La vie de Sakura Haruno n'était qu'une série de déceptions. Elle n'était pas à la hauteur des attentes de ses parents, elle n'accotait pas ses coéquipiers, elle n'était pas digne de l'amour de Sasuke, elle n'avait pas assez de courbes pour la société. En un seul mot, la ninja était une ratée. Pourtant, quand elle y pensait les mains enfoncées dans les tripes d'un cadavre, Sakura ne faisait que sourire. Elle avait sombré bien trop profondément pour que ces futiles détails l'affectent. Peu à peu son esprit s'était mis à apprécier la douleur que cette vie lui apportait parce que c'était bien la seule constante dans sa vie. Le lendemain était toujours incertain: quel corps allait-elle devoir disséquer en recherche d'informations confidentielles ou quel ami se présenterait sur son seuil pour parler de ce mal le rongeant. Cependant, la sensation de brûlure dans le torse de la médecin demeurait présente à chaque seconde. D'une certaine façon, ce serpent de feu lui remontant dans la gorge au fur à mesure lui apportait le même soutien qu'un animal de compagnie l'aurait fait. Il l'écoutait prier les cieux de trancher la jugulaire de la ninja pour qu'enfin cette toxine l'empoisonnant se déverse en-dehors de son corps. Certains jours, le reptile s'emparait de ses cordes vocales pour que la fièvre qui la consumait se propage à d'autres. Dans ces moments, elle perdait le contrôle. Ses mains s'agitaient dans des mouvements erratiques au rythme de ses paroles sanglantes et ses yeux luisaient d'une lueur malsaine. Peut-être parce que ses amis avaient perçu chez elle la même folie qui les habitait se confiaient-ils à elle. Seulement, elle savait que leurs cas étaient différents. Après tout, ils n'étaient que les victimes. Ils ne pouvaient pas savoir que le serpent l'avait conquis et que chaque parole prononcée était un pas de plus dans l'étreinte de ce pommier. Ils n'étaient que la pauvre Ève et elle, le malheureux Adam transformé en marionnette. 

***Ce texte n'a pas pour but d'insulter de quelconque manière la religion chrétienne. Si ce texte vous a offensé, je m'en excuse et j'aimerais avoir votre point de vue. Sinon, bonne journée !***