Épisode 5 : Emely

Il en était à sa cinquième tasse de café et il n'était que 8 heure du matin. Son père venait de lui annoncer qu'ils n'ouvriraient pas le Café, ce matin. Tant mieux, Tweek n'aurait pas été capable de travailler, aujourd'hui. Il regarda son mug. Ces derniers temps, il s'était amélioré, il en buvait de moins en moins et le voilà qui retombait dans son addiction la tête la première. Un cauchemar.

Ça devait être un cauchemar ou il n'allait pas tenir. Si c'était la réalité, il ne la supporterait pas. Il n'avait pas dormi de la nuit mais ne se sentait pas fatigué. Peut être grâce au café ? D'ailleurs, il avait besoin d'une sixième tasse.

Son esprit était en cacophonie depuis la veille. Il avait l'impression que sa tête allait exploser. Cette fois, il n'imaginait rien, les malheurs arrivaient vraiment. C'était la première fois que la vérité était plus froide que la paranoïa.

Ses parents étaient à l'étage. Claudia n'avait pas bougé de son lit, ne regardant même pas son mari. Elle voulait juste que tout s'arrête. Elle aussi, avait l'esprit en cacophonie.

- Il faut que tu porte plainte, mon amour. Dit Richard avec douceur.

C'était sûrement trop tôt pour en parler mais, son fils pouvait en attester, il n'était pas un fin psychologue. Elle ne répondit pas, restant obstinément dos à lui. Elle ne voulait pas croiser son regard.

- Je sais que c'est violent mais tu as subi une agression. Cet homme doit être arrêté, jugé et puni. Tu ne peux pas le laisser vivre tranquillement après ce qu'il t'as fait, Claudia.

Elle restait muette mais il sentait qu'elle l'écoutait. Il fallait qu'il trouve le mot qui ferait électro-choque.

- Si on ne fait rien, il pourra recommencer avec d'autres...

Elle se tourna enfin et attrapa la main de son mari, sans la moindre force. Richard retint ses larmes et la serra contre lui. Claudia, sa Claudia... Comment avait-on pu lui faire ça ?

- Tu seras avec moi ? Pleura-t'elle.

- Promis.

Un étage en dessous, Tweek était seul dans la cuisine. Il pensait à Craig. Il aurait tout donner pour que le brun soit là, pour qu'il le serre dans ses bras. Mais il ne l'appellerait pas. Il ne savait pas si sa mère accepterait qu'il explique ce qui lui était arrivé, alors il se retenait de prévenir son petit ami.

C'était la dixième ou onzième tasse de café ? Il avait perdu le compte. Il s'accrochait désespérément au liquide pour essayer de ne pas perdre pied. Tweek avait envi de vomir. On avait violé sa mère. Il n'avait pas voulu entendre ce qu'il s'était exactement passé. Il n'était pas sûr de pouvoir supporter le récit.

La cafetière était vide. Cette constatation suffit pour que le respiration du blond devienne erratique. Il n'avait plus rien pour se maintenir. Paniqué, il regarda autour de lui en maudissant de chercher ça. Il voulait un objet pointu, quelque chose qui lui ferait mal. La douleur le calmerait, il le savait. Ne trouvant rien, il planta ses dents dans sa main, abîmant sa chaire.

Une main attrapa les siennes pour l'empêcher de continuer.

- Tu te fais du mal, poussin.

Tweek laissa tomber son front contre le torse de son père et pleura. Depuis la veille, il n'avait pas versé une larme mais maintenant, il fallait que ça sorte.

- Ça va aller, d'accord ? On va affronter ça ensemble. Maman a accepté de porter plainte, elle ne veut pas cacher ce qu'il s'est passé. Elle préfère qu'on alerte pour que tout le monde soit prudent et qu'il n'y est pas de nouvelle victime. Du coup, tu peux en parler à Craig et à tes amis, si tu as besoin de te confier. On peut aussi avancer le rendez-vous chez le psychiatre, si tu as besoin.

Le blond écoutait en silence. Il acquiesça légèrement pour le rendez-vous avec son psy. Il ferma les yeux. Son père sentait le café et dégageait une chaleur rassurante. Tweek sentit qu'il reprenait de l'oxygène.

- Je veux en parler à Craig. Dit-il, la voix éraillé. D'hier et... Et d'elle, je veux qu'il sache pourquoi... Pourquoi je suis... Comme ça.

- Tu es fort, Tweek. Tu es incroyablement fort.

