Épisode 23
Kenny était complètement abattu. Il ne savait plus quoi faire pour venir en aide à Butters. Avait-il eu tord d'alerter Linda ? Léopold l'avait vraiment mal vécu. Et si il s'était trompé ? Et si il avait mal interprété l'expression du visage de son ami, ce jour là ? Ça faisait déjà un an, depuis ce fameux soir de réunion parents-professeurs. Kenneth avait vécu de véritable montagnes russes émotionnelles, depuis. Butters l'avait sorti de sa vie, l'avait rejeté, fait souffrir mais le garçon aux yeux noisettes s'était désespérément accroché, croyant en ces rares instants où Léopold lâchait prise, se laisser approcher. Ces rares instants où Kenny avait cru percer l'armure et avait finit par échouer. Que pouvait-il faire, maintenant ? Même Tweek et Kyle avaient été évincés. Butters continuait à éloigner chaque perspectives de s'en sortir le plus loin possible de lui.
Le pauvre adolescent était dans ces sombres pensées, allongé sur le matelas éventré qui lui faisait office de lit. Les appels incessant que recevait son téléphone ne le faisait même pas réagir. C'est au bout de la cinquième tentative de le contacter qu'il se décida enfin à décrocher. Il fut un peu surpris de voir que Kyle l'appelait alors qu'ils s'étaient vus aujourd'hui.
« Mmm... Oui ? Marmonna le blond qui n'avait même pas l'énergie d'articuler.
- Kenny ? Dis-moi que Butters est avec toi ?! S'écria la voix inquiète du rouquin. »
Kenneth sentit une boule se former dans son ventre. Il y avait un problème et ça concernait Léo, son Léo. Il priait de toute ses forces pour que le blond aille bien.
« Non, pourquoi ? Il devrait ? Demanda précipitamment MacCormick.
- Il est introuvable et il a pas son téléphone ! J'ai peur qu'il fasse une connerie...
- Comment ça une connerie ?
- Je... Il...
- KYLE ! Pourquoi Butters ferait une connerie ?!
- Il a déjà menacé de se suicider...
- J'arrive ! »
Le sang de Kenny n'avait fait qu'un tour alors qu'il attrapait sa parka orange. Il devait retrouver Léopold et vite. Si il ne parvenait pas à le sauver, il ne se le pardonnerait jamais.
* * *
Tweek et Craig étaient déjà partis à la recherche du blond alors que Kyle et Stan étaient toujours dans la maison. Le rouquin appelait tout le monde dans l'espoir d'avoir le moindre indice pour retrouver Butters. Quand il eut finit ses appels, le garçon se dépêcha d'aller enfiler ses chaussures pour venir en aide à ses camarades dans la recherche de son ami mais fut stoppé dans son élan par Stanley qui lui attrapa le poignet.
« Quoi ? S'inquiéta le garçon aux yeux verts.
- Je vais aller les aider, toi, tu restes ici. Affirma le brun.
- Pourquoi je resterai ici ? S'indigna l'aîné des Broflovsky.
- Kyle. Tu fais de la fatigue chronique. Ta santé est devenue tellement fragile que tu chopes une grippe au moindre courant d'air. Tu restes au chaud, c'est non négociable.
- Je dois aller chercher Butters. Répondit le roux. »
Il savait pertinemment que Stan avait raison, qu'il ne serait sûrement pas utile dans la recherche et qu'il était plus raisonnable qu'il attende ici mais cette idée lui était insupportable. Il voulait absolument aider Léopold.
« Sois raisonnable, s'il te plaît. Demanda doucement le garçon aux yeux bleu d'une voix inquiète. »
Il caressa doucement les boucles de celui qu'il aimait, priant pour réussir à le convaincre malgré son inébranlable obstination. Malheureusement, il sut, en croisant le regard émeraude de son ami, qu'aucun de ses mots n'aurait d'effets.
« Je dois aller le chercher. Répéta Kyle avec détermination.
- J'arriverai pas à te convaincre, hein ?
- Non. »
Stan soupira, acceptant la défaite tout en gardant son inquiétude à l'idée que le roux ne s'épuise. Il décida néanmoins de lui faire confiance, conscient qu'il était important pour Kyle de venir en aide à Butters. Les deux garçons sortirent alors de la maison.
