Chapitre 13

Après ce bref échange, Nonna me conduit à nouveau chez elle. Nous montons au deuxième étage de la maison. Je découvre un immense couloir, avec une dizaine de portes. Comme c'est grand. Nonna ouvre une porte et m'invite à entrer dans la pièce.

-C'était la chambre de ma fille. Tu peux y rester autant de temps qu'il faudra. me sourit l'elfe.

Ça ? Une chambre ? La chambre est tout simplement immense. Elle a plus les allures d'une immense salle de bal que d'une chambre. Surtout avec ces cristaux qui tombent en une pluie depuis le plafonnier, en guise de lustre. La chambre est remplie d'élégance et de raffinement. Je suis comme immédiatement frappée par les murs recouverts de soie rose pâle, ornés de motifs floraux délicats brodés en fils d'or. J'ai beaucoup de mal à croire que je me trouve dans un village. J'aurais pu croire à la chambre d'une princesse dans son château d'or et d'ivoire. Le sol est recouvert d'un tapis moelleux de laine blanche, si doux sous les pieds qu'on a l'impression de marcher sur un nuage. Il y a un grand lit au fond de la pièce contre la fenêtre. Un grand lit à baldaquin, avec de fins rideaux blancs et rose pâle. Les draps ressemblent à du satin blanc. Je suis sûre qu'en passant une main dessus, nous pouvons y toucher la douceur d'une plume. Et les oreilles sont brodées de fins fils de couleurs qui forment divers motifs de fleurs. J'irais jusqu'à dire qu'il forme des paternes plaisantes à voir Sur le côté de la chambre se trouve une coiffeuse en chêne massif, ornée de miroirs étincelants et garnie de divers peignes, brosses, boîtes et flacons de parfum. À côté, une grande armoire du même bois sculpté qui doit contenir de bien belles toilettes. Sur le mur adjacent, une immense bibliothèque, la fille de Nonna ne manquait pas de livres. Le rêve !

-Tu dois être fatigué après tant d'événements.

-Je ne vais pas mentir, oui.

-Je vais te laisser, si tu as besoin de quelque chose, je t'en prie tu peux venir me voir.

-Merci.

Elle me souhaite une agréable nuit. Nonna m'a donné un vêtement de nuit, un peu trop grand pour moi. Je me glisse dans les draps, comme c'est agréable. Cependant les heures ont beau passer, je ne peux trouver le sommeil et le repos. J'observe les ombres projetées par la lune sur le mur. On dirait une valse fantomatique presque effrayante. Cependant moins effrayante que la nuit que j'ai vécu dans la forêt. Je m'assois dans le lit et détache mon collier, je l'observe à la simple lueur de la lune. Qu'est ce qu'il a de si spécial ? Quels sont les mystères autour de ce dernier ? Pourquoi Miss Green Apple le désirait tant, au point de me faire rechercher ? Cet inconnu qui se présente à moi est bien curieux, et je dois dire m'effraie grandement. J'espère que Rainn voudra bien de moi dans sa mission à Cuan-Geal, sinon je devrais m'y rendre seule. Seule ... c'est peut être mieux comme ça, je ne serais pas un point pour le groupe. Je n'ai aucune compétence de combat, encore moins magique. Je suis plus un handicap que quelque chose d'autre. L'ombre d'un chat se dessine sur le mur. Est-ce A? Est-il réellement venue ? Où est-ce le fruit de mon imagination? Je me lève, et m'approche de la fenêtre. J'hésite à l'ouvrir. Mais ma curiosité l'emporte et je l'ouvre. Je m'appuie sur le rebord. Je vois un chat noir marché au milieu de la rue. Il s'éloigne et disparaît dans un coin de rue. Je lève les yeux vers le ciel. Je crois n'avoir jamais vu, aussi bien, la voûte céleste. Ce ne sont pas les quelques étoiles qu'il est possible de voir en ville, mais des millions voire milliards d'étoiles qui scintillent comme des diamants. Je ne peux m'empêcher de sourire face au spectacle qui se présente sous mes yeux.

                                                                                       -*-

Les rayons du soleil qui lèchent ma peau me force à émerger de mon sommeil, après plusieurs heures à somnoler, j'ai fini par m'endormir. Je me lève, il fait froid. Je frissonne et frotte mes bras. Je m'étire. Et enfile la robe que Nonna m'avait prêté la veille. Je me saisis de mon sac. J'entends des bruits en bas. Des discussions fusent. Je ne parviens pas à en percevoir le moindre mot. Ce sont deux femmes qui parlent. Nonna, dont j'avais reconnue la voix en m'approchant de l'escalier... J'ignore qui est la seconde femme. Mais le discours semble animé. J'entends une porte se claquer. Je décide de descendre.

-Bonjour Elisabeth. Je la salue poliment en retour.

-Tu as bien dormi ?

-Oui. répondis-je simplement.

Elle tient dans ses mains une théière. Elle la pose sur la table.

-J'ai préparé le petit déjeuner, elle me sourit, ne soit pas timide et vient manger.

Je prends donc place à la table.

-Bonjour Nonna.

Le jeune homme roux d'hier venait de faire son apparition dans la pièce. Je me demande s'il est le fils de Nonna. Il me salue d'un petit sourire timide, peut être gêné. Je lui souris en retour.

