Épisode 1 : Vendredi maudit.
Ça faisait 1 mois que la rentrée avait eu lieu et le temps suivait tranquillement son cours. Dans moins d'une semaine, ce serait la réunion parents-professeurs au collège et Sheila Broflovski s'en réjouissait. Elle savait déjà qu'elle passerait la soirée à n'entendre que des éloges sur Kyle qui était toujours un aussi bon élève.
Pour ne rien enlever à son excellente humeur, aujourd'hui était un vendredi et c'était le jour qu'elle préférait dans la semaine. Gérald, qui finissait habituellement à 19 ou 20h au cabinet d'avocat ne travaillait que jusqu'à 17h, Stan venait dîner et dormir et c'était plateau-télé devant une émission de musique, en famille. Elle comptait Stanley comme un membre de sa famille, après tout, elle le connaissait depuis bébé et avait même été sa nourrice.
Comme tout les matins, Ike prenait sa douche en premier puis laisser la place à son grand frère qui prenait plus de temps, essayant désespérément de faire quelque chose de sa tignasse. Une fois les deux enfants lavés, coiffés et habillés, ils allaient se mettre à table pour le petit-déjeuner avec leurs parents.
- Stan ne se joint plus à nous le matin ? C'est dommage...
Gérald aimait bien quand, l'année dernière, il pouvait discuter sport avec le benjamin des Marsh au petit-déjeuner. Ce n'était pas la première fois qu'il se plaignait de l'absence de l'adolescent.
- Il veut peut être manger avec sa famille ? Il est toujours là le vendredi soir et le samedi matin, c'est déjà bien ! Affirma Sheila.
- Quand même, j'aimais bien...
Kyle ne prononçais pas un mot, ce qui n'était pas dans ses habitudes. Il savait pertinemment que ça n'allait pas suffisamment bien chez les Marsh pour qu'ils mangent tous ensemble. C'était juste que Stanley se sentait mal à l'aise au milieu de cette famille unie. Il continuait juste à venir le vendredi, parce qu'il était attaché à ces moments avec son meilleur ami.
Le roux termina son petit déjeuner, alla chercher son sac de cours et celui de sport, car oui, malheureusement, il avait sport aujourd'hui et enfila ses chaussures.
- À ce soir !
- À ce soir, bobelei ! Répondit sa mère.
Comme tout les matins, Stan attendait devant la maison des Broflovski, le nez rougit et les lèvres violacés. Il avait le visage fermé, visiblement de mauvaise humeur. Kyle n'eut besoin de rien de plus pour savoir que ce matin encore, il ferait la conversation tout seul.
* * *
Shelly mangeait tranquillement son petit déjeuner, profitant de n'avoir que sport à 10h, le vendredi matin. Elle avait l'impression que ce premier mois avait duré une éternité, elle comptait presque les jours avant d'avoir son diplôme et pouvoir enfin quitter cette maison. La seule chose qui lui faisait de la peine, c'était de se dire que Stan n'essayerait jamais de garder contact avec elle.
Elle sirotait son café quand Randy vint s'asseoir en face d'elle. Il avait le visage fatigué, creusé par les cernes. La seule pensée qui vint à la jeune fille, ce fut la surprise de le voir sobre. N'ayant aucune envie de lui parler dés le matin, la jeune fille fit mine d'être incroyablement intéressée par son téléphone.
- Ta mère et moi, nous ne serons pas là, ce week-end. Nous allons à Denver pour essayer d'arranger les choses. Stan sera chez les Broflovski. Tu n'invites personne à la maison.
- Ok.
Ils ne la prévenaient que le jour même, merveilleux. Elle allait rester seule tout le week-end, et lundi, ça allait être un enfer. C'était toujours pire, entre ses parents, quand ils revenaient d'un voyage à deux. C'était à croire qu'ils aimaient se faire du mal.
Décidant qu'il valait mieux être au lycée en avance plutôt que rester avec son père, elle alla mettre sa vaisselle dans l'évier avant de récupérer ses affaires et de partir.
* * *
Si ses parents ne partaient pas en week-end, promettant un retour désagréable lundi, Stan aurait été de bien meilleure humeur. En fait, il aimait beaucoup le vendredi. Déjà, parce qu'il passait la soirée et la nuit avec Kyle, dans le cocon que représentait la famille Broflovski. Ça devait être génial, d'avoir une famille comme celle-là. Mais aussi, parce qu'il avait sport, de 14h et 16h.