* * *
Eric traversait la ville en réfléchissant à toute vitesse. Où pouvait être Butters ? Où aimait-il aller ? Le Café Tweak ? Fermé. L'école ? Fermée et qu'est-ce qu'il ferait là bas ? Tout en souffrant d'une telle pensée, Cartman essaya de se demander où il tenterait de mettre fin à ses jours si il était Léopold. Si ça avait été par scarification et par overdose de médicaments, il aurait fait ça chez lui. Alors quoi d'autre ? Une chute ? Il n'avait pas l'option de le faire depuis le haut d'un immeuble, puisqu'il ne pourrait pas y entrer. Peut être un pont ? Eric sortit rapidement son téléphone de sa poche. Il pensait avoir trouver où était le blond.
« Kenny ? Appela le châtain avec son appareil.
- Tu l'as trouvé ? Demanda le jeune homme en orange avec espoir.
- Non. Tu es toujours prêt de chez toi ?
- Oui, pourquoi ?
- Va voir sur le pont ! Dépêche ! »
Il raccrocha sur ses mots, envoyant un message aux autres pour les prévenir. Si il avait raison, il fallait faire vite.
* * *
La neige commençait à tomber, ce qui était normal, même en septembre, à South Park. Le froid se faisait sentir et commençait à mordre la peau de Kyle qui avait trop couru et sentait sa tête lui tournait alors qu'il n'était plus loin du pont. Il lui suffit d'une seconde d'inattention pour que son genou tombe à terre. Il n'avait plus la force de se lever et commençait à regretter de ne pas avoir écouté Stan. Si il perdait connaissance, il ne serait qu'un poids pour les autres.
« KYLE ! »
Tweek accourut pour aider son ami à se relever. Le pauvre rouquin tremblait de froid et ses lèvres devenaient bleus.
« Tu devrais peut être rentrer ? On va le retrouver, ne t'inquiètes pas... Proposa le blond à son ami avec inquiétude.
- Ce serait peut être mieux...
- Tu veux que je t'aide à retourner chez toi ?
- Ça ira, merci... »
Kyle parvenait enfin à tenir debout, retenu par Tweek qui, malgré son mètre 55, avait une force étonnante. D'ici, les deux garçons pouvaient voir le pont et, dessus, une silhouette blonde se tenait au bord. Leur sang ne fit qu'un tour alors qu'ils se mettaient à courir de toutes leurs forces.
* * *
Eric continuait à se presser pour rejoindre le pont. Malheureusement, il avait commencé les recherches depuis l'autre côté de la ville et avait bien 2 km à courir pour rejoindre les autres. Il priait pour que Butters ne fasse pas de bêtises. Ils étaient amis depuis si longtemps, tout les deux. Pourtant, personne n'aurait pu penser à un duo aussi improbable quand ils avaient commencés à s'entendre mais, pourtant, ils avaient bien des points communs qui les avaient liés. Incapable de discerner le bien et mal. Étonnant comme lien. Pourquoi Léopold ne faisait pas la différence ? Lui, Cartman, se doutait bien de l'origine de cette incapacité qu'il avait. Assurément, l'éducation particulière de Liane, entre surprotection et contrôle. Mais pour le blond ? Il avait l'impression qu'il comprendrait bientôt d'où venait l'ambivalence du garçon.
Alors qu'il se préparait à accélérer, remerciant intérieurement les entraînements spartiates de Stan, il aperçut une personne qu'il connaissait bien.
« Monsieur Stotch ? »
Il leva vers l'adolescent un regard perdu, comme si il ne savait même pas où il était. Il était décoiffé et devait être dehors depuis un moment puisqu'il grelottait. Il avait l'air de sortir d'une folle colère. C'était difficile à voir mais Eric savait repérer ce genre de chose.
« Bonsoir, Eric...
- Vous cherchez Butters, vous aussi ? On pense qu'il est de l'autre côté, au niveau du pont !
- Butters ? »
Eric n'en fut pas surpris. Au vu du comportement de Stephen, il ne devait même pas savoir que son fils avait disparu. En était-il responsable ? Cartman était persuadé que monsieur Stotch tenait sincèrement à son fils mais qu'il y avait quelque chose d'étrange avec sa façon de l'élever. Il se rappelait qu'au primaire, Léopold avait confié être maltraité par sa grand-mère, la mère de son père, justement. Avait-il subit la même chose ?
