Qui ne défend pas ses droits mérite de les perdre.
Gérard Haas
On se lève comme un seul homme et on prend le même chemin que le groupe de blaireau, le bâtiment qui suit est celui des musicos.
On accélère le pas.
Bryan me devance d'un bon pas, je le vois se tendre de seconde en seconde, je ne suis pas mieux. Je peux pas m'empêcher de me demander si Louis est bien rentré. C'est plus fort que moi, mon esprit divague aussi sec vers lui.
Devant le bâtiment, on dégonfle rapidement, on la voit à travers la fenêtre elle s'exerce sur sa guitare, quelques petites mèches folles s'échappent de son chignon désordonné. Le blond baisse le nez et souffle, j'enfonce mes mains dans mes poches.
— J'crois que j'vais pas lâcher Estelle dans les jours à venir. Il me dit en se tournant vers moi sans vraiment me regarder.
Pourtant je vois que son regard a totalement changé, il est comme toutes ces fois ou il se contient, comme toutes les fois où il sait qu'il risque de dérailler. Je connais bien ce regard, quand l'un de nous perd pied l'autre n'est jamais loin, c'est une règle.
Point barre fin de l'histoire. À deux, toujours à deux.
On se retrouve tous les deux devant la salle de classe de la petite blonde, je m'appuie contre le mur et sort mon portable. Il faut que je m'assure qu'il va bien c'est plus fort que moi.
« T'es chez toi ?
Oui »
Louis me répond aussi sec et sèchement que ma question l'est. Bon, je n'ai pas fait preuve non plus de beaucoup de douceur. Pour le coup, je me fous d'être doux, je veux juste être rassuré. Il est chez lui, certainement en colère contre moi, mais chez lui. Je n'ai pas le temps de ranger mon portable qu'il vibre de nouveau. De toute façon moi aussi j'ai les nerfs contre lui. Donc il peut penser même croire ce qu'il veut.
« Je serais devant chez toi ce soir, te demande pas ton avis. »
Je grogne en lisant son message, il se prend pour qui lui ?! Pour le coup je ne lui réponds pas, vaut mieux pas pour lui.
Putain qu'ça m'bouffe ! Il m'a vendu du rêve ce con et j'ai été assez stupide pour y croire et pas qu'un peu ! J'ai les tripes en vrac, je dois serrer les dents pour me retenir de beugler tout un tas de trucs que je ne suis pas forcement sur de regretter, alors je me la ferme et écoute le blond.
Mais une chose est sûre, je l'ai mauvaise et pas qu'un peu. Vraiment pas, je me sens trahi.
Avec le blond, on est d'accord sur le fait que les deux abrutis vont s'en prendre à la blonde, c'est une proie facile. Malgré sa grande gueule, elle reste une nana. Le truc, c'est qu'il ne faut pas que Bryan se fasse virer sinon sa bourse universitaire va sauter. Je lui dis donc que si ça va trop loin, je prendrais tout sur le dos. Le pater » ne va pas aimer, ma mère non plus... Faut aussi que je pense à Jess, on n'sait jamais.
— Ou alors on se les chope à l'extérieur. Il me dit en plantant son regard dans le mien.
— Aussi, tant qu'on leur tombe dessus moi ça m'va. Je lui réponds en haussant les épaules.
Mes trois neurones partent en vrille, Louis, Louis encore et toujours Louis. J'espère avoir été assez discret ? Je suis sûr que je ne supporterais pas de le voir acculé une nouvelle fois, ouais je n'aimerais pas ça des masses.
Sauf si c'est moi qui le colle contre le mur ... Bordel ! Je lui donne mon cul et l'autre là normal il va parler avec l'autre là !! Il se fout de moi ! Je passe mon doigt sur ma cicatrice en haut de mon œil, elle est encore un peu rosé et gonflé, un jour, elle sera toute fine, mais tout aussi présente. Un peu comme tout le reste et ce putain de sentiment de trahison qui me retourne l'estomac.
La blonde sort peu de temps après et nous saute dessus, au passage son copain se prend un coup de guitare en plein dans le ventre. Je suis souffle un « outch » quand elle détache de moi. En deux temps, trois mouvements, il la convainc de rester dormir chez lui, faut avouer qu'elle n'est pas dure à corrompre, je me marre en les voyants se chamailler.
Devant le petit square, je vois la voiture d'Idriss mal garée devant une voisine qui me gardait parfois quand j'étais petit. Mon ventre se tord, et ma rage refait surface en explosant toutes mes barrières.
