Épisode 9 : Officier MacBell sur le terrain
Elle s'en était souvenue, que Token était dans la classe de Kyle. Alors elle avait envoyé un message au roux pour avoir son numéro de salle et ses horaires de cours. « Je veux le remercier, tu comprends ? » C'était grâce à lui qu'elle avait porté plainte, elle voulait qu'il le sache et puis il avait eu la gentillesse de la ramener tout les soirs sans essayer de savoir quoique ce soit.
Il fallait qu'elle le remercie de vive voix et, de toute façon, elle n'avait pas son numéro de téléphone. Elle attendait donc devant la salle pour lui parler avant que les cours ne commencent.
- Shelly ? Comment vas-tu ? Tu attends Token ?
Kyle était le premier arrivé. Elle ne l'avait pas encore vu, aujourd'hui, vu qu'il n'avait pas fait le chemin avec Stan et elle jusqu'à l'arrêt de bus. Ça l'avait surprise mais elle n'avait pas osé poser la question. Son petit frère s'était crispé dés qu'elle avait prononcé le nom du jeune Broflovski.
- Salut, Kyle. Je vais bien et toi ? Je ne t'ai pas vu, ce matin...
Une ombre passa sur le visage du garçon. Ils s'étaient disputés ? Shelly espérait que non. Ça ne leur ressemblait pas, de s'éviter.
- Mon père nous a amené en voiture, Ike et moi. Il veut faire ça souvent pour plus nous voir pendant la journée.
Kyle était un mauvais menteur. Surtout pour Shelly qui le connaissait depuis sa naissance. Son sourire était forcé, sa voix peu assurée mais l'adolescente ne releva pas. Aucuns des deux ne voulaient en parler, elle ne forcerait pas.
- Bon, faut que j'aille en cours ! Affirma le roux, désireux de s'extirper de cette situation malaisante. On se voit plus tard, Shelly ?
- Oui, à plus tard. Répondit-elle avec un petit sourire.
Kyle entra dans la salle de cours quand Token arriva. Il était grand. Shelly n'avait jamais remarqué, vu qu'elle le voyait toujours assis dans la voiture mais il était plus grand que Stan. C'était un beau garçon, aussi, le genre qui devait avoir du succès. Beau, gentil et il devait être intelligent, en tout cas, avoir de bons résultats scolaires puisqu'il était en classe A.
Shelly se demanda naïvement si sa petite copine n'était pas jalouse qu'il ramène une autre fille tout les soirs. Après... Elle avait quand même trois ans de plus que lui. Peut être qu'elle était suffisamment « vieille » pour ne pas représenter une menace? Elle pensait encore que son frère et tout être du même âge était un enfant.
Il leva un sourcil en guise d'interrogation, en la voyant, mais ne put s'empêcher de sourire. Même si elle venait sûrement voir Kyle, il était son voisin et le meilleur ami de son frère donc c'était l'option la plus logique, il était heureux de la voir dans un autre contexte que sa voiture.
Elle avait l'air bien, aujourd'hui. Avait-elle dormi ? Pas de cernes, en tout cas. Elle s'était maquillée ? Il n'arrivait pas à en être sûr, en tout cas, elle avait noué ses cheveux et ça lui allait bien.
- Salut.
Il se trouva immédiatement ringard. Pourquoi l'avait-il dit comme ça ? Il priait pour que ça n'ait pas trop sonner comme du flirt. Apparemment non puisqu'elle lui adressa un sourire. Jolie. Il fallait vraiment qu'il arrête de le penser avant que Stan ne l'étripe.
- Salut Token, ça va ?
C'était la première fois qu'il lui entendait une voix reposée. Jolie. Il fallait vraiment qu'il arrête où ça allait devenir un crush. Elle le perturbait sans qu'il ne puisse l'expliquait.
- Euh... Oui... Je... Enfin, ouais, ça va et tu... Toi ? Tu voulais voir Kyle ?
Pourquoi se mettait-il à begayer ? Il n'avait jamais begayer. Honteux, il sentait ses joues s'embraser. Il devait avoir l'air tellement idiot face à cette grande fille déjà en dernière année de lycée.
