5 🌻

« J'aimerais que tu restes ici, avec moi. Je ne sais absolument rien de toi mais tu réveilles quelque chose de puissant et intense à l'intérieur et je veux vivre ce frisson chaque jour avec toi jusqu'à ce que tu te lasses de ma personne. »

La pluie battante s'était arrêtée depuis une bonne trentaine de minutes et les bruits apaisants des grillons faisaient presque somnoler les deux amants.

Ava n'avait rien répondu quant à la demande de celui qui venait de la combler sexuellement. Elle réfléchissait, évaluant le pour et le contre de vivre ici, avec lui et totalement libre.

Tant de choses la retenaient ailleurs mais, dans cette maison de bois et de briques entourées de tournesols, elle se sentait libre. Elle respirait enfin.

— C'est d'accord.

— Hein ? sursauta l'homme assoupi.

— D'accord. Je vais rester ici, avec toi Pierre.

Ce dernier frotta son crâne chauve par gêne avant de lui sourire et d'embrasser son front. Il ne savait pas qu'elle âge elle avait, il se doutait qu'elle était bien plus jeune de que lui mais ça ne semblait pas l'importer elle, ni lui. Il ne connaissait rien de son passé et, même s'il avait la possibilité de savoir qui elle était en regardant les informations, il ne le ferait pas. Il savait qu'un jour elle lui dirait tout.

La seule chose qu'il désirait absolument connaître à cet instant, c'était son prénom.

Mais alors qu'il allait lui poser la question avec hésitation, la jeune femme se releva soudain d'entre ses bras, à l'affut. Elle avait les paupières plissées et son aura avait changé : elle ne dégageait plus de désir charnel mais de l'animosité.

Ava glissa sa main vers la table basse où son arme trônait alors que le visage de Pierre était couvert d'incompréhension.

— Tu m'as dit que tu avais une arme, chuchota-t-elle. Où est-elle ?

— Dans la cuisine. Pourquoi ?

— Va la chercher, lui ordonna-t-elle.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Les grillons font moins de bruits et... mon sixième sens est en alerte. Va chercher ton arme Pierre.

L'homme se redressa doucement, embrassant malgré tout le front de la blonde fronçant les sourcils. Il se leva du canapé, attrapa son boxer au passage pour l'enfiler et commença à se diriger vers la cuisine.

*CLIC*

Il s'arrêta net.

Ava, son M36 à la main, prit une grande respiration et fixa l'entrée de la maison, cachant son corps nu derrière le canapé.

*BOOM*

La porte d'entrée fut défoncée en un instant par deux hommes habillés en costumes rouges et noirs, armés de Glock et tirant sur vers la cheminée et la cuisine.

Pierre se réfugia à temps derrière le mur séparant la cuisine du salon alors que Ava s'était recroquevillée dans le canapé.

— Sors de ta cachette petit canari ! s'écria un des hommes. On sait que tu es là !

— Comment m'avez-vous retrouvé ? s'exclama Ava en tendant discrètement son pied vers la sangle au sol contenant ses munitions.

— Ton collier de fleurs blanches était équipé d'un deuxième traceur ! Tu crois vraiment que le patron n'a pas pris toutes les précautions pour s'assurer de garder sa future femme ?

Ne réussissant pas à attraper sa sangle, la jeune femme releva la tête vers Pierre qui avait pu récupérer son fusil à pompe et le charger. Elle lui montra sa main, lui demandant silencieusement combien il y avait d'hommes dans la pièce tout en continuant à les distraire.

— Et après il s'étonne que personne ne lui fasse confiance ! Il n'arrive même pas à garder sa future femme.

— Dit le petit canari pur et innocent qui a buté le prêtre officiant son mariage !

Pierre put discrètement repérer quatre hommes se tenant devant la porte d'entrer et faire signe à Ava avant qu'une balle ne soit tirée à quelques centimètres de lui.

— Restez à votre place, monsieur le fermier ! cria un autre homme. Vous êtes déjà bien dans la merde en ayant recueilli cette femme, si en plus vous la protégez nous serons obligés de vous tuer.

— Qu'est-ce que vous allez lui faire ?! s'écria Pierre ressentant une pointe de courage dans la voix.

— Si le canari se rend docilement, elle repartira avec nous et deviendra enfin la femme du boss. Si elle résiste, on sera obligé de la blesser. Pas mortellement mais suffisamment pour qu'elle obéisse. Et bien sûr le reste dépend de vous monsieur !

