-Bien joué, fut notre seule parole échangée ce soir-là. La lassitude plus que jamais me pesait et comme tous les jours, depuis l'association du Papillon avec un nouveau porteur du miraculous du dragon, bijou que je n'avais pas su protéger, une fatigue usée me bordait. Un épuisement tirant sa source de mon échec à lequel, peu importe le nombre de cigarettes que je prenais ou de verres d'alcool que j'avalais, me hantait. Mes nuits étaient remplies de mes démons intérieurs tapis dans les recoins de ma chambre. Mes jours étaient occupés à fixer le vide à la recherche de ces lesdits démons ou à combattre ceux qui avaient donné naissance à mes cauchemars éveillés. Maigre consolation. Je savais que je n'étais pas la seule à virer folle, pensai-je en lorgnant du coin de l'oeil Chat noir tirer une dernière bouffée de son joint. Fidèle à son habitude, il l'écrasa en ses deux doigts en ne laissant apparaître aucun signe d'une quelconque douleur. Mon partenaire se tourna, ensuite, dans ma direction et je sus ce qu'il allait dire, étant pratiquement le seul mot que l'on échangeait.

-Prête ?

D'un mouvement faible, j'hochai la tête en me levant presque excitée. Je ne vivais que pour ce moment où il remplaçait mes tourments. Cet instant où ses doigts enfiévraient chaque once de ma peau, où la lueur de luxure dans ses yeux me faisait en redemander, où sa langue dans mon cou me donnait le tournis et où son mouvement de bassin fracassait le mien dans une pulsion animale. Lorsque ses râles devenaient la plus belle des harmonies à mes oreilles. Quand son plaisir me faisait  voir des étoiles et que le mien me déconnectait de la réalité tandis que la même réalisation depuis deux ans me frappait. Une réflexion qui me coupait le souffle, encore plus que l'union de nos corps, qui me faisait prendre compte de mon addiction: son corps était mon unique salut dans cette vie sans sortie.