Piste 9

9) Left Hand Free    2:50 

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L'agression de Graham envers Cailean était survenue la semaine dernière. Ce qui faisait que Cailean avait dû se lever sept fois la boule au ventre par peur de le recroiser dans les couloirs. Il avait également mis sept fois son parfum spécial. Sept fois qu'il allait au réfectoire en picorant son repas, n'ayant plus d'appétit. Finalement, ça faisait sept fois qu'il se couchait plus déprimé que jamais. Et il ne comptait plus le nombre de fois où il avait évité Eros Ivaldi. Il avait également surpris à ces occasions, le regard désapprobateur de Tommaso Sachello. 

D'ailleurs, Cailean était totalement perdu avec ces deux-là. Ils ne pouvaient pas s'occuper de leurs affaires afin de le laisser tranquille ? Mais il mentirait en disant que la proximité avec Eros, ne lui manquait pas. Il avait presque succombé la dernière fois et s'était presque réfugié dans ses bras lorsque ce dernier l'avait prit à part pour lui demander des comptes.  Mais il se sentait trop sale pour retourner vers lui. 

Cailean n'était pas revenu en détention avec Graham pour nettoyer le restant de graffitis, il espérait que l'avertissement de Tommaso avait été suffisant. 

Le huitième matin, lorsqu'il émergea pour sortir de son lit, un vertige le saisit l'obligeant à se rasseoir sur son lit.  

Il sentait que cette journée serait particulièrement difficile, la fatigue combinée aux effets de la drogue ne laissait pas de répit à son corps. 

Finalement, il parvint à faire sa toilette et à sortir de sa chambre. Il marchait quasiment au ralenti chaque pas était un supplice. Une torture de plus. Exactement comme les fois précédentes, il ne fit que picorer quelques aliments par-ci par-là, de son assiette. De plus, au-dessus de sa tête planait la menace d'un des entraînements de Gus. Ça signifierait tout simplement sa perte. 

Alors qu'il allait accéder à la salle de classe du professeur Beitris Duncan, responsable de l'unité Joplin, il se fit tout simplement kidnapper. 

Sans même avoir le réflexe de se défendre, n'ayant reçu aucun entrainement face à ce genre de situation. Il opta pour maîtriser son souffle. Plus, il sera calme mieux ça sera. 

Déjà, il se rendit compte que ses agresseurs n'avaient pas pris la peine de lui mettre un bandeau sur les yeux. Il s'aperçut qu'ils étaient dans le placard des produits ménagers. Laissant quelques secondes à sa vision pour s'acclimater car l'ampoule était de très mauvaise facture, elle n'éclairait que très peu. 

Quand il comprit d'identité de ses ravisseurs, il éclata d'un rire nerveux. En ayant, comme une impression de déjà-vu, il se retrouva face à Eros Ivaldi et Tommaso Sachello. Mais avant d'avoir pu émettre le moindre son ou même le moindre geste, il se retrouva encerclé dans une étreinte de fer. 

Avec délice, ses narines s'imprégnèrent de l'odeur corporelle d'Eros. Elle lui avait manqué. Avec un petit sourire de contentement, il resserra son étreinte sur le corps bien bâti du jeune homme. 

Cailean Iguel se sentait à sa place et comblé à cet instant précis. Même si c'était dans un vieux placard avec une lumière clignotante, telle une parodie de film d'horreur. 

Eros ne contrôlait pas sa force et son étreinte se fit un peu trop forte surtout lorsqu'il sentit avec effarement le corps plus que frêle de son protégé. 

Cailean paniqua à cet instant précis, l'étreinte était trop possessive, trop impressionnante. Il commença à suffoquer et à paniquer. Il ne parvenait pas à bouger le moindre de ses membres. Il n'entendait plus rien à part le murmure effroyable de Graham. "Tout ira bien mon joli, tout ira bien."  Cette phrase tournait en boucle dans son esprit, son corps était plus crispé que jamais. Puis comme avec un élastique sur lequel on aurait trop tiré, il cassa. Son corps s'affaissa sur Eros. 

Il n'entendait plus rien, ne voyait plus rien, ne sentait plus rien. Seul le néant lui tenait compagnie, et sa tranquillité rassura Cailean qui l'accueillit à bras ouverts. 

Eros ne sut comment réagir quand Cailean se laissa tomber sur lui. D'habitude lui qui était réputé pour son sang-froid, était complètement démuni face à Cailean. Et ce fut Tommaso, qui a sa grande surprise prit les choses en mains. 

Sans attendre, il arracha violemment Cailean des bras d'Eros, il posa le corps sur le sol. Ensuite, il se pencha vers la poitrine de Cailean pour s'assurer de sa respiration. Tommaso poussa un soupir de soulagement quand il entendit le pouls de Cailean. 

Sans attendre, il chercha un support pour relever sa tête. Il tourna sa tête vers son ami d'enfance. 

- File-moi ton manteau!

Eros se contentait de le regarder, des questions plein les yeux. Il n'entendit même pas sa requête et resta focalisé sur le comportement plus qu'intriguant de Tommaso envers Cailean.  

Depuis quand son ami se préoccupait un tantinet de Cailean ? Il lui avait même précisé qu'il le trouvait beaucoup trop énervant. Même sa manière de respirer, le dérangeait. 

