La paix, quand on la veut, est encore la victoire. Alfred de Musset


— Allez ! Allez ! Allez ! Cours merde ! s'égosille la petite blonde toujours perchée sur mon dos, cette folle me tambourine le crâne et s'excite sur mes oreilles. 

Je ne sais pas comment elle se débrouille, mais elle arrive à sautiller contre mon dos. C'est un vrai ressort cette fille !
Quand nous gagnons, elle explose et m'arrache au passage ce qu'il reste de mes pauvres oreilles. 

Je me jette en avant pour qu'elle descende, je finis par me retrouver le cul par terre sans savoir comment.  

Estelle et Jess n'en ont rien à foutre, elles se précipitent vers les joueurs en bousculant tous ceux qui se mettent sur leur passage.
Des folles.
Je souffle et essaie de me relever, mais un pauvre connard me marche sur la main, je l'insulte, mais ma voix est noyée dans le bordel ambulant.


— Casse-toi ! grogne Louis, je relève le nez prêt à lui en foutre une si c'est à moi qu'il parle comme ça. Je serre déjà mon poing de libre pour lui imprimer ma façon de voir les choses.


Il ne me regarde pas, je me sens super con. Il se trouve devant moi, ses genoux à hauteur de mon nez. Je suis littéralement à ses pieds. 
Il regarde l'autre débile qui me bousille la main, droit comme un i, les mains serrées contre son corps et son putain de regard de tueur scrute l'autre con. Même d'où je suis, je peux voir que quelque chose cloche, son regard se fait de plus en plus noir, son visage change. Ses traits se figent, sa mâchoire se serre et se relâche de façon compulsive.
Il avance une jambe pour avoir un meilleur équilibre, je connais cette façon de faire, le pater' me les a assez brisés avec. En général, quand on est doué, l'adversaire fini au tapis et l'autre remporte la médaille, j'ai rarement bouffé le tapis.
L'autre, le regarde, je ne le connais pas ou alors je l'ai zappé, mais un truc dans son regard me fout en rogne, un truc que je n'aime pas. 

Quelque chose de vicieux, bien crade, un truc qui mérite un poing dans la tronche direct.
Je n'aime pas.
Je me relève en les éloignant l'un de l'autre. Ma main est bien rouge, remarque le mastodonte l'est aussi, ce qu'il est laid !


- C'est bon, je dis en plaquant une main sur le torse de chacun. L'autre se barre en beuglant, je ne sais quoi.
M'en fous.
Quand je me retourne vers le pote d'Idriss, son petit sourire vicieux me ramène à la réalité en moins de deux, son regard fait des va-et-vient entre ma main toujours posé sur son torse et moi.
Je range ma main direct dans ma poche et me casse.


Trop de trucs bizarres. 

Je regarde ma main comme s'il elle m'était étrangère.


— Tu pourrais au moins me remercier ! me dit l'autre con, je me retourne et son putain de regard me scotche encore une fois.


— La ferme, je lui lance en bloquant sur sa saloperie de rictus. Même de dos, je sens encore la morsure de ses yeux sur mon dos, je me magne de rejoindre les autres.



Je vais enterer ce souvenir dans le fin fond de ma mémoire a grand coup de bières! 

En bas, c'est un joyeux bordel ! Je ne sais pas trop qui me met une bière dans les mains, je ne vais quand même pas la refuser pas ! Ce serait malpoli ! Avant de rejoindre tout le monde, j'en profite pour envoyer un message à ma mère.

On a gagné !

Ok ! À demain ! Fais pas les folies que je ne ferai pas !

Je me marre comme un idiot devant la réponse de ma sainte mère, elle sait que lorsqu'on gagne il n'y a pas cours le lendemain. Une sorte de tradition dans notre lycée, alors on fait la fête pour célébrer la première victoire de la saison.


Et, elle, sage, j'y crois pas trop.
 Après tout, faut bien tenir de quelqu'un !
 

