Chapitre 15
[Illustration de Raphaël, mine de plomb et posca doré]
Léandre n'aurait jamais imaginé que le calme puisse revenir.
Il s'était figuré que ce que Charly avait présenté comme un incident d'une voix grinçante, imprégnée d'une telle colère que personne ne songea à l'affubler d'une quelconque responsabilité, allait amener les invités à rentrer chez eux. Il remarqua bien vite que rien ne pourrait écourter la soirée.
Une fille minuscule appela trois autres acolytes à boire un shot à peine Maxime avait-il disparu. Le silence embarrassant, qui érigeait Wendy en bête curieuse pour la deuxième fois de la soirée, se rompit.
Les premiers spectateurs avaient fini par évacuer le salon dans des murmures équivoques et la plupart des autres avaient suivi le mouvement.
La fête n'était pas finie, n'est-ce pas ?
- Si ça ne tenait qu'à moi, je dégagerai de là cette bande d'hypocrites, avait maugréé Casimir qui ne semblait pas décidé à démordre de la soirée.
Léandre reprit son souffle. Son cuir chevelu le tiraillait un peu, mais il n'avait pas pris plus de risques que Raphaël ou que Casimir. Il avait essayé de tirer Wendy des griffes de Maxime et c'était à elle que revenait l'inquiétude générale. Quelques hypocrites l'approchèrent d'ailleurs pour lui confier qu'ils l'avaient toujours cru, qu'ils admiraient sa bravoure. Wendy ne leur tint pas tête, elle acquiesça d'un air distant et abrégea ces discussions parasites. Léandre savait qu'il n'aurait pas été doté d'un quart de son tact et de sa patiente.
Dos au mur, il observa longuement les invités. Un à un et sans détourner le regard. Leurs murmures l'indisposaient. Il avait l'impression que leur regard le blessait, lui griffait la peau et que l'hostilité n'avait pas décru au départ de Maxime. À fleur de peau, il passa sa main sur sa mâchoire délicate, remonta le long de son oreille pour presser sa pommette et se loger à hauteur de sa tempe. Une migraine y était restée accrochée.
Agglutinés autour de l'évier, un groupe entrechoquaient leurs verres pour en descendre le contenu en une gorgée. Parmi eux, il y avait Raphaël.
Une gorgée.
Léandre suivit chacun de ses gestes. Du moment où il rejeta la tête en arrière pour s'abreuver de ce baiser empoisonné à celui où il se pourlécha les lèvres.
Le goût de vodka noire restait.
Sa couleur fonçait encore ses lèvres sur lesquelles Léandre loucha avant d'assembler une pensée cohérente. Il avait l'impression que l'ivresse déplacée qui succédait à la violence le contaminait. Il avait bu et il y était si peu habitué que ses effets dénouaient un peu sa vigilance sans de soulager de l'emprise de l'anxiété.
La fille chassa de son pouce une goutte de vodka perdue à la commissure des lèvres de Raphaël. Il appuya ses dents mains contre le rebord de la cuisine pour se hisser sur le plan de travail. Léandre n'entendit pas un mot de leurs discussions, mais il vit distinctement la fille se loger entre ses jambes. Avec un naturel éblouissant. S'il avait été de mauvaise foi, Léandre l'aurait détestée. Elle ne le méritait sans doute pas, avec ses yeux rieurs et ses audaces qui semblaient la surprendre elle-même.
Le charme se rompit et, du coin de l'œil, Léandre vit qu'Anton l'approchait. Un peu plus loin, Wendy adressait un sourire fatigué à Loan. Ce dernier et Casimir semblaient s'être réconciliés, le premier saluant le courage de l'autre. Anton avait observé chacun d'entre eux avant de jeter son dévolu sur Léandre.
- Tu devrais partir, lui dit-il, en guise d'introduction.
