CHAPITRE 22
Version relue et améliorée
La journée est finie et nous descendons du bateau. Le fait de retrouver la terre ferme me donne des vertiges quelques instants mais je me ressaisis vite, sous le regard moqueur de Carter.
- Ne t'avise pas de te moquer de moi ! Le menacé-je en fronçant les sourcils.
- J'me souviendrai ! Répond-t-il en partant s'asseoir à la place conducteur de sa voiture.
Il démarre et nous nous engageons dans la circulation plutôt dense, sûrement à cause des retours de la plage...
- D'où tu roules dans la voiture d'un de tes concurrents ?
- On n'a pas misé sur le même public de vente de toutes façons, ils ont donnés des millions sur la course automobile, alors que nous on a préféré se concentrer sur les avancées technologiques des voitures électriques ! Et puis nos prix sont quand même nettement plus abordables !
- Tu dis une fois que la course automobile c'est une connerie, je te le fais regretter pendant dix ans ! Le coupé-je avant qu'il ne puisse dire une bêtise.
- Je n'ai rien dit... rigole-t-il en levant les mains en l'air en signe de soumission.
- J'espère bien !
Il éclate de rire sans quitter la route des yeux. Je l'observe, concentré sur la route au trafic dense qui s'offre à nous. Mon ventre se serre, comme les autres fois. Je souris en repensant aux paroles d'Alice : "Un jour, la réponse à ces maux de ventre te semblera si évidente que tu riras de ton innocence." Si seulement ce jour pouvait arriver rapidement ! J'ai l'impression que quelque chose m'échappe, qu'il me manque quelque chose... Alors que c'est faux, je ne veux rien d'autre que ce que j'ai déjà ! Je suis parfaitement bien, et la vie que je mène me plait.
Il y a tout de même John...
Mon cœur se serre dans ma poitrine, je lie mes poings entre eux, enfonçant mes ongles dans ma peau. J'essaie de passer à autre chose, mais dès que j'essaie, cette voix me rappelle à l'ordre. J'ai beau assurer à Carter que je ne me sens pas coupable, c'est tout l'inverse. Si seulement mon esprit pouvait me soutenir dans ma quête de l'acceptation ! Mais au lieu de ça, il m'enfonce dans la culpabilité. Je veux revenir en arrière et le laisser gagner, sans rien tenter pour le dépasser... Je veux seulement revenir en arrière, je n'arrive pas à aller de l'avant. Je stagne, j'ai l'impression d'être au pied d'un mur, je ne peux rien faire. Je n'ai pas la force d'escalader la façade qui s'élève devant moi.
Pourtant John mérite tellement plus que ça, il mérite de me voir heureuse de là où il est. Je dois lui prouver que je mérite ma place aux championnats du monde ! Je voudrais tellement lui présenter mes excuses, le prouver que je suis forte. Sauf que je ne le suis pas, mon corps est empli de faiblesses que je tente de masquer par un caractère dur. Hier, j'ai perdu mon "grand frère", et tout ce qu'il représentait pour moi s'est évanoui avec lui...
Carter se gare sur le parking de l'hôtel. Il passe une main devant mes yeux pour me tirer de mes pensées. Je tourne la tête vers lui avec un sourire et il déclare :
- On est arrivés, ça va ?
J'acquiesce à sa question et nous sortons tous les deux de sa voiture sans rien ajouter. Je souris en le regardant s'éloigner de sa voiture. Il se retourne vers moi en arquant un sourcil :
- Tu viens ? Me demande-t-il alors que je reste parfaitement immobile à côté de sa voiture.
- Toi viens, je réponds avec un petit sourire en coin au bord des lèvres.
- T'es trop bizarre Noémie... murmure-t-il en s'approchant de moi.
Je recule encore jusqu'à buter contre sa voiture. Il croise ses bras contre sa poitrine alors que je ne peux retenir le sourire qui naît sur mes lèvres.
- Fais pas l'innocent... je souffle en l'attirant plus près de moi.
- Qui a dit que j'étais innocent ? Demande-t-il en glissant ses mains dans ma nuque.
Je frissonne alors que ses lèvres rencontrent les miennes avec fougue. Mon corps s'arque contre le sien alors que mes mains remontent le long de son torse. Une puissante chaleur envahie mon corps, mes lèvres s'entrouvrent pour rencontrer sa langue dans un baiser encore plus intense. Je soupire contre ses lèvres, un sourire satisfait se dessine sur les siennes. Je romps finalement notre étreinte, encore frissonnante après ce baiser langoureux.
- Comment tu fais pour comprendre aussi rapidement ce que je veux ? Demandé-je en reprenant mon souffle.
