Craig caressait la main de son petit ami avec inquiétude. Voilà trois jours qu'il avait été agressé et qu'il était à l'hôpital. Il n'avait pas prononcé un mot depuis son réveil et il ne parvenait pas à sortir de son état de choc. Il avait toujours était si fragile psychologiquement... Le brun faisait de son mieux pour rendre visite à Tweek dés qu'il avait un instant de libre.

« J'ai cours dans vingts minutes... Il faut que j'y aille, honey. Dit l'aîné Tucker d'une voix douce. »

Le blond ne lui accordait même un regard, fixant le vide, les yeux profondément cerné. Sa jambe plâtrée était couverte de petits dessins amusants fait par ses camarades. Craig se retenait de pleurer, son amoureux n'avait pas besoin de ça. Il avait besoin que le brun reste fort et ne craque pas, même si c'était difficile pour lui. Le garçon vêtu de bleu ne parvenait pas à se décider à partir, bien qu'il doive retourner en cours. Comment laisser un si adorable petit être tout seul.

« J'espère bientôt réentendre ta jolie voix, mon amour. Dit Craig d'une voix tremblante. »

Il embrassa le front du plus petit qui n'eut aucune réaction. Le brun retint les larmes qui menaçaient de couler de ses yeux et sortit de la chambre. Il fut surpris de voir que Tricia l'attendait, les yeux bouffis.

« Qu'est-ce que tu fais là ?

- Comment il va ? »

Elle tremblait. Pour elle, retenir ses larmes n'était même pas un option. Elle considérait Tweek comme son deuxième grand frère et le savoir dans cet état était trop difficile. Le plus grand pris sa sœur dans ses bras pour qu'elle puisse laisser sortir son chagrin. Lui, de son côté, ne se l'autorisait toujours pas.

* * *

Bebe était stressée. Elle attendait derrière le gymnase avec inquiétude que Clyde arrive. Elle lui avait donné rendez-vous et il avait cinq minutes de retard. Allait-il lui poser un lapin ? Elle essayait de se rassurer comme elle pouvait en se disant que ce n'était pas le genre de garçon à ne pas tenir ses engagements ! Il lui avait promis qu'il viendrait. Peut être avait-il oublié ? La blonde sentait une boule d'angoisse grossir dans son ventre.

« Excuse-moi, Bebe ! L'entraînement a duré plus longtemps que prévu ! »

Elle en avait oublié qu'il était au club de foot et que le coach les laissaient souvent partir en retard. Elle s'était des films pour rien. Barbara passa la main dans ses cheveux et lui adressa un grand sourire.

« Hey, Clyde !

- Tu voulais me parler ?

- Oui... »

Elle sentit que la boule de stress recommençait à grossir. Comment lui demander ? Et si il disait non ? Ce serait trop horrible ! Mais... Il montrait des signes, lui aussi ! Elle l'avait même entendu dire à Craig qu'il la trouvait jolie, la semaine dernière ! C'était un espoir, non ?

« Je voulais te dire... »

Elle avait la gorge sèche et se sentait incapable de finir sa phrase. Elle avait l'impression d'être au bord d'un gouffre et était terrifié à l'idée de se lancer.

« Tout va bien, Bebe. T'inquiète pas, stress pas.

- Merci, Clyde... Je voulais te dire... »

Elle prit une grande inspiration, tentant de se calmer. Elle pouvait le faire. Six mois qu'elle y pensait, six qu'elle rassemblait le courage nécessaire. Elle pouvait le faire !

« Je... Je t'aime ! Tu... accepterai de... sortir avec moi ? »

Elle vit le regard de Clyde se voiler un instant et un air triste se dessiner sur son visage. Elle n'eut même pas besoin qu'il parle pour savoir qu'elle n'allait pas aimer la réponse du garçon en face d'elle.

« Je... Je ne suis pas assez bien pour toi.

- Comment ça ? Demanda la blonde sans comprendre.

- Je t'aime aussi Bebe mais... Je ne suis pas assez bien pour toi, vraiment désolé. »

Il s'en alla avant qu'elle n'ait le temps de réagir. Elle resta seule un moment, essayant de comprendre ce qui venait de lui arriver. Le garçon qu'elle aimait l'aimer en retour mais ne voulait pas d'elle. Parce qu'il la trouvait trop bien pour lui.

* * *

Claudia servit une tasse de thé à Craig qui venait de sortir de cours. Elle avait tenu à lui parler avant qu'il aille voir Tweek. Il était assis sur sa chaise, regardant le contenu du récipient sans y toucher. Il voulait que ça se finisse vite pour aller voir son petit ami. La mère du blondinet s'installa en face de son gendre.

