clair du matin. On dirait bien que c'est jour de marché.

Je me tourne pour vérifier que Mélione et Sitara dorment toujours paisiblement. Leur visage détendu témoigne de leur fatigue enfin apaisée. Je décide de ne pas les réveiller tout de suite et me dirige vers la porte. Le voyage a été épuisant mais d'une certaine manière je l'ai beaucoup apprécié et ce monde va me manquer lorsque je vais devoir le quitter.

Dans le couloir, l'atmosphère est calme. Les murs ornés de tapisseries racontent des histoires anciennes, et chaque pas sur le sol en marbre me rappelle l'élégance de ce palais. Je descends doucement les escaliers, attirée par l'odeur alléchante du petit-déjeuner qui émane d'une salle à manger non loin.

Mon ventre gargouille.

-Je vois qu'on a faim. Je sursaute.

-Aramis. Je ne t'ai pas entendu arriver. dis-je gênée.

-J'ai ce petit don.

Il passe devant moi et continue son chemin. Sa démarche me rappelle la certaine démarche d'un chat.

Je le rattrape rapidement et ne peux m'empêcher de le lui demander.

-C'est toi ''A''.

Il ne me répond pas.

-J'ai raison, n'est ce pas ?

-Oui. C'est moi.

Il se métamorphose en chat noir. Je le regarde faire avec de grands yeux.

-Je suis un thérianthrope, ma forme est le chat.

-Encore en train de t'amuser, Aramis. surgit Rainn.

Aramis se redresse, sa silhouette humaine reprenant forme alors qu'il jette un regard amusé à Rainn, sa sœur.

-Toujours en train de m'amuser, effectivement, rétorque-t-il avec un sourire malicieux.

Rainn roule des yeux, mais une lueur d'amusement se cache dans son expression.

-Ce n'est pas le moment de jouer avec la magie, Aramis. Nous avons des choses plus importantes à préparer pour la journée.

-De tout de façon on est bloqué. On ne peut rien faire tant que Iaso n'a pas accepté de nous rencontrer pour aider Elisabeth. Dit-il en me pointant la main.

-Je sais, et il n'a pas l'air bien décider.

C'est alors que l'apparition d'un petit garçon blond met un terme à la discussion.

-Le déjeuner est servi dans le petit salon. dit-il.

Aramis affiche un grand sourire.

-Caspian, mon bonhomme, cela faisait bien longtemps que je ne t'avais pas vu. Tu as bien grandi.

Caspian, avec ses yeux pétillants, se met à sourire largement en entendant Aramis.

- Oui, j'ai grandi ! s'exclame-t-il, tout fier. Et j'ai même appris quelques nouveaux tours de magie grâce à papa.

-Oh, vraiment ? Quel genre de tours ? demande Rainn, son ton moqueur trahissant son amusement.

Le petit garçon se tourne vers elle, l'air sérieux.

-Je peux faire disparaître des objets. Mais je dois encore m'entraîner pour les faire réapparaître.

Aramis éclate de rire, sa voix résonnant dans le couloir.

-Cela fait partie du processus, Caspian. Même les plus grands sorciers ont commencé par là.

Mon ventre gargouille encore une fois.

-Je crois qu'il est devenu nécessaire de manger pour certaines personnes. déclare Rainn.

-Je crois bien. dis-je.

-Tu devrais aller chercher les autres Caspian.

-J'y vais de ce pas.

Le petit s'en va.

-Qui est ce ? demandais-je.

- Caspian est le fils adoptif de Iaso. me répondit Rainn.

Elle commence à marcher.

- Iaso l'a recueilli alors qu'il n'était qu'un bébé. Sa mère se nommait Daphnée, elle était une des prêtresse de la déesse Ena Phetheia à Craobh Cuimhne. Lors d'une tentative de résistance du grand temple contre une attaque d'Aeschylus, elle a été assassinée. Beaucoup racontent que Iaso était épris de cette prêtresse. continue Rainn.

-Certains disent que Caspian serait le fils biologique de Iaso. Mais cela n'a jamais été prouvé.

-Oh. . . comme c'est triste.

-Il y a énormément d'histoires comme celle-ci... Aeschylus a tué tant d'innocents. Les parents de Calion ont été assassinés, c'est pourquoi Nonna et Jonas l'ont élevé comme leur propre enfant avec Amara.

Nous atteignons la salle à manger. Un doux parfum de pain chaud et de fruits frais me frôle les narines. La pièce est baignée dans une lumière dorée, et une grande table en bois est dressée, ornée de plats colorés. Aramis entre derrière moi, suivi de Rainn, et nous nous installons à une place déjà prête pour nous. Sitara, Naseria, Calion, Mélione, Arasel, Camus et Zielle ne tardent pas à nous rejoindre.

