Chapitre 34
[Raphaël, crayons de couleurs et crayon blanc]
— Je ne pensais pas te trouver là.
Ce serait mentir que de prétendre que l'idée d'ignorer superbement Raphaël ne traversa pas l'esprit de Léandre. En fait, il fut très tenté. Le regard rivé droit devant, il aurait imité le détachement de Raphaël avec un piètre talent. Il se demandait s'il abandonnerait son calme irritant pour tempêter au terme de quelques minutes. Léandre savait se montrer formidablement patient lorsqu'il le voulait.
La preuve, il avait enduré moqueries et remarques douloureuses pendant vingt années. Cela servait de preuve à sa résilience. Léandre était persuadé que Raphaël craquerait en premier. Il abandonnerait son indolence pour gesticuler, pour gueuler à grand réconfort de gestes des bras. Léandre songea que ce spectacle valait bien qu'il fasse la sourde-oreille une minute ou deux.
Il se ravisa.
Pas parce que Raphaël avait renoncé au calme pour vociférer des propos incohérents, mais parce qu'il n'avait jamais été aussi puéril de sa vie. Ce n'était pas le moment idéal pour commencer. Même si cela aurait pu mettre une certaine distance entre ses émotions, ce torrent qui l'aspirait sous la surface – avec un peu de chance y retrouverait-il son amant, et une réaction supposément mature.
— Je suis tombé sur la première marche des escaliers, se contenta de répondre Léandre.
Il secoua la tête. Aucune chance pour que Raphaël y croit. Sans tourner la tête vers lui, le regard toujours fixé sur un point imaginaire quelque part devant lui, Léandre se corrigea dans un haussement d'épaules :
— Je ne sais pas. J'avais sûrement envie de t'entendre t'enfoncer.
— Je n'ai aucune chance de plaider ma cause ?
— Aucune chance.
Raphaël détaillait d'un regard impudique le visage de Léandre. Il l'avait rarement vu aussi dévasté. Pourtant, aucune larme n'avait coulé le long de son visage séraphique. Le chagrin, la pâle empreinte de la trahison, était inscrite sous la peau, comme un tatouage piqueté par des aiguilles chauffées à blanc.
Raphaël se dit d'abord qu'il aurait préféré des larmes, une pointe d'hystérie. Puis il regretta cette pensée et la classa dans la catégorie « inhumain », réservée à toutes les horreurs qu'il pensait parfois, lorsqu'il était trop plein d'émotions.
Ou, plus communément, trop vide.
— Tu permets que j'essaie quand même ?
— J'ai l'air d'avoir les armes pour me défendre, ce soir ?
— Je ne m'en prends pas à un soldat à terre.
— Même quand c'est toi qui lui as planté une épée dans le dos au passage ?
Raphaël faillit sourire. Il ravala cette touche d'amusement en la trouvant au moins aussi déplacée que certaines de ses pensées. Léandre ne lui avait pas adressé l'ombre d'un regard, mais c'était peut-être mieux ainsi. Raphaël perdait le fil de ses émotions, perdu entre leur absence et un retour vif qui le laissait pantelant. Les émotions avaient leur propre langage et Raphaël avait toujours été incapable de le décoder. Même avant qu'elles ne s'éteignent en lui comme un feu qu'on aurait oublié de nourrir. Parfois, elles lui donnaient des réactions incohérentes et c'était en partie pour cette raison qu'il avait érigée cette forteresse.
Pour convaincre les autres qu'il n'avait pas encore sombré.
Pour donner le change, même lorsqu'il ne comprenait pas le langage de son propre corps.
— Je suis désarmé aussi, souffla-t-il finalement. Tu n'as pas remarqué ?
À première vue, pas l'ombre d'une réaction. Raphaël n'était pas aussi observateur qu'Anton, mais il remarqua la manière dont les doigts de Léandre tressautèrent. Il aurait parié la fortune de son père qu'il crevait d'envie de les porter à sa bouche.
Son amant était nerveux, triste, sans doute en colère et déçu. Peut-être effectivement qu'il n'y avait rien à sauver, mais Raphaël avait décidé d'épuiser toutes ses chances avant de battre en retraite.
