Épisode 8

Butters regardait son téléphone. Plus précisément, il regardait le message qu'il avait envoyé à Kenny, la veille. Il l'avait relu plusieurs fois, cherchant une once de sincérité dans les mots qu'il avait écrit. Il n'y en avait pas. Il avait simplement répondu ça pour avoir la conscience tranquille et ne pas gêner son sommeil mais, en réalité, il n'avait aucune intention d'adresser la parole au garçon au survêtement orange. D'ailleurs ce n'était pas le seul à qui il ne souhaitait plus parler...

* * *

Lonnie, jeune officière de police compétente, regardait la jeune fille en face d'elle avec désespoir. Hier, Claudia Tweak, Shelly Marsh, aujourd'hui. Toute les deux selon le même mode opératoire. Que se passait-il ? Y avait-il un violeur en série à South Park ? Et comment enquêter, aucune des deux femmes n'avaient vu le visage de l'agresseur et elles avaient des profils complètement différents. D'un côté, une femme ayant la quarantaine, mariée, ayant un enfant et travaillant dans un café, et, de l'autre, une lycéenne de 17 ans. Elles n'avaient aucun liens ! Et il fallait que le coupable connaisse l'emploie du temps de leurs familles, il les avait donc observés, il avait prémédité son coup. Il était d'ailleurs fort probable que les victimes le connaissent. Où fallait-il commencer à enquêter ? Le café ? Peut être que c'était là qu'il repérait ses victimes ?

La policière termina d'enregistrer la déposition de la jeune fille, lui conseilla vivement d'en parler à ses parents, puis se rendit au commerce de la famille Tweak pour observer la clientèle.

* * *

Kenny s'était vraiment sentit soulagé, après avoir reçu le message de Butters. Il avait vraiment eu peur que son ami reste froid. Recevoir ce SMS lui avait permit de s'endormir avec le coeur léger et il chantonnait même en entrant dans le collège. Bien sûr, il n'oubliait pas le problème pour autant. Il était toujours inquiet pour Léopold et était déterminé à comprendre la raison de l'air terrifié qu'il avait eu la semaine dernière. Apercevant justement le blond au casier, Kenneth le rejoignit avec un immense sourire.

« Salut Butters ! »

Son interlocuteur referma alors son casier et, sans adresser un regard au garçon vêtu de orange qui ne comprenait plus rien, il rejoignit sa salle de classe. Perdu, et souhaitant garder son optimisme, Kenny se convainquit que son ami ne l'avait pas entendu et il accéléra le pas pour arriver à sa hauteur.

« Salut Butters ! Répéta le blond. »

Encore une fois, il n'obtint aucune réponse. Désemparé, il regarda autour de lui comme si l'explication à cette situation était écrite sur un mur. Il croisa alors le regard de Wendy qui fronçait les sourcils avec un regard d'incompréhension. Elle se dirigea alors vers Butters sans lâcher Kenny du regard.

« Salut Butters ! S'exclama-t'elle alors avec assurance.

- Bonjour Wendy, comment vas-tu ? Répondit alors le blond avec un grand sourire.

- Bien... Il y a un problème avec Kenny ? Tu l'as ignoré tout à l'heure...

- Oh ! Non ! Ne t'en fait pas. Je fais juste du tri. Répondit le jeune homme avec un sourire angélique.

- Du tri ? S'inquiéta la brune.

- Oui ! J'en ai marre de toujours tout laisser passer ! Eric ne me parle que pour recopier mes devoirs, Clyde n'hésite pas à dire des choses que je trouve vexante devant moi, Stan ne se souvient de mon existence qu'une fois par an... Tu veux la suite de la liste ?

- Et Kenny ? Demanda la jeune fille avec désespoir.

- Ne me parle qu'une fois tous les trois mois et ne prend pas en compte le fait que je ne sois pas obliger de tous lui dire, surtout quand il insiste lourdement pour que je lui parles de problèmes imaginaire alors que je ne suis clairement pas d'humeur. Répondit sèchement le jeune homme en regardant Kenneth droit dans les yeux. »

Kenny sentit le monde s'écrouler autour de lui. C'est donc comme ça que Léopold le voyait ? Ne se rappelait-il vraiment de son existence que tous les trois mois ? Il n'avait jamais considéré qu'il puisse être un mauvais ami pour quelqu'un... Il était juste tellement inquiet pour le blond. Le garçon au survêtement orange était sûr de ce qu'il avait vu et il se sentait complètement perdu. Comment aider une personne qui nous rejette ?