C'était la seule matière où le brun se sentait totalement à l'aise et réussissait mieux que son meilleur ami. Les deux classes avaient cours en même temps avec monsieur Scala, un professeur très apprécié pour sa pédagogie. Il poussait ceux qui étaient doué à repousser leurs limites et encourageait ceux qui n'était pas l'aise.
Un peu apaisé à l'idée d'avoir sport, Stan était de meilleur humeur dans les vestiaires. Il avait commencé à se changer quand la classe A entra. Ils arrivaient toujours un peu après eux, ayant cours de math juste avant.
Eric se plaignait déjà à l'idée de devoir faire des efforts physiques, sous les rires des autres, habitués à ses grands discours mélodramatiques. Kenny s'en amusait aussi, faisant exprès de provoquer Cartman pour qu'il en rajoute toujours plus.
Kyle alla dans un coin du vestiaire pour se changer tranquillement. Il n'aimait pas montrer son corps aux autres. Habituellement, il aurait rejoint son meilleur ami, mais il était toujours un peu en colère pour ce matin.
Stan s'en douta, attrapa ses affaires et vint se mettre à côté de lui pour essayer d'arranger les choses. Le roux ne lui lança même pas un regard quand il s'approcha.
- Hey... Souffla timidement le brun.
- Hey. Lui répondit Kyle, d'un ton sec.
- Désolé, pour ce matin... Je sais que je suis pas facile à vivre...
- Seulement ce matin ? Demanda l'adolescent avec mauvaise humeur avant de parler avec plus de douceur. Écoutes... Je comprend que ça n'aille pas mais c'est pas agréable de se faire traiter comme ça, tout le temps. Si tu veux en parler, je serai toujours là pour te soutenir mais ne m'ignore plus comme ça, c'est blessant. Dernier avertissement.
Il avait surtout parler comme ça pour faire réagir son ami, il n'y croyait pas vraiment. Kyle ne savait pas rester en colère contre Stan plus de quelque minutes.
Quand il vu que le brun culpabilisait, il se sentit satisfait. Pour une fois, c'était lui qui se sentait mal. Mais, dans la seconde, le roux s'en voulu. Il ne supportait pas d'être le méchant de l'histoire, même quand c'était justifié.
- Ça veut dire que te pardonne pour cette fois.
Le visage de Stan s'illumina et Kyle se sentit mieux, il aimait voir son ami sourire. Ça devenait tellement rare, maintenant...
Le roux retira son tee-shirt, commençant à se changer. Sans vraiment comprendre pourquoi, le brun déglutit en voyant l'autre garçon torse nu. Kyle était mince, très mince. Il faut dire qu'il n'avait pas un grand appétit. Stanley sentit son coeur accélérer et détourna les yeux, mal à l'aise à l'idée que son ami puisse lui faire le moindre effet. Surtout qu'il n'était pas attirer par les garçons.
Quand tous les garçons furent changer, ils rejoignirent les filles et le professeur dans le gymnase. Monsieur Scala était un grand homme blond et musclé, toujours très énergique. Il était du genre à vouloir participer plutôt qu'à se contenter de regarder ses élèves faire du sport.
Enjoué, il leur annonça qu'ils allaient commencer par faire des tours de terrains.
- Oh non ! Se lamenta Kenny, faisant rire ses camarades.
Pas qu'il n'aimait pas courir, mais c'était une vraie tortue. Il faisait toujours parti des derniers avec Eric, qui maudissait l'existence même du sport, et Craig dont la motivation était inexistante quand il ne s'agissait ni de Tweek, ni de son cochon d'inde Stripe, ni de son lit.
Les élèves commencèrent à courir, un petit groupe en tête. C'était toujours les mêmes. Stan et Clyde, qui faisaient partis de l'équipe de football, et Wendy, qui réussissait insupportablement toujours tout. Juste derrière eux, il y avait Token, qui était très sportif, et Butters, qui faisait de la danse depuis des années. Après eux se trouvait un attroupement d'élèves qui dépassaient, de loin, le trio présenté plus tôt.
Au bout d'une dizaine de tours, monsieur Scala tapa dans ses mains pour leur indiquer de s'arrêter.
- Ok tout le monde ! Aujourd'hui, on continue le badminton ! Vous installez le matériel et vous vous remettez avec vos binôme de la semaine dernière !
Les élèves s'exécutèrent pour mettre les filets et allèrent chercher les raquettes et les volants. Tous se répartirent ensuite par duos. Craig rejoignit Tweek avec un soudain regain d'énergie à l'idée de passer du temps avec son amoureux. Même si c'était pour du sport.