Nonna nous sert une tasse de thé, et pose sur la table un petit plateau rempli de fruits pour le moins très étranges, avec des gâteaux.

-J'ai entendu Rainn, dit Calion.

-C'était bien elle. Dit Nonna en versant le thé.

-Qu'est ce qu'elle voulait ?

-Nous parlions de la mission.

-Alors ? demande le jeune homme.

-Je n'ai pas beaucoup d'informations. Je lui ai demandé si Elisabeth pouvait vous accompagner.

-Elle a refusé ? questionnais-je alors.

-Non, elle y réfléchit.

-Elle n'avait pas l'air enjouée, fait remarquer Calion.

-Tu l'as connaît. Allons manger. Calion, tu emmèneras Elisabeth avec toi, tu lui montreras les alentours.

-Bien Nonna.

Le petit déjeuner est rapidement fini. Calion me demande de le suivre. Je m'exécute donc, tout en remerciant Nonna, pour ce délicieux déjeuner.

-Tous les habitants du village font partie de la Résistance, nous nous sommes assurés qu'aucun ne jouait les agents doubles pour le compte d'AEchylus... Ainsi, tu n'as pas à t'en faire. Personne ici ne te dénoncera. Tu es en sécurité.

Je me contente de hocher la tête, sans répondre.

-Tu connais déjà, la taverne, et le laboratoire du professeur Hadeon.

- En effet.

Nous arpentons la rue en silence.

-Tu n'es pas bavarde toi. Contrairement à Sitara ou Mélione.

-Désolée, si ça peut te paraître impolie.

-Oh non. Ne t'inquiète pas. Tu vois le bâtiment, là bas entre les deux arbres.

Je porte mon regard sur le lieu indiqué. Une sorte de grande grange avec un toit en chaume, les murs sont en bois et la végétation commence à ronger ces derniers.

-Ce sont les écuries. Viens, je vais te les montrer.

Je le suis. Il pousse la lourde porte de bois. Une dizaine de chevaux trouvent le repos dans des boxes séparés. Calion s'approche d'un cheval à la robe blanche comme neige. Il pose sa main délicatement sur le chanfrein de ce dernier.

-Voici Escalibur, la monture de Rainn. Il est très gentil mais têtu quand il le veut.

Je souris lorsque ce dernier donne un coup de tête à l'elfe. Il comprend très bien les choses. Je m'approche à mon tour et présente ma main au destrier. Il accepte que je le touche.Il est vraiment splendide. Je remarque qu'il porte une cicatrice au niveau de l'épaule droite. Je remarque un elfe entrer dans l'écurie tenant les rênes d'un cheval à la robe argentée. Il est plutôt maigre et élancé, ses cheveux sont blonds vénitiens et ses yeux comme du charbon. Je reconnais l'animal comme étant celui d'Arasel.

-Bonjour Calion et...

-Elisabeth. répondis-je au nouveau venu.

-Elisabeth, voici Camus le meilleur Palefrenier de la région.

-Enchanté de faire votre connaissance mademoiselle, nous avons beaucoup entendu parler de vous ces dernières heures.

-Vraiment...

Il acquiesce.

-Comment va Achille ? demande aussitôt Calion en s'approchant de l'animal.

-Très bien, mais il va falloir le ménager un peu, il se fait un peu vieux. Ce dernier ne sembla pas heureux de la remarque et émet un ébrouement. Je ne peux m'empêcher de sourire.

-Rainn vous attend dans la taverne.

-Nous allons tout de suite nous y rendre.

J'appréhende la seconde rencontre avec l'elfe. Je suis le jeune elfe sans piper mot.

-Ne t'inquiète pas, Rainn peut paraître stricte peut être méchante, mais elle a un grand cœur, je suis sûre qu'elle va accepter que tu te joignes à nous.

Nous entrons dans la taverne, l'ambiance me semble beaucoup plus lourde qu'hier. Nonna est présente assise au côté d'Arasel. Rainn se tient debout sans aucune trace de sa blessure. Sitara, Mélione, Naseria, Hadeon sont aussi présents.

Le regard de Rainn est presque glacial, je m'assois en silence.

-Bien. Maintenant que tout le monde est là. Elle s'avance près de la table et déploie une immense carte qui me semble alors mouvante. Rainn touche du bout du doigt la carte à l'endroit même où on se trouve, un petit halo de lumière apparaît.

-Nous avons six jours pour nous rendre à Cuan-Geal, déclare-t-elle. Pour l'amener à Iaso.

-Vous acceptez que je vienne.

- Cela évitera que tu te fasse tuer à la moindre occasion.

C'est une raison valable.

-Six jours seulement ? demande Mélione, ce n'est pas beaucoup surtout si nous devons passer par le lac de Nighe. ajoute t-elle en touchant la carte.

-Nous n'avons pas de temps à perdre. Surtout si AEschylus la cherche. Si elle reste nous sommes tous en danger. Plus vite on se débarrassera d'elle, mieux ce sera.

-Rainn. Rappelle Arasel, du calme, elle n'y est pour rien.

-Quoi qu'il en soit nous n'avons pas de temps à perdre. Alors oui, six jours seulement. Éventuellement un de plus. 

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