Le blond parvint à sourire. Il savait que son père le pensait.

* * *

Stan se réveilla avec la sensation d'être reposé. C'était la première nuit sans insomnie qu'il faisait depuis lundi. Ouvrant difficilement les yeux, un sourire se dessina sur son visage quand il vit Kyle dos à lui, dormant profondément. Sa présence l'apaisait. Il n'avait pas souvenir d'avoir déjà mal dormi en étant avec son meilleur ami.

Doucement, il passa sa main dans les boucles rousses de l'autre garçon. Cette couleur l'avait toujours fasciné. Ce n'était pas un orange carotte ou un blond vénitien mais un incendie presque rouge.

Kyle grogna quelque chose d'inintelligible avant de se retourner vers Stan, toujours profondément endormi. Le brun se reteint de pouffer de rire. Son meilleur ami avait toujours été une pipelette, parlant jusque dans son sommeil. Même bébé, il gazouillait sans cesse. Il avait une imagination débordante pouvant passer des heures à raconter de formidables histoires de son invention. C'était un formidable orateur.

Enfant, Stan pouvait l'écouter un après-midi entier sans se lasser. Kyle savait parler, il avait un don pour raconter, expliquer, débattre. Il avait une façon de s'exprimer qui donnait envi de l'écouter.

Le brun s'étira douloureusement. Il n'avait pas envi de se lever et de quitter la chaleur du lit de son meilleur ami mais il devait rejoindre Eric pour son premier footing matinal. Pas le choix, il s'était engagé.

Il enfila rapidement un survêtement, manquant de tomber dans la précipitation. Une fois habillé, il revint vers Kyle, repoussant doucement la frange de son visage pour embrasser son front.

- Tu t'en vas ? Demanda le roux d'une voix endormie.

Il était si peu réveillé qu'il n'arrivait même pas à ouvrir les yeux. Sans pouvoir l'expliquer, Stan éprouva une tendresse infinie en voyant Kyle encore à moitié endormi, essayant de lui attraper la main sans le voir.

- Je vais faire un petit footing et je reviens, promis. Souffla le brun.

- C'est obligé ?

Stan eut envi de lui répondre que non, ce n'était pas obligé, et qu'il restait finalement. Il n'avait qu'une envie, revenir dans le lit, serrer son meilleur ami dans ses bras et se rendormir.

Mais il s'était engagé.

- Je vais courir avec Eric, il faut que j'y aille.

- Il m'emmerde. Affirma Kyle, boudeur. Bon... Quand je me réveillerai, tu seras rentré ?

- Promis. Répondit Stan en pouffant de rire.

Kyle se rendormit presque immédiatement. Le brun partit rapidement pour rejoindre Cartman, décidant que de toute manière, la première séance pouvait être courte.

* * *

Il était déjà 11h quand Craig se réveilla. Il se réveillait rarement plus tôt, pouvant même dormir jusqu'à 13h alors qu'il se couchait toujours à 22h. Il avait toujours eu besoin de beaucoup dormir et même nourrisson, il avait tout de suite fait ses nuits.

Encore somnolant, le brun déplia son bras pour attraper son téléphone. Il lui semblait parfois qu'il avait grandi si vite que son cerveau n'avait pas réussi à suivre. Il était aussi grand que maladroit.

En allumant son portable, il se rendit compte que Tweek lui avait envoyé des messages, ce qui n'était pas normal parce qu'à cette heure-ci, il était au Café, entrain de travailler. De plus, les messages avaient été envoyés à 8h du matin alors que le blond savait pertinemment que son petit ami dormait. Il avait dû se passer quelque chose.

Craig sentit le stress s'insinuer dans son ventre. Il savait que quand Tweek ne se comportait pas comme d'habitude, ce n'était jamais anodin. Parfaitement réveillé et inquiet, Craig déverrouilla son téléphone portable.

TWEEK :

Je sais que tu dors à cet heure-ci mais j'ai vraiment besoin de te voir. Appelle moi ou rejoins moi chez moi dés que tu seras réveillé. Le Café est fermé. Si tu veux toujours connaître l'origine de mes angoisses, viens. Je t'aime.

À peine eut-il finit de lire le message que Craig était déjà entrain de foncer dans la salle de bain pour se doucher. Sa petite sœur Tricia, qui n'avait pas l'habitude de voir son frère avoir la moindre énergie se demanda si il était tombé sur la tête.