Le professeur avait vite compris que laisser le couple ensemble était la seule solution pour que Tucker donne le meilleur de lui-même. En fait, il avait laissé la plupart des élèves choisir leurs binômes, à quelque exceptions près. Il avait imposé à Wendy de se mettre avec Eric, dans l'espoir, qu'étant la plus douée, elle l'aide à s'améliorer. Malheureusement, ils passaient plus leur temps à se disputer qu'à jouer.
Stan regardait Kyle, peu assuré. Il était évident qu'ils étaient en binôme mais il était toujours gêné de savoir que le roux avait été en colère contre lui. Ce dernier remarqua que le brun était hésitant et le rejoignit.
- Je t'ai dit que je te pardonnais ! Soupira Broflovski.
Les deux garçons se sourirent et commencèrent à jouer. Stan montrait beaucoup d'aisance et faisait de son mieux pour aider Kyle qui avait plus de difficulté. Le seul sport pour lequel il était doué était le basket et les raquettes n'était vraiment pas son truc.
Monsieur Scala faisait le tour des groupes pour voir comment ils se débrouillaient. Il rejoignit rapidement les deux meilleurs amis. Il avait bien comprit que le roux s'améliorait plus quand on lui faisait remarquer qu'il faisait bien alors il l'encourageait au mieux.
- Pas mal, Kyle ! Tes efforts payent ! Dis-moi, Stan, es-ce qu'il y a un sport pour lequel tu n'es pas doué ? Je crois que je vais devoir te laisser ma place, à force ! S'amusa le professeur.
- La danse, m'sieur !
- Ah ! On a la même faiblesse, alors ! Je prends le relais, Kyle, va t'asseoir !
Le garçon, qui commençait à avoir du mal à suivre son meilleur ami, donna sa raquette à son professeur et alla s'asseoir dans les gradins en soupirant de soulagement et avala de grandes gorgées d'eau. Stanley avait beau essayer de s'adapter au rythme de son ami, il restait trop rapide pour lui.
Le brun avait beau aimé joué avec Kyle, il préférait être contre monsieur Scala qui proposait plus de challenge.
- Au fait, je t'ai vu à ton dernier match avec l'équipe de foot ! Tu es super doué, tu n'as jamais pensé à faire carrière ?
Stan rougit sous les compliments. Entendre ça de la part d'un sportif lui semblait encore mieux. Il faut dire qu'il en avait déjà rêvé, de faire carrière dans le foot. Il était capitaine de l'équipe, c'est bien qu'il devait être doué, non ?
- J'aimerais bien !
- C'est un membre de ta famille qu t'as donné cette passion pour le sport ? Ton père, peut être ?
- Mon père aime le sport, mais seulement depuis son canapé ! Répondit le brun avec un petit rire gêné.
Monsieur Scala mit fin à l'échange en attrapant le volant et vint poser sa main sur l'épaule de Stan, prenant un air compatissant. Il ne lui avait pas fallu plus pour comprendre que le jeune homme avait une relation assez compliqué avec son père.
- Au fait, dans la classe que j'ai à 10h, il y a une fille qui s'appelle Marsh aussi. Shelly. Elle est de ta famille ?
- C'est ma grande sœur...
- J'aurais pu le deviner ! Vous vous ressemblez beaucoup !
Stan ne sut pas comment réagir. On ne lui disait jamais que Shelly lui ressemblait. Il faut dire qu'elle avait les yeux et les cheveux marrons alors qu'il était brun aux yeux bleus. Peut être que c'était le nez ou la bouche ? La forme du visage ? Il n'aurait pas su dire.
C'était étrange, comme un rappel que Shelly était bien de sa famille, sa grande sœur. Ça aurait dû être évident mais actuellement, ils étaient plus des étrangers qu'autre chose...
Même si Kyle avait assuré à son meilleur ami qu'il le pardonnait, ce dernier lui jetait des coups d'œils inquiets. Ça n'échappa pas à son professeur de sport qui n'avait jamais vu son élève si peu concentré.
- Vous vous êtes disputé ?
- Pas vraiment... Mais je vais encore m'excuser ce soir... Je dors chez lui, ce sera l'occasion d'en parler.
- Tu as de la chance, à ton âge, je n'avais pas le droit de dormir chez mes amis ! Commenta le professeur en souriant.