* * *

Kyle se réveilla avec difficulté et sentit un poids contre son torse. Il ouvrit les yeux en fronçant les sourcils, ne comprenant pas ce que ça pouvait être. Une fois qu'il fut habitué à la lumière du soleil, il put enfin savoir qu'il s'agissait de Stan qui dormait paisiblement dans ses bras. Le rouquin tourna alors la tête vers sa table de nuit afin de connaître l'heure. Il sentit un sentiment de panique le prendre en voyant qu'il était presque dix heure, ce qui signifiait que les deux garçons avaient déjà manqué la moitié de la matinée de cours. Pourquoi le réveil n'avait-il pas sonné ? Kyle s'assit alors brutalement dans son lit, réveillant alors son meilleur ami en sursaut.

« Qu'est-ce qui ce passe ? Marmonna Stan avec mécontentement. »

Le rouquin voulut se lever précipitamment mais retomba sur son lit, retenu par le bras de son meilleur ami qui lui entourait la taille. Stanley s'assit derrière l'autre garçon, collant son torse au dos de ce dernier. Il posa sa tête sur l'épaule du jeune homme aux cheveux bouclés en baillant.

« J'ai été faire mon footing vers cinq heure du mat' avec Eric. J'ai vu ta mère qui a dit qu'elle allait appeler l'école pour prévenir que Shelly, toi et moi ont seraient absents, histoire que ma sœur porte plainte et que, nous deux, on se remette de nos émotions. Du coup, j'ai éteint le réveil et je suis retourné me coucher.

- Et tes parents ?

- Notre absence est justifiée, ils sauront rien.

- Shelly...

- Est avec ta mère au commissariat.

- Ok. »

Stan se recoucha alors dans le lit, entraînant Kyle avec lui. Il fit en sorte que son compagnon puisse s'installer confortablement contre son torse puis lui embrassa le sommet du crâne. Perdu dans une nouvelle réflexion, l'aîné des Broflovsky fronça les sourcils.

« Tu es allé courir.

- Oui, pourquoi ? Demanda le brun, étonné.

- Mais... Quand je me suis réveillé, tu étais dans mes bras, dans la même position qu'hier.

- J'avais besoin d'un câlin... »

Kyle releva la tête vers son ami d'un air inquiet puis se redressa pour prendre ce dernier dans ses bras, comme il l'avait fait la veille. Loin de s'en plaindre, Stan serra alors l'autre garçon contre lui, profitant de cet instant de tendresse.

* * *

Lonnie entra dans le café Tweak, lieu qui lui semblait être le seul lien possible entre Shelly et Claudia. Si l'agresseur venait ici pour choisir ses victimes, alors ça avait du sens. Après tout, à peu prés toute la ville était cliente de l'établissement qui était le seul à proposer des boissons buvables. La jeune policière se rendit directement au comptoir où se trouvait Richard.

« Bonjour monsieur Tweak, je m'appelle Lonnie MacBell et je suis chargée de retrouver l'agresseur de votre femme.

- Et je vous en remercie, officier MacBell. Je peux faire quelque chose pour vous aider ?

- Oui, je voudrai tout d'abord savoir si vous connaissez Shelly Marsh ? Est-elle une cliente régulière de votre café ?

- Shelly Marsh ? Pourquoi ? »

Lonnie se sentit affreusement embarrassée de devoir répondre. Elle n'était pas sensée divulguer cette information mais la situation était trop grave. De toute manière, les deux victimes allaient être forcé de se rencontrer dans le cadre de l'enquête et, de ce qu'avait compris la jeune agent de police, Shelly était déjà au courant pour Claudia.

« Tout laisse penser qu'elle a été agressé par la même personne.

- Quoi ? Répondit Richard Tweak, désemparé.

- Elle vient souvent, ici ?

- Non. Il y a bien un an qu'elle n'a pas mit les pieds ici... Désolé...

- Oh... Merci quand même ! »

Lonnie se sentait complètement perdue. Si le lien n'était pas le café alors qu'est-ce que ça pouvait être d'autre ? La jeune femme se dirigea vers la sortie, ne voyant pas l'intérêt de rester. Elle soupira en comprenant qu'elle repartait à zéro.

