CHAPITRE 27
Version relue et améliorée
Je sors de la salle de bain et me dirige vers la pièce à vivre. L'appartement de Carter est vraiment immense, il fait presque deux fois le mien ! Quand j'y réfléchis, j'aimerais bien avoir autant de place que lui. Mais Jérôme m'a acheté mon appartement, il a une certaine valeur pour moi. D'autant plus que je n'ai jamais été très friande des grandes maisons, elles me rappellent trop celle de mes parents.
J'ouvre la fenêtre du balcon et m'assois sur la terrasse. Je noue mes cheveux bruns en un rapide chignon puis je profite du temps que j'ai pour checker mon téléphone. Je dois vérifier que Jérôme n'a pas essayé de me joindre alors que j'étais... occupée à autre chose...
Jérôme n'a rien envoyé, en revanche, j'ai un message de Zach :
– Salut Noémie ! Tu comptais t'entraîner ce matin ou prendre ta journée pour récupérer le décalage horaire ? Je vais passer sur le circuit à dix heures, ce serait cool qu'on puisse courir ensemble ! Et cet après midi, j'ai muscu avec Marc et Jérôme, je crois qu'ils vont te forcer à venir, comme ils l'ont fait avec moi... Voilà, dis-moi ce que tu comptes faire, qu'on puisse s'arranger, à plus ! Bisous !
Je lui répondrais plus tard, ça dépendra de Carter. Il doit sûrement travailler, mais je préfère en être sûre avant de dire n'importe quoi à Zach...
Ça me rappelle le lycée. John, qui était déjà majeur depuis quelques années à l'époque, m'avait prévenu qu'il venait me chercher mais qu'il ne pouvait pas ramener Zach parce qu'il était en moto. Moi, comme une idiote je n'ai rien compris. Je pensais qu'il pouvait nous ramener tous les deux. Donc, je n'ai rien dit et Zach s'est retrouvé à rentrer chez lui à pied. Les deux m'ont charriée là-dessus pendant des lustres ! Zach doit encore s'en souvenir aujourd'hui...
Même si Zach est le meilleur des camarades de classe, je n'ai pas aimé mes années de lycée. Tout le monde nous connaissait, puisque c'était John qui se chargeait de me ramener quand je n'avais pas le permis. Il était déjà assez connu à l'époque et tout le monde se demandait ce que je faisais avec lui. Moi, je voulais seulement devenir invisible dans la foule, mais être amie avec Zach ne m'a jamais facilité la tache. Qui est-ce que se débrouillait toujours pour s'attirer des ennuis ? Monsieur Zach Winson, malheureusement.
Je souris en repensant à ça... Le nombre deux fois que j'ai faillit l'étriper dans le bureau du proviseur ! Sans compter qu'après les sermons du directeur, j'avais le droit à ceux de Jérôme. Pour des bêtises que je ne cautionnais pas !
Même si, je l'avoue, c'est vraiment incroyable d'observer la cour de récréation grouillante de monde depuis le toit du lycée.
– T'es déjà debout ? Tu aurais dû me réveiller !
Je me retourne en sursautant, Carter se tient dans l'encadrement de la baie vitrée. Ses yeux sont plissés face à la lumière vive du matin.
– Oui, mais pas depuis très longtemps, ne t'en fais pas !
Il s'assoit à mes cotés, vêtu d'une chemise blanche et d'un pantalon gris de costume. Je souris en commençant :
– Bien dormi ?
– Oui, et toi ? Tu parlais dans ton sommeil...
J'ouvre de grands yeux étonnés face à cet aveu. Quelles bêtises ais-je bien pu sortir cette nuit ?
– Oui, j'ai plutôt bien dormi. Qu'est-ce que j'ai raconté ?
Je me retiens de rire, j'aurais très bien été capable de proférer des insultes...
– Ce n'était pas très clair, tu parlais de raconter des choses à quelqu'un, parce que tu étais sûre de ne plus jamais le revoir. Puis tu riais, comme si tu étais mal-à-l'aise.
Je plisse les yeux pour essayer de comprendre ses paroles. J'aimerais bien connaître la raison de ces marmonnements nocturnes.
– Tu parlais de deux mondes opposés, tu ne savais pas où te situer par rapport à eux...
Le monde aveuglé par l'amour, et celui rendu fou par la misère...
– Oh... Je vois... Fis-je en déglutissant difficilement.
– Noémie ? Ça va ?
– Oui, oui ! Assuré-je d'une voix faussement pleine d'entrain !
– Tu vois ce que c'est ?
– C'est à Jérôme que je parlais...
Il plonge quelques instants ses yeux dans les miens avant de poursuivre :
– Après que tu ais fuguée, c'est ça ?
– Ouais, fis-je avec un petit sourire doux, j'étais assise sur le pont de Brooklyn. Je devais avoir l'air horrible ! J'avais fait des tresses avant de partir, mais après trois jours des mèches folles ressortaient de partout. J'étais exténuée, je ne dormais pas.
