Épisode 7 : La mission des petits frères
Ils étaient tous les deux assis dans la voiture de Token. Ils avaient réussis à un peu parler même si c'était juste un « bonjour, ça va ? Bien et toi ? », c'était une sacrée avancée. Puis ils n'avaient plus rien dit et Token avait repensé. Savoir que madame Tweak avait été agressée le perturbait vraiment beaucoup.
- La mère d'un de mes amis a été violée, vendredi soir...
Pourquoi disait-il ça ? Elle avait ouvert grand les yeux et il avait détourné les siens. C'était idiot de sa part, elle allait suffisamment mal et il en rajoutait. Pourquoi n'avait-il pas pu juste se taire ? Ça le perturbait tellement qu'il avait besoin d'en parler et il avait finit par le faire alors qu'il était avec Shelly qui n'avait vraiment pas besoin de ça.
Ils arrivèrent devant la maison des Marsh mais contrairement à d'habitude, l'adolescente ne sortie pas tout de suite de la voiture.
- Moi aussi. Mais c'était le vendredi d'avant.
La phrase était comme une bombe. Elle l'avait dit, elle l'avait avoué à quelqu'un d'autre que Stan. Token ne savait pas quoi dire, tout se bousculait à toute vitesse dans sa tête. C'était logique, tellement logique qu'il ne savait pas comment il avait fait pour ne pas le deviner avant. Peut être que c'était parce que ce n'est pas quelque chose qu'on devine ?
On ne se dit jamais, « Tiens, et si cette personne s'était faite violée ? ». Mais maintenant, l'adolescent comprenait. Pourquoi Stan, qui ne pouvait pas le supporter, avait mit sa fierté de côté et lui avait demandé de raccompagner Shelly tous les soirs ? Pourquoi avait-elle l'air si terrifié en la présence d'un homme, pourquoi allait-elle si mal ? Tout prenait sens.
Elle ne le regardait pas, gardant obstinément les yeux rivés sur ses mains. Ses longs cheveux qui cachaient son visage semblaient l'envelopper comme une armure. Quand elle avait prononcé ces mots, sa voix s'était cassée. Elle avait peinée à finir sa phrase et ne comprenait pas ce qui l'avait poussé à l'avouer.
- Oublie, s'il te plaît. Demanda-t'elle comme si c'était possible.
Elle voulait vraiment qu'il le fasse. Que, par ces mots, comme par magie, sa confession disparaisse de la mémoire de Token. Mais c'était évidemment impossible. Personne n'oublie quelque chose comme ça. Elle regrettait déjà d'en avoir parlé, culpabilisant d'imposer une histoire aussi lourde au si gentil ami de Stan qui prenait la peine de la raccompagner tous les soirs.
Il ne réagissait pas, toujours sous le choc. Mal à l'aise, Shelly sortit de la voiture, prête à rentrer dans sa maison pour échapper à cette situation. Reprenant ses esprits, Token l'imita. Il ne fallait pas que cette conversation s'arrête là, ce qu'elle avait avoué était trop grave pour qu'il la laisse partir sans rien avoir répondu.
- Porte plainte ! Lui dit-il plus comme une supplication qu'un ordre.
Il espérait qu'elle l'écoute. Elle se contenta de faire non de la tête. C'était au dessus de ses forces, elle n'y arriverait pas.
- Pourquoi ? Shelly, tu ne peux pas laisser ce type s'en sortir ! Il faut qu'il soit puni !
- J'y arriverais pas... Je veux pas...
Elle sentait les larmes lui monter, elle tremblait. Pourquoi il ne comprenait pas ? C'était impossible pour elle, de porter plainte, elle n'y arriverai pas. Elle ne le supporterai pas.
- Pourquoi ?
Il ne pouvait pas lâcher l'affaire, il fallait qu'elle l'écoute, il fallait qu'elle porte plainte. Elle continuait de secouer la tête de droite à gauche. Non, non, non, elle ne pouvait pas.