- C'est habituel... Et puis mes parents ne sont pas là ce week-end. Shelly a le droit de rester à la maison sans adultes mais moi, ils me trouvent trop jeunes !
- Je vois !
Ils continuèrent un peu de discuter en jouant puis Monsieur Scala rendit sa raquette à Kyle et reprit son tour des binômes. Il remarqua qu'Heidi rencontrait des difficultés et que Nichole n'arrivait pas à l'aider. Il vint donc à la rescousse.
- Tu tiens mal ta raquette, attends !
Il guida les mains de la jeune fille afin qu'elle prenne correctement l'instrument. Il lui conseilla ensuite de réessayer et la différence se fit immédiatement sentir. La petite remercia son professeur pour son aide et repris son match. Nichole le remercia aussi mais sembla un peu déçu de ne pas avoir su aider son amie.
* * *
Si il y avait bien quelque chose qu'Ike adorait, c'était les plateaux-télé devant une émission de musique en famille, le vendredi soir. C'était un vrai moment chaleureux où personne n'était laissé à l'écart.
L'enfant de 9 ans était dans les bras de sa mère qui avait la tête contre l'épaule de Gerald. Il caressait tendrement l'épaisse chevelure flamboyante de sa femme. Son autre main tenait celle de Kyle qui était presque allongé sur Stan, la tête sur son torse. Le brun avait une main dans la crinière de son meilleur ami et l'autre dans son dos où il faisait de lent mouvements circulaires.
L'émission touchait à sa fin et personne n'avait vraiment écouté ce qu'il se passait. C'était surtout pour avoir un fond musical pendant le repas. Sheila éteignit la télé et embrassa tendrement son mari qui prit Ike dans ses bras pour l'amener dans son lit. Le petit garçon dormait déjà profondément.
Sheila ramena les assiettes et les couverts dans le lave-vaisselle puis monta à l'étage à son tour, pour aller se coucher.
Kyle et Stan étaient toujours sur le canapé, dans les bras l'un de l'autre. Aucuns des deux n'avaient envi de bouger. Le brun continuait de caressait les boucles rousses de son ami avec douceur. Il se sentait bien, profitant pleinement de la chaleur du corps plus petit que le sien. Les deux garçons avaient l'impression d'être dans un cocon apaisant et confortable.
- T'es sûr que tu m'en veux plus pour ce matin ? Murmura Stanley qui restait inquiet.
Ça l'avait beaucoup perturbé, de se rendre compte que sa façon de faire pouvait déplaire à son ami au point de le mettre en colère contre lui. Il avait eu peur que le roux puisse ne plus vouloir de lui et avait besoin d'être rassuré, d'être sûr qu'il ne serait pas abandonné. Et puis, il ne savait pas pourquoi mais quelque chose le gênait comme un espèce de pressentiment dont il ne pouvait se défaire. Il ne savait pas si c'était à propos de Kyle mais c'était là et ça le préoccupait.
- Je t'ai dit que c'était bon. Juste, dis moi au moins bonjour le matin et préviens que tu n'as pas envi de parler. Si c'est pour m'ignorer, ça sert à rien de faire le trajet ensemble. Et puis... Tu le sais que tu peux me parler quand ça va pas, tu sais. Je suis là si tu as besoin, tu sais ?
- Merci. Promis, je vais faire des efforts.
Le brun embrassa le front de son ami avec douceur, comme pour marquer sa promesse. Il ne savait pas si il était capable de la tenir mais il pouvait au moins essayer. Kyle ne lui en demandait pas tant que ça, juste de lui dire « bonjour, je n'ai pas envi de parler aujourd'hui ».
- On devrait aller se coucher... Dit le roux sans volonté.
- Oui...
Aucuns des deux n'avaient envie de bouger. Kyle releva la tête mais ce ne fut que pour l'enfouir dans le cou de Stan, pour mieux sentir son odeur. Il se sentait bien et était sur le point de s'endormir. Le brun s'en rendit compte et le repoussa un peu pour qu'ils se lèvent. Il valait mieux que le roux dorme dans son lit plutôt que sur le canapé.
Marsh attrapa la main de l'aîné des Broflovski et ils montèrent jusqu'à la chambre de ce dernier pour aller se coucher. Ils enfilèrent rapidement leurs pyjamas.
Stan n'avait pas besoin d'amener des affaires quand il venait le vendredi. Il y avait déjà un pyjama, une brosse à dent et des vêtements à lui, ici. Ça c'était fait naturellement, à force de venir depuis des années.