Il est adossé contre la carlingue de la bagnole, ses mains dans ses poches, je déglutis avec peine, j'ai du mal à respirer. Il ne s'est pas changé, je ne suis plus si sûr qu'il soit rentré chez lui, en plus de tout le reste il me raconte des conneries j'en suis sur ...
Je souffle et baisse le nez. Bryan me pose une main sur mon épaule.
— Ravale un peu ta fierté vieux.
Et c'est lui qui me dit ça...
Ça se voit que ce n'est pas lui qui s'est fait prendre pour un con ! J'voudrais bien le voir à ma place lui aussi ! Il me pousse vers lui avec sa main, je me tourne vers lui un poil nerveux, la blonde me fait un clin d'œil. Elle aussi elle ne sait rien de ce que je ressens. Pourtant c'est marqué sur ma tronche j'en suis sur. Au fond de moi je suis sur que seul Jess peut me comprendre. Faut pas croire, mais elle en a mangé dés pas mal aussi...
Je plaque une main contre mon ventre qui fait des bonds comme pas possibles, je serre les dents aussi pour m'empêcher de lui cracher en pleine figure deux trois belles conneries de mon cru. Son regard noir me fout en l'air, il ose me regarder comme ça ! Comme ci j'étais un gars important, que j'comptais pour lui ! Enflure ! Il se décolle et prend la direction des jeux d'enfant sans me décrocher un mot.
Il s'arrête devant la balançoire, ses mains toujours bien enfoncées dans ses poches, ses épaules montent et s'affaissent au rythme de sa respiration, sa veste en cuir est un peu juste sur ses épaules, mais elle souligne parfaitement sa carrure. Moi, comme un bon branleur que je suis, je prends mon temps pour le rejoindre, c'est comme ci je voulais graver son image au plus profond de moi. J'ai peur que tout s'arrête, j'ai peur que demain, il ne me regarde plus, j'ai peur qu'il se désintéresse de moi. Peur qu'il se soit foutu de ma tronche. Ca aussi c'est plus fort que moi, pourtant c'est moi qui viens de me faire prendre pour un con pas lui. Mais c'est par lui.
Je ne m'arrête pas à sa hauteur, je passe devant lui sans un regard. Je sens son regard me mordre la nuque, mais je résiste. J'lui ferais pas cet honneur, non même pas en rêve ! Je continue mon chemin sans me retourner.
Je me place sur une petite moto à bascule, elle tangue dangereusement. Dans mon dos, je l'entends me rejoindre d'un pas tranquille. J'ai mal au ventre, mes tripes sont en train de se faire une fiesta de tous les diables et moi, je suis le couillon de voisin qui subit leurs délires. Il se tourne vers moi et plante ses deux billes sans fond sur moi. Son regard noir me fout en l'air, il est en colère, froid et dur.
Tant mieux garçon, je ne suis pas mieux.
À l'heure actuelle tout ce qu'il m'empêche de lui éclaté sa tronche c'est ... Ce je ne sais trop quoi qui me bousilles mes trois pauvres neurones et peut être aussi le fait que ce soit lui ne face de moi. Je suis quelqu'un de fier alors, je le fixe comme si je ne regardais qu'un futur cadavre, mon envie de lui faire racler le sol avec sa tronche me reprend. Elle est si violente que je doute qu'elle m'ait vraiment quittée un jour. Il pose ses deux mains sur chacun des poignets de ma moto, elle s'immobilise et avance son nez à deux centimètres du mien.
Je gère, je vais lui pas rentrer dedans. Pas tout de suite du moins.
— Qu'est c'que tu n'comprends pas dans « emmerde et prise de tête » ? Il me demande en imposant ses yeux dans les miens. Ses mains sont serrées, ses bras tendus, ses veines ressortent au niveau de son cou. Il est furax. Sexy, putain de porno land qui fait son grand retour dans mon crane.
Je souris, le genre de demi-sourire qui gave tout le monde. Je suis jaloux et je ne le gère pas. C'est ça le fond du problème, mais je suis atteint d'anorexie verbale, du moins d'anorexie sélective... par ce que si je l'ouvre ... Puis je me suis fait prendre pour un con ... Ca a toujours été moi le salop dans mes « histoires », pas le contraire point barre fin de l'histoire.