« Par contre, son petit frère vient souvent ! »

Lonnie se retourna vers Richard, intriguée. Elle se redirigea vers le comptoir et sortit un carnet et un stylo, prête à prendre le moindre indice.

« Son petit frère ?

- Oui ! Il s'appelle Stanley, il a le même âge que mon fils, Tweek ! Il est dans la classe de Craig... Le petit ami de Tweek !

- Vous le connaissez bien ? Il connaît peut être un lieu que Shelly et votre épouse ont en commun.

- Assez bien. Le meilleur ami de Stan est un bon ami de Tweek. Mais la dernière fois que je l'ai vu, c'était à la réunion parents-profs ! Enfin... Je l'ai juste aperçu...

- Quelle réunion ? Demanda brusquement Lonnie.

- Celle qui a eu lieu mardi dernier !

- La semaine où votre femme a été agressée ?

- Oui, pourquoi ?

- Et elle était présente à la réunion ?

- Oui, pourquoi ?

- Merci pour votre aide précieuse, monsieur Tweak ! S'exclama la jeune femme. »

Lonnie fonça alors hors du café. Cette fois, elle avait une piste qui lui semblait solide. Le fait que Claudia Tweak avait été dans l'établissement scolaire où étudiait Shelly Marsh indiquait peut être que l'agresseur y travaillait.

* * *

Kenny s'était caché dans un coin de la cour pour libérer toutes les larmes de son corps. Il était malheureux comme il l'avait rarement été. Jamais il n'avait reçu autant de haine et de mépris dans la figure, et pourtant Dieu sait que la vie n'était pas tendre avec lui, surtout d'une personne que le jeune MacCormick qualifierait d'angélique sans hésiter. Qu'avait-il fait de si mal pour que Butters lui adresse, soudain, toute cette violence ? Avait-il vraiment été un si mauvais ami ? Si peu présent ? Kenneth ne comprenait pas ce qu'il avait fait de mal. S'inquiéter pour quelqu'un qui, selon lui, en valait la peine n'était pas un crime ! Sans jamais l'avouer, il avait toujours eu une immense tendresse pour Léopold Stotch. C'était quelqu'un de si gentil, de si doux. Peut être que c'était ça le problème. Peut être qu'à force de se faire marcher dessus à cause de sa douceur et de sa gentillesse, il en avait eu marre et avait décidé de ne plus rien laisser passer. Mais, même en le comprenant, ça restait incroyablement douloureux.

« Kenny, tout va bien, m'kay ? Demanda la voix hésitante de monsieur MacKay. »

Le pauvre garçon n'avait même pas la force de répondre et se contenta de secouer la tête de gauche à droite pour indiquer que non. Le conseiller s'accroupit devant son jeune élève et posa sa main sur son épaule avec douceur.

« Tu veux venir en parler dans mon bureau ?

- Oui. »

* * *

Stan et Kyle étaient assis l'un à côté de l'autre, sur le lit de ce dernier. Le moment de tendresse du réveil passé, ils ne savaient plus comment se comporter. Ils sentaient tous les deux qu'ils allaient avoir une conversation qui n'allait pas leur plaire mais qui était nécessaire. Le brun soupira avant de prendre son courage à deux mains et de se lancer.

« Je vais devoir beaucoup m'occuper de Shelly.

- Oui.

- Va falloir que je sois le plus possible chez moi pour la soutenir.

- Oui.

- Même le vendredi soir...

- Je sais. »

Kyle regardait fixement ses pieds. Il savait que Stan avait raison, que Shelly avait besoin de lui, que lui, Broflovsky, allait devoir passer après pendant un moment, mais ça faisait affreusement mal. Même quand le brun avait un comportement difficile à gérer, que son humeur le rendait inaccessible, ils avaient toujours la nuit du vendredi au samedi pour se retrouver, pour se rappeler qu'ils étaient meilleurs amis. Alors, perdre ça, c'était vraiment douloureux. Et le pire, c'est que le rouquin ne dirait jamais à son ami qu'il souffrait de la situation, il ne pouvait pas dire quelque chose d'aussi égoïste. Kyle fit alors ce qu'il faisait de mieux : il releva la tête et adressa un grand sourire à Stan en lui souhaitant tout le courage dont il allait avoir besoin.

