UN
Miss You - Michael Ortega. (En média).*
*Version Wattpad
"I always thought you'd be there, walkin' by my side.
Now I'm just tryin' to make it through another night
But it's so hard to look back 'cause every second feels so wrong."
Waking Up Without You – Michael Schulte.*
*Version du recueil.
— Les étoiles sont magnifiques ce soir. Avec le froid hivernal et la neige poudreuse qui recouvre les toits de la ville, elles ont l'air heureuses de briller. Peut-être qu'elles sont enthousiastes à l'idée de voir les yeux des enfants scintiller pour le soir de Noël. Ou alors elles aiment juste la période des fêtes, et elles ont revêtu leurs plus beaux éclats pour l'occasion. Un peu comme tu le faisais. Toi, tu commençais même à rêver en avance. T'étais tellement émerveillée par la simple pensée du réveillon que tu rayonnais dès que le mois de décembre sortait de sa cachette. Et puis le soir du vingt-quatre, t'étincelais bien plus que n'importe quel astre au monde. La joie et l'innocence qui émanaient de toi étaient pures, tu sais... Si pures...
» T'étais ce que je préférais de Noël. Enfin non, t'étais l'unique motivation qui me poussait à me lever le matin des fêtes, la seule que je ne trouvais pas hypocrite, fausse. J'aimais te voir admirer les décorations pailletées et les lumières multicolores qui clignotaient dans les rues. J'aimais t'observer t'affairer pendant des heures pour décorer le petit sapin qu'on avait trouvé à la boutique affreuse dans laquelle tu me traînais de force tous les trois jours. J'aimais te regarder réfléchir au repas que tu allais préparer avec ta mère le vingt-cinq, même si je savais que ça finirait par être la même chose que les années précédentes. J'aimais même t'entendre me répéter d'arrêter d'être grognon pour ensuite m'énumérer toutes les raisons pour lesquelles j'aurais dû apprécier Noël.
» Tu as eu beau me le rabâcher chaque année, tu n'as jamais réussi à me faire changer d'avis sur cette période ridicule. Et moi, je n'ai jamais pu te la faire détester. Même quand je te disais que le monde entier se mettait à mentir en prétendant que tout allait bien, que les gens se mettaient soudain à s'aimer les uns les autres. Même quand je te rappelais qu'il y avait bien plus de plastique que d'amour sous ces arbres qu'on tuait pour une piètre soirée. Même quand je te démontrais par A plus B que toutes ces guirlandes lumineuses n'étaient là que pour masquer la tristesse de nos quartiers crasseux.
» J'aurais pu te dire n'importe quoi, rien ne t'aurait fait ouvrir les yeux parce que, chez toi, la magie de Noël ne résidait pas dans les décorations, dans les cadeaux coûteux ou dans les faux-semblants. Non, chez toi, tout se passait dans le creux du cœur. Chez toi, tout était naturel, tout était vrai. Tu donnais de l'amour parce que tu en avais à revendre et tu offrais ce que tu créais simplement pour que le bonheur enfume une pièce toute entière. Et même si je détestais Noël, j'adorais passer cette soirée avec ta famille et toi : je souriais vraiment avec vous, je me sentais bien. J'avais l'impression d'être à ma place, de faire partie d'un tout et de pouvoir être moi sans retenue. Tu te rends compte que je...
Les vibrations répétées de mon téléphone portable font trembler mon pantalon, et je me redresse sur le marbre sombre. Je jette un œil à l'écran clair qui m'éblouit un peu trop, puis éteins l'appareil dans un soupir.
— Oh ça va, je sais. Je sais... Je devrais leur répondre, marmonné-je en observant le visage coloré et souriant de l'amour que j'ai perdu bien trop vite. Je sais que je devrais décrocher, mais je suis fatigué de les laisser essayer de me convaincre que tu aimerais que je passe Noël avec eux, même sans toi. S'ils me promettent encore une fois que je me sentirai beaucoup mieux après avoir tourné la page, je crois que je serai incapable de garder mon calme. Je ne pourrai pas contenir l'explosion qui menace de tout détruire à chaque fois que quelqu'un me parle de ton absence comme d'une épreuve facile à surmonter. Et puis, je ne veux pas les voir, ils vont me faire péter les plombs. Je ne veux pas m'habiller comme un pingouin pour m'attabler à leurs côtés en les regardant passer un bon moment alors que ta place restera vide.
» Cette chaise inoccupée va m'obséder, j'en suis sûr. Je ne pourrai rien faire d'autre que de la fixer en te suppliant de venir t'y asseoir sans jamais arrêter de tirer sur ta robe de peur qu'elle ne soit mal positionnée sur ton corps potelé.
» Pour être tout à fait franc, ce n'est pas vraiment contre eux. Je n'ai envie de voir personne. Je n'ai plus envie de rien, d'ailleurs. Même pas de respirer. Je n'en vois pas l'intérêt maintenant que t'es plus là. Plus rien n'a d'importance sans toi, surtout pas le monde. Alors ils peuvent se les garder leurs belles morales et leurs « fais le pour elle ». Je ne veux pas le faire pour toi et je ne veux pas qu'on me dise que c'est ce que tu aurais voulu. Parce que c'est faux, entièrement faux. Ce n'est pas ce que tu aurais voulu. Tu n'aurais pas voulu me voir heureux sans toi, tu n'aurais pas voulu me voir rire avec tes parents alors que tu n'es pas là et tu n'aurais pas voulu me voir prétendre adorer Noël pour faire plaisir à une famille qui n'a jamais été la mienne. Non, tu n'aurais pas voulu que je fasse tout ça parce que tu aurais aimé être là. Tu aurais aimé t'amuser, rire, danser et briller de mille feux.
» Tu aurais aimé jouer avec l'oxygène parce que tu n'as jamais voulu mourir. Tu n'as jamais demandé à te retrouver là, dans ce putain de cimetière sombre et silencieux. En plus, tu n'as jamais aimé le calme et l'obscurité. Je crois même que tu les craignais, ça te rappelait à quel point la vie et l'univers pouvaient être durs, cruels. Toi t'aimais les lueurs vives et les fonds sonores un peu trop bruyants. T'aimais la musique trop forte parce qu'elle te rappelait de vivre alors...
— Alors on a qu'à lui en mettre, de la musique forte, propose un timbre éraillé, derrière moi.
Je sursaute, et me relève d'un bond pour faire face au ton enroué qui m'adresse la parole. Qui peut bien se trouver dans un cimetière le vingt-quatre décembre ? Une angoisse incompréhensible s'empare de ma poitrine tandis que je me demande si la voix a entendu tout ce que je disais à Hisae.
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Et vous alors, vous aimez Noël ?
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