- J'y arriverai pas. Cria-t'elle sans pouvoir retenir ses larmes. Je veux pas raconter ça, je peux pas revivre ça ! Et si on ne me croit pas, hein ? Je m'en remettrai pas ! Je vis un enfer depuis plus d'une semaine et je veux pas que des types que je connais pas nient ce qui m'est arrivé ! Je m'en remettrai pas !
Que répondre à ça. Ce qu'elle disait était totalement justifié mais il fallait qu'il arrive à la convaincre. Il fallait que la police sache qu'il y avait une autre victime.
- Moi, je te crois. Dit-il, les yeux humides. Stan te croit. C'est peut être pas grand-chose, mais on est déjà deux derrière toi. La police te croira, je peux pas le promettre mais ils ont cru madame Tweak alors je suis sûr qu'ils te croiront toi. Tu n'es pas seule, Shelly.
Elle leva la tête et pour la première fois, leurs yeux se croisèrent. Elle avait les yeux noisettes, avec des petits éclats dorés à l'intérieur, si différents de ceux bleus gris de son petit frère. Il y avait tellement d'émotion dans ses billes marrons que Token s'en sentit déboussolé.
Elle lui sourit. C'était léger mais c'était bien un sourire.
- Merci, Token.
Elle rentra chez elle alors qu'il restait planté là, oubliant même la voiture à côté de lui. Ces derniers jours, il l'avait trouvé triste, fragile, vulnérable mais, pour la première fois, il la trouvait belle.
* * *
Clyde souriait en relisant le message de Bebe. Elle le remerciait encore de l'avoir raccompagné chez elle. Ça lui avait parut évident de le faire, vu ce qui était arrivé à madame Tweak. Il était tranquillement assis sur le canapé quand Betty vint s'asseoir à côté de lui. Il ne lui avait pas proposé de rentrer avec elle, elle faisait toujours les trajets avec Davis.
Elle ne dit pas un mot, l'air préoccupé, inquiétant son petit frère.
- Ça va pas ?
- Je sais pas trop... Je réfléchissais à un truc...
Inquiet, Clyde posa son téléphone pour donner son entière attention à sa grande sœur. Ça avait été l'une des dernières demandes de leur mère, qu'ils veillent l'un sur l'autre, et l'adolescent prenait ça très à coeur.
- Tu veux en parler ?
- Je repensais à ce qui est arrivé à la mère de ton ami... Et... Tu as bien dit que c'était arrivée vendredi soir, quand elle était seule chez elle ?
- Oui, pourquoi ? Je te laisserais pas seule, faut pas que tu t'inquiètes, Betty !
Il ne voulait pas qu'elle se sente en danger. Il avait déjà décidé de raccompagner Bebe tous les soirs et, ensuite, de rester chez lui avec sa sœur. Il n'était pas le seul, d'ailleurs, puisque Craig comptait en faire de même avec Tricia et Kenny avec Karen.
- Non, ne t'inquiètes pas, c'est pas ça qui me travaille. Je sais que tu seras là et sinon, il y a Davis et papa. C'est juste que... She... Une amie à moi ne va pas bien du tout en ce moment. Elle a même eu peur de Davis, c'est pour te dire. Et... Pas ce vendredi là mais celui d'avant, elle était seule chez elle... Je n'ai pas eu de nouvelles pendant tout le week-end d'après. J'ai peur de me dire que...
- Tu crois qu'elle aussi, elle a été... Enfin... Comme madame Tweak ?
Clyde avait cette croyance enfantine que tous les mots qu'il taisait n'existaient pas. Que tant qu'il ne disait pas viol, alors personne n'avait réellement été agressés.
- Je sais pas, j'espère pas.
Toujours inquiète, elle s'affala dans le canapé et son petit frère en fit de même. Il ne pensa même pas au fait que Token raccompagnait étrangement la meilleure amie de Betty tous les soirs depuis plus d'une semaine.
* * *
C'était une habitude très récente, pour Shelly et Stan, de petit-déjeuner ensemble. Ce matin, ils étaient même seul à la maison, leurs parents étant déjà partis au travail. L'aînée lançait des regards à son petit frère, ne sachant pas vraiment comment engager la conversation.
- Tu as besoin de quelque chose ? Demanda Stan.