Léandre se redressa comme si un insecte l'avait piqué et Anton s'adossa au mur à son tour. Sa tête ployait comme s'il n'arrivait plus à en supporter le poids. Il fallut à Léandre quelques secondes supplémentaires pour comprendre qu'Anton ne le chassait pas. C'était plutôt le contraire.
- Je ne l'avais jamais vu comme ça, rétorqua Léandre.
- Il s'amuse, nuança Anton, d'une voix qui dépréciait le comportement de Raphaël. Tu ne crois pas ?
- J'ai surtout l'impression d'avoir affaire à quelqu'un d'autre.
Anton soupira. S'il avait partagé avec eux cette discussion, Raphaël l'aurait défendu d'ajouter quoi que ce soit. Il s'efforçait à donner le change et il réussissait avec brio, il n'avait qu'à écouter son sourire, qu'à lire son sourire. Léandre avait beau penser qu'il sonnait faux, que quelque chose clochait dans ses gestes, comme une raideur qui grippait ses articulations, plus il le contemplait, plus il se laissait convaincre par son jeu.
- L'année où il a raté sa prépa pour la deuxième fois, l'année dernière en fait, on ne l'a pratiquement pas vu. Il était là sans être là. Il était plongé dans ses excès, il disparaissait toute la nuit et on le voyait arriver à l'aube, dans des états que tu n'imagines pas. Il dormait à peine ou quelques heures la journée avant de repartir. Les premiers jours, on a aussi pensé qu'il s'amusait. Casimir l'a suivi une fois ou deux, mais ces soirées qui se finissent en garde-à-vue ou aux urgences, ce n'est pas son truc. C'était un groupe qui avait leur coin dans la forêt, pas très loin et on a vite compris qu'ils allaient nous le bousiller.
Léandre déglutit. Il n'arrivait pas à s'imaginer ce que cela pouvait donner.
- Il va mieux, tenta-t-il maladroitement.
- Oh, ça pourrait difficilement être pire. Il a sûrement touché le fond. C'était une épave et on a dû appeler son père.
- Après ça, il a pris une année sabbatique, compléta Léandre.
Raphaël lui en avait parlé et c'était sans doute l'une des seules choses qu'il avait partagées au sujet de sa vie. Les vacances au village couronnaient ces voyages, ces mois qui avaient défilé et qui l'avaient guéri. Raphaël était resté volontairement vague à ce sujet, mais à la manière dont il en avait parlé, Léandre avait compris sans comprendre. Celui qui s'était auto-proclamé son protecteur avait repoussé ses propres frontières.
- Oui.
Anton parlait très doucement, conscient que Raphaël ne lui pardonnerait pas de s'être montré trop bavard.
- Quand je le regarde, poursuivit-il, j'ai l'impression qu'il va reproduire le même schéma. On était persuadés que c'était fini.
Le cœur de Léandre se tordit dans sa poitrine. Il n'était pas particulièrement curieux et il n'avait pas pour habitude de demander des comptes à qui que ce soit. Il se surprit à lutter contre l'envie de sommer Anton de jouer cartes sur table. Pourquoi lui confiait-il ses inquiétudes ? Il avait l'impression qu'il gardait des éléments indispensables pour lui et cela biaisait son jugement.
- Ne te laisse pas avoir.
Anton ne laissa pas à Léandre le loisir de réagir, de se dérober ou de se composer une attitude détachée.
Anton capta le regard de Raphaël et lui fit signe d'approcher. Léandre eut l'impression, à la manière dont il se détachait de l'angle de la cuisine, que leur présence le bridait. Qu'il aurait préféré qu'il ne soit pas là.
Raphaël approcha et Léandre déglutit. Il y avait, dans la manière dont il marchait, dans le regard qu'il leur adressait, quelque chose de changer. Léandre aurait été prêt à parier que s'il avait été question de lui et de lui seul, sans Anton pour peser comme argument en son titre d'ami d'enfance, Raphaël l'aurait ignoré. Il se rappela leur proximité une heure plus tôt et ne comprit pas ce revirement de situation.