Je range mon portable dans ma poche et pars rejoindre les sportifs, même les esprits de sainteté ont une bière dans la main. 
Comme quoi tout arrive.
Estelle finit sur le dos de son copain et s'amuse à lui mordre l'oreille. 

Je le vois rire à gorge déployé et l'embrasser tendrement. Jess et sa gothique, se prennent dans les bras et vont féliciter les autres joueurs. Une pointe de jalousie et d'envie abîme le goût de ma bière. Une nana, inconnue au bataillon, du moins, je ne me la suis pas faite, ramène une guitare aux musicos, Estelle en prend une aux couleurs de notre équipe avec ses initiales en turquoise. 
Celle-là lui correspond bien plus que l'autre.


Je m'approche de Bryan, mais un gros abruti passe en embarquant mon épaule au passage. Je le reconnais même de dos, ce grand con avec son éternel sourire de merde. Il va vers Idriss mine de rien, comme ça normal. 

Il se retourne rapidement vers moi, le regard qu'il me jette est... glacial, il ne sourit plus, s'en est presque douloureux. Je m'arrête et secoue la tête avant de reprendre mon chemin. Je vais lui en foutre une c'est pas possible ! C'est pas possible je me repètte en serrant les dents.


— T'étais où ?! hurle Bryan, les joues rouges.
Je ravale un grognement et lui montre mon gobelet rouge toujours intact.
Il se marre et je le prends dans mes bras, rien de tendancieux, rien de crade, juste deux potes qui se connaissent depuis toujours.

Au bout de quelques heures de pur délire, la pelouse se vide. Tout le monde se dirige vers le gymnase, autre tradition à peine imposé par les élèves. Remarque, on n'a pas eu trop de mal à convaincre les profs et les hautes autorités; eux aussi font la fête et après ce genre de soirée certains profs perdent à jamais toute crédibilité.
À croire qu'il n'y a pas que pour moi que les habitudes ont la vie dure, Bryan me regarde et lève deux doigts. Je vais donc prendre deux bières à nous, dans la planque. Par pure habitude quand je passe le pas de la double porte, je prends la direction de la sortie de secours. 

Aucune bière à l'horizon dans ce genre de fête. En revanche, il y a du punch et les fruits y sont quasi inexistants.
Pas de trace des doubles, tant mieux.
 Quoique... je suis un poil sur les nerfs à cause de l'autre con, ça m'aurait bien défoulé de les avoir sous la main.
Sur le retour, je me fais embarquer dans le renfoncement comme un bleu.
Sans rien voir venir je le sens s'écraser contre moi, en dix secondes tout est fini. En dix secondes, je me retrouve les bras en croix contre le mur tenant une bière dans chaque main, ses deux poings serrés autour de mes poignets, il écrase sa bouche contre la mienne. Son baiser n'a rien de tendre, c'est brut, violent rapide, je sens ses dents à travers mes lèvres. Un bruit de fracas se fait entendre au loin mais plus rien n'a d'importance, tout mon corps est électrifié, comme suspendu. Je n'entends plus rien, ne vois plus rien en faite je ne suis pas vraiment sur de respirer encore .Dix secondes, dix putain de secondes, c'est tout ce qu'il lui a fallu. Il plonge son regard dans le mien comme par défi et se casse en pas moins d'une seconde, comme un bon à rien, un putain de voleur et moi, je me retrouve comme un con à glisser contre le mur.


— Ok... je souffle en reprenant mes esprits.
Normalement, c'est là que je me fais des salopes et là, c'est moi qui... 

Merde ! 

Je ramasse ma canette qui s'est écrasé contre le sol alors qu'il... Non, c'est pas possible, putain! Je ne me rends même pas compte d'avoir ouvert l'une des cannette, je la renverse directe dans mon gosier.
Je reprends mon chemin, je tends une canette à mon pote, je suis complètement à l'ouest. Bryan me regarde un peu bizarrement, remarque, je dois faire une drôle de tête aussi.
Ma résolution pour ce soir, c'est d'anesthésier le cerveau !