- C'est juste... Tu pense que je devrai porter plainte ?
Elle faisait mine de se concentrer sur sa nourriture, comme si ce qu'elle venait de dire était totalement anodin. Depuis la veille, elle ressassait sa conversation avec Token. Peut être qu'il avait raison ? Mais elle n'était pas sûr d'y arriver si elle y allait toute seule. Elle voulait déjà connaître l'avis de son frère sur le sujet, avant de décider quoi que ce soit.
Stan n'en croyait pas ses oreilles. Shelly voulait porter plainte ? C'était génial ! Il n'avait pas vraiment osé aborder le sujet, jusqu'à maintenant, ayant peur de la brusquer mais si elle en parlait d'elle même, il ne pouvait que l'encourager à aller dans cette direction.
- Si tu t'en sens capable, ce serait super ! Dit le brun, toujours un peu surpris.
- Je sais pas trop... Je ne veux pas y aller toute seule alors je me disais... Peut-être que je pourrais demander conseil à Gérald ? Vu qu'il est avocat... Il pourra me guider un peu, je pense...
- Oui, bonne idée ! Tu veux que je demande à Kyle si on peut venir dîner ? Sheila sera contente et de toute façon, les parents sont pas là, ce soir.
Randy et Sharon sortaient au restaurant dans l'espoir de faire repartir leur couple du bon pied. Ce qui signifiait qu'ils allaient rentrer en se hurlant dessus.
- Je veux bien, merci Stan.
Enthousiaste, le brun n'attendit même pas de rejoindre Kyle dehors et lui envoya directement un message. Dans la minute, le roux répondit que c'était ok et que Sheila était déjà entrain de prévoir le menu, folle de joie de les avoir tous les deux.
* * *
Le message de la veille avait vraiment rassuré Kenny. Savoir que Butters ne lui en voulait pas pour leur dispute l'avait vraiment soulagé. Il avait dormi le coeur léger et se sentait de très bonne humeur, il était reposé pour la première fois depuis une semaine.
Il avait eu vraiment peur de se fâcher avec le blond alors il avait décidé d'attendre avant d'essayer de comprendre son comportement et de recommencer à l'interroger.
Tout joyeux, il aperçut Léopold qui discutait avec Wendy, devant les casiers.
- Salut, Buttercup ! S'exclama Kenny. Salut Wendy !
- Oh, salut, comment ça va ? Répondit la brune en souriant.
- Ça va et toi ? Tu vas bien, depuis hier, Butters ?
Il regardait le blond qui ne lui avait pas encore répondu. Ce dernier ne lui adressa même pas un regard et mit son sac sur son dos. Son visage était fermé, comme la veille.
- On y va, Wendy ? Demanda le blond avec son sourire angélique. On va être en retard en cours, sinon.
Sans même attendre qu'elle lui réponde, il s'en alla pour rejoindre la salle de classe. La brune regarda Kenny avec incompréhension.
- Il s'est passé quelque chose ?
- Bah... Je l'ai mis en colère, hier... Mais je me suis excusé et il a dit que c'était bon...
Pour illustrer ses propos, il montra les messages que Butters et lui avaient échangés. Il était complètement perdu, toute sa belle énergie était retombée. Il avait presque envi de pleurer. Le fait de savoir que quelqu'un d'aussi gentil lui en voulait lui donner l'impression d'être une horrible personne.
Wendy lut les messages et posa sa main sur l'épaule de Kenneth pour le consoler.
- Je vais essayer de lui parler, d'accord ?
- Merci, c'est gentil.
Elle se rendit dans la salle de classe et rejoignit Butters qui, assit à sa place, sortait ses affaires comme si de rien n'était. Sans pouvoir le contrôler, la brune sentit qu'elle se mettait en colère de le voir si désinvolte.
- Tu m'expliques ce qu'il se passe avec Kenny ?
Elle était agressive, elle le regretta. Elle n'avait pas encore les deux versions et elle prenait déjà partit, ce n'était pas une bonne chose.