— P't'être « prise de tête ». Je lui réponds mes yeux toujours dans les siens en articulant plus que besoin. Il plisse les yeux. J'esquisse un sourire de pur branleur bien arrogant. Que les bons fervents de la religion « Saint Adam » se rassurent, je suis et je resterais un bon branleur. Amen mes frères.
— T'es qu'un gros con ! Moi ...
— Moi je suis un gros con ? Je beugle mon tour en me levant d'un bond, le jouet pour enfant tangue d'avant en arrière bien trop vite pour lui. Donc c'est moi le con dans l'histoire ??!
— Tu t'fou de moi la ! Il hurle à son tour en se rapprochant de moi.
— Je me fou de toi ? Putain, mais ! Je le coupe en me jetant sur lui.
Je le colle sur l'arbre qui est dans son dos et lui agrippe le col de son manteau, on est front contre front, on respire de plus en plus fort, mon cœur bat a en éclater dans ma poitrine. Écoute-moi bien sale connard. Je commence les dents serrées. J't'ai laissé entrer dans ma putain d'vie, j't'ai laissé ... Je serre les dents encore plus fort, non je ne dirais pas a voix haute que je l'ai laissé me prendre par ce que « sa » c'est a moi. Et toi tu fais quoi ?? Tu parles comme ça normal avec l'autre traîne la grolle !
Je le secoue un peu et le plaque toujours plus fort contre ce pauvre arbre qui a sûrement dû connaître des jours meilleurs.
— Tu ... Il commence avant que je ne resserre mes poings contre lui. T'es qu'un abruti. Il enfonce ses pouces dans le creux de mes poignets, ça fait mal, mais je ne lâcherais rien, plutôt crever. Je lui disais juste que ... Putain, mais tu vas te détendre ! Il hurle quand je serre une nouvelle fois ma prise, sa veste crisse sous mes doigts prêts à se déchirer. Je m'étais les choses aux claires avec lui, je lui disais qu'il n'était qu'un plan cul ! Rien d'plus ! Voilà t'es content ??! Au fur et à mesure je me suis redressé et ai desserré ma prise.
On se tait une trop longue seconde puis il l'ouvre de nouveau.
— T'sais quoi ? Mes parents reviennent bientôt dans la région et j'leur ai déjà parlé de toi ! Ouais ! Ils savent que je suis en couple avec un gars, ils savent ton prénom, ton âge que... Il se tait et serre les dents, ses yeux toujours dans les miens.
Peut-être je devrais me sentir con, mais je suis trop furieux, alors oui j'ai toujours envie de lui en coller une sans parler du cure-dent. Mon anorexie sélective reprend sa digne place puisqu'il continue de l'ouvrir.
— Puis je dois dire quoi moi ? De toutes ces pouffiasses qui te regardent ? Je lève un sourcil. Ne fais pas cette tête d'innocent ! Il me crache. Genre, tu vas me dire que tu ne les vois pas ? Te fous pas d'moi y'a pas deux semaines, tu en jouais !
— Putain, mais quand MOI je te dis que je suis partant pour goûter a la monogamie, je le fais vraiment ! Qu'es c'que tu crois ?! Je beugle une fois de plus en continuant de serrer mes poings.
— Et tu crois quoi de moi merde ! Il hurle tout aussi fort que moi en posant de nouveau son front contre le mien, mais voilà j'ai écarté mes jambes pour bien ancré mes pieds dans le sol, je suis suffisamment en avant pour ne pas perdre l'équilibre et tomber comme un con et surtout, surtout j'ai mal aux tripes comme jamais, j'ai mal à en vomir. Tu crois que je vais te baiser et rejeter comme une merde ? Comme TU le faisais avec les autres ?
Ses paroles me donnent un coup de bourre dans tout mon corps, je me redresse et me tient complètement droit, mes poings ce sont desserrés sans pour autant lâcher totalement. J'ai envie de lui balancer tout un tas d'horreur Mad In Adam, mais rien ne sort, j'ai l'esprit vide et mes tripes sont mortes. Je ne suis plus qu'une bouillie de trip en décomposition.
Je sais que je suis un salop, elles me l'ont dit plus d'une fois, mais voilà ça venait d'elles alors j'en avais rien à foutre. Là ça vient de lui, c'est différent.
— Et toi t'a parlé de moi a tes parents ? Il me demande presque en sifflant, sans mains sont toujours posées sur l'intérieur de mes poignets, mes poings n'ont pas bougé d'un iota.