Je viens de me faire embrasser par un gars...

***

Au fil de la soirée, je me détends, avec une aide liquide, mais je prends soin de rester loin de l'autre.
Je tiens au peu de santé mental qu'il me reste !
Estelle et deux de ses copines improvisent un petit concert, rien à dire elles sont grave douées. Bryan le coude sur mon épaule, la dévore du regard.


—Y'en a qui vont passer une bonne nuit, je lui dis avec un regard complice.


— J'vais pas me gêner ! il me répond en buvant sans la quitter du regard.


On se marre comme les deux branleurs qu'on est. Du coin des yeux, je vois l'autre abruti qui nous regarde. Je suis partagé entre l'envie de fuir et le besoin de lui tenir tête.


Je me tourne vers lui, hausse un sourcil et lève le menton par défi. Je crois que j'ai merdé, il ne me lâche pas du regard et son rictus à la noix s'élargit encore plus.
Je me sens mal, je crois avoir trop bu, ouais, c'est ça, j'ai trop bu, je me dis en vidant ma cannette. Je ne compte plus le nombre de bières qu'on s'est enfilées. 

Tout ce que je sais, c'est que notre planque s'est retrouvée sur les bancs.
Pour une fois, c'est Idriss qui me sauve la mise en lui parlant. 

De quoi, franchement je m'en fous au moins il ne me regarde pas.
Je le fuis. Quel bon à rien, je fais !


La soirée se passe bien, je me fais même aborder par une nana, Dorine, je crois, de toute façon j'aurai déjà oublié demain. JeJe l'ai juste faite marché quelques minutes avant de me désintéressé d'elle. Les potes avant tout. 

Elle est moche de toute façon.


— Pour vous ! nous dit Idriss en nous mettant à chacun un shot d'alcool aux fruits dans les mains. Avec ses grandes paluches, il en a calé six.
J'en prends un et le vide d'un trait.
Pas assez fort.
La salle se vide petit à petit. 

Vers quatre heures du matin, j'aperçois quelque chose qui me noue les tripes. La bile me monte à la gorge, pourtant je ne crois pas avoir trop bu.
Je vois Louis se barrer en direction des vestiaires avec un autre gars, ils se tiennent par la main. Faut pas être devin pour comprendre la suite de leur soirée. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi ça me fait chier.
Je sens un liquide couler le long de ma main, en baissant les yeux je remarque que le gobelet rouge que je tenais est réduit en charpie.
Je regarde vite fait autour de moi, le couple de blond s'en donne à cœur joie, Idriss délire avec Jess et la gothique.


Je me sens con et seul.

Mon corps me brûle. J'ai l'impression d'exploser de l'intérieur, je ne vois plus que cette foutu porte par laquelle ils ont disparu.
Merde.

Il faut que je me tire et vite.
Je ramasse mes affaires et me casse. Au loin, j'entends le blond qui m'appelle, je ne lui réponds pas, je me barre direct chez Laura, il est temps que je me fasse ma soirée à moi.

L'image de Louis et de ce mec ne me quitte pas, elle se répète en boucle dans ma tête si bien que lorsque je fais un focus sur leurs doigts entrelacés j'ai manqué de baptiser la première poubelle qui s'offrait à moi.
Finalement, je ne vais pas voir Laura, pas envie. Ouais, pas ENVIE. Je monte dans ma chambre, il est pratiquement six heures.

Au bout d'une demie-heure, ma mère entre dans ma chambre.


— Déjà là ? elle me demande étonnée. Faut avouer que ce n'est pas dans mes habitudes de rentrer aussi tôt, mais en ce moment, mes habitudes sont un peu mises à mal.


— Ouais, je lui réponds en haussant les épaules.


— Sûr ?
S'il y a bien quelqu'un avec qui je peux parler, c'est bien elle, je le sais, mais je ne peux pas. Je ne sais pas pourquoi mais je ne peux pas, tout mon corps est comme paralysé à l'idée de lui dévoiler... de lui dévoiler quoi en fait? Je suis tellement perdu que je ne saurais même pas par où commencer.