- Non, c'est toi que je viens voir. Répondit-elle en cachant gentiment son amusement. Je voulais te remercier.
- Me... Me remercier ? Bégaya-t'il à nouveau. Pourquoi ?
- Parce que tu m'as donné du courage. Grâce à toi, je suis allée porter plainte, hier.
Tout d'abord, il ne sut pas ce qu'il ressentait. Il était heureux ? Était-ce un sentiment que l'on avait le droit d'éprouver dans ce genre de situation ? Loin de toute bienséance, c'est l'euphorie qui commença à prendre place. Il était fière d'elle, il voulait la prendre dans ses bras. Mais surtout, il restait pantois comme un idiot, sans réaction.
Shelly, face à lui, se sentit un peu émue quand elle vit les larmes monter aux yeux du garçon. Elle ne le connaissait que depuis peu de temps et il pouvait déjà être heureux à en pleurer pour elle. Décidément un perle, ce Token, elle le dirait à Stan.
- Je... Je peux te prendre dans mes bras ?
C'était la seule façon qu'il voyait pour exprimer tout ce qu'il ressentait à cet instant. Elle était tellement courageuse. Jolie. Oui, ça aussi, il ne pouvait pas le nier.
Elle hocha la tête. Il hésita un peu, timide, alors c'est elle qui vint dans ses bras. Elle n'avait pas peur de lui comme elle n'avait pas peur de Stan. Il ne lui ferait jamais de mal, elle le sentait.
- Encore merci, Token.
Et elle s'en alla parce qu'elle avait cours et lui aussi. Il ne réagit pas tout de suite, encore perdu dans les sensations qu'il avait ressenti. Elle était douce, délicate et elle sentait bon. Jolie. Merde. Combien de temps avant qu'elle arrête d'être juste un petit crush d'adolescent et qu'il tombe franchement amoureux ? Si ce n'était pas déjà trop tard, évidemment...
* * *
Lonnie inspira un bon coup avant de toquer à la porte du bureau du principal PC. Il était la première personne de l'établissement qu'elle interrogeait et un coupable potentiel puisque, au vu de sa fonction, il était autant en contact avec les élèves qu'avec les parents.
- Entrez. Affirma une voix de l'autre côté de la porte.
La jeune femme s'exécuta alors. Le principal était assis à son bureau, travaillant sur son ordinateur. Il n''avait même pas levé les yeux pour savoir qui venait le voir. Il mit quelque seconde avant de lui porter de l'attention ce qui, au vu de l'urgence et de la gravité de l'affaire dont elle venait parler, vexa un peu Lonnie.
- Je peux vous aider ? Mademoiselle...
- Officier MacBell. Affirma fermement la jeune femme en présentant son badge. J'enquête sur des viols qui ont eu lieu ces deux dernières semaines et je souhaiterai vous interrogez ainsi que certains de vos collègues, si vous le permettez.
- Bien sûr, je vous en prie, asseyez-vous officier. Merci pour tout vos efforts.
Elle le sentait sincère et décida donc de ne pas se fier à sa première, et désagréable, impression. Elle s'assit donc en face du principal et sortit un dictaphone qu'elle alluma ainsi que des photos des deux victimes.
- Vous les reconnaissez ?
- Mademoiselle Marsh, je crois ? Demanda le principal en montrant la photo de l'adolescente. Et madame Tweak qui travaille au Café... J'y vais régulièrement parce qu'ils font un très bon jus d'orange pressé. Son fils est élève ici, il me semble ?
- C'est exact. Que faisiez vous vendredi soir et celui d'avant, vers 20h 30 ?
- J'étais chez moi avec ma femme et nos quintuplés et pour la semaine encore avant, j'étais avec eux chez ma belle-mère pour le dîner. Je vous note son numéro de suite.
- Je vous remercie.
Il écrivit le numéro sur une carte de visite et le donna à la jeune policière. Elle vérifia l'alibi dés qu'elle fut sorti du bureau et put retirer le principal de sa liste de suspects.
Plus que deux.