« Comment tu te sens, mon grand ?

- Tweek va toujours pas mieux.

- Ce n'est pas ce que je te demande, Craig. Comment tu te sens ? L'interrogea-t'elle une seconde fois d'une voix douce.

- Tricia pleurait.

- N'intériorise pas ce que tu ressens... Tu iras mieux si tu parles, tu sais ? Même si ce n'est pas à moi. »

Elle savait qu'elle était insistante et que ce n'était pas une bonne chose mais elle ne pouvait le laisser comme ça. Elle avait trop vu son fils tout garder pour lui et s'enfoncer dans sa souffrance jusqu'à plonger dans une angoisse violente qui avait bloqué sa croissance et l'avait rendu accro à la caféine. Claudia ne pouvait pas laisser Craig dans cet état, il n'en était pas question.

« Tu pourrais en parler avec tes parents ? »

Le brun ne répondit pas. Madame Tweak ignorait comment l'aider. Elle était sûr que parler à ses parents pourrait aider son gendre et espérait avoir réussi à le convaincre.

* * *

Eric s'étira douloureusement. Il venait de se réveiller et commençait les cours dans quatre heures mais se levait maintenant pour faire un footing matinal avec Stanley Marsh. Le terme douloureusement était fort bien choisi car son sang avait mal circulé dans son corps pendant la nuit et, par conséquent, il avait mal partout. Grâce à son entraînement avec Stan depuis six mois, il venait tout juste de passer en dessous de la barre des cent kilos, ce qu'il considérait comme une énorme victoire mais il y avait encore du boulot pour qu'il parvienne à vaincre son obésité et puisse être en bonne santé. Par exemple, en pouvant se réveiller sans avoir des douleurs atroces. Cartman se leva de son lit et descendit dans la cuisine pour prendre le petit déjeuner préparé avec amour par sa mère. Il fronça les sourcils en voyant qu'elle lui avait préparé cinq tartines à la pâte à tartiner chocolaté. Pour la troisième fois, cette semaine.

« Maman ?

- Oui, poussin ? Demanda Liane d'une voix mielleuse.

- Pourquoi tu m'as fait des tartines au chocolat ? »

Elle lui adressa un air surpris, comme si elle ne comprenait pas où il voulait ne venir. Elle avait un tendre sourire sur le visage mais, en faisant bien attention, Eric pouvait savoir qu'elle ne le regardait pas.

« Tu adores ça, poussin !

- Je n'en mange plus depuis six mois.

- Tu veux autre chose ? Il reste ces cookies que tu adores... J'en ai racheté ! »

Pendant un instant, Cartman se demanda si elle se foutait de sa gueule. Il ne mangeait plus ce genre de chose depuis six foutus mois et elle le savait pertinemment. Pourquoi elle lui faisait ça ? C'était déjà suffisamment difficile, pas besoin qu'elle en rajoute.

« Je suis au régime, maman. Rappela Eric en décortiquant chaque syllabe. »

Il ne lui avait jamais vu un regard aussi furieux mais elle se reprit rapidement, faisant renaître un doux sourire sur son visage. Elle lui reprit l'assiette avec les tartines.

« Tu as bien travaillé pour perdre du poids, poussin ! S'enthousiasma-t'elle.

- Oui ?

- Mais ça suffit, maintenant ! Continua-t'elle sur le même ton. »

Le jeune homme regarda sa mère comme si elle était folle. Elle cherchait à faire quoi, là ? Lui faire arrêter son régime ? Pourquoi ? Elle ne pouvait pas renier tout ses efforts comme ça !

« Je vais juste prendre un fruit. Stan m'attend. »

Il attrapa une pomme et croqua directement dedans puis alla mettre ses vêtements de sport avant de récupérer son sac de cours et la tenue qu'il aurait pour la journée. Comme d'habitude, il allait prendre sa douche chez le cadet des Marsh pour qu'ils aillent en cours ensemble après l'entraînement. En sortant de la maison, il fut prit d'un doute et ouvrit son sac. Une colère sourde le prit en découvrant les paquets de chips que Liane avait rangé dedans.