Une fois dans leurs vêtements de nuit, les deux garçons se pelotonnèrent l'un contre l'autre dans le lit de Kyle. Comme sur le canapé, le roux posa sa tête sur le torse de son meilleur ami, sentant le sommeil le prendre de nouveau.
- Bonne nuit, Stan.
- Bonne nuit, Kyle.
Le brun embrassa le sommet du crâne de son ami et ferma les yeux. Lentement, il sentit le poids sur son corps s'alourdir à mesure que le roux s'endormait. Stanley essaya de se concentrer sur la respiration de son ami pour se calmer mais il ne pouvait pas se débarrasser de son pressentiment. C'était comme si il était au mauvais endroit, comme si il fallait qu'il soit ailleurs, là maintenant. Décidant de l'ignorer, il finit par s'endormir.
* * *
Craig se réveilla en grognant, un rayon de soleil venant lui chatouiller le nez. Il fit dos à la fenêtre, dans l'espoir de pouvoir dormir encore un peu. Il voulu prendre son petit ami dans ses bras mais, les yeux toujours fermés, il ne le trouva pas. Le brun se décida alors enfin à ouvrir ses yeux pour se rendre compte qu'il était seul.
Il était dans la chambre de Tweek, dans le lit de Tweek mais sans Tweek. Agacé de se réveiller seul, il étira son immense corps avant de sortir de la couette qui le maintenait au chaud pour partir à la recherche de son amoureux. Il se leva difficilement, tenant maladroitement sur ses pieds comme si en avoir la tête si éloignée l'empêchait d'en avoir un parfait contrôle.
Toujours somnolent et n'ayant pas la moindre idée d'où se trouvait son cher et tendre, Craig traîna sa longue carcasse jusqu'à la salle de bain pour se débarbouiller. Richard et Claudia, les parents de Tweek étaient déjà au Café depuis au moins deux ou trois heures mais normalement, le blond ne travaillait que le samedi après-midi, quand son petit-ami dormait chez lui.
Alors qu'il se mettait de l'eau sur le visage pour finir de se réveiller, le brun put entendre du bruit venir de la cuisine. Il fronça les sourcils. Il ne supportait pas de savoir que Tweek y était seul. Le blond adorait cuisiner et plus particulièrement pâtisser mais le problème était qu'il ne faisait qu'un mètre 55, que toute la vaisselle était haute et qu'il était donc obligé de monter sur un tabouret pour tout attraper. Avec sa tendance aux tremblements et aux spasmes, le garçon avait encore plus de risque de tomber que les autres.
Ne sentant plus la moindre trace de somnolence, Craig descendit directement dans la cuisine et, sans surprise, retrouva son amoureux essayant d'attraper des assiettes. Le plus grand attrapa la vaisselle en question, faisant sursauter Tweek.
- Je t'ai déjà dit de m'attendre quand tu as besoin de quelque chose dans les étagères du haut, Honey.
Il l'avait dit avec le plus de calme et de douceur possible pour que le blond comprenne qu'il n'était absolument pas en colère. L'idée que Craig s'énerve contre lui pouvait lui provoquer des crises d'angoisses assez graves.
- Je voulais juste te faire un bon petit-déjeuner... Répondit Tweek, penaud.
- C'est gentil, merci. Tu peux le faire quand même, si tu veux mais laisse moi t'attraper ce dont tu as besoin s'il te plaît.
- Ok !
Le visage du blond s'illumina dans un beau sourire qui réchauffa le coeur de Craig. Il n'aimait rien plus que cette expression sur le visage de son petit ami alors il l'embrassa tendrement. Ils étaient ensemble depuis 5 ans, maintenant, et aucun des deux ne le regrettaient. Ils se complétaient parfaitement et sentaient bien ensemble.
Tweek se mit à préparer le petit-déjeuner sous le regard protecteur de Craig. Peut être qu'il s'inquiétait trop. C'était possible mais tout dans sa vie lui avait prouvé que son petit ami était quelqu'un sur qui il devait veiller et dont il devait absolument prendre le plus grand soin.
Le blond n'était pas si petit par hasard. Il s'était figé au mètre 55 à l'âge de 11 ans et les médecins ne pensaient pas qu'il grandirait plus. Apparemment ses angoisses présentes à un trop jeune âge et ses insomnies perpétuelles depuis plusieurs années avaient totalement bloqués sa croissance, le rendant probablement stérile par la même occasion.