* * *
Craig était convoqué chez monsieur MacKay pour avoir fait un doigt d'honneur à sa professeur, ce qu'il affirmait être faux. C'était donc pour ça que Tweek se retrouvait seul à l'interclasse qu'il passait habituellement avec son cher et tendre. Il se baladait dans la cours sans trop savoir quoi faire pendant les 15 minutes qu'il avait devant lui. Le blond fut surpris d'apercevoir Kyle, seul lui aussi. C'était rare, de le voir sans Stan, Kenny, Eric ou Token, pendant la pause. Il vint alors s'asseoir à côté de lui, sur un banc d'où l'on pouvait apercevoir le stade de foot, plus loin.
- Ils sont allés voir Stan et Clyde s'entraîner. Anticipa le roux.
- Et toi ? Tu n'y vas pas ?
- Je suis pas sûr d'avoir le droit...
Tweek ne comprit pas. Le droit de quoi ? De voir son meilleur ami faire du foot ? Pourquoi ne pourrait-il pas ?
- Tu t'es disputé avec Stan ?
C'était la seule explication qu'il voyait même si ça lui semblait invraisemblable. Les deux garçons ne se « fâchaient » jamais vraiment, ne restant en froid que quelque minutes, voir une heure, à chaque fois.
- On... On a décidé de prendre nos distances pour repartir sur des bases saines... Tu n'es pas avec Craig ? Demanda Kyle qui n'avait pas envi de parler de Stan.
- Il est chez MacKay, je crois qu'il va encore être collé.
Ce n'était pas une situation inhabituelle. Depuis l'école primaire, le brun était abonné aux punitions en raison de son insolence. Factuellement, il ne pouvait pas s'empêcher de faire des doigts d'honneurs quand quelque chose le contrariait, mauvaise manie qu'il partageait avec le reste de sa famille.
Les deux garçons restèrent silencieux un moment. Tweek en fut d'ailleurs étonné parce qu'il était rare que Kyle ne parle pas. C'était suffisamment rare pour être souligné.
- Je peux te poser une question ultra indiscrète ? Demanda finalement le roux, mal à l'aise.
- Euh... J'imagine, oui ?
- Je me demandais... C'est juste une question que je me posais comme ça, hein ? Juste de la curiosité... Comment tu... Enfin comment t'as su euh... Avec certitude que... Bégaya Kyle qui avait perdu toute sa belle éloquence. Comment tu as su que tu étais gay ?
Tweek le regarda avec des yeux ronds. D'où ça sortait, ça ? Pourquoi son ami lui parlait de ça, tout d'un coup ? Comment le sujet était-il devenu « Comment savoir qu'on est gay ? » ?
- Oh, euh... Je sais pas trop... J'aime Craig et j'ai jamais était attiré par une fille donc... C'était surtout faire face à l'évidence.
- Mais... Je veux dire... Tu l'as accepté tout de suite ?
Ou peut être que c'était « Comment accepter son homosexualité ?, finalement ? Le blond se demanda si ce n'était pas pour Kyle que ces questions étaient très personnelles en réalité. Avait-il quelque chose à avouer ? À s'avouer ?
- Eh bien... Je sortais déjà avec un garçon donc ça m'a aidé, j'imagine ? Je n'ai pas vraiment eu de temps d'acceptation et factuellement, j'ai vécu mon coming out avant de connaître ma sexualité. Ce n'est pas vraiment une situation habituelle donc je ne suis pas sûr de pouvoir donner un témoignage très utile... Tu te poses des questions sur ta...
Le visage soudainement blanc linge de son ami l'empêcha de finir sa question. Si c'était vraiment le cas, Kyle ne semblait pas très bien le vivre. Pourtant, il n'avait jamais eu de problème avec la communauté LGBTQIA+ et, de ce que Tweek savait, ses parents n'étaient pas homophobes... Voyant que son ami était mal à l'aise, le blond décida de ne pas insister.
- La cloche va pas tarder, on devrait se dirigeait vers la classe. Proposa-t'il.
- Bonne idée...
Ils se levèrent du banc où ils étaient assis et rejoignirent leur salle où se trouvait déjà Token qui, finalement, avait eu trop froid pour regarder Clyde jouer et avait préféré lire à l'intérieur. Kyle s'installa à côté de lui alors que Tweek se rendait au bureau de monsieur MacKay dans l'espoir de voir Craig et de pouvoir l'embrasser avant la reprise des cours.