* * *

Butters paniqua un peu à son réveil, ne reconnaissant pas sa chambre. Il lui fallut quelque secondes pou se rappeler qu'il avait dormit chez Kyle et que, par conséquent, il était dans le lit du rouquin. Il tourna la tête vers le garçon au cheveux bouclés qui dormait encore profondément. N'ayant rien d'autre à faire, puisque le réveil ne sonnerait que dans une heure, il observa le visage de son ami. Il aimait observer les visages, ça permettait d'apprendre plein de choses sur les gens. L'aîné des Broflovsky avait une peau très blanche qui contrastait avec sa chevelure enflammée. Ça lui donnait un air tantôt fragile tantôt maladif, agrémenté de cernes profondes qui ne faisait qu'empirer son apparente vulnérabilité. Il avait des cils blanc. Léopold trouvait ça joli, c'était original, comme couleur et ça donnait l'impression que ses yeux vert étaient plus grand que dans la réalité. Le blond vit son ami froncer les paupières avant d'ouvrir difficilement ses billes émeraude.

« Tu es déjà réveillé ? Il est tôt... Dit Kyle d'une voix cassée par le sommeil encore présent.

- Je suis toujours réveillé, à cette heure-ci. T'inquiète. Répondit Butters en souriant.

- Tu veux petit-déjeuner ?

- Ton réveil n'a même pas sonné, tu peux te rendormir !

- Ok... »

Le garçon se rendormit presque immédiatement. Cela provoqua un léger rire à Léopold, le premier depuis maintenant quatre jours. Ce qui était arrivé à Tweek avait profondément choqué Butters et Kyle. Après tout, ils étaient les amis les plus proches du blondinet et avaient vraiment eu peur pour lui. Le jeune Stotch avait d'ailleurs dormi chez le garçon roux parce que ce dernier ne parvenait plus à dormir depuis l'agression. Kyle dormait mieux quand il était avec quelqu'un. Le jeune homme rouvrit les yeux.

« Tu ne peux pas dormir ? Tu t'inquiètes pour Tweeky, Ky' ?

- Oui... Tu as un bleu sur l'épaule, Butty... »

Le blond vit rouge et se redressa vivement, recouvrant précipitamment l'épaule en question. Kyle put sentir que cette remarque ne plaisait pas à son ami.

« Tu t'es prit une porte ? Demanda le rouquin.

- Celle du placard de ma chambre...

- Aie ! Grimaça le garçon.

- Comme tu dis ! S'amusa Butters de la réaction de son ami. »

Il se recoucha dans le lit, se permettant de se détendre. Il savait que Kyle n'y repenserait pas, il était suffisamment perturbé par Tweek et par la situation avec Stan. Tout allait bien.

* * *

Stan et Eric venaient de finir de courir. Le brun avait été très satisfait de forte motivation de son ami, à cette heure de la journée. Pour une fois, il ne s'était pas plaint une seule fois alors que, d'habitude, bien que motivé, il ne cachait pas son exaspération à l'idée de se lever à cinq heure du matin pour faire plusieurs fois le tour du quartier.

« Je t'avais jamais vu aussi heureux de courir ! Plaisanta le brun. »

L'autre garçon ne répondit pas et se contenta de s'asseoir sur le bord du trottoir en essuyant la transpiration de son front avec un mouchoir. Stanley fronça les sourcils, remarquant que son ami n'avait pas l'air bien.

« Ça va pas, Eric ?

- Ma mère essaye de saboter ma perte de poids.

- Comment ça ? S'alarma le cadet des Marsh.

- Elle essaie de me faire recommencer la malbouffe...

- Quoi ? Mais pourquoi ?

- Je sais pas... Elle est bizarre en ce moment... »

Stan s'assit à côté de son ami et posa la main sur son épaule, d'un air désolé. Ils restèrent silencieux un moment, en attendant d'avoir la motivation d'aller chez les Marsh pour se doucher et se préparer à aller en cours.

« Tu vas pas reparler à Kyle ?

- Pas tout de suite. J'ai besoin de temps.

- Fait attention, le perd pas. Si tu le fais trop attendre... Il voudra peut être pas revenir...

- Je sais... »

* * *

Shelly sortit du café Tweak en s'étirant. Elle aimait y passer du temps quand elle n'avait pas cours et, aujourd'hui, elle avait eu son après-midi de libre. Elle avait bien avancé dans ses études pour se préparer à l'école d'infirmiers où elle irait à la rentrée prochaine. Elle prit le chemin vers chez elle tout en regardant les annonces d'appartements sur son téléphone. Elle avait hâte de finir le lycée et de prendre un nouveau départ en vivant dans un nouvel endroit ne correspondant pas à une source de mauvais souvenirs qu'elle voulait laisser derrière elle. En se promenant, elle croisa un gothique, Michael, si elle se souvenait bien qui venait souvent au café.

