"À la meilleure des époques"
NA : Finalement, j'ai décidé de séparer le dernier chapitre en deux, pour laisser un peu de suspens, et faire durer le plaisir. Enjoy !
"Joyeux anniversaire, Mr Holmes. J'ai un cadeau pour vous. Vous ne pouvez pas refuser à une femme le plaisir de vous l'offrir. Allons dîner."
Irène relit le message qu'elle avait envoyé quelques jours plus tôt sans obtenir aucune réponse. Un soupir déçu s'échappa de sa gorge avant qu'elle ne parvienne à le contenir. Elle y avait pourtant cru.
Holmes a peut-être raison. Ça n'est peut-être qu'une faiblesse...
Son visage se durcit. La froideur de sa pensée la frappa subitement ; depuis quand appelait-elle le fameux détective par son nom, et seulement par son nom ? Elle songea avec amertume qu'une telle désignation témoignait certainement de son ressenti. De sa colère. Et peut-être aussi, d'un peu de chagrin. Irène, assise au fond d'un pub, se remémora cette nuit où Sherlock lui avait enfin, et pour la première fois, répondu. Bien évidemment, pour lui, le message était arrivé au petit matin ; Irène étant à l'autre bout du monde. Mais ils avaient parlé. Longtemps. Ils avaient joué, et s'étaient divertis. Le temps d'une conversation, ils en oubliaient l'ennui. Un ennui permanent. Mais Irène avait toujours su que cet ennui ne durerait pas pour le détective. Il voulait mettre un terme à la suprématie de Moriarty. Il voulait éliminer son réseau. Et Irène avait su qu'avec cet ennui disparaissant, elle serait progressivement évincée, elle aussi. Comme une vulgaire distraction. Peut-être était-ce qu'elle était vouée à rester. Une distraction. Un jeu. Un plaisir. Mais toujours éphémère. Cette fatalité n'avait jamais dérangé la Dominatrice. Mais à cet instant, Irène n'avait plus rien de cette professionnelle du sexe qu'elle avait été. Elle ne connaissait plus que l'ennui, et aujourd'hui, cette affreuse sensation de regret.
Le regret d'être partie. Le regret d'avoir menti. Le regret d'avoir trop joué. Le regret d'avoir triché. Le regret d'avoir perdu. Elle s'apprêtait à plonger son regard dans le tourbillon qu'elle venait de créer avec la mousse de son café lorsque sa main saisit l'objet coupable de tous ses maux.
"Je pourrais le refuser à une femme. Mais je ne peux me résoudre à le refuser à La Femme. Allons dîner."
"Dîner..." murmura la dîte femme. Et elle sourit.
...
Lorsque John entra ce soir là, Rosie dans ses bras, il sentit immédiatement que quelque chose n'allait pas. Il appela d'abord Mrs Hudson, mais elle ne répondit pas. La petite Rosie ne fit aucun bruit, les tensions de son père n'étaient que trop perceptibles. John reserra son emprise sur sa fille. Personne ne prendrait plus jamais un seul membre de sa famille. Plus personne ne le priverait de sa famille. Il se l'était promis. Et plongeant son regard dans les yeux de son enfant, il reconnu Marie. Il ne laisserait personne lui enlever quelqu'un d'autre. Sa femme ne devait pas être morte en vain. Et sa femme était la dernière perte qu'il subissait.
La porte n'avait pas été forcée. John n'était peut-être pas aussi observateur que son grand ami, mais après toutes ces années à ses côtés, il avait appris certaines choses. Le diable se cache toujours dans les détails. Si la porte n'était pas forcée, il n'y avait qu'une seule explication : Mrs Hudson ou Sherlock devaient connaître l'assaillant. John entra dans la cuisine de son ancienne logeuse et l'appela à voix basse. Une fois encore, il n'obtint comme réponse que le silence de l'appartement. De l'immeuble entier. Sans un bruit, il commença à monter le long du vieil escalier en bois qu'il avait si souvent arpenté. Un instant, une certaine nostalgie s'empara de lui. "À la meilleure des époques..." lui avait un jour dit Sherlock, alors qu'ils devaient supposément ne plus jamais se revoir. Il chassa ce souvenir de son esprit en croisant le regard de Rosie. La meilleure des époques se devait d'être devant lui. Il caressa sa joue de bébé. Il la sentit se détendre contre lui.
John se trouvait maintenant face à la porte de leur appartement, étrangement entrouverte . Il regarda sa montre. À cette heure-ci, quand Sherlock n'avait pas de client -et il était évident qu'il n'en avait pas- il s'asseyait sur son fauteuil, porte fermée et laissait son esprit divaguer. Les jours où il était d'humeur plus joyeuse, il composait et la porte restait ouverte, Mrs Hudson en profitait toujours pour venir l'écouter. Même si elle ne l'avouerait jamais, John savait qu'elle aimait les observer tous les deux lorsqu'ils se chamaillent. Elle se sentait responsable d'eux. Liée à eux.
Mais la porte n'était jamais entrouverte. John avança dans le salon. Le plateau de thé était encore sur le bureau. Il effleura la tasse la plus proche du fauteuil de Sherlock. Tiède. Mais l'appartement était vide.
"Sherlock ? Si c'est encore une de tes plaisanteries, tu dois savoir qu'elle est loin d'être drôle ! Quant à vous Mrs Hudson, je ne pensais pas que vous laisser seule avec notre sociopathe de haut niveau vous corromprait à ce point... que Sherlock joue à cette partie de cache cache passe encore ! Mais vous, Mrs Hudson ! Vous...!"
Mais le 221B restait désespérément vide. Seul le baillement presque imperceptible de la petite Rosie vint rompre le silence devenu oppressant. Alors John composa le numéro de Lestrade. Mais Greg ne répondit pas.
J'espère que ça vous a plu ! Le prochain chapitre sera définitivement le dernier, désolée La_Chapeliere ! 😆
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