* * *
C'est évidemment dans le gymnase que Lonnie retrouva monsieur Scala, professeur de sport et deuxième suspect. Il l'accueillit avec un grand sourire alors qu'il donnait cours d'athlétisme aux premiers années.
- Bonjour, que puis-je pour vous mademoiselle... ?
- Officier MacBell, police judiciaire, j'aurais quelque question à vous poser si vous permettez. Affirma la jeune femme en présentant son badge.
- Cela peut-il attendre la fin de mon cours ? Nous venons tout juste de commencer cet exercice.
En réalité, tous ses élèves avaient arrêter de courir pour observer leur professeur discuter avec une policière qui accomplissait l'exploit d'avoir une carrure aussi haute et musclée que lui.
- Il s'agit d'une enquête criminelle, monsieur Scala. Répondit Lonnie, vexé du flegme dont faisait preuve son interlocuteur. C'est votre cours qui attendra. T as-t'il un endroit où je pourrais poser mes questions tranquillement ?
- Soit. Soyez sage, je reviens de suite. Dit-il à ses élèves. Si vous voulez bien me suivre, mademoiselle MacBell.
Lonnie se retint de lui faire remarquer qu'il était sensé l'appeler officier et le suivit dans le vestiaire des filles que monsieur Scala qualifia de « moins puant et mieux rangé que celui des garçons ». Ils s'assirent sur les bancs qui étaient fixés aux murs, l'un en face de l'autre. La policière sortit son dictaphone qu'elle alluma ainsi que les photos de Claudia et Shelly qu'elle présenta à son suspect.
- Vous les reconnaissez ?
Elle était agressive, plus que d'habitude mais c'était plus fort qu'elle. Quelque chose chez lui la faisait rester sur ses gardes. Il ne la respectait pas et n'essayait même pas de s'en cacher, l'air parfaitement calme dans une telle situation. Il haussa un sourcil en regardant les photos.
- Shelly Marsh est mon élève. Je lui donne cours le vendredi matin.
- Le vendredi matin. Donc vous l'avez vu le jour de son agression. Et l'autre ?
- La mère d'un de mes élèves ? Je crois que c'est celle de Tweek Tweak mais je ne me souviens pas de son nom.
- Quand l'avez-vous vu pour la dernière fois ?
- À la réunion parents-profs ? Je ne vais pas à leur Café donc ça a du être mardi de la semaine dernière, à la réunion.
Il était détendu, voir même désinvolte. Comment pouvait-on être si calme en parlant de victime de viol ? Lonnie était hors d'elle. Il ne fallait pas qu'elle se mette en colère, elle n'avait pas le choix si elle voulait avoir le plus de réponses possibles mais dieu sait qu'elle avait envi de la frapper.
- Je vois. Que faisiez-vous, les vendredis quand ont eu lieu les agressions de Shelly Marsh et Claudia Tweak ?
- Je faisais les courses puis je suis rentré chez moi, auprès de ma femme.
- Des témoins pour confirmer ?
- Ma femme et les caméras du supermarché.
- Je vois... Merci d'avoir répondu à mes questions.
Elle était presque déçue d'apprendre qu'il avait un alibi. Sans pouvoir expliquer pourquoi, viscéralement, elle le sentait mauvais, prêt à faire du mal aux autres. Même à une de ses élèves.
- Je suis le seul de l'établissement que vous interrogez, mademoiselle MacBell ?
N'était-ce pas du bon sens que de l'appeler officier ? Elle avait l'impression de ne pas être considérée comme une vraie policière et ça la fatiguait.
- Non, j'interroge tous ceux qui ont été en contact avec les victimes, ces deux dernières semaines, monsieur Scala, vous n'êtes pas unique.
- Je vois. Vous allez parler à monsieur MacKay, dans ce cas... Faites bien attention, contrairement à moi, il est célibataire et reste toujours seul, le vendredi soir.
Son sourire était presque goguenard. Lonnie ne pouvait pas y croire, il venait d'accuser son collègue avec pour seule base son célibat ? Comme ça ? Sans états d'âmes ? C'était officiel, elle le détestait de toutes ses forces.