- Moi aussi je le voulais, ne va pas croire que j'ai fait ça pour toi ! Réplique-t-il avec un sourire de vengeance au coin des lèvres.
- Tu vas dormir dans ta voiture ce soir si tu continues ! Le menacé-je en fronçant les sourcils.
- Tu sais bien que je rigole !
- Mouais... Bon, on y va ? Poursuis-je en me dirigeant vers l'entrée de l'hôtel.
Nous montons dans notre chambre où nous nous affalons sur notre lit, tous deux complètement crevés ! Je soupire longuement, m'étirant par la même occasion, avant de me redresser en déclarant à Carter d'une voix tremblante :
- Tu... tu veux que je te parle de mes parents ?
J'appréhende ce moment depuis que je le connais, celui où je vais devoir me livrer à lui... Je n'ai pas envie de lui confier ces atrocités, je n'ai pas vu mes parents depuis dix ans et ça me va très bien comme ça...
- Tu te sens de le faire ? S'enquit-il les sourcils froncés.
- En fait... non, je réponds en essayant de paraître détendue. Mais je dois te l'expliquer quand même, tu finirais par l'apprendre par le biais de Jérôme de toutes manières...
- Alors je t'écoute, m'encourage-t-il avec un petit sourire.
Je prends une grande inspiration, plongeant dans son regard argenté, avant de commencer :
- Tout d'abord, mon père est alcoolique et il s'est toujours comporté comme un sale abruti avec ma mère et moi. Ma mère s'est toujours défoulée sur moi, elle faisait passer ses nerfs sur l'enfant que j'étais en me jetant à la figure toutes les reproches qu'elle faisait à son mari. Mais ce n'est pas le pire, aux alentours de mes dix ans, suites aux violences que lui faisait subir son mari, ma mère a fait une grosse dépression, et je lui ai servi d'échappatoire durant environ cinq ans. Mais pas seulement pour des paroles haineuses, plutôt comme un punching-ball... Puis à mes quatorze ans, le 10 août, j'ai fugué, c'est là que j'ai rencontré Jérôme parfaitement par hasard. En gros il m'a adoptée mais ça a prit presque un an ! Entre temps j'ai eu quinze ans, c'est là que j'ai commencé la course automobile, alors que lui pilotait encore, il a prit de son temps pour m'entraîner à ce sport, aidé par John. Quand j'ai eu vingt ans, il a tout arrêté pour se consacrer uniquement sur ma carrière. Voilà... rien à dire de plus, c'est très simple comme histoire...
- Ca n'a rien de simple, poursuit Carter en grimaçant, je... merci de m'avoir dit ça... Tu... as beaucoup de courage, ça n'a pas du être facile de partir...
- Pendant longtemps je n'en ai pas eu envie... La vie que je menais me paraissait complètement normale, la manière qu'avait mes parents de me traiter, je prenais ça comme une preuve d'amour...
- Et tu le penses encore ?
- Bien sûr que non ! Ils ne m'aimaient pas ! Ma mère m'a gardée avec elle par pur égoïsme et je ne suis pas sûre que mon père ait un jour été assez lucide pour comprendre que j'étais sa fille.
- Merci de m'avoir dit ça... se répète-t-il tout à fait sérieux.
- C'est normal, tu mérites la vérité, je réponds avec un grand sourire.
C'est comme si un poids venait de quitter ma poitrine. Finalement, ça fait beaucoup plus de bien que ce que je pensais d'en parler... J'espère juste que ça ne me retombera pas dessus par la suite. Mais j'ai confiance en Carter, il ne dira rien, même si on arrête de passer du temps ensemble.
- On mange au restaurant ce soir ? Poursuit-il les yeux brillants d'un je-ne-sais-quoi magnifique.
- Oui, par contre je n'ai pas apporté de robe dans ma valise... je réponds avec un air désolé.
- Bon... bah ce n'est pas grave... on se débrouillera sans... soupire-t-il comme si ma robe avait une quelconque importance.
- Je peux toujours y aller en combinaison de Formule 1, continué-je innocemment.
Je sais que ça lui plaît de me voir en combinaison, il n'a jamais osé me le dire mais je le vois. Je vois ses yeux briller quand j'enlève le haut de ma tenue, laissant apparaître un T-shirt blanc couvert de sueur à moitié transparent.
- N'importe quoi ! Ricane-t-il, le regard rivé sur les draps blancs du lit.
- Ouais, je vais m'habiller normalement, t'as raison ! Quelle heure est-il ? Demandé-je en fronçant les sourcils.
Il est 19 heures, bien, j'ai une heure et demie pour me laver, me maquiller et trouver une tenue décente pour aller au restaurant. Autrement dit, je ne peux pas prendre le sweat de Carter... La vie est si cruelle parfois !
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