Ses pensées furent interrompues par l'arrivée d'un projectile en direction de sa tête, il l'attrapa d'un réflexe. Très bien, Tommaso venait de lui envoyer une éponge moisie. Il se ramollissait le bougre.

D'ailleurs ce dernier réitéra sa demande, lorsqu'il positionna correctement Cailean. Il demanda à Eros de s'approcher, Tommaso lui dit qu'il devait tenir la main de Cailean sans jamais la lâcher. C'est cette source de chaleur qui ramènera le plus petit à lui. 

Le sauveteur s'était assis dans un coin, en attendant le réveil du microbe. Il avait d'ailleurs coupé court à la tentative d'Eros pour le questionner. Il n'était pas d'humeur. Il se souvenait juste de ce qu'il fallait faire pour réanimer les personnes victimes de cet état de choc post-traumatique. Malheureusement, il l'avait que trop utilisé sur sa mamma

Finalement, quelques minutes plus tard Cailean revint à lui. Il se sentait perdu. Il rencontra alors les yeux déterminés d'Eros et remarqua une émotion qu'il eut du mal à saisir au premier abord. 

- Est-ce que l'un de vous deux peut m'expliquer pourquoi toi, Tommaso Sachello- il pointa du doigt son ami- et toi Cailean Iguel sembler vous connaitre mieux que je le pensais ?

Le ton d'Eros était accusateur. Il cherchait des réponses et les obtiendrait coûte que coûte. Cailean eut un petit sourire amusé qu'il ne put refréner en voyant qu'Éros était jaloux. Mais il déchanta, et se tourna vers Tommaso. 

- Je pensais que tu lui aurais dit... Ça fait quand même une semaine. 

- A ce que je sache je ne suis ni ton agent de probation, ni ta nounou alors tes histoires de cul tu les gères tout seul comme un grand garçon.

Le cœur d'Eros faillit louper l'un de ses battements et s'accéléra en simultanée que la colère qui prenait place sur ses traits. Sans attendre un mot, il se déplaça pour se mettre devant la porte. Empêchant ainsi toute sortie. 

- Me dire quoi? Je serais très curieux de le savoir. 

Le ton d'Eros était claquant, glaçant l'atmosphère par la même occasion. 

Tommaso se décala pour laisser un peu d'intimité au jeune couple en formation. Il avait glissé durant la semaine quelques remarques dégradantes concernant l'état de Cailean afin de mettre la puce à l'oreille d'Eros. Tommaso savait que son ami finirait par craquer un jour ou l'autre, il devait se tenir prêt le jour où l'agression de Cailean serait découvert par son amoureux transi. Mais Tommaso devait avouer qu'Eros avait du mal à attraper Cailean. C'est pourquoi il avait demandé son aide.  Finalement, ils avaient opté pour la manière la plus simple, l'isoler. 

Profitant d'un petit moment de répit, Tommaso grappilla quelques minutes de sommeil qui fut de courte durée car le bruit de la porte s'ouvrant en grand le sortit de sa torpeur. 

Il analysa rapidement la situation, Eros manquait à l'appel. Ça craignait. Alors qu'il venait à peine de se relever, il comprit que Cailean allait se lancer à sa poursuite. Et avant qu'il ne puisse émettre la moindre parole, il ne restait plus que lui dans le local. 

C'était à prévoir. Son ami était quelque peu irrationnel concernant le métisse. Soufflant d'agacement, il se lança à leurs poursuites. Heureusement, Cailean au vu de sa piètre condition physique n'égalait pas Usain Bolt. Ce fut donc avec une vitesse de croisière qu'il suivit Cailean en direction des appartements du concierge. Il se permit même de siffloter. 

Eros et lui étaient fais du même moule, s'ils n'avaient pas leurs bagarres quotidiennes, ils devenaient beaucoup trop irascibles. De plus, le temps que cet abruti d'Eros se mettre à agir pour intervenir auprès de sa dulcinée, il avait pu rassembler assez d'informations  sur le fameux concierge. Suffisamment pour avoir de solides moyens de pression. De plus, il serait une mule parfaite pour leur petite entreprise. 

C'est Giacomo qui sera content, lui qui s'ennuyait dans sa tour d'Ivoire. Des bruits de lutte, lui parvinrent aux oreilles, il activa un peu le rythme en même temps que Cailean. L'un était effrayé que le brun (Eros) ait des problèmes, tandis que l'autre avait hâte de sentir le goût du sang sur sa bouche quand il en aura terminé avec sa proie. 

- Je vais te défoncer la gueule, Vieillard ! T'entends ? Tu vas manger de la bouillie pendant plusieurs mois ! 

Eros était déchaîné, personne n'avait le droit de toucher à Cailean. Son protégé. A lui. Jamais, il ne pardonnerait à Graham d'avoir entaché sa pureté. L'ancêtre était à genoux, Eros lui maintenait la tête grâce à ses cheveux qu'il tirait en arrière. 

Sa main droite rencontra plusieurs fois de suite le visage du dégénéré sexuel, inscrivant les marques de sa chevalière sur sa face ridée. 

Alors que Tommaso allait rejoindre son ami pour le soutenir dans ce loisir plus qu'appréciable, une voix se fit entendre. 

- Stop

Na :

Et à la prochaineeeeuuuhhh

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