* * *

Qu'il était énervant d'être Butters Stotch ! Il avait pris sa décision, il savait qu'il devait éloigner Kenny qui devenait trop curieux pour le protéger et, par la même occasion, en profiter pour faire du tri dans ses fréquentations. Mais ça faisait tellement mal... Il avait vu la tristesse tordre le visage du cadet des MacCormick et il en ressentait une atroce culpabilité mais il n'avait pas le choix... Si le garçon vêtu de orange apprenait ce qu'il se passait, tout allait empirer et ce n'est pas ce que voulait Léopold.

« C'est la bonne décision. C'est la bonne décision. C'est la bonne décision. C'est la bonne décision. C'est la bonne décision. »

Il se le répétait comme un mantra. Il avait essayé de se faire croire que ça lui convenait, que c'était Kenny, le responsable de la situation, qu'il s'était mal comporté. Mais, en y réfléchissant, même si Kenneth avait été maladroit, il n'avait voulu que son bien et avait fait preuve d'une bienveillance totale. C'est ce qui rendait ce résultat encore plus douloureux mais Butters ne pouvait rien y faire, il n'avait pas le choix.

« C'est la bonne décision. C'est la bonne décision. C'est la bonne décision. C'est la bonne décision. C'est la bonne décision. »

* * *

Les larmes continuaient à dévaler les joues de Kenny au même rythme que la quantité de mouchoirs dans le bureau de monsieur MacKay descendait. Celui-ci attendait patiemment que son élève se calme et parvienne à lui expliquer la situation. Après une bonne dizaine de minutes, le garçon se calma enfin.

« Désolé, je pleure jamais, d'habitude. Expliqua le blond, les yeux rouge.

- C'est pour ça que tu as du mal à t'arrêter, m'kay. Tu veux raconter, m'kay ? Répondit le conseiller avec bienveillance.

- Vous allez m'trouver débile.

- Si ça te fait souffrir, ça ne peut pas être stupide. Ne te dénigre pas, Kenny, m'kay ?

- Merci... Je... Je sais pas comment expliquer...

- Prend tout le temps dont tu as besoin, m'kay. »

Le blond obéit alors et prit un moment de silence. Il essaya de comprendre ce qu'il s'était passé, ce qu'avait dit Butters à Wendy, de mettre des mots sur ce qui lui faisait vraiment mal dans cette situation.

« Quelqu'un que j'aime énormément a décidé de me sortir de sa vie et je veux pas.

- Je vois, m'kay... Tu en as discuté avec lui ?

- Pourquoi faire ? Il en a plus rien à foutre de ma tronche ! Il considère que j'suis un pote de merde et il me largue d'un coup ! Désolé pour le langage...

- Il t'as peut être mal compris... Si tu tentes d'avoir une discussion sans forcer ton camarade, vous pourrez repartir sur des bases plus seine, m'kay.

- Pour lui dire quoi ?

- Ce que tu m'as dit : Tu veux me sortir de ta vie mais moi, je ne veux pas, m'kay.

- Faut que je mette le « m'kay » à la fin ? Demanda Kenny avec un petit sourire.

- Les phrases sont toujours plus amusantes quand elles finissent pas « m'kay », m'kay ! Répondit le conseiller avec le même sourire.

* * *

Sharon serrait sa fille dans ses bras en pleurant comme elle n'avait jamais pleuré. Stanley, à côté de sa mère et de sa sœur, ne savait comment réagir. Ils étaient tous les trois assis sur le canapé. En face d'eux, Randy observait Shelly en tremblant.

« Quand ? »

Il n'avait pas pu prononcer d'autre mots tant le choc était grand. Sa fille, sa toute petite fille. C'était un cauchemar, ça devait être un cauchemar.

« Le vendredi où vous êtes parti en week-end. Répondit Stan qui semblait être le seul à avoir gardé pleinement sa voix. »

Alors Randy s'effondra en larme. Comment ? Comment avait-il pu être aussi aveugle ? Sa fille avait été violée ! Ici ! Dans de salon ! Il avait envi de vomir mais il avait une certitude, il allait retrouver ce salaud et il allait le tuer de ses mains.

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Hey! Ce chapitre a vraiment mis du temps à sortir et je m'en excuse. J'ai du mal à écrire en ce moment... Je vais quand même faire de mon mieux pour vous écrire la suite!!!

En espérant que vous aimiez la suite de cette histoire,

Tom Prince

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