Il ne resta même pas dix minutes dans la salle d'eau et descendit rapidement dans l'entrée pour enfiler ses chaussures sous le regard curieux de sa cadette.

- C'est l'apocalypse ?

- Tweek a un problème. Je sais pas quoi. Je sais pas quand je rentre. Préviens les vieux.

Sur ces mots, il partit, laissant sa petite sœur stupéfaite et inquiète. Elle aimait beaucoup Tweek, qui avait réussi le tour de force de faire découvrir les émotions et l'empathie à son grand frère, et espérait qu'il aille bien. Il n'y avait que pour le blond, que Craig se comportait comme ça.

Elle le trouvait idiot et ne cesserait jamais de le traiter de troll mais au moins, il lui donnait une bonne image de comment elle voudrait être pour la personne qu'elle aimera, le jour où elle trouvera quelqu'un.

Craig courrait de toutes ses forces. Il ne voulait pas que le blond ait à attendre plus longtemps. Surtout si il était prêt à parler de ce que le brun devinait être une trauma. Après 5 ans de relation, il allait enfin comprendre.

* * *

Stripe mangeait frénétiquement de la salade verte comme si sa vie en dépendait. Le cochon d'inde ne semblait pas conscient d'être nourrit tous les jours et engloutissait chaque repas comme si c'était le dernier. Il semblait totalement inconscient d'être observé par deux petits garçons de 9 ans qui étaient assis devant sa cage.

- Mais... Ah !... Il mange trop vite !... Et si il fait une indigestion et qu'il GAH !... Meurt ? S'alarma Tweek que ses tics empêchaient de faire une phrase fluide.

- Mais non. Il va survivre et au pire c'est la loi de la nature. Répondit Craig avec pragmatisme. Si il est trop faible ou trop bête, il peut pas aider à la survie de l'espèce.

Le blond le regarda horrifié face à son indifférence. Il savait que celui qui était maintenant son petit ami n'était pas très porté sur les émotions mais là, il y allait un peu fort. Le brun dû s'en rendre compte parce qu'il se gratta la nuque d'un air embarrassé.

- Je serai triste si ça arrive, hein ? C'est juste que si il meurt, on y pourra pas grand-chose...

Tweek restait perplexe mais le fait que Craig dise que la mort de son cochon d'inde le rendrait triste le rassura un peu. Il avait peut être des émotions, finalement...

Ils sortaient ensemble depuis 2 semaines et avaient encore du mal à s'y habituer. Ils n'étaient même pas sûr d'être gays et ne savaient pas trop se comment se comporter l'un avec l'autre. C'était nouveau pour eux, d'être en couple. Ils faisaient partis des seuls enfants de la classe qui avaient toujours été célibataires.

Ils se donnaient un peu la main à l'école, mais jamais longtemps parce que Tweek n'aimait pas le contact physique, et allaient l'un chez l'autre mais c'était tout.

Pour essayer de comprendre comment « fonctionnait » l'amour, Craig observait les autres couples de la classe. Stan et Wendy étaient ensembles depuis une éternité mais ils se disputaient tout le temps et faisaient des pauses tous les quatre matins. Pas forcément un bon exemple. Mais d'autres comme Token et Nichole étaient bien plus sains et ils faisaient quelque chose que Craig voulait essayer.

- Dis Tweek, je peux te donner un surnom ?

À nouveau, le blond observa son petit ami avec des yeux ronds. Il avait tendance à avoir un regard fixe qui pouvait être très perturbant quand on était pas habitué, ce qui, fort heureusement, n'était pas le cas de Craig.

Tweek semblait analyser la demande, cherchant si recevoir un surnom le mettait en danger mortel ou non. Au bout d'une dizaine de minutes, le blond sortit enfin de sa réflexion, détournant son regard du visage de son petit ami qui commençait tout de même à être mal à l'aise.

- Quoi comme... Argh !... Surnom ?

Craig n'y avait pas réfléchi. Comment appelait-on son petit ami, d'habitude ? Ses parents s'appelaient simplement par leurs prénoms. On était pas très démonstratifs chez les Tucker.

Quel nom irait à Tweek ? Il était comme un petit rongeur mais au vu de ce qu'avait dit le brun sur la loi de la nature, son amoureux risquait de mal le prendre si il se faisait appelé lapin, par exemple. Alors quoi ? Babe ? Pourquoi pas de temps en temps mais il ne trouvait pas ça très joli ou très personnel...