Il ne comprit pas où pouvait être son erreur.
- Ça ne va pas ? demanda Raphaël, avec un curieux aplomb pour quelqu'un que Léandre jugeait particulièrement éméché.
- Léandre ne va pas tarder à rentrer. Tu devrais l'accompagner.
Dans la cuisine, la fille guettait déjà Raphaël. Elle attendait qu'il lui revienne. Léandre s'était laissé déconcentrer par Anton. Il n'avait pas remarqué qu'une partie du groupe était sur le départ. La raideur des épaules de Raphaël le lui confirma avant qu'il ne rétorque, sans un regard pour Léandre, d'une voix distante :
- J'allais partir.
- Nayla te fait la peau si tu ne le ramènes pas en un seul morceau, martela Anton, avec une telle force que les yeux de Léandre s'arrondirent.
Il ouvrit la bouche. Il allait se débrouiller pour rentrer par ses propres moyens. La dernière chose qu'il voulait, c'était s'attirer les foudres de Raphaël. Il ne souriait plus du tout et s'était dépouillé de son visage bienveillant. Son impassibilité s'était érigée en forteresse impénétrable.
Une étincelle de lucidité apparut dans ses yeux. Il claqua la langue contre son palais et décocha son regard le plus ennuyé. L'espace d'un instant, il y eut une résignation douloureuse dans son regard. Un regret, puis plus rien. Cette forteresse infranchissable, ce vide sans fond qui glaça le sang de Léandre.
Il eut envie de s'époumonner. Que s'était-il passé ?
- Nayla, éructa-t-il.
- Je peux...
- Je le ramène, trancha Raphaël en ignorant avec superbe le regard de Léandre.
Comme s'il n'existait pas.
Raphaël jeta un œil à sa montre à son poignet, le visage parfaitement inexpressif dans une cohorte de cris. L'enceinte diffusait les premières notes de la macarena. Un incontournable. Raphaël resta de marbre.
Il était minuit cinquante-deux.
C'était trop tôt pour partir. C'était sûrement aussi trop tard.
Anton remarqua le premier Charly qui fonçait droit sur eux en trottinant. Iel ne désespérait de voir sa soirée éclater en groupes. Ils n'étaient déjà plus qu'une quinzaine et iel avait repéré le groupe de cinq, composé d'animateurs et de personnes qu'iel ne connaissait pas. Iel semblait s'être fait une raison et si Raphaël devait garder un bon souvenir de la soirée, il porterait son visage.
Le sourire qui fendit son visage était un peu moins hypocrite que les précédents.
- Vous partez déjà ? s'égosilla Charly pour que sa voix fluette soit audible au-dessus de la musique qui alourdissait l'atmosphère.
- Ouais, sans rancune !
- Je ne t'aurais pas désigné responsable si j'avais su, ronchonna-t-iel, en feignant la déception.
- Je ne me fais pas de souci pour toi ! T'as l'air en pleine possession de tes moyens.
- Tu me laisses ton remplaçant ?
Anton, que Charly avait désigné d'un vague mouvement de menton, haussa un sourcil. Il semblait mal à l'aise dans son pull plus moulant que ceux dans lesquels il avait l'habitude de se noyer. Charly ébouriffa ses cheveux mi-longs et il émit un son perdu entre le rire nerveux et le cri de protestation.
Anton rentrerait sans doute avec Casimir et Wendy et Raphaël se doutait que cela ne saurait tarder non plus. Lui aurait volontiers joué les prolongations, que ce soit ici ou ailleurs. Ce soir, même l'emprise de l'alcool ne réussissait pas à le délivrer de ses pensées. Le groupe avec lequel il venait de gaspiller une heure l'avait invité à le suivre. La fille lui avait promis une after digne de ce nom.