— Sûr, je lui réponds en grimaçant un sourire.


— On va dire que je te crois, elle finit par me dire après quelques minutes en s'asseyant à côté de moi sur mon lit.
Aucun de nous deux ne parlent pendant un moment.

 J'ai envie de lui raconter ce qu'il s'est passé, de lui dire que j'aurais pu le repousser, lui refaire le portrait. Mais non. Que j'aurais dû lui casser la gueule, mais je n'ai rien fais. Pire, je me suis allé à fermer les yeux.

J'aurais aussi aimé lui avouer que lorsque l'abruti s'est barré avec l'autre bâtard quelque chose s'est brisé en moi, un truc qui fait vraiment mal. Mais je crois que si je lui dis ça, je vais faire la connerie de ma vie.
Putain de merde. 

Je me frotte le visage des deux mains.


— M'man ? elle se tourne vers moi, je crois que j'ai fait une connerie.


La dernière fois que je lui ai dit ça, elle avait dû venir me chercher au poste. J'ai cru qu'elle allait me tuer ce jour-là, pourtant, je n'avais presque rien fait, juste mis hors d'état de service la voiture de notre ancien directeur avec Bryan.
En même temps, c'était en partie de la faute de ce gros lard, il l'avait cherché en nous renvoyant parce qu'on avait soi-disant "dépasser les limites et que si on recommençait on serait renvoyés". On l'a pris comme un défi, sa voiture a pas mal souffert. Moi aussi au passage, pas grave, on s'est bien marrés.


— Tu me le dis avant ou après t'être illustré ?
Je pince les lèvres pour ne pas rire. Elle est chouette ma mère.


— J'ai encore rien fait, je lui assure, après tout, je n'ai rien fait puis je ne sais même pas ce que je dois faire.


— Si tu fais une connerie et que tu te fais attraper, tu assumes.
Je hoche la tête. Ça a toujours été la règle, tu te fais chopper tu assumes. Point barre fin de l'histoire.
Je ne me comprends pas, quand il m'a collé contre le mur, je sais qu'il m'a laissé dix fois l'occasion de le repousser, j'aurais dû bouger ? Pourquoi je ne l'ai pas fait? Est-ce que, c'est une connerie ? Je dois assumer ? Mais assumer quoi au juste ?


— C'est bien la première fois que je te vois te triturer la tête comme ça. Elle repousse une mèche tombée sur mon front et je me retiens de chialer comme un con. Elle a le don pour me foutre en l'air, pire que l'autre.
Ma mère c'est ma mère.


— Ça va, je lui réponds. Je lui mens. Si elle savait... j'ai peur qu'elle m'abandonne, peur à la con. 

— Dis, qu'est-ce qui ferait que tu m'abandonnes un jour ? je lui demande le plus sérieusement du monde.
Elle se tourne vers moi, je vois bien qu'elle a envie de rire, comme si, je venais de lui dire la plus grosse connerie du monde, quand elle voit que je ne rigole pas, elle retrouve son sérieux.
Elle réfléchit un moment avant de me répondre.


— Dire que je ne t'abandonnerai jamais est un mensonge, si tu vas trop loin comme tuer quelqu'un sans aucune raison, violer ou une autre horreur dans le genre, je t'abandonnerais, car j'aurais honte, et pas que de toi. J'aurais honte de me dire qu'en tant que maman j'ai absolument toute foiré. Sinon je ne te laisserai jamais, quoi que tu deviennes, quelque soit la personne que tu aimes. Même si je vais devoir faire d'énorme effort pour accepter la personne que tu me ramèneras à la maison. Elle termine sa phrase en fronçant les sourcils.


Je souris comme un con.
Elle a dit «la personne» pas «la fille», elle a vu un truc ? Elle croit que... Non ! Non ! Non ! J'ai envie d'exploser pour le coup ! Elle me prend déjà pour un... Non ! Non ! De la merde !
C'est mon portable qui vibre à côté de moi qui me détourne de mes pensées. J'ai un nouveau message, un de plus. C'est sûrement Bryan. Je m'en fous. Pas envie de parler.