D'un autre côté, ils n'étaient ensembles que depuis deux semaines, c'était difficile de trouver quelque chose qui ferait référence à leur couple. Un surnom mignon ? Quelque chose de doux, ce serait bien...

- Honey ?

Ça sonnait bien et ça faisait référence au goût de Tweek pour la cuisine et à ses cheveux blonds. Craig se félicita intérieurement d'avoir si bien choisi alors que le visage entier de son petit ami virait au cramoisi.

- Honey ?... GAH... Pourquoi Honey ? Paniqua le blond.

D'où le brun sortait-il un nom doux et romantique ? Tweek ne voyait pas comment il pouvait inspirer un nom comme celui-là. C'était bien trop de pression pour lui !

- T'aimes pas ? Demanda Craig, un peu déçu de la réaction de son petit ami.

- Si...

Le brun semblait y tenir alors pourquoi pas ? Tweek reporta son attention sur Stripe qui faisait des galipettes plus ou moins réussies dans sa cage. À côté du blond, Craig avait le coeur qui battait à cent à l'heure. Il ne savait pas pourquoi mais maintenant, il se sentait vraiment en couple.

Ce n'était plus seulement Tweek, à côté de lui, c'était Honey, son Honey. Se sentant plus courageux, le brun posa doucement la paume de sa main sur le dos de celle de son petit ami. Ce dernier eut un frémissement mais ne le repoussa pas.

Heureux, Craig commença à caresser la main de Tweek sans se rendre compte que ses tocs augmentaient au fur et à mesure. Il était euphorique d'avoir une telle proximité avec le blond pour la première fois alors il remonta sa main sur le poignet puis sur le bras de son petit ami... Avant de se faire lourdement pousser en arrière.

- Me touches pas ! Hurla Tweek.

Il était recroquevillé sur lui-même, en larme. Il ne voulait pas qu'on le touche, c'était ce qu'il répétait à haute comme un mantra, encore et encore. Craig, complètement perdu, se vexa d'abord avant de se rendre compte que son petit ami semblait terrifié.

- Tweek ? Je suis désolé, je voulais pas te faire peur...

Il ne répondait pas, perdu dans sa crise. Il continuait à répéter la même chose, les yeux dans le vide, la tête entre ses mains comme pour la protéger. Craig s'accroupit en face de lui, gardant une distance suffisante pour ne pas le toucher ou l'oppresser.

- Honey...

Enfin les yeux de Tweek le regardèrent. Il réagissait au surnom, le brun en fut soulagé.

- Honey, je suis vraiment désolé. Je voulais pas te faire peur. Je te toucherai plus sans permission, promis.

- J'aime pas qu'on me touche.

Il avait butté sur chaque mots mais avait réussi à ne pas bégayer.

- Mais on se donne la main, à l'école ?

Ce n'était pas un reproche, Craig voulait juste comprendre les limites pour s'adapter. Si ils devaient continuer à sortir ensemble, il valait mieux que ça se passe bien.

- C'est... C'est pas longtemps... Et je commence à... À avoir l'habitude.

Il bégayait mais n'avait pas de tics, se remettant doucement de sa crise. Il avait envi de café.

- Ok.

Et sans un mot de plus, Craig se leva et sortit de la pièce. En le voyant partir et le laissait seul, Tweek se mit à pleurer de nouveau. Le brun était-il déçu ou en colère ? Allait-il rompre avec lui. Le blond ne voulait pas. Il commençait tout juste à se faire à cette nouvelle relation et aimait passer du temps avec Craig, il ne voulait pas que ça s'arrête.

Fébrile, Tweek partit à la recherche de son petit ami. Il allait s'excuser, se promettant de supporter au mieux le contact si ça lui permettait de rester avec le brun. Tant pis pour ses angoisses. Il se répétait ses mots sans trop y croire quand il le retrouva.

Craig était dans la cuisine, entrain de remplir un mug de café. Tweek sentit son coeur se réchauffer, c'était pour ça que son petit ami était sorti de la chambre, pour aller lui chercher du café.

- Merci, Craig...

Le brun sursauta. Il n'avait pas entendu son amoureux arriver. Il lui adressa un petit sourire et lui tendit le mug remplit de café brûlant. Tweek ne se fit pas prier et en bu quelque gorgées.

- Qu'est-ce qui t'es arrivé ? Pour que tu ais autant d'angoisses, je veux dire...

