CHAPITRE 5
Version relue et améliorée
Mon réveil sonne à sept heures le lendemain matin. Je me lève, après avoir juré pendant deux bonnes minutes. J'adore mon travail, si on peut dire que c'en est un... mais je déteste vraiment me lever tôt le matin ! Je m'habille à l'aveugle et marche d'un pas traînant jusqu'à ma cuisine. Là bas, je me fais un café qui coule pendant que je mets un peu de mascara sur mes cils bruns. Je jette un rapide coup d'oeil à l'horloge accrochée dans la cuisine, il est déjà presque 7h30 ! Je bois rapidement ma tasse de café, me brosse les dents et attrape les clefs de ma deuxième voiture – la première n'étant plus en état...
Je descends les escaliers jusqu'au garage et monte dans ma voiture. Elle est déjà mieux que l'autre, et même si au départ je ne voulais pas celle là, elle passe encore. Par contre, Jérôme m'interdit de venir sur le circuit ou aux interviews avec, pour être sur que personne ne pourra reconnaître ma voiture. Quand je dis que c'est un maniaque de la sécurité ! Surtout que c'est idiot, c'est la voiture que tout le monde a, comme pourrait-on me reconnaître avec... Le pire c'est que j'ai plein de voitures mieux, que des marques m'ont offertes, mais je n'ai pas le droit de conduire avec ! Mais il ne pourra pas m'en empêcher indéfiniment, un jour je conduirais des 4x4 avec des amortisseurs de malade !
Je pose mon téléphone sur le siège à côté de moi et démarre. A peine suis–je sortie du parking que mon portable se met à vibrer. Je n'ai pas le temps de m'arrêter, je conduirais en téléphonant !
Je décroche et la voix de Carter retenti dans le haut–parleur :
– Pourquoi est–ce qu'il y une photo de nous dans le journal putain !
– Je... Quoi ?! Je réponds en slalomant entre les voitures garées et celles qui attendent que le feu soit vert.
Pourquoi est-ce qu'il faut que j'habite dans un quartier où il y a des travaux !
– Mais merde Noémie, t'aurais pu me dire qui tu étais non ? Poursuit-il, hors de lui.
– Mais... Ça fait...
– Noémie Parker, crache–t–il en appuyant sur mon nom de famille.
– J'suis désolée je peux pas te parler plus longtemps, je conduis et il y a des travaux partout ! Je t'envoie une adresse par SMS, rejoins moi là bas s'il te plaît ! Je réussis à placer sans me faire interrompre.
Je raccroche directement, sans lui laisser le temps de répondre et me reconcentre sur ma conduite. Je ne comprends pas pourquoi est–ce qu'il a réagit ainsi... Ce n'est pas grave que je sois connue dans le monde de l'automobile... Mon cœur se serre douloureusement dans ma poitrine, je me sens mal alors que je n'ai rien fait ! Mais arrête d'y penser Noémie, tu conduis n'importe comment là ! Je chasse mes pensées de mon esprit et essaye de penser à ce qui m'attends sur le circuit. Je fini par y arriver sans encombre et envoie l'adresse du circuit à Carter. Je ne sais pas pourquoi je ressens à ce point le besoin de me justifier auprès de lui. Je n'ai juste pas envie qu'il pense que je lui cache des choses. J'ai envie qu'il ait confiance en moi, et c'est trop bizarre !
– T'es à l'heure ! C'est un exploit ! Me lance Jérôme en descendant des gradins.
– Vas–y fous toi de ma gueule !
Je suis d'une humeur massacrante, et Jérôme se doute à cette simple phrase qu'il va en faire les frais, je le vois dans son regard.
– Vas te changer, et parle moi mieux !
– Ouais... d'accord... je rage en levant les yeux au ciel.
Je cours presque dans la loge et m'habille en vitesse. J'enfile une combinaison rembourrée, des gants, des chaussures et attrape un casque. Puis je me dépêche de monter dans ma voiture. Elle est super bien coupée, et sa couleur... Elle est jaune ! D'un beau jaune vif ! Quand j'y réfléchi, je comprends un peu que Jérôme n'ai pas apprécié que je parte en ville avec... Ce n'est vraiment pas discret ! Je monte à l'intérieur et pose mon casque à côté de moi. Je la sort du garage et roule doucement jusqu'à mon entraîneur.
– Un ami doit venir me voir, quand il arrivera dit lui de monter dans les gradins, s'il te plait.
– Ouais, je demanderais à Jeremy, ricane Jérôme en se moquant de son assistant, il a que ça à foutre de toutes façons...
– Merci ! Mais arrête de te moquer de Jeremy, le pauvre ! Tu n'as qu'à lui donner du travail aussi !
– Mouais, mais on ne change pas les habitudes d'un quinquagénaire comme ça ma grande, j'ai passé ma vie entière à tout faire tout seul, il m'encombre ! Au fait, ton ami, c'est vraiment un ami ou... ? Me demande Jérôme avec un air moqueur.