- Il se passe que Kenny se permet de se mêler de ma vie alors qu'il ne m'adresse la parole qu'une fois tous les 3 mois. Il s'est inventé un scénario rocambolesque où j'irai très mal depuis la semaine dernière et il me harcèle presque avec ça. Quand je lui dis stop, il insiste, donc moi, je perd patience. Je n'étais déjà plus sûr qu'on soit amis mais maintenant, j'en ai vraiment marre.
- Oh...
Que pouvait répondre Wendy ? Il avait le droit d'en avoir assez. Sans rien dire de plus, elle alla s'asseoir à côté d'Heidi, perdue dans ses pensées. Elle sortit son téléphone et hésita à alerter Kyle de ce qui venait de se passer. Elle renonça, décidant que c'était à Kenny et Butters de le faire.
* * *
Les Marsh et les Broflovski, c'était une longue histoire d'amour. Enfants, Sharon et Gérald étaient voisins et meilleurs amis. Ils étaient tellement inséparables qu'à l'époque, ils se qualifiaient eux même de jumeaux. Des années plus tard, chacun avaient gardé la maison de leur enfance, restant voisins. Sheila n'étant pas originaire de South Park, elle était allée vivre chez son mari et il avait été préférable pour Randy d'emménager chez son épouse plutôt que le contraire.
Quand les Marsh avaient eu Shelly, c'était Sheila qui était devenue sa nounou pour qu'ils puissent reprendre le travail. Madame Broflovski avait traiter la petite comme sa propre fille, ne parvenant pas à avoir d'enfants. Quand Shelly était entrée à l'école, elle avait continué d'être gardé par celle qu'elle surnommait nounou.
Plus tard, Kyle et Stan était nés et Sheila était devenue la nounou de ce dernier. C'était donc tout naturellement, que les deux garçons étaient les meilleurs amis du monde.
Sheila était en cuisine depuis le début de l'après-midi. Savoir qu'elle aurait les deux Marsh pour dîner la remplissait de joie. À ses yeux, ça signifiait qu'il y aurait ses quatre enfants.
Son tajine était légendaire et elle savait que c'était le plat préféré de Stan alors elle avait décidé de faire ce plat. Évidemment, elle avait fait une version végétarienne pour Kyle.
De l'autre côté de la porte, devant la maison des Broflovski, Stan et Shelly attendaient sans vraiment oser entrer. Ils ne partageaient même pas un peu la bonne humeur de leur nounou. Ils savaient que ce ne serait pas une soirée agréable.
- Prête ?
- J'ai jamais eu autant envie de m'enfuir mais on va dire que oui.
- Je te lâche pas, promis.
Le brun sonna à la porte et c'est Gérald qui leur ouvrit avec un grand sourire. Ils rejoignirent tous les trois le salon où étaient déjà Kyle et Ike. Stan alla s'asseoir à côté de son meilleur ami alors que Shelly sentait sa tête lui tournait en voyant le plus jeune.
Quand elle avait décidé de parler de ce qu'il s'était passé à Gérald, elle avait complètement oublié que le petit garçon de 9 ans serait présent aussi. Mal à l'aise, l'adolescente rejoignit Sheila qui s'affairait dans la cuisine.
- Tout va bien, ma belle ? Demanda la rousse avec un grand sourire.
N'y tenant plus, Shelly s'effondra dans les bras de sa nounou, pleurant toutes les larmes de son corps.
- Je... Je... Ça va pas...
Alarmée, Sheila amena l'adolescente dans sa chambre pour qu'elle puisse s'asseoir et se calmer tranquillement.
- Tu veux en parler ? Demanda la rousse d'une voix douce. Prend ton temps, ma puce...
- Je... Tu as entendu ce qui est arrivé à Claudia Tweak ?
Sheila sentit son sang se glacer. Pourquoi commençait-elle par ça ? Elle n'avait quand même pas été... Non. Peut être qu'elle avait peur ? Ça devait être ça... Il fallait que ce soit ça. Shelly avait changé, elle avait maigri. Elle était plus pâle, plus fatiguée...
- Oui, j'en ai entendu parler, en effet.
- Pas... Pas ce vendredi... Celui d'avant... J'ai aussi été...