Craig ne savait pas ce que Tweek avait vécu. Ce dernier n'avait jamais voulu lui parler de l'origine de ses traumas mais il se doutait que ça avait dû être grave et que c'était probablement en rapport avec le contact physique qui était ce qui le mettait le plus en difficulté, encore aujourd'hui.
Craig était l'un des seuls qui avait le droit de le toucher sans que ça ne le fasse surréagir.
- Honey, je t'aime.
Ça fit un peu rire le blond, habitué à ce genre de déclarations spontanés. Craig n'était pas avare en mots d'amours, en fait, de manière générale, c'était quelqu'un d'aussi romantique qu'il était amoureux. Et il était vraiment très amoureux.
- Tu sais que même si tu dis ça, tu n'auras pas plus de deux œufs ? C'est pas bon pour le cholestérol ! Répondit Tweek qui préparait des œufs aux plats et du bacon.
Craig sourit. Son petit-ami s'étendait moins sur ses sentiments mais il savait qu'il l'aimait. Il s'exprimait moins sur le positif, c'était comme ça et il trouvait d'autre moyen que les mots pour prouver son amour. Un petit-déjeuner, par exemple.
* * *
Elle avait eu du mal à se traîner jusqu'à la salle de bain mais n'en était pas ressortie. En fait, elle avait passée la nuit dans la baignoire, nue. Tremblante, elle était assise sans la moindre force, entourée de flacons vides.
Ses cheveux trempés dégoulinaient sur sa peau rougie et brûlée par l'eau bouillante qu'elle avait versée sur son corps. Même les gouttes d'eau qui glissaient sur elle lui inspiraient du dégoût. Prise comme d'un excès de violence, elle planta ses ongles dans la chaire de ses bras et les griffa jusqu'au sang. C'était la seule chose qui la ramenait un peu à la réalité.
Soudain, elle se releva, tenant à peine sur ses jambes fébriles. Elle attrapa un des derniers flacons de savon qui n'était pas entamé et le vida entièrement sur son corps et ses cheveux. Frénétiquement, elle frotta son corps à s'en faire mal. Elle se sentait sale, si sale.
Elle frottait ses bras, ses jambes, son cou, son ventre, ses fesses, ce qu'elle atteignait de son dos et ses seins si fort qu'elle en irritait sa peau. Elle avait l'impression que ce n'était plus son corps mais juste un amas de déchets pour lequel elle n'aurait aucune pitié.
Enfin, elle arriva à son sexe. Jamais elle n'avais éprouvé une telle haine pour une partie de son corps. Prise comme d'une rage folle, elle le lava si fort qu'elle essayait presque de se l'arracher. Elle voulait qu'il disparaisse comme si il était responsable de tout les malheurs de sa vie.
Et enfin, sa rage se calma et elle laissa son corps glisser contre le carrelage froid de la salle de bain. De nouveau assise dans la baignoire, elle avait le regard vide. Le froid venait piquer sa peau maltraité et elle sentit de l'eau sur ses joues.
Des larmes, elle pleurait. Enfin ça sortait et elle en fut elle-même surprise. Comme si soudain, elle comprenait ce qu'il s'était passé. Alors elle hurla à s'en briser les cordes vocales. Ses poumons lui faisaient mal à chaque respirations. Il fallait que ça sorte. Sa gorge devint si douloureuse que ça lui brisa la voix mais elle n'arriva pas à s'arrêter de crier.
Sans savoir quoi faire, elle essayait de s'accrocher à tout ce qui était autour d'elle comme si sa vie en dépendait. Elle balança tout les flacons de savons qu'elle avait vidé à travers la pièce. Elle ne savait plus si c'était de la colère, de la tristesse ou du désespoir. Elle avait l'impression que son corps ne lui appartenait plus.
Elle se sentait enfermée, avait une vision de ce qu'était l'enfer. Il lui restait si peu de force qu'elle avait l'impression qu'elle allait perdre connaissance et c'était tout ce qu'elle demandait. Elle voulait que ça s'arrête. Juste que ça s'arrête. Elle avait l'impression de devenir folle.
Stan aurait écouter son mauvais pressentiment parce que, vendredi soir, Shelly s'était faite violer.
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L'histoire commence! Juste un petit rappel pour ceux qui ont lu l'ancienne version, pitié pas de spoils! J'espère que vous avez aimé ce chapitre. Je n'ai pas grand chose à dire, encore une fois, les évènements sont très similaires à la première version ^^'
Merci d'avoir lu et à jeudi prochain,
Tom Prince
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