Raphaël avait esquissé un sourire appréciateur. En vérité, elle aurait pu lui proposer n'importe quoi, de s'enfermer à quinze dans un local miteux, il aurait approuvé. Depuis le départ de Maxime, il ressentait ce besoin d'évasion sous sa peau. Il avait besoin de n'être plus personne, de n'avoir plus rien à prouver et surtout, de s'ôter ses responsabilités de la tête.
Je préfère te voir mort.
Raphaël s'ébroua. Il donna une chiquenaude à Charly, en plein sur le front, dans un geste affectueux qui n'appartenait qu'à lui. En réponse, elle lui bourra un coup de poing dans les reins dès qu'il lui tourna le dos pour aller saluer la fille. Le sourire de cette dernière fana jusqu'à disparaître.
Elle était déçue et Léandre comprenait. Il avait l'impression de lui voler Raphaël et de ne pas être là où il aurait dû être. Les vagues de l'anxiété lui léchèrent les orteils et il pinça les lèvres avant de passer la porte d'entrée. Il n'avait pas le courage de saluer tout le monde, un à un, pour recevoir en retour une guirlande de paroles sans saveur.
Léandre ne vit pas le baiser que Raphaël claqua sur la joue de la fille en guise d'excuses. Elle le laissa s'échapper sans trop de reproches et il descendit les marches à son tour pour rejoindre Léandre. Il l'attendait devant le portillon, à côté de quatre vélos qu'il avisait comme une énigme insoluble.
- Tu peux prendre celui de Wendy, elle montra derrière Casimir, lança Raphaël en arrivant à sa hauteur.
- Je ne vais pas pouvoir pédaler, finit par lâcher Léandre avec un embarras qui trancha un peu l'attitude distante de Raphaël.
Il se radoucit, mais à peine. Son vélo émit un grincement de mauvais augure lorsqu'il le détacha du muret. La haie dans lequel il s'était enfoncé lui avait laissé quelques feuilles que Raphaël chassa du dos de la main. Il s'assit tranquillement sur la selle avant d'intimer à Léandre qui dansait d'un pied à l'autre :
- Monte.
- T'es sûr ? Tu n'es pas obligé de me raccompagner. Je suis désolé de...
Raphaël n'avait pas bougé d'un muscle et son silence devint si inconfortable, si incompréhensible, que Léandre céda. Il était trop fatigué pour tempêter. La soirée avait été une expérience affreuse et plaisante à la fois. Elle l'avait vidé de ses forces. Il s'assit sur le porte-bagage en essayant de ménager sa mauvaise jambe. Une douleur aiguë remonta de ses orteils à sa hanche. Léandre dut se tenir à la taille de Raphaël pour ne pas les faire basculer tous les deux.
- Accroche-toi.
Pendant tout le trajet, Léandre eut tout le temps de ressasser ces mots lâchés du bout des lèvres. Ils n'échangèrent pas un mot et si Léandre avait pensé qu'Anton délirait de le confier à Raphaël, nettement moins sobre que lui, il dut se rendre à l'évidence : l'alcool ne l'avait pas rendu moins capable de les ramener à bon port en un seul morceau. Raphaël roulait droit sur l'asphalte brûlé par le soleil, entre les feuilles des arbres qui encadraient la route. Ils avaient quitté Largentière et prenaient de la vitesse.
Une fraîcheur mordante giflait les joues et les bras de Léandre. La chaleur du dos de Raphaël contre son torse lui rappela leur première vraie discussion. Pour chasser le malaise de Léandre, pour l'apprivoiser, il lui avait présenté son dos. C'était un autre homme qui dévalait les rues pour dépasser les maisons éparses du village.
S'il n'y avait pas eu le silence inconfortable, les muscles roides de Raphaël pour témoin d'une colère que Léandre ne comprenait pas, il aurait pu apprécier cette promenade nocturne. Le vélo, l'impression de vitesse exaltante, la fraîcheur mordante qui effaçait la chaleur insoutenable du jour et eux.
Surtout eux.