-Bonjour tout le monde. Dit Calion d'une voix plutôt enjouée.

Nous commençons à manger. Amara entre alors avec un grand sourire sur les lèvres.

-J'ai une excellente nouvelle pour vous !

-Vraiment ? interroge Mélione.

Amara acquiesce avant de reprendre la parole.

-Iaso a accepté une entrevue avec toi Elisabeth.

Un sourire s'affiche sur mes lèvres.

-Quand ? demande Rainn me coupant l'herbe sous le pied.

-Dans une petite heure. Répond Amara en prenant place à mes côtés.

Elle pose une main sur mon bras.

-Tu vas voir Elisabeth, il est très gentil, tu n'as pas à t'inquiéter ! Il va trouver une solution à ton problème. Il trouve des solutions pour la plupart des choses ! Par exemple, Fanra est la dernière région d'Afetis qui n'est pas sous l'influence magique d'Aeschylus et ses sbires. La ville est prospère et indépendante de la capitale grâce aux efforts d'Iaso. Il a créé un bouclier.

-Enfin, ce bouclier à de nombreuses limites... Il n'empêche pas Aeschylus de brider certains elfes comme les sentinelles de l'eau. Dit Sitara.

-C'est toujours mieux que rien. intervient Aramis, sans cela je n'ose imaginer l'état de Cuan-Geal et les environs.

-C'est bien triste tout cela, soupire Naseria, je donnerai n'importe quoi pour que tout redevienne comme avant. Afetis était une contrée si belle, surtout sous le règne de Celeborn et de son épouse Velia. C'était l'âge d'or.

-Oui... Je me souviens que quand j'étais petit, mon père m'emmenait souvent à Temarlys. Déclare Celeborn. On y voyait des magiciens et des sorcières qui venaient vendre leur savoir. Les fées ne nous craignaient pas et étaient encore présentes dans les forêts avoisinantes, proposant leur aide et leur protection aux voyageurs. Et puis il fallait voir comment la capitale brillait de vie ! Mais ce temps est révolu ! fini ! enterré et avec lui toutes les âmes qui ont tenté de défendre cette prospérité. Raconte Calion.

Tout en l'écoutant, je remarque que ses yeux brillent d'une certaine lueur. Il fait référence à ses parents, je suppose. Sitara glisse une main discrète sur son épaule.

-Un jour, on retrouvera ce monde. Et à ce moment-là, nous vengerons ceux qui ont péri dans les flammes de la violence d'Aeschylus.

-C'est bien pour cela que nous avons forgé la Résistance.

-J'imagine déjà la tête d'Aeschylus quand on lui aura botté les fesses ! déclare Arasel avec une grande touche d'ironie, qui arracha un sourire à Zielle.

Je sens l'excitation et la détermination emplir la pièce, une atmosphère électrique s'installe petit à petit.

-Oh que oui ! s'exclame Camus avec un rictus. Je veux voir la peur dans ses yeux . . .

-La peur ? Tu rigoles, j'espère ! le coupe Aramis, cet homme-là ne ressent pas la peur, il n'a pas de sentiment autre que la rage, l'ambition, la vanité, la cupidité et l'avidité.

En voilà, un joli costume trois pièces, pensais je amusée.

-On va surtout lui faire passer son envie de pouvoir ! s'exclame Mélione en brandissant son poing.

-J'apprécie énormément votre enthousiasme de lui botter les fesses, mais personne n'est encore vraiment près à le faire, même vous qui vous êtes si bien entraîné. Survient une voix.

Nous levons tous la tête en direction de la porte.

Là dans l'encadrement se tient un elfe à l'apparence très élégante. Il a de long cheveux bruns qui tirent sur une couleur argentée, ce qui provoque de beaux reflets évoquant les étoiles scintillantes d'une nuit claire. Ses yeux sont verts. Mais point comme ceux de Aramis. Ils sont verts, profonds et limpides comme l'eau d'un lac de montagne. Il a un visage fin et plutôt doux. Il semble beaucoup plus jeune que ce que je pensais . Il s'avance dans la pièce, son long manteau vert richement brodé, qui virevolte légèrement derrière lui, comme une ombre élégante qui l'accompagne. Le tissu capte la lumière, ajoutant un air royal à son allure presque éthérée. Caspian le suit, d'un pas posé et tranquille.

Alors voici donc le grand magicien. Son regard se pose sur moi. Je sens alors un frisson me parcourir. Il m'adresse un sourire.

-Tu dois être Elisabeth. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top