Aramis hoche la tête.

Nous nous sommes remis en chemin. Nous avons franchi la crête du sommet. Mes yeux scrutent l'horizon où les premières tours de Combaist commencent à se dessiner. Imposante, la ville semble flotter parmi les nuages, une vision irréelle et majestueuse qui s'élève au-dessus du monde connu. La capitale de Vanhae, est bien là. Les bâtiments aux couleurs bleues et blanches brillent sous les derniers rayons du soleil, tandis que les grandes tours de cristal captent la lumière et la réfractent en mille éclats scintillants.

- Nous y sommes presque, murmure Aramis avec un mélange d'émerveillement et d'inquiétude. Mais ne baissons pas notre garde pour autant.

Cela est frustrant, j'ai déjà vu Aramis... Ses yeux... Non. Je n'ai pas pu le voir auparavant, c'est bien la première fois que je le vois, cet homme là.

La charrette continue d'avancer sur le chemin sinueux bordé de falaises vertigineuses. À mesure que nous nous s'approchons, les détails de Combaist se révèlent : des arcs élégants, des coupoles dorées surmontant les toits, et des ponts de marbre blanc qui enjambent des bassins où l'eau claire chante en cascade. La ville respire la sérénité, mais aussi une puissance ancienne, comme si elle était le cœur même de l'air qui les entoure.

Pour être plus précise, Les maisons ont des façades ornées de fresques célestes, qui semblent dialoguer avec le firmament. Les balcons ouvragés sont garnis de fleurs aux parfums enivrants qui se mêlent aux effluves des échoppes d'épices et de pains.

Le Palais des Vents, qui se dresse fièrement au cœur de la capitale, est une merveille d'ingénierie magique. Ses murs translucides changent de couleur au gré de la lumière, et les drapeaux de la ville sont comme des voiles aériens qui dansent au rythme des brises, orchestrant une symphonie visuelle. Au centre même du palais, une grande tour se dresse. Elle est le plus haut point de Combaist et semble offrir une vue panoramique époustouflante. Je pense que les gardiens de ces lieux peuvent y scruter l'horizon, prêts à invoquer les vents pour protéger la ville de tout danger.

Depuis le palais, des canaux aériens sillonnent la cité, portant des navires volants qui glissent silencieusement entre les bâtiments. Ces vaisseaux, propulsés par des sortilèges d'air, transportent habitants et marchandises, tissant un ballet aérien incessant.

Non loin du palais, un autre bâtiment semble particulièrement immense. Aussi imposant que le palais, les murs blancs de ce dernier renvoient la lumière. De là où nous sommes, j'ai l'impression de distinguer toute une série de colonnades à la manière des temples grecque, surmonté de plusieurs grands dômes de style mauresque.

Nous descendons le chemin jusqu'aux portes de la ville. C'est alors qu'un vol de griffons surgit des nuages, leurs ailes puissantes battant l'air avec grâce. Ils sont sûrement les gardiens de Combaist, veillant sur la cité et ses secrets. L'un d'eux pique vers la charrette, un éclat de curiosité dans son regard perçant. Il pousse un cri perçant semblable à ceux des aigles.

- Ils nous ont vus, dit Rainn, un sourire se dessinant sur ses lèvres. Nous sommes sous la protection de Combaist maintenant.

Voir Rainn sourir est quelque chose de plutôt étrange. Enfin, je ne peux pas dire que je la connais énormément. Elle me paraît si ... Si froide ? Je ne sais pas si c'est le terme qui lui correspond le mieux. Elle est aussi distante. Mais elle paraît réfléchie, et très stratège.

Nous passons les gigantesques portes d'or en forme d'ailes.

La nuit commence à envelopper le monde. Quelques elfes richement vêtus, semblent reconnaître les membres du groupe. Certains saluent Rainn en s'inclinant d'une manière bien polie.

Les rues s'illuminent doucement de petites lanternes flottantes. Je suppose que ce sont les lampadaires locaux. Nous arrivons sur une place très animée. Des marchands ambulants proposent des tissus fins et des épices rares, et la musique d'une flûte se mêle au murmure des conversations. Des enfants courent. Et quelques magiciens font démonstration de leurs talents.