– Qu'est-ce qu'il a fait ?
– Il voulait me ramener chez moi, mais j'ai refusé catégoriquement. Il m'a donc conduite à un orphelinat. Comme mes parents étaient encore en vie, j'ai du porter plainte pour violences. Je ne voulais pas leur mal, seulement que nos vies se séparent alors j'ai été obligée de le faire. Puis après on est passés devant le juge, et finalement ma garde leur a été retirée. En fait mon père m'a reniée, il a fait de moi une orpheline. J'ai donc été placée en foyer, mais je suis restée en contact avec Jérôme depuis l'orphelinat. Je ne voulais plus rester en foyer, je lui en ai parlé, les conditions étaient infectes. Pour te faire ça court c'était rempli d'ados qui attendaient de partir en désintox et dont l'ultime but dans la vie c'était de pouvoir à nouveau dealer. Donc il a fait en sorte de m'adopter, je suis devenue sa fille légitime, mais j'ai voulu garder mon nom ; je ne sais même pas pourquoi...
– T'as passé combien de temps en foyer ? Demande-t-il en fronçant les sourcils.
– A peu près un an, mais vers la fin, j'alternait entre chez Jérôme et le foyer.
– Et depuis tu n'as plus jamais revu tes parents ?
– Non, mes parents ce sont Jérôme et Alice, sa femme, réponds-je simplement.
Il acquiesce sans rien ajouter, je lui adresse un sourire rassurant en poursuivant :
– D'ailleurs, j'ai une course à Long Beach dimanche prochain... Enfin pas celui qui arrive, mais celui d'après ; ça te dis de venir ? En plus il y aura Devon Marks...
J'ajoute une grimace à mes propos... Cet homme et mon ancien père sont les deux personnes que j'ai le moins envie de voir !
– Ouais, je vais voir ce que je peux faire, si je pars de nuit et que je travaille dans l'avion c'est possible.
– Tu travailles énormément en fait ! Il y a des jours où tu te reposes ?
– En principe j'ai mes weekend, mais il faut que j'organise mes rendez-vous de la semaine suivante, les clients n'attendent pas.... D'ailleurs, je pars demain et jusqu'à samedi à Washington pour une négociation, c'est l'une des réunions les plus importantes de cette année. Du coup dimanche j'aurais ma journée, si tu veux qu'on la passe ensemble.
– Trois jours ! Mais tu vas faire quoi ? Juste des réunions ? Ça doit être horrible ! M'exclamé–je horrifiée.
Moi, la femme la plus hyperactive de l'Etat de New York, n'imagine même pas passer trois heures à discuter du prix de vente d'une voiture ou de l'homologation de je ne sais quelle avancée technologique. Mais alors trois jours, c'est invivable !
– C'est très intéressant, tu peux être sûre que j'en ne vais pas m'ennuyer, se défend–t–il en repartant dans sa chambre s'habiller pour partir travailler.
– Mouais... j'ne suis pas convaincue, par contre je suis d'accord pour qu'on reste ensemble dimanche. Surtout que je vais devoir m'entraîner de manière intensive jusqu'à la course, une journée de détente ne me fera pas de mal !
– Génial ! Conclut-il en enfilant sa veste de costume. Au fait, je t'emmène sur le circuit ? Comme tu n'as pas de voiture ça risque d'être compliqué pour y aller sinon...
Il semble légèrement gêné par sa question, cherchant à justifier sa proposition. Je lui souris en répondant d'un ton se voulant rassurant :
– Ça me ferait vraiment plaisir, mais t'es sûr que ça ne te mettra pas en retard sur ton travail ?
– Non, ne t'en fais pas, on y va ?
– Et ma valise ? M'inquiété–je les sourcils froncés.
– Je me débrouillerai pour te la ramener dans la soirée, mais sinon, tu n'as rien d'important dedans ?
– Non c'est bon, tu dors chez moi ce soir ou tu ne fais que poser ma valise ?
– Je passerais juste rapidement, je dois récupérer le retard accumulé ces derniers jours et j'ai encore des détails à régler avec Logan, le directeur...
– Ah... d'accord... soupiré–je un peu déçue par sa réponse.
– J'suis désolée Noémie ! S'excuse–t–il sincèrement alors que nous quittions son appartement.
– Non, ce n'est rien... c'est normal, tu fais déjà énormément de choses pour moi, tu n'as pas à t'excuser...
– Je te promets que dimanche, on sera ensemble de 00h00 à 11h59. Même si pour ça il faut que je te réveille au milieu de la nuit !
Je rigole à sa réflexion, nous montons dans sa voiture et il quitte son garage sans rien ajouter.
– Tu m'embrasseras quand même avant de partir ? Demandé–je avec un sourire malicieux au coin des lèvres.
– Tu crois vraiment que je raterais cette occasion ! Répond-t-il avec un clin d'œil.
Je ris doucement avant de sortir de la poche de mon short mon téléphone. J'envoie un SMS à Zach en lui expliquant que j'arrive puis je replace mon portable dans ma poche.
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