Il se laissa choir à côté de Léandre, mais à une distance raisonnable. L'effaroucher était la dernière chose dont il avait besoin, surtout qu'il savait Léandre difficile à apprivoiser. Peut-être était-ce le fantasme que l'on alimentait des vacances ou alors le discours de Raphaël au sujet des risques, mais il s'était laissé approcher plus facilement que d'ordinaire. Sans doute était-ce d'ailleurs la raison de sa rage. La trahison n'aurait pas été si insoutenable si Raphaël n'avait pas tenu une place particulière pour Léandre.
Il lui avait baissé sa garde.
— Il fait nuit, précisa Raphaël, encore plus bas.
— Oui, on dirait, rétorqua platement Léandre, dont la hargne manquait cruellement.
Pas de scène, il l'avait promis. Pas de cris, pas de réconciliation irréaliste.
— On est à égalité.
Raphaël comprit, au silence de Léandre, que ces approches détournées n'aboutiraient à rien. Alors, il brava la distance qu'il avait laissée entre eux pour presser progressivement son dos contre Léandre. Il retint son souffle. C'était quitte ou double. Soit son amant décidait de se dégager et de l'envoyer sur les roses, une gifle dans l'élan, soit il tolérait le rappel de leur posture à tous les deux.
Dos contre dos.
Ça ne te rappelle rien, Léandre ?
Un silence régna avant que Raphaël prenne une inspiration et rassemble son courage. Il n'en avait une quantité que très limitée et Léandre n'imaginait pas à quel point. Il ne savait pas par où commencer, alors il préféra donner un point de départ pas trop personnel à ses justifications.
Dans le silence, dans la nuit, sa voix porta loin, comme prisonnière d'un gigantesque écho :
— Ce que je t'ai dit sur la falaise, l'autre jour... J'étais sincère. Tout est éphémère, les vacances aussi. Surtout les vacances. C'est... C'est le principe, c'est même la définition même du concept. Ça a un début et ça a une fin. Impossible de négocier un délai supplémentaire et c'est forcément douloureux à la fin.
Le dos de Léandre s'était tendu sous le satin de sa chemise. Il n'aimait pas ce que Raphaël lui chantait, mais c'était peut-être sa manière à lui d'être honnête. La vérité était rarement bonne à entendre, si elle était plus douce que le mensonge, ceux qui, comme Raphaël, en faisait une deuxième nature seraient en voix d'extinction.
— Quand Nayla est venue me voir le premier soir. J'ai d'abord refusé pour un tas de raisons. L'une des premières, c'était qu'un de nous deux allait morfler. Je ne suis jamais tombé amoureux en vacances. J'ai eu des histoires, mais rien qui m'ait démoli. Je n'ai pas eu un mauvais pressentiment quand Nayla m'a expliqué ce qu'elle avait en tête, mais j'ai comme su qu'un de nous deux ne quitterait pas l'Ardèche indemne.
— Et tu t'es dit que ce serait moi.
Raphaël déglutit. Cilla. Inspira une grande bouffée d'air. L'envie de consulter sa montre le démangeait au point où il perdit le fil de ses pensées.
Combien de temps leur restait-il ?
— Je me suis dit qu'il valait mieux que ça ne soit aucun des deux.
— Tu as accepté.
— Oui, parce que je n'ai pas la force de Nayla.
Raphaël se pinça les lèvres. Le résumer ainsi était injuste. Si Nayla était persuasive et qu'il disait volontiers qu'il fallait être fou pour lui refuser quoi que ce soit, elle ne lui avait pas coller un couteau sous la gorge. Il avait eu le choix de refuser et il l'avait laissé filer.
Pourquoi ? Si Raphaël n'était pas insensible au point de ne pas souhaiter apporter de l'aide à quelqu'un sans raison aucune, il avait eu d'autres projets pour ses vacances. Comme l'intention de baigner dans ses souvenirs d'enfance, en les chérissant et les haïssant à la fois. La petite maison était son lieu de pèlerinage.