Tweek posa sa tasse délicatement sa tasse sur la table, sans un mot. Il porta sa main droite à sa bouche et commença à mordre son annulaire. Il se recroquevilla tellement sur lui même qu'il semblait qu'il essayait de pouvoir s'engouffrer dans un trou de souris. Le brun se sentit désemparé face à cette réaction, ne sachant quoi lui dire.

- Je veux pas en parler. Pas encore.

- D'accord. Répondit Craig, parce qu'aucune autre réponse ne semblait correcte.

* * *

Jamais il n'avais couru aussi vite. Le fait que Tweek puisse aller mal, ce n'était pas nouveau. Il faisait souvent des crises, ayant une psyché très fragile, mais il n'appelait jamais à l'aide, préférant tout prendre sur lui. Craig, avec le temps, avait appris à voir les signes avant l'implosion mais cette fois, il n'avait rien remarqué. Hier encore, son petit ami allait bien et était même dans une bonne période. Il avait dû arriver quelque chose cette nuit.

Le brun arriva chez les Tweak et toqua à la porte. C'est Richard qui lui ouvrit et Craig sut immédiatement que ce qui était arrivé touchait toute la famille.

L'homme toujours calme et serein, à l'apparence soigné et au sourire commerciale, qu'il connaissait habituellement semblait ne pas avoir dormi de la nuit. Sa peau était aussi blanche qu'un linge, des cernes creusant son visage, ses cheveux en pétard. Il était même maladif, n'ayant jamais, ironiquement, autant ressemblé physiquement à son fils.

- Bonjour Craig. Dit monsieur Tweak d'un ton fatigué.

- Bonjour Richard, Tweek m'a envoyé un message... Il est là ?

- Oui, il m'a prévenu... Il est dans sa chambre... C'est bien que tu sois là, c'est important...

Richard laissa son gendre entrer dans la maison. Craig ne lui demanda même pas de ses nouvelles. Il n'avait que Tweek en tête. Il gravit les marches en quelque secondes pour monter à l'étage et arriva à la chambre de son petit ami.

Le blond était assis sur son lit, les jambes contre son torse, tremblant, des traces de morsures sur ses mains. Craig eut tout de suite envi de le prendre dans ses bras mais se retint. Il ne devait pas le toucher tant que Tweek n'en faisait pas la demande où ça empirerait son état de stress. Le brun entra dans la chambre et s'accroupit devant son amoureux.

- Je suis là, Honey. Dit-il d'une voix douce.

Les yeux verts du blond croisèrent ceux noirs de son petit ami. Il n'avait même pas remarqué qu'il était là. Soulagé par sa présence, il se laissa tomber dans ses bras, profitant de la chaleur des bras de Craig. Enfin, le nuage dans sa tête se dissipait un peu. Il pouvait respirer.

Ils restèrent l'un contre l'autre, un moment. Le brun serrait son amoureux contre son coeur, il avait eu peur, vraiment très peur. Perdant la force de ses jambes, il s'assit sur le sol et Tweek s'installa sur ses genoux. Il gardait les yeux fermés, profitant de sentir son angoisse se calmer un peu.

- Tu as lu mon message ?

- Oui.

- Je veux te raconter... Enfin... J'ai dit que j'allais te...

- Tu n'es pas obligé, Honey.

- J'ai besoin de le faire.

Il se libéra de l'étreinte de son petit ami et se dirigea vers son bureau sur lequel se trouvait un épais album photo. Il le pris et retourna sur les genoux de Craig. À l'intérieur, il y avait des photographies de Tweek quand il était à la maternelle.

C'était un petit garçon aux joues rondes et roses avec des yeux pétillants, rien à voir avec l'adolescent maladif aux yeux cernés qu'il était aujourd'hui. Sur les clichés, à côté de Tweek enfant, il y avait une petite fille qui lui ressemblait trait pour trait. Une petite fille que Craig n'avait jamais vu.

- C'est qui ? Demanda le brun en la montrant.

- Emely.

- Emely ? Répéta Craig qui n'avait jamais entendu ce prénom chez les Tweak.

- Oui, ma sœur jumelle, Emely.

* * *

Tweek et Emely étaient inséparables. On les croyaient presque attachés par la hanche tant ils étaient toujours ensembles. Ils étaient ensemble depuis le ventre de leur mère et étaient persuadés qu'ils le seraient jusqu'à la fin de leurs vies. Tout South Park s'attendrissaient devant ses deux petites têtes blondes aux grands yeux verts foncés.