« Il a disparut et, apparemment, il aurait menacé de se suicider. »
C'était peut être un peu trop franche mais il voulait jauger sa réaction et ne fut pas déçu en découvrant le visage désespéré de l'homme face à lui. De l'inquiétude, de la souffrance et aussi, clarifiant tout, de la culpabilité.
« Vous... Disiez savoir où il est ? »
Le vouvoiement soudain surpris Eric. Mettait-il une hiérarchie en place ? Se sentait-il inférieur à ceux qui venait en aide à son enfant ?
« Oui.
- D'accord... Je... Je dois aller quelque part... Ce sera rapide... Tenez-moi au courant, s'il vous plaît... »
Et il continua son chemin sans en dire plus, ne laissant pas Cartman lui répondre. Ce dernier resta immobile un instant, sous la surprise de cet échange avant de reprendre sa route avec empressement. Butters était la priorité.
* * *
Le vide. C'était presque beau le vide. L'eau devait être glacée, il pouvait voir la neige tombait dedans. Il allait avoir froid, si il se laissait tomber mais, après tout, il avait déjà froid alors ce n'était pas si grave. Serait-il encore vivant longtemps, quand il serait en bas ? Il espérait que non. Il voulait juste que tout s'arrête. Toute la douleur, tout les bleus sur son corps, c'était trop. Il n'en pouvait plus, il fallait que ça s'arrête.
Quelque chose de froid s'écoula sur ses joues. De la neige ? Il porta la main à son visage et se rendit compte que c'était ses propres larmes qui l'inondaient jusqu'à son cou. Pourquoi ? Il avait pris sa décision, pourtant ! Il voulait sauter ! Alors pourquoi ? Il avait l'impression que ses propres larmes le forçait à hésiter.
Soudain, il voyait Kyle et Tweek avec qui il aimait tant plaisanter, s'amuser. Ils s'étaient bien trouvés, tout les trois. Parlant amour, littérature, cinéma... Il n'y avait aucun tabou entre eux. Il avait été prêt à souffrir, à se faire tabasser pour eux, pour arrêter ceux qui leur avaient fait du mal. Ils avaient voulu l'aider et il les avait menacé de se suicider si ils parlaient. Finalement, il allait le faire alors qu'ils avaient gardé le silence.
« Pardon... »
Son murmure était à peine inaudible mais il voulait s'excuser d'en finir alors qu'ils avaient obéis. Et ce fut le tour d'Eric de lui venir à l'esprit. Il le comprenait. Comprenait sa façon de penser, d'être et c'était pour ça qu'ils étaient amis. Si il lui avait tout révélé, peut être qu'il aurait compris ? Qu'il aurais accepter sa volonté de silence ? Lui en voudrait-il de ne pas s'être confié ?
« Pardon... »
Et il espérait qu'il le pardonnerait. C'est alors que sa mère lui vint à l'esprit. Elle avait voulu l'aider, il avait voulu la protéger. Il savait qu'elle n'aurait pas compris. Elle aurait pris la décision, celle qui aurait mis fin à sa famille et ce n'est pas ce qu'il voulait. Il ne voulait pas que ses parents se déchirent et il ne voulait pas ne plus le voir, lui. C'était trop douloureux.
« Pardon... »
Pardon, il l'avait souvent entendu ce mot. Après les coups, après la violence, il avait vu les larmes sur les joues de son géniteur. Il s'excusait et c'était sincère. Elles étaient violentes et inarrêtables, ses colères. Quand ça prenait à Stephen, il devenait impossible de le calmer et celle ses poings frappant un corps parvenaient à l'apaiser. Puis, il comprenait. Il regardait son enfant blessé et il se voyait blessé, quand, au même âge, c'était sa mère qui était en colère. Mais elle ne s'était jamais excusée. Elle avait aimé frapper son enfant et, de son vivant, elle avait aimé planter des fourchettes dans les cuisses de son petit fils, le menacer, l'insulter, faire bleuir sa peau. La violence qu'elle avait transmise à son fils était-elle toujours héréditaire ? Il ne voulait pas vérifier et frapper son futur enfant à son tour dans des colères incontrôlables. Il valait mieux qu'il parte.