Ce n'est pas une claque que je viens de me prendre dans la tronche, mais un putain de train lancé à grande vitesse ! Ça me fait si mal que je me redresse, je ne sens qu'à peine mes bras tomber le long de mon corps. Je ne suis plus vraiment sûr de respirer.
— Adam je.... Il n'a pas eu le temps de finir sa putain de phrase.
Mon poing droit est venu s'abattre comme un con sur l'écorce de l'arbre juste a coté de sa tempe. Oui j'aurais pu lui faire très mal, je le veux même. Vraiment. Mais il n'aura jamais aussi mal que moi en ce moment. Il n'a pas cligné des yeux, pas bougés, rien, il devait se douter que je ne le frapperais pas directement alors il m'a fixé ce con. Un bout d'écorce tombe sur une touffe d'herbe, je ne l'entends pas, je ne fais que de le voir.
Un oiseau a pris son envol quelque part au-dessus de nous puis le silence nous a entourés de nouveau.
— Écoute-moi bien. Je commence en lui attrapant de nouveau son col, sa tête a légèrement cogné contre l'arbre, mais il n'a pas bronché. Tu croyais que j'allais dire quoi ? Hein ?! Tu croyais que j'allais rien dire ?? Pour une fois je n'hurle pas, je n'élève même pas la voix, non a la place je parle tout bas tout en le fixant sans reprendre mon souffle.
Louis me regarde et pour la première fois il baisse les yeux. En faîte ça me gonfle encore plus. Je pensais tout de lui sauf que c'était un putain de faible ! Je suis dégoûté, de lui, de moi ... Je suis dégoûté alors je baisse les bras c'est encore plus fort que ma colère de tout à l'heure, beaucoup plus violent. Je ferme les yeux et souffles, en face de moi j'entends Louis souffler aussi, je serre les dents. C'est comme-ci il n'y avait plus d'aire autour de nous, comme-ci j'étais en apnée, tout va finit par se terminer. Par mourir misérablement.
— Je ... Commence Louis en me touchant le bras, sa poigne se referme doucement dessus. Je te demande pardon si je t'ai blessé. Il hausse un peu le ton quand je l'ouvrais pour le couper. Je voulais vraiment me débarrasser de l'autre pour ...
— D'accord. Je le coupe toujours sans le regarder, je ferme les yeux le plus fort possible. Faut que je reste sur terre, faut pas que mon esprit parte en cacahuète. Je... D'accord. Je répète un peu plus fort, pour moi l'écouter est synonyme de douleur. Je me bouffe la lèvre pour me concentrer sur autre chose.
On reste comme deux cons l'un en face de l'autre un moment, je fais mon branleur, mais en faite je ne gère rien du tout je subis. J'en prends plein la tronche mine de rien. C'est vraiment violent.
— J'suis possessif. Je souffle en baissant le nez, je sais que je l'utilise comme une excuse, mais c'est tout ce que je peux articuler. C'est tout ce que je peux lui dire, c'est tout ce que mes trois putains de neurones m'autorisent à dire.
Il relève son nez d'un coup sec, ses yeux brillent d'un feu que je ne connais pas. Il attrape mes poings avec ses deux mains et colle ses lèvres contre les miennes. J'attrape le col de son cuir et l'approche encore plus de moi. Si je pouvais me lover sous sa peau, je le ferais, même si j'ai envie de l'étrangler contre ce pauvre arbre. C'est un peu comme-ci nous terminions notre embrouille en s'embrassant, c'est à la fois violent et doux comme une redécouverte vorace de ce que nous sommes.
— Je t'ai dit que j'te donnerais du temps, je t'en donne, mais je t'interdis de douter d'moi, compris ? Il se colle une nouvelle fois à moi, c'est violent et bestial, il est autoritaire et intransigeant.
Et moi ? Passons. Je rêve de me la jouer proche de la nature avec lui.
— Ne lui parle plus. Ce n'est pas une demande a la voix étranglée, non c'est un ordre clair et simple et je sais qu'il le sait, je le vois a son regard, je vois aussi que ça ne lui plaît pas, mais je m'en branle pas mal. De toute façon je ne peux pas faire autrement.
— Tiens tes promesses et je tiendrais les miennes. Le sous-entendu est clair : assume-toi et donc parles-en à tes parents. La bonne blague. Du con.
— L'inverse est aussi valable. Je lui grogne en retour.