Raphaël ne savait pas exactement pourquoi il avait accepté sans trop de conditions. Par vengeance ? Wendy avait pénétré la petite maison et Raphaël s'était retrouvé exilé. Il avait alors ressenti un lourd sentiment d'injustice, comme s'il était retombé en enfance. Il s'était découvert protecteur vis-à-vis de cet endroit. Moins qu'Anton, mais il n'aurait jamais deviné ce trait de caractère.
Il y avait aussi leur rencontre qui avait pesé dans la balance. Cela n'avait pas été l'un des coups de foudre monumentaux que les films servaient à toutes les sauces, mais Raphaël avait été intrigué. Il avait senti quelque chose remuer en lui. Pas du désir, pas exactement une obsession, mais de la curiosité. De cela et les fils, métaphore étrange que Raphaël ne s'expliquait toujours pas.
— Parce que je n'ai pas vu le mal tout de suite, se reprit Raphaël. Je devais servir d'intermédiaire entre toi et le groupe, t'aider à sortir de ta coquille, ce genre de choses. Si je m'en tenais au plan de Nayla, ça devait rester... professionnel.
Cette fois, un frisson parcourut l'échine de Léandre. Son dos toujours plaqué contre celui de Raphaël, ce dernier ressentit ce sursaut le long de sa propre peau. Comme leur posture remuait leurs souvenirs, ce mot ne les laissait pas indifférent.
Raphaël se força à rester concentré et à ne pas lâcher prise. Cette conversation, il devait la mener à bien. Ne pas fuir, ne pas opter pour la facilité. Du courage !
Raphaël aurait préféré se contenter d'une deuxième rencontre. Exactement comme la première, dans les mêmes conditions, dans le même noir complet.
Bonsoir, je m'appelle Raphaël et j'aimerais qu'on recommence tout. Qu'est-ce que tu en dis ?
S'il le tentait là, maintenant, Raphaël était un peu près sûr d'être reçu avec une froideur sceptique. Au mieux.
— J'ai joué et j'ai perdu, conclut Raphaël, sans peser ses mots.
— Non, cingla Léandre.
Il regardait droit devant lui avec un calme qui n'en finissait plus de l'étonner.
— Tu as joué et j'ai perdu.
— Je n'ai jamais voulu te blesser, Léandre.
— Mais tu connaissais les risques.
Raphaël les connaissait mieux que personne puisqu'il avait promis d'incarner cette défense contre les risques que Léandre rencontrerait. Il avait fait tout l'inverse.
— C'est en ça que j'ai perdu. Je connaissais les risques et j'ai voulu te protéger.
Ces mots écorchaient la bouche de Raphaël. Il s'était juré de ne jamais les prononcer, car il ne supportait pas de se mettre à nu. Lui aussi se sentait vulnérable.
— C'est moi que j'ai protégé et c'est sûrement moi qui en avais besoin aussi.
— Il y a autre chose.
Léandre était aussi inflexible que Nayla, presque aussi insensible que Raphaël paraissait l'être derrière son visage figé et ses sourires trop rayonnants pour être vrais. Au fond de lui, derrière ce voile hypocrite et le mensonge qui lui permettait de garder la face, tous les voyants étaient au rouge. Léandre avait envie de rejoindre sa chambre, de s'y enfermer et de se laisser glisser contre le battant de la porte dans un sanglot. Léandre avait envie de ressasser encore et encore les mêmes pensées jusqu'à l'obsession, jusqu'à ce que l'anxiété l'emmène droit aux toilettes. Y vomir les émotions et les réflexions mêlées.
Léandre resta intraitable, engoncé dans la force que Raphaël avait reconnue en lui.
Léandre avait senti la brèche se dessiner dans les défenses de Raphaël. Il entendait bien se faufiler à l'intérieur, quitte à se montrer aussi cruel que Raphaël.
— Il y a aurait chose. J'aimerais savoir quoi.
Léandre était persuadé qu'il n'obtiendrait pas gain de cause. Il sursauta lorsque la voix de Raphaël s'éleva dans le silence nocturne.
Raphaël fut certainement le plus surpris des deux. Des années que ces mots pourrissaient à l'intérieur de son corps, au côté des émotions éteintes et de ses peurs d'enfant.
