Piste 7
7) Wish you were here 06:32
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Le début de soirée était rapidement arrivé...
Cailean était en face du bureau de Graham. Réticent, il frappa mollement à sa porte. Il n'eut pas à attendre longtemps. Un homme mal entretenut apparu devant lui.
- Tu dois être Cailean Iguel, c'est bien ça?
La voix du concierge était rauque, beaucoup trop pour que ça paraisse normal. Deux secondes plus tard, il eut une quinte de toux.
Il devait certainement sa voix à l'abus de cigarettes. Il n'attendit d'ailleurs pas la réponse de Cailean pour sortir son paquet de la poche. Alors qu'ils étaient toujours sur le pas de la porte.
- Oui, j'ai été envoyé par Glen Law.
-Très bien suis-moi, ta corvée se fera à l'extérieur.
Sans attendre l'homme qui dégageait une odeur malodorante d'eau de cologne mélangée à de la transpiration, s'avança vers les portes extérieures.
Cailean dans un réflexe, frissonna et referma ses bras autour de lui. Il avait un mauvais pressentiment mais n'ayant pas le choix, il suivit à contre-coeur l'homme.
Ils s'arrêtèrent dans un coin reculé, abrité par de nombreux arbres. Cailean avait du mal à distinguer son environnement, le soleil c'était presque couché. De plus le ciel était parsemé de nuages épais qui rendaient l'atmosphère lourde et pesante.
Finalement, il parvint à distinguer un mur, il en déduisit que c'était le mur du bâtiment de l'administration. Des tags recouvraient la peinture beige de celui-ci. Presque apeuré, il se retourna vers Graham, l'homme s'était d'ailleurs rapproché du plus jeune en silence et se trouvait beaucoup plus près que prévu. Effrayé, il fit un pas en arrière.
- Tu vas devoir débarrasser dans la totalité les tags de ce mur.
Graham avait répondu à sa question silencieuse avec un petit ricanement. Cailean n'arrivait pas à assimiler entièrement toutes les informations parce que son instinct lui criait de fuir à toutes jambes. Peu à peu, il revint à lui, il pensa que c'était tout bonnement impossible de le nettoyer en une seule heure, ou même en une soirée. Ça lui prendrait des jours entiers.
Il releva la tête vers son interlocuteur et la lueur sadique qui vacillait dans son regard ne faisait que lui confirmer ses soupçons. Ce vieillard était fou. Il osa tout de même énoncer une évidence:
- Comment je fais pour le nettoyer? Je n'ai pas de produits.
- Tu en trouveras dans la petite cabane là-bas.
Il pointa du doigt un endroit reculé dans la forêt qui était à proximité.
-Le puit est de l'autre côté du mur.
Cailean hocha doucement la tête et partit en direction de la forêt, sentant sur lui un regard plus qu'insistant, il se retourna pour apercevoir Graham le reluquer d'une manière inappropriée.
Nerveux, il parvint à la petite dépendance et prit ce qu'il lui fallait. Il revint devant le mur et s'attaqua aux différents graffitis. Ses gestes étaient saccadés, imprécis. Graham n'avait pas quitté son poste d'observation, c'est-à-dire un banc en béton. Il ne le lâchait pas des yeux. Immobile, seul son regard se mouvait en fonction de ses propres mouvements.
Le temps passa... Cailean avait conscience que le couvre-feu allait bientôt arriver. Si un des membres du corps enseignant trouvait un des jeunes dehors alors que le couvre-feu était passé, celui-ci s'exposait à un blâme accompagné de cinq heures de retenue.
Le soleil s'était couché depuis un petit moment, Cailean avait du mal à distinguer les graffitis à cause de la pénombre. Il n'osait même pas faire une réclamation au concierge, qu'il le mettait mal-à-l'aise.
Soudainement sans qu'il ne s'y attende, il se retrouva violemment plaqué contre le mur. Sa joue gauche était littéralement aplatie contre la matière rugueuse. Un corps était contre le sien, l'empêchant le moindre mouvement. Tétanisé, il ne chercha pas à s'enfuir.
Puis, Cailean sentit que la personne derrière lui bougeait. Il ferma les yeux, essayant de reprendre une respiration normale pour calmer sa panique.