Elle repensa à Tweek. Elle le voyait régulièrement au café et avait appris ce qui lui était arrivé. Elle espérait qu'il allait vite se remettre. Alors que Shelly était sur cette pensée, elle sentit une étrange odeur de brûlé qui l'inquiéta. Elle entendit un cris qui semblait venir de l'endroit d'où venait l'odeur en question. La jeune femme se dépêcha dans la direction pour voir ce qu'il se passait.

« Oh mon dieu ! S'exclama-t'elle. »

Dans une ruelle, une poubelle à carton avait pris feu. L'incendie commençait à se répandre et à abîmer les bâtiments autour. Shelly pouvait entendre des personnes téléphoner aux pompiers, les voix pleines de panique. La jeune femme allait s'éloigner du danger quand elle remarqua une silhouette familière couchée sur le sol, prés des flammes, au fond de la ruelle. Son sang ne fit qu'un tour en reconnaissant de qui il s'agissait.

« KYLE ! Hurla Shelly. »

Une personne à côté d'elle, semblant comprendre la situation, appela immédiatement l'ambulance. La jeune femme n'avait qu'une seule idée en tête. Elle devait aller le chercher. C'était complètement inconscient et dangereux mais les pompiers n'arriveraient pas avant dix minutes et il serait trop tard à ce moment là. Cette réflexion ne dura qu'une seconde avant que Shelly ne s'élance dans la ruelle pour aller chercher le garçon qu'elle considérait comme son petit frère.

Il faisait chaud, affreusement chaud. Elle pouvait déjà sentir une brûlure naître sur sa joue et elle avait du mal à respirer mais ça ne lui importait pas. Tout ce à quoi elle pensait, c'était à Kyle qui était couché sur le sol, dans l'incendie, depuis un temps indéterminé. Et si c'était déjà trop tard ? Elle ne voulait même pas y penser. Elle continuait d'avancer. La ruelle était petite mais Shelly avait l'impression de marcher une éternité. Elle atteignit enfin le garçon et essaya de vérifier rapidement son état pour savoir quoi faire. Elle fut soulagée de voir qu'il n'avait pas été trop prés des flammes mais une immédiate nausée en remarquant que des brûlures graves couvrait son bras droit. Elle s'était réjouie trop vite. Sachant qu'elle était incapable de le porter sur son dos, elle passa son bras gauche autour de son épaule pour commencer à le soulever et tenter de l'amener hors du danger. Seulement, le fumée lui provoqua une énorme quinte de toux qui l'empêcha de continuer d'avancer. Heureusement, elle put apercevoir les pompiers qui arrivaient avant de tomber sur le sol en essayant d'amortir la chute de Kyle.

« Restez avec moi, mademoiselle ! »

L'un des pompier souleva le jeune Broflovsky comme si c'était une plume alors qu'un autre aidait Shelly à se lever. Ils les emmenèrent hors de l'incendie, enfin en sécurité, et l'ambulance prit immédiatement Kyle en charge et quelqu'un recouvrit l'aînée des Marsh d'une couverture de survie tout en commençant à traiter ses brûlures qui, fort heureusement, était légère contrairement à celles du rouquin. Un pompier s'approcha de Shelly.

« Vous connaissez le jeune homme qui était avec vous ?

- Il s'appelle Kyle Broflovsky, c'est mon voisin...

- Vous auriez le numéro de téléphone de ses parents ? »

Elle lui récita le numéro de Sheila et il la remercia avant d'appeler la matriarche de la famille. Un ambulancier arriva pour panser sa joue.

« Il va s'en sortir, n'est-ce pas ? Lui demanda-t'elle.

- On va tout faire pour, mademoiselle. »

Ne pas en avoir la certitude la terrifia.

La deuxième victime était tombée, pour la première, la blessure, pour la deuxième, le feu, pour la troisième, la corde, pour la quatrième, la peur, pour la cinquième, la tête, pour la sixième, la volonté folle.

Prêts pour les quatre prochains, les amis ?

********************************************************************************

Une fin de chapitre riche en émotion! J'espère que l'histoire vous plaît toujours! Pas de nouvelle victime dans le prochain chapitre, je vais vous laisser un peu de répit! Je vais essayer de sortir la suite rapidement!

Annonce: Le prochain chapitre contiendra une scène +18, souhaitez-vous que je mette une indication au début et à la fin de la scène en question pour pouvoir ne pas la lire si ça vous gène ou ça ira?

Tom Prince