Chapitre 15 ~ Le sac de Port-Réal

Aerys s'agitait fébrilement dans la salle du trône. Ses conseillers ne savaient plus que faire. Il tonna, d'une voix forte :

"A-t-on eu des nouvelles de ma femme et de mon fils ?

-Oui votre Majesté, répondit précipitamment Varys. Ils sont en sécurité, tout va bien pour eux.

-On ne peut se permettre de perdre le prince héritier. Pas après la mort de Rhaegar au Trident."

Le roi soupira. La mort de son fils l'avait plus affecté qu'il n'aurait voulu se l'avouer. Il l'avait détesté son fils, c'était certain. Détesté d'agir de manière aussi égoïste, de ne pas assumer ses responsabilités. Détesté quand Varys l'avait persuadé que son fils voulait s'emparer de sa couronne. Mais, il l'avait aussi beaucoup aimé. Il se rappelait du Rhaegar enfant, qui recherchait en permanence l'approbation de son père, qui lui apportait tellement de joie et d'amour... Les loyalistes avaient perdu au Trident. On disait également que Lyanna Stark avait été retrouvée, par son frère. Morte. Cela avait dû décupler la haine de son frère et de son fiancé. Les rumeurs s'étaient d'ailleurs vite propagées selon lesquelles l'avant-garde de Robert, menée par Eddard Stark, avançait à grand pas vers Port-Réal. Et qu'ils avaient soif d'en découdre.

Aerys frissonna. D'un jeune homme fougueux n'ayant pas peur de mourir, son emprisonnement à Sombreval l'avait changé en vieillard craignant de mourir chaque seconde de sa vie et craignant la trahison. Mais, cependant, il n'avait jamais été aussi proche de mourir qu'à cet instant. Rhaegar étant mort, il était devenu la cible des membres de la rébellion. Il avait souvent eu peur de mourir d'une mort qu'il n'attendait pas, un empoisonnement, un coup de couteau dans le dos. Là, sa mort, il la voyait arriver, à grandes enjambées, elle se dirigeait tout droit vers Port-Réal. Il ne pouvait pas laisser faire cela ! Il ne mourrait pas sans rien faire ! Il devait bien y avoir un moyen ou un autre de les stopper ! Après tout, Port-Réal n'était pas une cité si facile d'assaut ! Cependant, le problème majeur demeurait. Leurs troupes n'étaient plus suffisantes pour contrer toute l'armée qu'Eddard et Robert avaient levée. Ils ne s'en sortiraient pas. Et cette réponse de Castral Roc qui ne venait pas...

"Votre Majesté ! Venez voir !"

Aerys entendit des immenses clameurs venir de l'extérieur. L'armée d'Eddard ne pouvait tout de même pas être déjà arrivée, si ? Il s'avança sur les remparts, accompagné du Grand Mestre Pycelle et de lord Varys. Devant lui s'étendait un immense armée rouge et or. Les soldats frappaient sur leur bouclier en choeur. A l'intérieur de la ville, les habitants s'inquiétaient. Aerys fut véritablement surpris. Il venait à peine de penser à Castral Roc, et voilà que Castral Roc venait à lui. Tywin Lannister trônait fièrement sur un cheval blanc devant la porte. Il dit d'une voix forte :

"Votre Majesté ! J'ai répondu à votre appel ! Laissez-nous entrer dans la ville !"

Le Grand Mestre Pycelle eut un sourire édenté :

"Nous sommes sauvés ! Avec tous ces soldats Lannister, nous massacrerons les soldats de la rébellion !"

Varys lui, par contre, ne souriait pas du tout.

"Votre Majesté, vous ne pouvez pas les laisser entrer. Vous avez fait trop de mal à Tywin, vous l'avez humilié par trois fois, lors de son mariage, quand vous avez refusé le mariage entre Rhaegar et Cersei et quand vous avez fait rentrer son héritier, Jaime, dans la Garde Royale. Il n'est pas digne de confiance ! Le laisser entrer serait comme faire entrer le loup dans la bergerie ! Il pourrait saisir la moindre occasion de vous trahir !

-Il est loyal à la couronne, rétorqua Pycelle. Lord Tywin Lannister est un homme d'exception, et son honneur ne fait de doute à personne. Il préférerait mourir plutôt que de nous trahir ! Jamais il ne sacrifierait son honneur en vue d'une prétendue vengeance !"

Varys saisit le bras d'Aerys. Il arborait un air paniqué.

"Je ne plaisante pas du tout Votre Majesté ! Il ne faut le laisser entrer à aucun prix !"

Aerys regarda fixement l'homme qui avait été, pendant des années son meilleur ami. Il put constater que lui aussi le regardait fixement. Il se rappelait de leurs rires, de leur loyauté qui avait été indéfectible, l'un pour l'autre. Ils auraient pu mourir pour l'autre et en être heureux. C'était une évidence pour Aerys de le nommer Main du Roi. Quel homme ferait une meilleure Main que celui qui avait toujours été à ses côtés, celui en lequel il plaçait sa vie sans la moindre hésitation. 

En temps normal, jamais Aerys n'aurait ordonné qu'on ouvre les portes. Il se serait méfié. Il aurait écouté Varys. Cependant, la mort de Rhaegar l'avait plongé dans un étrange état nostalgique. Il ne voyait plus en Tywin l'homme qu'il était, mais l'homme qu'il avait été. Celui qui jamais au grand jamais ne l'aurait trahi.

Il leva la main et ordonna :

"Qu'on ouvre les portes !"

Il y eut un étrange temps de latence. Un temps de flottement ou tout sembla figé. Puis brusquement, les soldats Lannister se ruèrent dans la ville, détruisant tout sur leur passage. 

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