Je suis encore en colère, justifié ou non, j'ai encore les nerfs c'est comme ça, mais voilà je suis moi. Alors je me recule et laisse ressortir mon côté branleur. Je lui fais un demi-sourire et m'efface pour qu'il puisse se casser. Chose qu'il fait après m'avoir embrassé comme un condamné a mort. J'ai l'impression de respirer de nouveau c'est encore douloureux, mais je me sens vivant avec toutes les merdes que ça entraîne.
Quand je sortirais de ma brume, je comprendrais que je viens de goûter à de la jalousie pure et que j'ai agis comme un con, que tout ça, c'est de la merde et que finalement on a les mêmes angoisses, les mêmes désires. Ouais sûrement, mais pour le moment je jure que si je croise le cure-dents je lui ratisse la tronche et que si c'est Louis qui croise ma route ...
Putain, quel beau branleur je fais. Je souffle un rire un peu glauque pour le coup.
« Toi et moi on est les rois des cons ... je ne te jetterais qu'une fois que je t'aurais complètement épuisé »
Quand je reçois son massage plus tard dans la soirée, je n peux m'empêcher de sourire comme un idiot. Tout en jouant avec mon portable je me laisse couler sur mon lit et sors doucement de ma brume.
Ouais ... Ba bordel quand même. Le pire, ou un truc dans le genre c'est que j'ai envie d'en parler a Jess.
Bordel...
Ma joie insouciante n'a pas duré plus de 24 heures.
S'il y a un Dieu quelconque, il a une sacrée dent contre moi, du style un beau râtelier complet. Pas possible autrement. Faut pas qu'il s'inquiète, je ne vais pas lui piquer tous ses sujets, justes les moins assidus aux bonnes mœurs, c'est tout.
Pourtant, ce matin tout avait bien commencé, ma mère m'a pris pour un fou quand elle m'a vu descendre les escaliers en chantonnant. Ouais, je fredonne, je ne sais quelle connerie, moi qui ne suis pas musique du tout je me la joue superstar chez moi. Passons.
Ma sainte mère m'a regardé un peu bizarrement, elle m'a même demandé si je n'avais pas de la température. J'ai ri en haussant les épaules. Le pater » souriait comme un con à son journal. Et après elle croit que c'est moi le fou.
J'aurais dû me douter que quelque chose n'allait pas, il n'y avait personne devant chez moi. Mais non, j'étais trop sur mon nuage pour me rendre compte de quoi que ce soit. Il a parlé de moi à ses parents, bordel, je ne m'en remets pas ! Ouais, je suis enfin sorti de ma brume et pour le moment je n'ai envie que de penser aux trucs positifs. Pour le reste on verra plus tard suivant mon humeur.
Le bordel devant le lycée m'a bien vite ramené sur terre. Ça cris dans tous les sens, jure sasn retenue, des coups volent ici et la et les flics sont présent. Je passe rapidement en revue mes dernières conneries, non rien ne vaut tant de bruit. Le blond tient sa copine bien fermement dans ses bras, elle pleure. Bordel, elle pleure ! Une douche froide me parcourt le dos. J'allonge le pas jusqu'eux.
— Y s'ont fait la salle de musique. Me dit mon meilleur ami dés que je suis a ses côtés. Il me regarde, je connais ce regard, c'est pas tout, il y a autre chose.
On a cours ensemble tout à l'heure, de maths, je crois, on en parlera.
Je frotte le dos d'Estelle, du coin de l'œil, je vois Jess qui vient vers nous, elle fronce les sourcils, je lui réponds en haussant les épaules. Avec elle aussi pas besoin de mot, je l'aime bien Jess. Dans un sens, elle me comprend mieux que Bryan, juste dans un sens.
Je me recule un peu pour lui laisser la place, elle commence à consoler son amie en la prenant dans ses bras, bien sûr le blond lâche sa douce à contrecœur.
Une main chaude se loge dans la mienne, je resserre mes doigts autour des siens. Je pourrais reconnaître la douceur de cette peau entre mille ! Un sourire timide allonge ma bouche, il y a beaucoup de monde, personne ne remarquera nos mains liées. Je ne lui dirais pas, mais j'en ai besoin, là tout de suite maintenant, j'ai besoin d'un roc. Il dépose un léger bisou sur mon épaule, Idriss pose une de ses énormes paluches sur chacune de nos épaules.
— Il se passe quoi ? Demande le sportif soucieux.
— « Sais pas. Je réponds en même temps que la sonnerie se fait entendre. Je crochète le passant de son jean et le rapproche de moi, je crève d'envie de l'embrasser, ça me démange, je sais que lui aussi vu son regard. Ses yeux noirs me transportent dans une autre dimension, un monde ou seuls lui et moi comptons.