Elle n'arriva pas à finir sa phrase, c'était trop dur. Sheila avait l'impression que sa tête tournait. Elle regarda la jeune fille devant elle. Elle la revoyait bébé, enfant, pré-adolescente puis adolescente. Cette petite dont elle s'était occupé avec l'amour d'une mère. Ce n'était pas possible... C'était trop horrible, trop cruel, ça ne pouvait pas être ça... Des larmes commençaient à perler aux coins des yeux de Shelly. La rousse la prit dans ses bras et la laissa pleurer contre sa poitrine.
- J'étais... J'étais toute seule à la maison et... Il a sonné à la porte... J'ai cru... J'ai cru... Que Stan venait chercher un truc... Qu'il avait oublié ses clés...
- Ma chérie, ma pauvre petite chérie... Pleura Sheila avec elle.
Que lui dire ? Que faire ? Elle n'en revenait pas, comment pouvait-on faire ça ? Shelly se calma doucement, apaisée dans les bras de sa nourrice. Elle se sentait soulagée de lui avoir dit. C'est comme si ses épaules étaient libérées d'un poids.
- Je veux porter plainte. C'est pour ça qu'on est venu, je voulais demander conseil à Gérald... Mais je ne sais pas si je vais réussir à lui en parler.
- Tu veux que je le fasse ? Je vais aller le chercher et on va lui parler toutes les deux, d'accord ?
-Merci.
Enfin, un adulte prenait la situation en main, elle pouvait se reposer sur quelqu'un. Bien sûr, Stan était là, mais il était son petit frère et elle ne pouvait pas s'empêcher de vouloir le préserver.
* * *
Gérald avait rejoint Sheila et Shelly et Ike était parti jouer dans sa chambre, laissant les deux adolescents seuls. Ils étaient assis sur le lit du roux, sans prononcer un mot. Le comportement de Stanley ses derniers jours prenait sens, maintenant.
Kyle ne savait pas quoi dire, ce qui était très rare. Stan, toujours succinct et peu prompt au tact, s'était contenté de résumé en une phrase « Shelly a été violée, pas ce vendredi mais celui d'avant ». Que répondre à ça ? Ça avait de quoi couper le sifflet.
- Et toi, ça va ? Demanda le roux, la voix cassée.
Il ne fallut pas un mot de plus pour que Stan s'effondre dans les bras de son meilleur ami. Il était épuisé. Enfin, au côté de Kyle, il pouvait lâcher prise.
- Ça va aller, je te promet que ça va aller...
Le brun pleurait tout ce qu'il savait. Les deux garçons s'allongèrent, dans les bras l'un de l'autre. Stan se calma peu à peu et releva la tête vers son ami, croisant son regard vert. Il l'avait fait souffrir, avait même été méchant, mais Kyle était toujours là, à ses côtés. Il allait jusqu'à s'oublier pour lui. Si, maintenant, Stanley disait qu'il voulait mettre leurs vendredis en pause pour rester avec Shelly, il savait que son meilleur ami comprendrait.
Mais il prenait conscience que, même si il avait décidé de mieux se comporter, leur relation n'était pas redevenue aussi saine qu'elle avait pu l'être dans leur enfance. Ils étaient encore empêtrés dans les non-dits qu'ils avaient gardés depuis des années. Stan n'avait jamais remarqué mais maintenant, il avait l'impression qu'il y avait comme un mur entre Kyle et lui. Quelque chose que son meilleur ami ne lui disait pas et ne lui dirait pas, pas pour l'instant.
- Elle a peur, le vendredi soir...
Elle lui en avais parlé, un peu plus tôt dans la journée, s'excusant presque parce qu'elle savait à quel point c'était important pour son petit frère, cette tradition avec son meilleur ami.
- J'imagine, oui...
La voix de Kyle tremblait. Il se doutait de qui allait suivre et ça ne lui plaisait pas. Bien sûr, quoi que dise Stan, il s'y plierait, conscient que Shelly était une priorité, mais ça ne l'empêcherait pas d'avoir mal.
- Elle a besoin de moi.
- Je comprends...