* * *
Les filles papotaient tranquillement à la cafétéria, profitant de la pause déjeuner. Bebe racontait ce qu'elle comptait faire pour Halloween, la fête étant imminente ? Ces parents l'avaient autorisé à organiser une grosse soirée à condition que personne ne rentre seul, au vu des derniers évènements. Red et Wendy participaient joyeusement, choisissant comment elles allaient se déguiser et citant qui il fallait absolument inviter pour que ce soit réussi.
- Tu as déjà une idée de costume, Bebe ? Demanda Rebecca.
- Tu me prends pour qui ? J'ai déjà mon déguisement ! Je vais être Chrissy de Stranger things !
- Trop cool ! Moi j'hésite... Peut être en sorcière ? Et toi, Wendy ?
- Bonne question... Faut que j'y réfléchisse...
Écoutant à peine ce que disait ses amies, Heidi jouait avec ce que contenait son assiette plus qu'elle ne mangeait. Elle n'était pas en forme depuis ce matin et ni Wendy, ni Bebe, ni Red n'avait pu lui faire cracher le morceau. Restait Nichole qui observait son amie avec inquiétude.
- Tu n'as pas faim, ma belle ?
- Bof, pas trop... T'en veux ?
Elle lui proposa son assiette que Nichole refusa d'un signe de tête. C'était rare de voir Heidi comme ça, elle qui était toujours souriante et pleine de joie de vivre.
- Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu veux en parler ?
- C'est rien, c'est... Idiot.
Elle avait un peu hésitait avant de choisir ce dernier mot, comme si elle avait du mal à qualifier tout ce qu'il se passait dans sa tête. Idiot. Avec le recul, elle trouvait sincèrement que ça l'était mais ça ne l'empêchait pas d'être affectée par cette pensée parasite dont elle ne pouvait se défaire.
- Les filles, on a finit avec Heidi, vous nous rejoindrez dehors ?
Elles comprirent immédiatement ce que ça signifiait. « Je vais lui parler tranquillement pour qu'elle puisse se confier, prenait votre temps pour qu'on puisse être seule, je vous préviens si il faut que vous arriviez. ». Elles acquiescèrent d'un même geste et Nichole accompagna Heidi à l'extérieur où elles s'assirent sur un banc pour pouvoir discuter.
- D'abord, je veux que tu saches que je ne trouverai jamais quelque chose qui te perturbe idiot, d'accord ?
- Merci. Répondit la plus petite en rougissant légèrement.
Elle jouait avec ses mains, les trouvant soudainement passionnante. Elle se sentait timide, seule avec Nichole, elle en aurait presque oublié ce qui la perturbait. Si seulement c'était oubliable.
- C'est juste que... Oh, c'est vraiment bête !
- Heidi.
- Je sais ! Mais je trouve ça bête quand même. Je réfléchissais et... Madame Tweak et Shelly Marsh...
Donc c'était ça qui la perturbait. Logique, ça perturbait tout le monde. Toutes les filles avaient peurs d'être la prochaine qui recevrait un monstre à sa porte, le vendredi soir.
- Elles n'ont pas le même âge. Ni la même taille ou la même morphologie...
- Elles ne se ressemble pas. Il ne cible pas un type de femme en particulier. C'est ce qui t'inquiètes ? Demanda-t'elle en posant sa main sur celle de la jeune fille.
- En fait, si. Elles se ressemblent et c'est ça qui me fait peur... Elles ont la peau blanche, les yeux marrons et les cheveux châtains clairs...
Nichole se prit cette information de plein fouet. Son amie avait raison, les deux victimes avaient bien des traits physiques communs. Des traits que partageait Heidi, justement. Comprenant soudainement mieux son angoisse, elle la serra tendrement dans ses bras, pour la rassurer. Elles restèrent enlacée jusqu'à ce que leurs amies ne les rejoignent, ne se privant pas de les taquiner pour cet adorable flirt.
* * *
Lonnie n'avait plus du tout envie d'interroger monsieur MacKay, pas après le comportement dégoûtant de monsieur Scala. Malheureusement, elle n'avait pas le choix, elle était obligée de parler à tous les suspects et de tous les traiter avec neutralité.
