Je ne sens plus mes mains. Ni mes pieds. Mes habits sont comme une nouvelle couche de peau collante qui m'attire vers le fond. Malgré la fatigue et le froid, je tente de tenir debout, car l'eau est montée jusqu'à ma poitrine, et me serre comme dans un étau.

Je respire difficilement, j'essaie de trouver un appui sur la roche pour monter et avoir un sursis dans la montée de l'eau.

Peut-être qu'à un moment, l'eau s'arrêtera de monter ? Ce doit être la fin de la marée non ? Je n'y connais strictement rien... Et le froid m'empêche de réfléchir.

Mes dents claquent, je glisse contre la paroi et me rattrape au crochet pour ne pas me faire engloutir. Je hoquète, essaie de tenir sur mes jambes engourdis, alors que j'ai l'impression d'être anesthésiée. Le froid glace chacun de mes os, comme je ne l'ai jamais été. Même mes mains couvertes de plaies tout à l'heure sont engourdies à force d'être dans l'eau. Je n'ai pas la force de les lever pour avoir moins froid.

Je m'appuie tant que je peux, lève le menton pour respirer comme je peux, alors qu'une nouvelle lame de froid m'attaque et me fait tomber à la renverse dans le froid.

J'hésite à me relever. Pourquoi après tout ? Je vais quand même finir par mourir noyée ici, alors quelques minutes de plus ou de moins...

Mes poumons semblent au bord de l'implosion, contractés pour garder de l'air qui ne me sort plus à rien, je me laisse couler au fond de l'eau qui paralyse mes membres.

Mais l'instinct de survie est trop fort, tant bien que mal je finis par crever la surface. Je tremble de tous mes membres, mais j'avale les précieuses gorgées d'air qui me fait survivre. Mon cœur bat plus vite qu'avant, engourdi lui aussi, et je voudrais pleurer, mais je n'ai plus de force.

La force de ce qu'il m'arrive me secoue alors que l'eau submerge mon cou et que je me mets à me débattre dans l'eau plus qu'à nager pour gagner du temps. Mais je ne peux pas me leurrer.

Je vais mourir ici.