Le roux sentit une larme menacer de couler mais la retint. Il ne voulait pas pleurer, pas devant son meilleur ami qui allait suffisamment mal, il fallait qu'il tienne bon. Il se rassit pour reprendre contenance et cacher son visage.
- Je comprends, c'est normal. Et puis, on se verra le matin pour aller au bus et pendant les pauses au lycée.
Quelles pauses ? Stan était presque toujours au foot, ils se voyaient à peine. Le vendredi, c'était leur jour, que ce soit les cours de sport ensemble ou les nuits.
- À propos de ça...
Kyle sentit son sang se glacer. Qu'est-ce qu'il se passait ? Il avait l'impression que tout ce qui l'unissait à Stan s'évaporait sans qu'il n'y puisse quoi que ce soit. Il ne voulait pas, il ne voulait vraiment pas, ce qui était entrain de se passer ne lui plaisait pas.
- Écoute...
Stan se rassit à son tour. Il garda les yeux fermés un moment alors qu'il cherchait ses mots. D'une main tremblante, le roux attrapa la manche de son meilleur ami, comme pour s'accrocher encore un peu à lui. Il n'arrivait plus à se retenir de pleurer, se doutant de ce qu'il se passait. Il connaissait le brun par coeur, il lui était donc facile de deviner son fil de pensée.
Stanley rouvrit les yeux et découvrit le visage larmoyant de son ami.
- Kyle...
- Je sais que tu vas avoir raison... Dit le garçon d'une voix tremblante. C'est juste que c'est pas facile.
- Tu es toujours mon meilleur ami, mais je t'es fait beaucoup de mal et même si je fait des efforts, ça nous a beaucoup endommagé, tout les deux. Ce serait bien qu'on profite... Enfin profite... Tu m'as compris... Pour qu'on prenne du recul... Juste quelque semaines, histoire de réfléchir correctement à notre relation et repartir sur des bonnes bases.
- J'aime pas ça.
- Kyle... Je sais que c'est difficile mais...
- Je sais que tu as raison et je suis d'accord avec toi. Mais j'aime pas l'idée de m'éloigner de toi.
Stan posa sa tête sur l'épaule de son meilleur ami et entrelaça ses doigts avec les siens.
- Moi, non plus. Crois-moi, moi non plus...
* * *
Shelly et Stan étaient rentrés chez eux, après le dîner. Demain, Gérald emmènerait l'adolescente au commissariat. Ensuite, il l'aiderait à en parler à Sharon et Randy. Dans les bras de son petit frère, elle tremblait, terrifiait à l'idée d'être demain. Il fallait que ça passe, elle savait que c'était important, mais elle avait peur.
- Je peux rester dormir avec toi ? Demanda le brun. Je veux pas te laisser toute seule.
Il ne voulait pas rester seul non plus. La conversation avec Kyle l'avait remué. Plusieurs fois, il avait voulu changé d'avis, lui dire que finalement, ils ne changeaient rien et continuaient à être ensemble dés qu'ils en avaient l'occasion. Mais c'était décidé de garder une relation fragile et abîmée, Kyle méritait mieux que ça.
Stan n'en avait pas parlé à Shelly, pour ne pas l'inquiéter.
- Bien sûr que tu peux. Merci, j'ai de la chance de t'avoir, Stan.
Qui aurait cru, deux semaines plus tôt, qu'elle prononcerait ces mots. Elle le prit dans ses bras. Son petit frère, jamais elle n'avait eu un lien aussi fort avec lui ou juste avec un membre de sa famille. Stan non plus.
Il lui rendit son étreinte et la sentit s'endormir contre lui. Demain allait être une journée vraiment désagréable mais pour l'instant, il valait mieux se reposer sans penser à tout ce qui était douloureux. Sa mission à lui, allait être de soutenir sa sœur, dans ces moments difficiles.
* * *
On n'avait pas expliqué ce qui était arrivé à Shelly, à Ike. Il avait été jugé trop jeune. C'est pour ça que quand son grand frère était venu le voir en larme, expliquant simplement que Stan et lui prenait leur distance pour un petit moment et que le brun ne viendrait plus le vendredi, il n'avait pas compris.