Seulement, quand le conseiller ouvrit la porte de son bureau, elle sut que la neutralité serait très difficile. Il l'avait tout de suite accueilli avec un sourire timide et chaleureux qui le caractérisait. Tout ses gestes montraient que c'était une personne douce incapable de faire du mal à qui que ce soit.
- Je peux vous aidez, m'kay ?
- Je suis l'officier MacBell, je souhaiterai vous parler à propos des agressions qui ont lieu ces dernières semaines. Dit Lonnie en présentant son badge sans grande volonté.
- Bien sûr, m'kay. Merci pour tout vos efforts, officier. Entrez, je vous en prie, m'kay.
Il laissa entrer et lui proposa le fauteuil en face de son bureau. Elle ne pouvait que noter la différence avec le professeur de sport. Il ne faisait aucune histoire, comprenant l'urgence, et l'appelait respectueusement officier, plutôt que mademoiselle MacBell. Lonnie prit place et monsieur MacKay déplaça son propre fauteuil pour qu'il n'y est pas le bureau entre eux.
- Je peux vous proposer un café, un thé, un chocolat chaud, m'kay ? J'ai aussi du multifruit et du thé glacé maison, m'kay...
- Du café, s'il vous plaît. Vous n'achetez pas votre thé glacé en grande surface ?
- C'est pour qu'il soit sans sucre, m'kay. Ce ne serait pas bon pour mes élèves, sinon, m'kay. Lait, sucre pour votre café ?
- Je vois. Ni l'un ni l'autre, merci.
Il en prenait soin, de ses élèves, ça se voyait. Il lui servit une tasse de café chaud et s'assit en face d'elle. Lonnie but une gorgée puis sorti son dictaphone et les photos de Claudia et Shelly. Elle alluma son appareil pour commencer l'interrogatoire.
- Vous reconnaissez ces deux femmes ?
- Shelly Marsh est une de mes élèves. Elle vient souvent me voir parce que sa famille rencontre une passe difficile, m'kay. C'est une gentille petite, elle veut devenir infirmière, m'kay.
- Et l'autre ?
- Madame Tweak vient me voir régulièrement parce que son fils à des troubles, m'kay. Il fait de l'anxiété et peut avoir des épisodes de paranoïa légère, m'kay. Je la vois aussi au Café qu'elle tient avec son mari, m'kay.
Il était totalement transparent, ne cherchant pas à dissimuler qu'il connaissait bien les victimes. Lonnie fut presque triste qu'il ne cherche pas à dissimuler quoi que ce soit, ce qu'il disait le faisait grimper dans la liste des suspects, malheureusement.
- Que faisiez vous vendredi soir et celui d'avant, au moment des agressions.
- J'étais seul chez moi, officier, m'kay.
- Vous... Vous êtes sûr ? Vous ne faisiez pas vos courses, vous n'avez vu personne... Rien que l'on pourrait vérifier...
Non, c'était injuste. Elle était sûr de son innocence, elle ne voulait pas l'arrêter. Il fallait qu'il y ait quelque chose qui le disculpe.
- J'ai bien peur de ne pas avoir d'alibi... Vous voulez que je vérifie dans mon agenda, m'kay ?
- S'il vous plaît.
Il était innocent, elle le sentait et refusait d'avoir à le mettre en garde à vue. Il vérifia son agenda sous le regard plein d'espoir de Lonnie.
- Je suis désolé, officier.
Elle avait envie de vomir.
* * *
Le silence était lourd, dans la voiture. Ni Randy ni Shelly ne prononçait le moindre mot. Que pouvaient-ils se dirent maintenant ? Ils n'avaient pas discuté seuls depuis si longtemps. Randall accusait toujours le coup, ne réalisant pas vraiment ou ne voulant pas réaliser ce qu'avait subit sa seule et unique fille.
- Tu... Comment tu vas ? Demanda-t'il maladroitement.
- Mieux, je crois.
