La pluie s'abat sur elle lorsqu'elle en est à son deuxième kilomètre de course à pied. Mais l'eau glissant sur sa peau et imbibant ses vêtements ne semble en loin la perturber. Son coeur bat à tout rompre, sa respiration est rapide, et c'est ce qui compte. Le sport mêlé à sa volonté fait d'elle un surpassement, son surpassement.
C'est devenu sa raison de vivre. Depuis moins d'un an, que cette période peut paraître courte. Et pourtant, que cette période peut paraître longue.

Ça a commencé après une dispute, avec son petit ami. Une dispute comme les autres, si banale pour les deux, mais si declencheuse. Elle s'était enfuit, si vite. Si déterminée, et elle avait commencé à courir.
Les débuts étaient difficiles. Les débuts, s'ils pouvaient être appelés ainsi. Elle n'avait couru que quelques minutes, qu'on ne peut pas compter en dizaine, loin de là. Elle avait cru mourir. Sa respiration saccadée, ses gouttes de sueur traduisaient qu'elle n'en pouvait plus.
Et pourtant.

C'est une partie de son âme qui est partie.
La surpassion l'avait remplacée.

Les disputes s'enchaînent puis disparaissaient avec ce qu'elle éliminait.

Elle continue encore. Si trempée, de pluie. Aujourd'hui, ses efforts ne se voient pas, la pluie est là. C'est ce qui la fait continuer. Encore.
Encore.
Encore.
Toujours plus loin.
Toujours plus de chez elle.

Toujours plus loin d'elle.

De ses pensées. De son âme.

Toujours plus loin. Encore plus loin.

C'est toujours comme ça, elle ne s'arrête que lorsque ses jambes ne tiennent plus, lorsque son corps ne la supporte plus. Elle tremble, non de froid, ni de peur. Elle tremble parce que son corps n'a plus de force. C'est alors qu'elle s'effondre, à même le sol. Vide de pensée, le regard vide mais son coeur plus actif que jamais.

C'est toujours comme ça.
Mais rien ne peut l'arrêter.

C'est son addiction.