— J'ai peur du noir et du temps. J'ai surtout peur de ce que je reconnais dans le noir. J'ai l'impression de me regarder en face et c'est... je n'y arrive pas. La...
Raphaël leva les yeux sur le ciel. Noir, lui aussi. Il n'y trouva aucun secours, aucune aide, aucun fil pour le retenir. S'il n'y avait pas eu le dos de Léandre contre le sien, il n'aurait pas donné cher de son équilibre. Même couché, la joue plaquée contre les marches, il aurait pu tomber.
— La première fois que j'ai senti un... une ombre au fond de moi, c'était il y a six ans. Mon père est à la tête d'une grosse boîte et je suis son fils unique, entends par là son héritier. Il s'est intéressé à moi qu'à partir de l'instant où il s'était mis en tête de me former. Je n'y ai pas vu de mal les premières semaines et puis j'ai compris que cette voie-là, je n'avais pas d'autres choix que de la suite. Que ça ne m'appartenait pas. Il... Ça a été comme si on m'avait volé à moi-même.
Raphaël reprit son souffle, pas certain qu'il avait une seule fois respirer au terme de cette interminable prise de parole. Il avait beau fouiller dans sa mémoire, il ne se rappelait pas la dernière fois où il avait parlé aussi longuement. Il ne se sentit pas libérer du poids de ses mots. Il se sentit à peine moins encombré.
— Je n'y connais pas grand-chose à la psychologie, mais mon cerveau à relier des choses entre elles. D'abord, j'ai commencé à avoir peur du noir. J'ai senti une ombre... bouffer mes émotions et ne laisser que... l'ombre de moi-même, justement. C'est ironique quand on y pense. Ensuite, courant de cette année, j'ai commencé à avoir peur du temps. Mon père allait me tomber dessus tôt ou tard et finies les escapades autour du monde. Finis les enfantillages et les gamineries.
Son père le forcerait à grandir d'un coup. Il lui enverrait en pleine figure cinq, dix, quinze ans sans s'inquiéter du mal qu'il ferait.
— J'ai vu un psy il y a deux ans, avant que je parte autour du monde. Ça a été une urgence, je savais que je n'avais pas le choix.
— Pourquoi ça a été si impératif ? Tu voulais t'éloigner de ton père ?
— M'éloigner de lui, sûrement.
Raphaël, pensif, remua d'autres biais de son propre cerveau. Il se comprenait si mal qu'il avait mis des années à comprendre, à mettre des mots sur ce qui l'habitait et plus de temps encore à l'accepter. Si tant était à penser qu'il avait un jour digéré ce qu'il était, au fond, derrière les sourires éclatants, l'insolence mesurée et l'indifférence. Feinte ou avérée.
— Je suis métis. Ma mère est algérienne, mon père colombien. Ma mère est fière de ses origines et m'a toujours poussé à m'y reconnaître. Pour mon père, l'essentiel a toujours été l'intégration. Je devais embrasser la culture française, passer pour un vrai français. Quitte à renier mon sang, d'où mes ancêtres viennent.
La notion de « vrai français » dépassait Raphaël et pas uniquement parce qu'il ne se sentait ni français ni quoi que ce soit d'autre.
— J'ai toujours eu l'impression d'être à part. Je n'ai jamais trouvé ma place nulle part, alors je suis parti aussi loin que j'ai pu. J'ai visité l'Algérie et la Colombie. J'ai visité tout un tas de pays et ça m'a fait du bien. J'ai repoussé mes propres frontières et j'ai... j'ai eu l'impression d'être quelqu'un.
À croire qu'être métis, c'était n'être personne. En fait, Raphaël avait le sentiment d'être trop de choses à la fois. Son identité avait été un morcelage de cultures différentes et il n'avait pas réussi à s'ancrer dans une tradition établie, dans un héritage propre, dans une histoire. Être tout ceci, Français, Algérien et Colombien, cela avait été trop pour lui dès l'enfance.
Son identité aurait pu s'épanouir de cette richesse, mais il n'avait pas réussi. Cela avait été un échec. Le tout premier. Il n'avait pas choisi de naître d'un métissage et son père lui avait appris trop rudement qu'il ne choisirait pas le reste. Au fond, non seulement Raphaël n'avait pas la plus petite idée de qui il était, mais en plus, on avait passé sa brève existence à lui prouver qu'il ne s'appartenait pas.