Ce que j'aimerais qu'elle soit vraie. Son ami se met devant nous, avec sa large carrure, il forme un mur protecteur. Je succombe à mon envie, c'est plus tendre qu'hier, mais tout aussi fort. J'avale un soupir de bonheur et le sens sourire contre moi. A bas les embrouilles, bonjour le reste.
Je pars en cours avec un sourire totalement indécent. Bryan est déjà assis au fond de la classe le regard dans le vague.
— Alors ? Je lui demande en jetant mon sac sur la table.
— Assieds-toi. Qu'il me répond en décalant ma chaise, il est tendu et vert de rage comme jamais.
Ça pue.
Je m'exécute beaucoup moins souriant d'un coup.
— Elle a reçu des messages de menace ...
— Putain. Je souffle en me frottant le front. De qui ? Tu sais ? Ça disait quoi ? J'enchaîne les questions en dévisageant mon meilleur ami, il ne bouge pas c'est ça qui est le plus flippant. Son manque de réaction est vraiment effrayant. Il contient son corps et son esprit. C'est dangereux.
— Un numéro inconnu, il y avait aussi des photos ... Il bloque sa respiration et serre les dents. Quand il est dans cet état même moi je ne sais pas de quoi il est vraiment capable, je sais juste que pour le mettre comme ça il faut y aller.
Sans en ajouter et sans me regarder, il me donne le portable de la blonde déverrouillé, j'imagine qu'ils ont dû se les échanger.
Je vais directement dans « mes messages » il y en a qui proviennent d'un numéro non enregistré. Je sors mon portable, tape les chiffres et appuie sur la touche appel, rien ne s'affiche. Je ne sais pas non plus qui s'est.
« Je savais que les petites salopes comme toi aiment dormir à poil »
« Alors comme ça on laisse sa fenêtre ouverte pour dormir ? »
« t'es très bandante sous la douche ... »
Il y a aussi des photos, principalement d'Estelle. Plusieurs quand elle dort, juste derrière sa fenêtre, sur une on voit clairement qu'il l'ouvre un peu plus. On l'a vois aussi s'habiller, bosser ou jouer de la guitare. Mais la plus flippante est la dernière. Elle est carrément pire que flippante, car on voit que le gars est dans sa chambre en train de la mater sous la douche. Il a aussi marqué sur la photo « devine où est ma main salope ».
Putain de bordel de merde. Le portable retombe sur la table, ça fait un bruit sourd. Je regarde partout autour de moi. Je ne sais pas trop ce que je veux ou espère voir, mais je cherche quand même ! Je ne fais plus qu'entendre mon cœur, je ne sens, ni n'entends plus rien.
— On en a parlé à ses parents, ils sont allés porter plainte ... Soupire Bryan. Il secoue légèrement la tête de droite à gauche.
Je ne sais pas quoi dire, ni même quoi faire. Je me frotte le visage si fort que ça me brûle. J'sais vraiment pas quoi faire. Y'a un putain de gros porc qui .... Bordel ! Même pour moi c'est trop dégueulasse.
— Quelqu'un d'autre sait ? Je demande la gorge sèche.
— À part ses parents et toi non. Je te jure que je vais le tuer. Finit mon meilleur ami d'une voix blanche. Je ne peux qu'opiner du chef. C'est horrible. Juste purement dégueulasse.
Mes trois neurones s'activent, je me frotte le visage avec mes deux mains une nouvelle fois, je ne connais que deux abrutis complètement cons et assez crades pour être capable de faire ça.
Les jumeaux.
— J'vais les tuer. J'te le jure, je vais les tuer. La voix de Bryan résonne une fois de plus, elle est tellement sombre qu'elle fait vibrer chacun de mes os. Lui aussi se doute, en même temps, c'est téléphoné.
Pour toute réponse je pose une main sur son épaule, je ne sais pas quoi dire, mais je me jure de lui venir en aide et de leur faire cracher leurs poumons à grands coups de godasses dans leur tronche de parfait connard.
Au passage j'envoie un texto a Jess, elle me répond aussi tôt, elle va bien et somnole en cours. Tout roule. Je ne peux pas m'empêcher de me sentir un peu soulagé.
« Maman, je vais une grosse connerie. » Je me dis avant de réfléchir au moyen le plus barbare de la venger. Il est peut-être temps d'avoir une conversation avec le pater ?
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