– Déjà si on pouvait être amis ça serait bien... je soupire en repensant à notre dernier échange.
– Tu me raconteras ça après l'entraînement ! Allez, en piste Noé !
Je referme ma portière en acquiesçant et m'avance jusqu'au départ. J'enfile mon casque, il a un micro et un casque audio intégrés ce qui me permet de communiquer avec Jérôme. Je l'entends justement brancher son casque et me lancer d'une voix on ne peut plus sérieuse :
– C'est parti, fais attention à toi Noé...
Pour Jérôme, je suis un peu la fille qu'il n'a jamais eue. Il s'est parfaitement bien occupé de moi depuis que je l'ai rencontré et je me doute bien que s'il venait à m'arriver quelque chose sur le circuit il s'en sentirait véritablement coupable.
– T'inquiète pas, je souffle en m'élançant sur la piste.
A peine ai–je posé le pied sur l'accélérateur que mon coeur s'emballe. La peur, la passion et l'adrénaline se mêlent dans mon cœur pour former la douce sensation de bonheur et de liberté que j'aime tant... Mes bras sont couverts de chair de poule sous ma combinaison. J'ai cette merveilleuse impression d'avoir mis des ailes à ma voiture, que je vole au dessus du circuit... Arrivée au premier virage, je prends de l'avance et tourne le plus près possible du bord de la piste. Je braque mon volant au maximum, avec la volonté de réussir, d'épater mon entraîneur. Je n'entends plus rien, le bruit du moteur n'est plus qu'un simple bourdonnement à mes oreilles. Mes yeux sont rivés sur la piste, rien d'autre ne m'intéresse. Seules restent la vitesse, et la performance. Même la peur est lointaine, je ne réfléchi plus. Je suis passée en pilotage automatique... Je redresse mon volant au dernier moment, j'ai toujours eu du mal à conduire cette voiture dans ce virage. Elle est bien plus large et lourde qu'une Formule 1, les sensations sont totalement différentes et c'est assez déstabilisant. Une fois que le virage est passé, la voix de Jérôme retentit à mes oreilles :
– C'était bien, prends moins d'avance, tu gagneras des secondes...
– Plus facile à dire qu'à faire, grincé–je les dents serrées.
Je suis grisée par la vitesse, certes, mais je reste tout de même un minimum lucide. Je m'entraîne sur ce type de voiture pas plus de deux fois par mois, et il est à peine neuf heures ! Comment pourrais-je arriver à tourner assez fermement pour faire crisser mes pneus sur l'asphalte sans finir dans l'herbe ?
– Concentre toi, et applique toi, ton ami vient d'arriver...
Je peux voir un sourire malicieux se dessiner sur ses lèvres juste au timbre de sa voix. Mon pied s'écrase une fois de plus sur l'accélérateur de ma voiture. Je mords ma lèvre inférieure comme je le fais tout le temps lorsque je conduis. Le regard rivé sur le circuit, je suis à l'état de concentration maximal. Toute mon énergie est canalisée dans un seul et même but : me surpasser.
Mon cœur s'emballe alors que le troisième virage se rapproche à vive allure. Je prends une grande inspiration, serrant fortement mon volant en me murmurant :
– Impressionne–le...
Puis je braque mon volant vers l'intérieur du virage. C'est le plus technique de tout le circuit, celui avec lequel j'ai rencontré le plus de difficulté étant plus jeune. Celui qui m'a valut des blessures, des dégoûts ainsi que de gros problèmes entre Jérôme et l'adolescente complètement folle que j'étais. Je me suis grandement remise en question à cette époque. C'est le moment où je me suis rendue compte que la vie que j'avais eue était dix mille fois plus merdique que ce que je croyais ; la période durant laquelle le moindre mot était l'objet de crises et de violences de ma part. Je n'ai pas été l'adolescente la plus cool qu'il soit – j'ai même sûrement été la pire ! –, mais Jérôme a su me gérer comme il voulait et ça m'a réussit ! Enfin aujourd'hui, ce virage est complètement à ma merci, je le passe presque naturellement, par réflexe. J'ai tant de fois fait le tour de ce circuit que je pourrais conduire dessus les yeux fermés. Mais évidemment, pour Jérôme, je prends trop d'avance ! Je relâche le frein juste quand il faut pour ne pas quitter la piste, mon visage se crispe, chaque muscle de mon corps est contracté. Je suis sûre que même ceux des oreilles sont crispés ! J'accélère dans la ligne droite, un grand sourire plaqué sur mes lèvres séchées par l'effort.
Je serais presque satisfaite de ma performance, ce qui est rare chez moi...
|NOTE DES AUTEURES |
Coucou à tous ! Alors ? Vous aimez faire des tours de circuit avec Noémie ? Pas trop le mal des transports ? Vos avis ?
On veut tout savoir ! 🌌
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