— L'ombre dont je t'ai parlée, encore une image bizarre, je crois qu'elle couvait depuis longtemps. Peut-être même que je suis né avec.
Léandre n'observait plus un silence têtu. Il était muet, démuni et désarmé. Il se rendit à l'évidence : ces troubles identitaires qu'exposait Raphaël, il ne les expérimenterait jamais. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était essayer de comprendre. Il se rappela la réaction de Raphaël face à la femme, au marché de Largentière. Sa défiance avait impressionné Léandre, mais elle était faite de fragments incomplets, de résilience et de révolte mêlées.
— La psy m'a diagnostiqué une dépression.
— Je suis désolé, articula Léandre, comme un seul mot.
— Non.
Les mains de Raphaël s'agitaient. Il avait un vertige planté au milieu de la poitrine et la nuit qu'il scrutait était plus sombre que jamais. Il avait avoué avec une facilité qui lui faisait horreur. Personne n'avait envie de le regarder en face et surtout pas Léandre. Il eut honte à en mourir.
— Je n'essaie pas d'attirer ta pitié. Je veux que tu m'en veuilles parce que je ne mérite pas mieux. Mes... saletés, ça n'a pas à retomber sur toi. Je n'ai pas demandé ça, mais toi non plus, alors sois intransigeant. Ne me pardonne pas, par pitié. C'est la pire chose que tu pourrais me faire.
Les mots restèrent coincés dans la gorge de Raphaël et moururent dans le silence. Un silence qui s'éternisa très longtemps. Des minutes entières. Raphaël lutta pour ne pas les chronométrer, pour ne pas garder les yeux rivés sur sa montre plutôt que sur la nuit qui s'ouvrait sous ses pieds. Si cela ne tenait qu'à lui, il se serait retourné pour avoir Léandre dans son champ de vision et un peu moins la nuit.
Il éloigna cette idée. Il ne supporterait pas de voir le dégoût peint sur le visage de Léandre. À choisir, autant embrasser la nuit.
Finalement, ce fut Léandre qui brisa la glace d'une voix limpide :
— Qu'est-ce qui était vrai ?
La même question et Raphaël savait que cette fois, il n'y aurait ni échappatoire ni chance supplémentaire sur laquelle se reposer.
— Rien n'était vraiment faux.
Raphaël avait été sincère, surtout lorsqu'il avait fauté. Il n'avait pas été tout à fait honnête, mais il y avait longtemps que le plan de Nayla avait été effacé. Il avait réapparu une fois ou deux en cas de conscience, mais rien de plus.
— Je n'ai pas beaucoup de temps, mais avec toi, il n'a jamais été aussi précieux.
Léandre se releva très lentement. Muscle par muscle. Une légère grimace plissa sa joue. Son genou refaisait des siennes, mais il ne l'empêcha pas de se planter face à Raphaël. Son regard brûla les iris de son amant sans qu'il y trouve la plus petite trace de dégoût. En fait, Léandre semblait contempler son âme mise à nu.
Comment était-elle, son âme ?
— Je n'oublierai pas, dit Raphaël, dans un murmure. Je n'ai pas envie d'oublier.
Léandre captura la faiblesse de Raphaël du regard. Il se pencha pour souffler un baiser au milieu de son front et se déroba. Ce n'était pas une excuse, mais plutôt une promesse. Sa réponse, il ne la donnerait pas ce soir.
Elle attendrait que le temps passe et que le jour se lève.
— Bonne nuit, Raphaël.
Petite conversation en tête à tête. Conversation et, surtout, des explications. Raphaël se livre et il n'a sûrement jamais été aussi sincère de tout le roman. J'ai aimé écrire ce chapitre qui révèle en quelque sorte ses failles. C'est un personnage que j'ai trouvé intéressant à écrire. Je suis curieuse de savoir ce que vous en avez pensé !
Désolée une fois encore pour le retard (merci Margo de me rappeler toutes les semaines qu'il faut que je poste). J'espère que le chapitre vous a plu !
Bonne soirée et à bientôt !!
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