Tout ce qu'il avait vu, c'est que Stan avait pris une décision qui faisait pleurer son grand frère et ça l'avait mis en colère. De quel droit faisait-on du mal à son grand frère.
- Pleure pas pour lui, Kyle. Murmura le petit garçon. C'est qu'un con.
Ils étaient tous les deux dans le lit du plus petit, l'aîné n'ayant pas eu le courage de dormir seul. Entendre ce que disait son petit frère fit pleurer le roux de plus bel.
- Dit pas ça... C'est pas sa faute...
Ike fronça les sourcils. Pourquoi Kyle prenait-il la défense de cet abruti qui lui faisait toujours de la peine ? Il fallait être honnête, l'enfant n'aimait pas beaucoup le meilleur ami de son frère. Comment aurait-il pu en être autrement alors qu'il était toujours celui qui consolait son aîné, quand ce dernier allait mal. Et Stan était, la plupart du temps, responsable de la peine du roux.
Comprenant bien que ça ne servait à rien d'essayer de convaincre son frère que cet éloignement était la meilleure chose qui pouvait lui arriver, Ike espérait d'ailleurs que ça soit définitif, le petit garçon soupira.
- Dors. Murmura-t'il en prenant son grand frère dans ses bras.
Sa mission à lui, était de sécher les larmes d'un frère qui subissait trop sans rien dire.
* * *
Tapant la déposition sur son ordinateur, Lonnie sentait une légère nausée. Lundi, c'était madame Tweak qui venait la voir pour porter plainte pour viol, et, aujourd'hui, mercredi, c'était cette jeune fille aux longs cheveux châtains. Tellement jeune.
- Shelly Marsh, c'est bien ça ? Tu veux bien me donner ton âge ?
- 17 ans...
Mineure. C'était une gamine. La policière avait envi de la prendre dans ses bras. Pauvre petite. Elle s'était promis, quand elle faisait face à Claudia, de retrouver l'agresseur coûte que coûte. Maintenant, elle éprouvait une haine incroyablement forte envers cet homme qu'elle n'avais jamais vu.
Une enfant, celle qui lui parlait était une enfant.
- Tu te sentirais de me raconter ce qu'il t'es arrivé ? J'en aurais besoin pour appuyer ta plainte mais surtout prend le temps qu'il te faut.
- Merci... Je... C'était vendredi. Pas vendredi dernier, celui d'avant... Je voulais pas venir mais quand j'ai appris pour madame Tweak... Il a toqué à la porte. J'étais toute seule à la maison, mon frère était chez son meilleur ami. Le fils du monsieur qui m'accompagne. Et mes parents étaient en week-end, je ne sais plus où. J'ai cru que Stan, c'est le prénom de mon frère, n'avait pas ses clés vu qu'il les oubli souvent et qu'il venait chercher un truc...
Il avait une cagoule. Il m'a attrapé par le cou...
Un sanglot l'empêcha de continuer alors qu'elle se replongeait dans ce cauchemar. Même mode opératoire. Même jour de la semaine. Viol chronique ? Un serial agresseur ? Si c'était vrai, alors plus aucune femmes n'étaient en sécurité à South Park tant que ce type serait liberté. Lonnie devait absolument l'arrêter.
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Hey! Merci d'avoir lu ce chapitre! On commence le développement de Ike. Je sais que, dans l'ancienne version, il énervait beaucoup de monde. Mon objectif est donc de le rendre attachant et que son comportement ne soit pas seulement irritant (surtout que j'aime beaucoup ce personnage). J'avais appelé ce chapitre "la mission des petits frères" en référence à Ike et Stan qui sont là pour soutenir Kyle et Shelly avant de me rendre compte que Clyde soutenait aussi sa grande soeur dans ce chapitre. Il faut croire que, inconsciemment, j'avais vraiment ce thème en tête quand j'ai écrit ce chapitre :). Bref, ça fait beaucoup de commentaires que personne ne liras donc je vais arrêter là ^^'.
Merci d'avoir lu et à jeudi prochain,
Tom Prince.
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