Arasel et Rainn descendent de leurs chevaux, leurs pieds foulant le sol pavé et coloré de Combaist. La place est un carrefour de cultures et de merveilles, où chaque pas révèle une nouvelle curiosité. Les façades des bâtiments sont éclairées par des lanternes magiques qui changent de couleur, créant une atmosphère féerique. Des artistes de rue, vêtus de capes chatoyantes, exécutent des tours de magie qui attirent les foules, tandis que des acrobates défient la gravité sur des cordes tendues entre les toits.

Aramis pose à son tour pieds à terre, tout comme Calion, Mélione, Sitara et Naseria. Il est toujours aussi vigilant, et semble garder un œil sur les alentours, tandis que Rainn semble s'adoucir au contact de cette effervescence. Elle échange quelques mots avec un marchand, ses yeux pétillants trahissant une rare chaleur. Elle semble beaucoup plus apaisée. Je me rends compte que derrière sa façade austère se cache peut-être une âme passionnée par les richesses de ce monde.

Nous continuons notre chemin à travers les ruelles pavées, où les maisons semblent se pencher pour partager leurs secrets. Soudain, un groupe d'enfants nous entoure, leurs yeux brillants de malice. Ils nous guident vers un marché caché, un lieu où les parfums exotiques se mêlent aux sons des instruments à cordes et des tambours. Le marché est un labyrinthe de stands, chacun offrant des trésors inestimables : des pierres précieuses qui scintillent comme des étoiles, des tissus d'une douceur irréelle, et des potions aux mille promesses. Un vieil homme aux oreilles extrêmement pointues, le visage buriné par le temps, nous présente une carte ancienne de Vanhae, ses doigts parcourant les lignes comme s'il lisait une histoire sacrée. J'aimerai bien écouter ses histoires. Mais voilà, la nuit est tombée.

La lune comme une sphère d'argent veille sur Combaist. Les étoiles semblent danser en harmonie avec la ville, et je sens que nous sommes au seuil d'une aventure qui dépassera tout ce que j'ai pu connaître.

-Nous allons nous arrêter pour la nuit. annonce Rainn en entrant dans une auberge.

L'auberge est un bâtiment ancien, au vu de la façade composée de pierres couvertes de lierres et de fleurs luminescentes. Il est certain qu'elle a son propre petit charme. La porte en bois massif s'ouvre avec un grincement accueillant, révélant un intérieur chaleureux éclairé par un feu crépitant dans la cheminée. Les tables sont en bois poli, et les chaises sont rembourrées de coussins brodés. Le parquet est en bois ciré, les murs en pierre sont décorés de grandes tapisseries qui semblent résumer les grands moments de la cité. Il n'y a pas grand monde. Seulement deux trois voyageurs.

Rainn nous conduit à une table dans un coin, où nous pouvons parler sans être dérangés. Elle commande un repas pour le groupe, et bientôt, des plats fumants de ragoût épicé, de pain frais et de fromage local sont servis. Aramis s'assied de manière à avoir une vue sur la porte, tandis que les autres se détendent, soulagés d'être en sécurité. Je picore mon assiette, je n'ai pas très faim.

Alors que nous mangeons, une jeune elfe s'assoit et se saisit d'un instrument semblable à une petite harpe . Elle commence à jouer une mélodie douce, une chanson qui est ancienne. Sa voix est claire et apaisante, et bientôt, je me sens emportée par la musique, oubliant les dangers du voyage. Je me sens hypnotisée.

Lorsque nous aurons fini de manger, l'aubergiste vient nous indiquer nos chambres. Nous allons devoir partager. Je me retrouve en compagnie de Rainn, Naseria, Mélione et Sitara. Tandis que Arasel, Calion, Camus et Aramis se retrouvent dans une chambre adjacente.

Je m'assois sur un des lits et observe ce nouveau lieu. Je détache mon précieux collier. L'objet des convoitises de AEschylus et ses sbires.

La chambre est spacieuse, avec des murs de pierre ornés de tapisseries représentant des scènes de la mythologie de Vanhae. Quelques créatures comme des griffons. Un grand tapis aux motifs complexes couvre le sol, et les fenêtres donnent sur les toits de la ville, où la lune projette des ombres dansantes. Rainn s'approche de la fenêtre, observant la ville endormie, tandis que Naseria et Mélione choisissent leurs lits, discutant à voix basse des événements de la journée.