Seulement, contrairement à son frère, Emely avait une insuffisance cardiaque. Elle avait régulièrement des douleurs et manquait l'école régulièrement. À cause de ça, elle n'avait pas d'autres amis de Tweek et ne connaissait pas bien ses camarades de classe.

Elle était forte, elle tenait bon. Ses parents ne l'avait jamais entendu se plaindre de son état de santé. C'était une enfant souriante et pleine de vie.

Quand elle avait eu 6 ans, son état avait empiré. Les douleurs étaient plus fortes, plus régulières. Richard et Claudia lui avait fait rencontré plusieurs médecins dans l'espoir qu'ils trouvent une solution mais tous furent formels. Elle ne passerait pas l'année. Les parents étaient au fond du désespoir.

Ils n'avaient pas osé en parler tout de suite à Tweek, se disant qu'ils avaient encore un peu de temps. Ce n'était pas pour le protéger, ils n'arrivaient juste pas à prononcer la fatalité à voix haute.

Elle avait été hospitalisée. Les médecins n'essayaient même plus de la soigner, juste de rendre la fin moins douloureuse mais ça encore, Richard et Claudia n'avaient pas eu la force de l'expliquer à Tweek. Le petit restait avec sa sœur, pleurant toutes les larmes de son corps dés qu'il était l'heure de rentrer. Il ne voulait pas être éloigné d'elle un seul instant, comme si il sentait ce qu'il se passait sans vraiment comprendre.

Ce matin là, Richard appris que le Café avait été cambriolé. Avec Claudia, ils avaient dû y aller en urgence, laissant Tweek avec Emely. Juste quelque heures, avaient-ils promis, ne voulant pas être loin de leur fille trop longtemps.

Les deux enfants avaient discuté, un petit peu, puis Emely, épuisée, s'était endormie, la main dans celle de son frère. Les heures passaient et Tweek sentait le corps de sa jumelle se refroidir. Pour la réchauffer, il la couvrit d'un plaid et s'allongea à côté d'elle pour la prendre dans ses bras.

Rien n'y faisait, elle était glacée.

Quand Richard et Claudia arrivèrent, ils comprirent instinctivement ce qu'il s'était passé. Elle attrapa son fils et le serra contre elle alors que son mari alertait les médecins, le visage inondé de larmes. Le verdict tomba avec violence. Emely était morte une heure après le départ de ses parents.

* * *

- Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. On avait jamais parlé de la mort devant moi et j'avais que 6 ans. Tout ce que je comprenais, c'était que le corps de ma sœur était froid et que je ne la reverrais plus.

Craig le regardait, presque horrifié par le calme dont faisait preuve son amoureux. Pas la moindre trace de tics ou de panique, il ne laissait paraître aucune émotion. C'était la première fois qu'il voyait Tweek comme ça.

- Après, c'était étrange. Dés que je touchais quelqu'un, j'avais l'impression que son corps allait refroidir comme celui d'Emely. En fait, j'ai encore souvent cette sensation. Je n'ai jamais réussi à oublier ce que j'ai ressenti, quand sa peau devenait glacé.

Il y était de nouveau, dans cette chambre blanche. Il revoyait sa jumelle allongé dans un trop grand lit pour une enfant, des tuyaux partout, les yeux fermés. Il pouvait presque la toucher.

- Toutes les nuits, j'avais l'impression d'y être. Quand je fermais les yeux, allongé dans mon lit, je croyais que j'étais Emely. Je faisais des cauchemars tout le temps. J'ai finit par avoir peur de dormir. Mes parents l'ont pas vu, ils faisaient déjà leur propre deuil, ils ont pas pu gérer.

Sa voix se cassa un peu. Enfin, ses émotions revenaient. Il avait besoin d'être rassuré alors il se blottit contre Craig qui pleurait. Tweek n'eut pas besoin de lui demander pourquoi, il savait que ces larmes étaient pour lui.

- Pourquoi maintenant ?

Tweek ferma les yeux. Il ne l'avait pas encore dit à voix haute, il n'avait pas encore rendu ça réelle mais il le fallait. Parce qu'il savait que ça rouvrait la porte à tous ses démons.


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Voilà un chapitre vraiment très similaire à son ancienne version.... J'ai juste amélioré le style. Les vrais différences commenceront à apparaître la semaine prochaine! Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère qu'il vous aura plus!

Je vous dis à jeudi prochain,

Tom Prince.

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