« Pardon, papa,... »
Il fit le pas final et, enfin, sentit son corps tomber. Et, alors, qu'il embrassait le vide, il pensa à Kenny. Il avait été horrible avec lui et, pourtant, il n'avait jamais arrêté de vouloir l'aider. Il avait voulu le sauver, lui qui ne voulait pas être sauver. Il savait que Kenneth aurait chercher à le sortir de là, et c'était ce qu'il avait fait en parlant à Linda. La famille Stotch était resté une priorité, alors il avait voulu faire sortir de sa vie le premier qu'il avait aimé. Il avait si longtemps cru ne pas compter pour Kenny et c'était maintenant qu'il lui avait donné toute l'attention et l'amour du monde, qu'il l'avait rejeté, ironique.
Sa chute s'était arrêté. Quelque chose encerclait son poignet, alors il releva la tête et ce qu'il vit serra son coeur. Des cheveux blonds foncés qui n'étaient jamais coiffés, une peau légèrement bronzé, rougit par le froid, des taches de sons couvrant le nez et les pommettes, des yeux noisettes qui pleuraient pour lui. Kenny. Il était là, il le tenait pour l'empêcher de tomber. Il était vraiment venu le sauver.
« T'inquiète, Léo ! Je vais réussir à te remonter, les autres arrivent pour aider ! »
Les larmes coulèrent de plus belle sur le visage de Butters. Il ne voulait plus mourir. Il voulait remonter, aller dans les bras de Kenneth. Il pouvait continuer à vivre. Avant même de comprendre qui arrivaient, deux nouvelles mains attrapèrent son poignet. Kyle qui semblait si fragile, qui avait risquer sa santé pour venir le chercher. Tweek dont il avait volé le sommeil pendant des jours et dont les cernes creusaient le visage. Ils pleuraient tout les deux alors qu'ils essayaient de le faire remonter.
Et, soudain, il se sentit remonter comme si il n'était plus qu'une plume. Craig, Stan et Eric les avaient rejoints. Léopold était enfin à nouveau sur le pont et les garçons purent découvrirent son visage, ses bras et ses pieds nus couvèrent de bleus. Tout était clair, même pas besoin de parler pour comprendre. Alors Kenny enleva cette éternelle vêtement orange qu'il portait et le mis sur les épaules de Butters avant de le serrer contre lui.
« Pardon, Kenny.
- Ne t'excuses pas. »
Et il put voir dans ses yeux noisettes que ce n'était pas ce qu'il devait dire. Il n'avait plus à s'excuser pour avoir souffert. Il n'avait pas à s'excuser pour les coups qu'il recevait et soudain, il comprit que cette situation ne lui avait jamais convenu.
« Merci, Kenny. Merci pour tout. »
Et il lui rendit son étreinte parce qu'il pouvait enfin se l'autoriser. Après tout ce temps, après un an, il acceptait enfin que Kenneth le sauve.
* * *
Lonnie venait de finir sa journée et sortait du commissariat quand elle découvrit, devant le bâtiment, un homme qu'elle connaissait. Elle avait reçu sa plainte quand il avait été agressé pour sa bisexualité, la quatrième victime.
« Monsieur Stotch ?
- Bonsoir, agent MacBell.
- Vous aviez besoin de quelque chose ?
- Il faut m'arrêter et m'empêcher de revoir ma famille, madame. »
La jeune femme fronça les sourcils sans comprendre alors qu'il tendait les poignets vers elle. Il semblait attendre qu'on lui passe les bracelets.
« Je bat mon fils, il faut que vous le protégiez de moi. »
Et le désespoir s'entendait dans sa voix. Il était venu appelé à l'aide parce que pour lui, c'était la seule solution pour sauver son enfant de lui.
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On approche de plus en plus de la fin de ce scénario!!! Butters va enfin pouvoir avancer! J'essaie de sortir le plus de chapitres possibles avant de retourner en stage! Bref, j'espère que ce chapitre vous aura plus. Je suis un peu partagé sur la façon dont j'écris Stephen. J'avoue que c'est l'épisode où Butters se fait harcelé par sa grand-mère qui a inspiré ce scénario ainsi que les punitions qu'il reçoit tout le temps...
Merci d'avoir lu,
Tom Prince
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