Sitara, quant à elle, s'assoit en tailleur sur son lit, sortant un petit livre relié de cuir de son sac. Elle commence à murmurer des incantations, ses mains dessinant des symboles dans l'air, et une douce lumière bleutée émane de ses doigts. C'est un sortilège de protection, destiné à veiller sur notre sommeil, du moins de ce que je comprends.

Je contemple le collier entre mes mains, la pierre centrale scintillant d'une lumière intérieure. C'est peut être un artefact ancien et qui sait ? AEschylus le désire pour son pouvoir. La lueur de la lune filtre à travers les rideaux, baignant la chambre d'une lumière argentée. Rainn se tourne vers moi, son regard sérieux mais avec une étincelle...

- Tu sais, ce collier pourrait être la clé de bien des mystères. AEschylus n'est pas le seul à comprendre sa valeur. Si tous ses sbires en ont pris connaissance, et les dieux savent combien il y en a, je suis certaine qu'ils veulent s'en accaparer pour avoir les faveurs de leur maître.

Je hoche la tête, consciente du poids de l'artefact autour de mon cou. Je le serre dans ma main

-Je le sais bien. Mais comment pouvons-nous être sûrs de qui faire confiance ?

Confiance, je me suis promise de ne pas trop accorder ma confiance pourtant, je l'ai encore une fois fait alors que je ne les connais pas bien.

- La confiance est un luxe que nous ne pouvons nous permettre. Chaque ombre pourrait cacher un ennemi. Déclare Naseria en s'approchant.

Mélione, qui avait écouté en silence, se joint à la conversation.

-Peut-être devrions-nous utiliser le collier pour notre propre protection. Il a surement des pouvoirs que nous n'avons pas encore explorés.

Sitara lève les yeux de son livre, interrompant ses incantations.

- C'est une idée dangereuse. Les artefacts anciens sont imprévisibles. Nous devrions plutôt chercher nos alliés. Déclare l'elfe des vents.

-Je ne suis même pas certaine qu'il soit réellement magique.

-Nous devrions faire un tour à la grande bibliothèque de Combaist, demain avant de partir. Afin de nous renseigner. propose Sitara

-À la bibliothèque de Combaist, nous pourrions trouver des informations sur le collier. Des légendes anciennes pourraient nous éclairer sur ses pouvoirs et son histoire. indique Mélione

Je réfléchis à sa proposition, sachant que le temps nous est compté. Et surtout parce que ce n'est pas à moi de décider.

-Cela peut être une bonne idée, mais nous devons être prudents. AEschylus pourraient aussi avoir des espions dans la ville. Après tout, il est partout. dis-je.

-Alors, nous irons à l'aube. Nous serons les premiers à la bibliothèque et nous utiliserons la couverture de l'aurore pour nous protéger, déclare Rainn en lançant un regard par la fenêtre

-Et si nous trouvons des informations sur le collier, nous devrons décider rapidement de notre prochaine action. Ajoute Naseria

-Nous devons aussi penser à renforcer nos défenses. Si le collier est aussi puissant qu'on le dit, nous ne sommes pas les seuls à le convoiter. intervient Sitara.

- Après tout cela, nous te conduirons à Iaso pour qu'il essaie de te ramener dans ton monde.

La conversation est interrompue par un coup frappé à la porte. C'est Arasel, son visage pâle à la lueur de la bougie qu'il tient.

- Des gardes sont postés à toutes les entrées de la ville. Il semble qu'AEschylus ait décidé de fermer les portes jusqu'à nouvel ordre. Déclare Arasel d'une voix tremblante

Un frisson d'inquiétude parcourt la pièce. Nous échangeons des regards, sachant que notre fenêtre d'opportunité pour agir se rétrécit.

-Nous devons trouver un moyen de sortir de la ville sans être détectés. Peut-être par les anciens tunnels sous le marché. propose Sitara en fermant son livre

-Les tunnels... bien sûr. Ils nous mèneront hors des murs sans éveiller les soupçons. Dit Rainn. Nous ne pouvons pas partir maintenant, c'est trop tard. Si nous fuyons la ville en pleine nuit, nous nous ferons vite remarquer.

Aramis acquiesce.