Il réfréna des larmes lorsque ses oreilles frémirent sous un souffle putride. Une main passa dans ses cheveux de manière douce et délicate. Ce qui augmenta sensiblement la terreur qui l'habitait.
- Chuuut... Chuuut mon joli. Calmes-toi. Ça serait dommage s'il t'arrivait quelque chose de fâcheux. Maintenant, tu vas me dire tout ce que tu sais sur ton petit copain Eros et le reste de la mafia.
Cailean gémit sous la douleur, sa joue devenait de plus en plus brûlante. C'était difficilement supportable. Il essaya de répondre alors que sa bouche était plus que pâteuse.
- Je ne vois pas de quoi vous parlez.
La voix de Cailean était presque un murmure, Graham dû pencher son visage vers le plus jeune pour entendre la fin de sa phrase. Apparemment sa réponse ne lui plaisa pas car il releva légèrement la tête de Cailean pour la rabattre durement contre le mur. Créant ainsi un saignement plus qu'important.
-Je ne te conseilles pas de te foutre de moi! Je t'ai vu faire la petite pute avec Eros! Tu pensais que vous étiez discret ? Mais j'ai tout vu. Mens encore une fois et tu feras la pute avec moi.
Graham eut à cet instant l'intention de faire un geste plus que déplacé alors qu'il rapprochait son corps de manière indécente, il fut violemment interrompu dans son élan.
Le concierge se retourna vivement pour se rendre compte que son agresseur n'était personne d'autre que... Tommaso Sachello.
Graham sentit qu'il allait avoir de gros problèmes, c'était une chose de s'en prendre aux plus faibles de l'organisation mais se retrouver à l'un des fils des dirigeants, c'en était une autre.
Un violent coup de poing rencontra son visage, le faisant vaciller. Tommaso en profita pour l'attraper par l'encolure afin de le plaquer au sol.
Le plus jeune en profita pour immobiliser le vieil homme d'un pied déposé sur son dos. Il se permit de se pencher pour lui murmurer quelques mots.
- Cailean fait partie de la mafia. Touches-le encore une fois et tu auras affaire à toute l'organisation. Et ça fait un petit moment que je n'avais tué personne. Ça commençait à me manquer.
L'italien se releva et cracha au visage du vieil homme.
-Vieux con.
Sans attendre, il se dirigea vers la forme tremblotante de Cailean.
- Suis-moi et arrêtes de chialer, t'as plus six ans.
Trop hébété, Cailean se releva en suivant son sauveur quelque peu grognon, qui ronchonnait dans sa barbe.
- On ne plus être tranquille dans cet endroit de merde. Putain fait' chier.
Il se passa la main dans ses cheveux dans un vieux réflexe. Cailean suivait en silence Tommaso sans savoir où ils allaient. Il observait juste qu'ils s'enfonçaient plus profondément dans les bois. Mais l'écossais n'était pas effrayé. Malgré l'air plus que rude de Tommaso.
Ils arrivèrent finalement sur un énorme rocher sur lequel reposait le sac de l'autre garçon.
Il suivit le mouvement quand l'italien grimpa sur une mini-montagne.
En grimpant, il s'aperçut qu'il avait une vue sur l'endroit où ils étaient avant. Cela expliquait comment Tommaso était courant du comportement pervers de Graham. Mais ça n'expliquait pas pourquoi il était intervenu.
Jamais le moindre signe de sympathie n'était apparue entre eux.
Tommaso qui farfouillait dans son sac, en sortit un joint finement préparé avec soin.
Avec une dévotion presque surréaliste, Tommaso l'alluma et en prit une bouffée.
Il s'allongea sur l'énorme caillou, le joint toujours dans sa bouche. Un petit sourire satisfait était présent sur son visage. Dans un geste de bonne volonté, il le présenta à Cailean
- Tu en veux, microbe ?
°°°
Et ça coupe ici, aha!
J'ai choisi de le couper à ce passage parce que ce moment se déroule sur deux chapitres (sinon ça aurait été trop long)
Considérez ça comme un amuse-bouche !
La suite dans le prochain épisode.
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