Mieux. Mieux que quoi ? Que l'instant où cet homme lui avait sauté dessus ? L'avait étranglé, l'avait agressé ? Mieux que les jours de solitude où elle avait dû encaisser le choc sans personne pour la soutenir ? Ou mieux que quand elle n'avait pu se raccrocher qu'à son petit frère pour ne pas sombrer dans le désespoir ? Qu'est-ce que ça voulait dire, mieux ? Randy n'osa pas demander.
- J'arrive à ne pas y penser, des fois. Et je n'ai plus peur de tous les hommes autour de moi, juste de certain. C'est peut être bête mais c'est sacrés progrès. C'est grâce à Stan, ça.
Et à Token, pensa-t'elle sans oser le dire à voir haute.
- J'ai décidé d'en parlé à Betty, demain.
Elle se sentait prête, courageuse. En réalité, la rumeur courait déjà dans l'établissement et elle était sûr que sa meilleure amie savait mais cette dernière avait eu la délicatesse de faire comme si de rien n'était, attendant de l'apprendre par Shelly.
- Je suis fière de toi, ma puce.
- Merci papa.
Papa. Depuis combien de temps ne l'avait-elle pas appelé comme ça ? Depuis combien de temps avait-il cessé d'en être un auprès de ses enfants ? Il était temps qu'il reprenne son rôle, sa place. Il voulait retrouvé son lien avec Stan et Shelly.
* * *
Ce fut un appel du commissaire qui trancha. Jeudi 24 octobre, 17H 21, monsieur MacKay, conseiller à la cité scolaire de South Park devait entrer en garde à vue. Lonnie avait envie de pleurer de rage. Elle ne faisait pas ce métier pour arrêter des innocents.
- Je suis vraiment désolée...
- Je suis sûr que vous allez trouvez le véritable coupable, m'kay. Lui répondit-il sans perdre sa chaleur et sa bienveillance.
Elle passa les menottes à ses poignets et le fit sortir de son bureau. Monsieur Scala attendait avec un sourire fier. Elle avait terriblement envi de le frapper, de lui faire violemment perdre son air satisfait qui lui donnait un visage de fouine. Elle demanda au conseiller d'avancer quand...
- Monsieur MacKay ?
Un garçon blond avec le visage un peu cabossé, couvert de tâche de rousseurs venait d'appeler son conseiller d'une voix désespérée. Ça devait être un choc pour lui, de voir un adulte de confiance dans une telle situation.
- Kenny, tu devrait déjà être chez toi, m'kay. Le gronda doucement monsieur MacKay.
- Mais... Pourquoi vous l'arrêtez ? Demanda-t'il à Lonnie. Je sais pas ce que vous lui voulez mais c'est sûr qu'il a rien fait ! Laissez-le tranquille !
Il tremblait de colère, sur le point de pleurer. Il ne comprenait pas la situation et la jeune policière eut l'impression qu'on lui enfonçait un poignard dans le coeur. Monsieur Scala posa sa main sur l'épaule de Kenny avec un air navré profondément hypocrite.
- Voyons, il faut laisser la dame faire son travail, mon grand.
- Non ! Il est innocent ! Il faut le laisser ! Vous pouvez pas le mettre en prison ! Vous êtes méchante !
Jamais il n'avait autant crié et si son professeur de sport ne l'avait pas retenu, il aurait sûrement essayé de libérer monsieur MacKay. C'est le coeur lourd, que Lonnie l'emmena au poste de police.
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Hey! J'espère que ce chapitre vous a plu! J'aime beaucoup la relation de Kenny et Monsieur MacKay. Je me suis inspiré d'un épisode d'halloween où Kenny et monsieur MacKay doivent combattre des sortes de zombies en trottinettes, je crois? En tout cas, leur relation dans l'épisode est très chouette et je compte plus les mettre en avant dans cette version de la fanfic. J'avais beaucoup regretté de ne pas les avoir plus développer. D'ailleurs, en parlant de trucs pas développés... Vous l'aviez peut être remarqué si vous avez lu l'ancienne version de cette histoire mais j'avais oublié Nichole et Heidi. Je profite donc de faire un mea culpa, on les verras un peu plus dans cette version.
Merci encore d'avoir lu et à jeudi prochain,
Tom Prince.
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