Je me lève, embrasse le haut de son crâne et sors de la pièce. J'entends ma mère souffler dans ma chambre.
Je pars voir Laura, ce coup-ci j'y vais vraiment. Au passage, j'éteins mon téléphone, je ne veux parler à personne. Tout ce que je veux, c'est me vider, un truc facile sans prise de tête, sans questions ni sentiments étranges.
Comme d'habitude, il n'y a personne chez elle, elle se comporterait moins comme une traînée, je la plaindrais, mais non Laura est une pute et je crois qu'elle le cherche quelque part. 
Point barre.
Je toque avant de rentrer dans sa chambre, elle est de dos, quand elle se retourne et me voit, elle me sourit. Dans un sens, moi aussi, je suis content de la voir, juste dans un sens.

Sans dire un mot, je me jette sur elle, je ne l'embrasse pas, je n'aime pas l'embrasser, je ne crois pas l'avoir déjà fait d'ailleurs. Elle se laisse faire et glousse comme une dinde.
Ce qui est bien avec elle, c'est qu'elle est toujours prête et les seules fois où sa porte est fermée, c'est quand elle a ses règles. 

Une vraie salope de compet'!

***

Je me laisse totalement aller, je me fous de savoir si elle prend du plaisir ou pas, si elle se sent dégrader par les positions que je lui fais prendre, je m'en fous. Tout ce que je veux, c'est me défouler en elle. Je m'y emploie sans aucune honte.
Je ferme toujours les yeux quand je me vide, je ne veux pas la voir, c'est un truc à me couper net !
C'est pile ce moment-là que mon putain de cerveau joue les traîtres, normalement comme le bon branleur que je suis, je ne vois rien ni personne, seul moi compte, juste moi, rien que moi.
 

Mais là, non !
 Il faut que son putain de visage avec son sourire à la con danse devant mes yeux ! J'imprime mes doigts sur ses hanches et serre les dents pour ne pas hurler de frustration.
Comment je peux penser à lui là ?!
Je me retire, éjecte la capote, me rhabille et me casse. La petite salope m'appelle, je m'en fous tellement que je me barre.
Je rentre chez moi en courant, monte les escaliers, enfile un short, mes pompes de sport et me casse de nouveau. Le tout sous le regard ahuri de ma mère.


Je ne cours pas à petites foulées bien tranquilles, non !
Je cavale comme un lapin, je fuis, je me fuis carrément ! Comme une saloperie de lâche ! Mes poumons s'enflamment tout de suite, mes jambes menacent déjà de me lâcher et ma saloperie de cerveau impose encore et encore l'image de l'autre abruti qui part dans les vestiaires avec ce con de gars taillé comme un cure-dent !


— Merde ! je hurle comme un taré en me frottant le visage et je repends ma fuite encore plus vite. 
Mon estomac se soulève, je m'en fous ! La douleur n'est qu'un état d'esprit ! Putain maintenant, c'est la voix du pater' qui résonne dans ma tête ! Je tape le sol encore plus vite, encore plus fort, rien à foutre faut que je continue !
Mon sang bat dans mes tempes, je n'ai plus de souffle, je vois des étoiles et enfin, enfin, je suis à bout.
Je ne sais pas depuis combien de temps je cours quand mon corps me dit stop, j'ai déjà dépassé le sous-bois qui se trouve à presque une quarantaine de minutes en voiture de chez moi.


Pas mal.
Une main sur le tronc, j'essaies de reprendre mon souffle. Entre deux respirations, j'appelle ma mère et lui demande de venir me chercher, elle tique quand je lui dis où je suis, mais elle ne dit rien. J'ai plus qu'à m'asseoir et attendre.
L'avantage, c'est que je suis trop crevé pour réfléchir. 
Trop crevé pour me prendre la tête. Trop crevé pour ressentir quoique ce soit.
Le pied.

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