— Ou alors vous nous la livré, rajouta le premier homme. On est passé dans votre champ et c'est une sacrée plantation de cannabis que vous avez bien caché ! Le patron serait prêt à vous payer pour vos services si vous nous livrez le canari. Alors ?

Ava secoua la tête, lui faisant comprendre le mensonge dans les propos de leurs assaillants. Pierre fronça les sourcils en répondant avec agressivité :

« Votre argent, vous pouvez vous l'enfoncer profondément dans le cul ! »

Pierre sortit à ce moment-là de sa cachette pour tirer avec son fusil à pompe et réussit à toucher un des hommes dans la poitrine. Les trois autres se mirent à tirer vers lui jusqu'à ce que Ava ne sorte la tête du canapé pour leur tirer dessus à son tour et en toucher un à la tête par la même occasion.

Tous se cachèrent à nouveau pour recharger alors que des débris de bois et de verre jonchaient sur le sol du salon. Ava ouvrit son chargeur et constata qu'il ne lui restait que deux balles. Pile le compte pour finir ces deux assaillants, en plus des balles de Pierre.

Elle tourna la tête vers lui, s'attendant à voir de la peur dans les yeux de son hôte mais fût surprise par son sourire la rassurant et lui faisant comprendre que malgré la situation qu'il ne comprenait pas, il serait toujours de son côté.

Elle lui rendit son sourire avant d'écarquiller les yeux en remarquant enfin l'autre porte dans la cuisine, menant vers l'extérieur.

« PIERRE ! » s'écria-t-elle en voyant le bout de costume d'un autre homme pénétrer dans la cuisine, juste derrière son amant.

Un coup de feu retentit et Pierre s'écroula au sol alors que Ava se releva, les seins à l'air, pour tirer dans la poitrine de celui venant de blesser l'hôte de maison.

Elle se rebaissa rapidement pour éviter les balles de ses deux derniers ennemis avant de se relever de l'autre côté du canapé et de tirer dans la jambe d'un des hommes qui tomba à genoux en criant.

Ava expira longuement avant de lâcher son arme vide et de saisir un gros morceau de la table en bois s'étant découpée suite à l'impact des balles. Elle courut jusqu'aux deux hommes surpris de la voir entièrement nue, se servit du tapis pour glisser jusqu'à l'un d'eux et planter le bout pointu du bois dans son entrejambe.

Le dernier tenta de lui tirer dessus mais elle se servit du corps de celui venant de succomber comme protection. Elle attrapa le Glock au sol et tira avec la dernière munition dans le ventre de son ennemi qui s'écroula au sol.

La jeune femme se releva, couverte de sang de ses opposants et grimpa sur le torse de celui peinant à retenir son sang de couler. Elle attrapa un bout de vase éclaté non loin au sol avant de fixer pendant une seconde la fleur de tournesol gisant, trempée et couverte de sang.

— On a peut-être raté notre occasion mais d'autres te retrouveront, canari !

— Essaie de ne pas rater ta mort.

Elle planta la porcelaine tranchante dans la gorge de son ennemi et, malgré le sang giclant sur son corps nu, elle tenue bon jusqu'à qu'il ne bouge plus.

Le silence s'abattit soudain sur la maison.

Ava expira un grand coup avant de se relever en vitesse et de courir jusqu'à Pierre tout en prenant soin de ne pas marcher dans les débris.

L'homme était allongé sur le carrelage de sa cuisine, le sang ayant déjà bien coulé de sa blessure fatale. La jeune femme le regarda avec peine alors qu'il tentait d'articuler pour ses derniers mots.

— C-Comment tu t'appelles ?

— C'est vraiment ce que tu veux savoir ? Alors que tu vas mourir ?

— S'il te plait.

— Pour toi je suis Ava. Tu n'as eu qu'un aperçu de l'autre moi mais celle qui était dans tes bras c'était Ava, à jamais.

Pierre lui sourit lorsqu'elle lui accorda un dernier baiser et ferma ses paupières lentement après qu'il eut rendu son dernier soupir.

La jeune femme expira bruyamment, sentant un pincement au cœur, mais ne pleura pas ni ne ressentit une quelconque tristesse. Elle était juste extrêmement déçue que l'aventure avec Pierre n'ait pas pu aller plus loin.