Léandre enchaîna ce fantasme au fond de son esprit. Les roues du vélo crissèrent sur la poussière et les graviers. Devant eux se dressait déjà la silhouette du vieil hôtel. Les freins soulevèrent un nuage de poussière. Léandre descendit du vélo et ne laissa pas le silence le priver de ses mots.
- Tu m'en veux, lâcha-t-il du bout des lèvres. Je ne comprends pas pourquoi, mais... Je ne voulais pas te priver de ta soirée. Je suis désolé.
Il tourna les talons et se dirigea vers l'hôtel avec la ferme intention de s'y enfermer jusqu'au matin.
- Je ne suis pas en colère, Léandre, et certainement pas contre toi.
Léandre s'arrêta. Raphaël ne l'avait pas regardé. Il avait les mains crispées autour du guidon et au souffle irrégulier qui passait le seuil de ses lèvres, Léandre devinait qu'il respirait mal. Il détournait le regard par pudeur, pas parce qu'il était furieux.
Il avait peur.
Peur de la nuit, peur du temps qui s'écoulait et contre lequel il n'avait aucune emprise. Peur de l'après.
- Ce sera oublié demain, promit-il.
Léandre revint sur ses pas. Il se planta devant Raphaël, souleva son menton et l'incita à le regarder dans les yeux. La forteresse vacillait, les fils qui retenaient Raphaël aussi. Le cœur de Léandre se souleva et ce qu'il vit le désola.
- J'aimerais... J'aimerais que tu me dises. Je ne comprends pas.
Raphaël haussa les épaules. Il allait lui échapper et Léandre le sentait. Il était à fleur de peau, mal à l'aise parce qu'il montrait un visage de lui dont il avait terriblement honte. Un visage qu'il avait cru oublié. Une soirée avait suffi pour lui prouver le contraire.
Je préfère te savoir mort.
La main de Léandre remonta jusqu'à sa nuque, à l'emplacement qu'il avait trouvé quand la lumière s'était éteinte. Devant lui et du haut de son mètre soixante-cinq, Raphaël le dépassait de dix bons centimètres. Pourtant, il avait l'impression que Léandre était immense.
Il humecta ses lèvres encore maquillées de noir et articula :
- Tu oublieras tout ça.
Il se pencha sur Léandre vertèbre par vertèbre. Il lui laissa le temps de lui coller une gifle monumentale, de lui remettre les idées en place. Au contraire, il lui sembla que la main de Léandre pesait sur sa nuque un peu plus fort pour l'attirer à lui.
Sur les lèvres de Raphaël, Léandre sentit l'empreinte de la vodka noire, de l'ivresse, du désespoir. La caresse de sa bouche emporta avec elle ses autres pensées et la saveur de son baiser fut comme un remède. Si Raphaël ne s'était pas arraché à lui aussi vite qu'il l'avait approché, Léandre aurait pu se damner. Son cœur avait marqué un battement furieux. Prodigieux.
Qu'est-ce que c'était ?
Il cilla. Déjà, Raphaël s'enfuyait. Il fut englouti par l'ombre de l'arbre un peu plus loin sur le sentier. Dans un murmure inaudible, il dit pour lui-même :
- Je n'oublierai pas.
Raphaël laissa son vélo s'écraser contre le mur dans un grincement désapprobateur. Le sol ondulait sous ses pieds maladroits et il pressa sa paume contre sa tête. C'était sûrement une erreur.
Raphaël se cassa en deux et retint ses cheveux d'une main sans force.
Dans un faible soubresaut, il vomit.
Il éjecta hors de son corps l'alcool et le reste.
Loin de lui, tous ses excès.
Encore un chapitre que j'ai beaucoup aimé écrire. Il est un peu plus long, en plus.
Premier baiser... J'espère que le petit passage vous aura plu, même si Raphaël ne semble pas être dans son état normal. J'aime beaucoup ces derniers chapitres pour ce qu'ils montrent de lui.
Je vous souhaite un bon week-end !
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