AUBÉPINE (conte) (17 ans)

Conte - écrit du 11 au 13 juin 1984)

- Dis, papa,j'ai fait un rêve cette nuit. Pourrais-tu me l'expliquer ?
- Raconte-moi ton songe, je te dirais.
- Dans mon rêve, quelqu'un, un homme, un jeune, marchait seul et triste. Il suivait la voie du destin sans savoir où elle le menait. À l'aube, ayant marché toute la nuit, il arriva devant un immense temple de marbre aux longues colonnes. C'était un temple d'où s'échappait toute la beauté simple de l'amour et toute la pureté des visages de la nature. Le jeune homme se pencha sur la première marche du grand escalier, à l'entrée du temple. De sa main, il effleura le marbre de cette première marche, et, subitement, il mourût ! Peu après, de son corps, une silhouette parut s'extraire ; le jeune homme sortît de lui-même ayant décuplé de grandeur et de beauté. Il se leva, poursuivit sa route, et de tout endroit du monde où il alla, l'esprit du temple semblait veiller sur lui. Raconte-moi, papa, s'il te plaît, explique-moi ?
- Écoute cette histoire, mon trésor :
« Un enfant, après de longues tristesses, s'était agenouillé près d'un bois. Là, il pleurait parce que l'être le plus cher à son cœur ; sa maman ; n'appartenait plus à son monde. N'ayant plus personne à qui confier ses chagrins, n'osant aller voir son père de peur que celui-ci ne le compris pas ; car il croyait que son père était indifférent à son malheur ; un matin, il partit de chez lui pour aller vivre définitivement dans le bois. Réfugié parmi les arbres et les fougères. Il se fit oublier, caché secrètement, pleurant ses souvenirs. Il contemplait les chênes aux feuilles d'or où le soleil se reposait. Il respirait les mille parfums de fleurs aux couleurs rubis, de nuages, de l'eau fraîche, aux couleurs de la vie... et pourtant, rien ne le faisait sortir de ses larmes.
Après des jours et des jours à vivre au même rythme que les plantes, les battements de son cœur se firent plus faibles, sa peau devint verte, et, il finit par métamorphoser son corps en un long et beau rosier, apaisant ainsi son esprit. Alors, il put voir les fées. »
- Sais-tu ce qu'est une fée, mon cœur ?
- Oui ! J'en ai même vu hier dans le jardin. Elles étaient toutes affairées à soigner eta panser les plantes. C'est leur rôle, n'est-ce pas ?
« Les fées... elles s'approchaient de lui, le caressaient, l'aidaient à s'épanouir. Il en était une en particulier, la plus belle, qui ressemblait à sa maman. Peu à peu, il appris à la connaître et à l'aimer. Souvent, elle s'asseyait près de lui et lui contait des histoires ou lui jouait du violon faisant couler sur ses feuilles un ruisseau de paix. Il était heureux. Il avait retrouvé une maman. Pourtant, se transformant en plante, il avait du abandonner sa liberté et ses ailes n'étaient plus que des bourgeons oubliés [ Il fut un temps ancien aujourd'hui oublié où les hommes avaient des ailes. Mais leur volonté de vouloir tout posséder, tout contrôler et maîtriser les a puni : leurs ailes étaient de nuages et de rêves. Brisant leur rêves, ils brisèrent leurs ailes, et à jamais, ils restèrent attachés à la terre. ] Maintenant, ses ailes lui manquaient. Il demanda à sa fée :
- Elia (ainsi se nommait-elle), je suis heureux ici, mais...
- Mais tu voudrais retourner chez-toi, revoir ton père et retrouver tes ailes.
- Oui Elia !
- Tu peux partir. Tu es libre. J'attendais ce moment pour te le dire. Chaque vie à son chemin. Tu as suivi le tien et l'heure est venue pour toi de re-découvrir ton monde.
- Elia, je ne comprends pas !
- Il faut que tu vives, éveille ton cœur et crie à tout ceux que tu verras que ta maman n'est pas morte, que c'est elle qui te l'a dit. Ton rôle à toi, c'est de montrer la beauté, de faire découvrir la vie. Va, mon fils !
Pour la première fois, Elia lui avait parlé personnellement. Elle s'était adressée à lui et a nul autre que lui.
- J'ai préparé un élixir, reprit-elle, bois-le ! C'est le seul moyen de briser le charme qui t'as fait végétal avec le temps.
Violemment, ses fleurs tombèrent ; ses épines éclatèrent ; ses tiges s'unifièrent et las, il s'évanouit. Dans son jardin merveilleux, il s'éveilla enfant !  Il regarda autour de lui. Les fées étaient encore là. Il en fut étonné. Désormais, elles veilleraient toujours sur lui. Il baissa les yeux ; offrit ses ailes au vent et s'envola pour la maison de son père. Celui-ci, voyant son fils de retour, sécha ses larmes et l'embrassa de tout son cœur. L'enfant redécouvrit la vie. Il se mit à écrire, à jouer de la musique. Il apprit la danse. Il apprit l'amour. Il y avait près de lui, une fée ! »
- Vois-tu, mon cheri, à l'image de ce petit garçon qui à redécouvert la vie grâce à une fée, le jeune homme de ton rêve a redécouvert, en se penchant sur la première marche du temple, la vérité pure, celle des fées, celle des anges, celle des enfants, et en un mot, celle de l'amour et qu'il te faudra garder toujours, tant qu'il te restera un peu de sève dans les veines.

Dans un bois, au nouveau jour d'été, il y avait deux rosiers en fleurs. Le plus grand, aux roses rouges, semblait s'incarner de la bienveillance d'un père pour le plus petit, tout éclatant de ses roses blanches, épanouis de curiosité et d'émerveillement, comme il aurait posé une multitude de questions. Et le grand rosier rouge accompagnait sa croissance comme s'il lui racontait... les fées.

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