D'une démarche lasse, elle alla jusqu'à la salle de bain se laver et se mit à réfléchir à toute la soirée vécue à ses côtés jusqu'à ce qu'un miaulement écourte sa douche.

« Tu es toujours en vie toi ? Ça te dirait de poursuivre le voyage avec moi ? » demanda-t-elle à la petite chatte Maine coon la regardant avec curiosité.

Ava passa les deux heures suivantes à remplir un sac de voyage, trouvé dans la chambre de Pierre, de nourriture en conserve, chemises trop grandes pour elle mais qu'elle pouvait attacher comme une robe, et surtout d'argent qu'elle avait trouvé dans un tiroir. Surement l'argent de la vente de cannabis vu l'extravagante somme.

Elle y rangea également son arme, la boite d'herbe, une grande portion de graines de tournesol et enfin, de la nourriture pour chat pour nourrir sa nouvelle compagnonne.

En passant devant la cuisine, la chatte dormant dans son sac, elle regarda une dernière fois le cadavre de Pierre puis l'enjamba pour récupérer des produits ménagers hautement inflammable et arroser tous les cadavres et toutes les pièces de la maison jusqu'à l'entrée dehors.

Ava resserra sa robe/chemise et enfila ses talons de mariée en vérifiant bien qu'il n'y avait pas un autre traceur dans ses chaussures. Elle porta le gros sac de voyage sur son épaule et soupira en sortant le zippo et un joint qu'elle s'était fait avant de quitter la maison.

Elle se l'alluma et tira plusieurs taffes en repensant à Pierre et leur acte charnel. Tout ce qu'elle aurait pu vivre avec lui, jusqu'à se résoudre à ce que sa vie ne soit que cavale. Elle ne ressentirait plus jamais autant de liberté qu'avec lui.

Le joint encore chaud, elle le lança à l'intérieur d'une fenêtre qu'elle avait volontairement laissée ouverte. Elle partit en direction de la forêt et, à mi-chemin dans le champ de tournesol, elle entendit la maison de Pierre prendre feu.

Mais elle ne se retourna pas. Elle caressa la tête du chaton hors du sac avant de reprendre la marche et de se murmurer à elle-même :

« Adieu jours de débauche. »



FIN



🌻🌻🌻

Merci d'avoir lu cette nouvelle érotique "Adieu jours de débauche" ! J'espère que l'histoire vous a plu et que votre lecture a été agréable. Si c'est le cas, n'hésitez pas à voter pour tous les chapitres et me laisser votre avis en commentaire !

Quand j'écris des nouvelles, c'est toujours des défis sur un week-end : j'ai l'idée le samedi matin et j'écris jusqu'au dimanche soir. Ça me permet de tester mon rythme d'écriture, ma créativité et ma rapidité de recherche... Et sur mes trois nouvelles, celle-ci fût la plus concluante en terme de résultats !

J'ai beaucoup aimé faire vivre la relation Pierre/Ava et créer ces deux personnages singuliers : Pierre est un agriculteur un peu particulier (des graines de tournesols et de la marijuana, quand même !) qui accepte facilement l'imprévu et, même s'il est perturbé par l'arrivée de la fournaise qu'est Ava chez lui, il se jette dans le bain de lave et prend son pied ! Quant à Ava, dont le prénom signifie "oiseau" (en référence également au fait que ses ennemis utilise son surnom de base, "canari"), elle est et reste toujours secrète même à la fin de cette nouvelle. On sait seulement qu'elle est célèbre, dangereuse, a une soif de liberté et est EXTRÊMEMENT CHAUDE.

Peut-être qu'en réalité cette nouvelle n'est qu'un prologue à une histoire sur cette mystérieuse Ava ? 😉 Seul l'avenir nous le dira !

On se retrouve bientôt dans mes autres histoires et si vous avez vraiment aimé cette nouvelle, n'hésitez pas à la partager sous le manteau autour de vous !

Des bisous brûlants,

- Anthéa Viki



Une histoire originale d'Anthéa Viki. Tous droits réservés. Article L. 111-1 du CPI : l'auteur d'une œuvre de l'esprit jouit sur cette œuvre, du seul fait de sa création, d'un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous.  

Ecriture le 29 décembre 2018 / Fin d'écriture le 30 décembre 2018

Publication le 19 janvier 2019

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