La jalousie est une tendance naturelle.

( Inconnue)

J'ai passé un week-end des plus tranquille, en même temps deux jours, c'est bien le strict minimum qu'il me faut pour me remettre du joyeux bordel qu'a mis le couple de blond, enfin surtout la blonde. Je crois que j'ai passé ma journée de vendredi d'halluciner.

Sérieux.

Elle a fait exploser de rire le pater » et pas qu'une fois ! Bryan et moi, on l'a regardé un peu bizarrement. En même temps, elle est carrément bizarre c'te fille, elle apprécie le mari de ma mère. Y'a de quoi être choqué. En même temps, elle est pas normale la blonde !

Ma mère lui a fait promettre de revenir, donc mes prochaines soirées pizza bière avec le blond vont être un poil mouvementées.


Je me suis aussi décidé à répondre à Jess, au bout de son... Trois millième appel ? Ouais un truc dans le genre, bref, elle a râlé comme un putois, ça va mieux. Tant mieux, je ne suis pas fan des brouilles, même avec mon tempérament de merde. Puis je l'aime bien Jess. Elle est un peu comme une petite sœur pour moi.


***************


Dans quelques heures, mon réveil va sonner pour que je bouge.

Lundi.

Les cours.

La joie ....

C'est foutu, je n'arriverais pas à m'endormir. J'ai beau faire, j'ai la tête qui bout. Je souffle encore une fois, je crois que ça va devenir un putain de TIC, aller, je vais fumer encore une fois. J'enfile un sweat vite fait et sors par la fenêtre de ma chambre.

Il ne fait pas trop froid dehors, y'a pas un bruit, j'commence à rouler quand une énorme paluche me fait refermer les mains à la vitesse de la lumière. Je me retourne prêt à partir en guerre, mais je me stoppe net.

Le pater ».

Devant moi, me regarde, enfin, il regarde le joint dans ma bouche et celui que je préparais.
Je déglutis.

J'suis mort.

Je vois d'ici les gros titres des journaux : meurtre sanglant dans la banlieue calme du nord du pays, les faits sont encore sombres en ce qui concerne le mobile, mais le jeune et magnifique jeune homme est mort avec une clope magique aux coins des lèvres.

Pas la peine de me cacher, je suis foutu, pris en flag.
Merde, adieu monde cruel y'avait quand même des trucs sympa à faire.
Je me prépare mentalement à rencontrer le mur, mais rien ne vient.

Il aime faire durer le con !

— Ce sera plus sain. Il me tend une tasse café, prend mon joint, le glisse entre ses lèvres et l'allume. Je prends la tasse, enfin la rattrape avant qu'elle ne percute le sol et le regarde complètement choqué.

Ce con, m'a piqué, mon truc.

Il m'a piqué mon joint.

Wouho, dans quelle dimension, j'suis ? En fait, je rêve, c'est ça ? Pas possible autrement. Je me pince, ouais, non, ça fait mal... Bordel je suis réveillé et... vivant ou... alors en sursis.

Au bout d'un moment, je me racle la gorge et me rapproche de lui, il est de dos appuyé contre la rambarde du balcon qui fait le tour de la baraque.

Non, je ne rêve pas. Ho putain.

— Ce n'est pas bon pour les insomnies. Je dis en lui rendant sa tasse.
C'est sûr, ça. Il me montre mon somnifère en le faisant bouger entre ses lèvres. C'est mieux.
Pour le coup, je ne sais pas si je dois vraiment lui répondre, je reste un peu con devant lui.

Bon.

Je pose la tasse sur la rambarde et recommence à rouler, il me jette quelques regards, mais ne me dis rien.
C'est ultra-flippant. Je fais mon fier, mais il suffit d'un simple geste de sa part pour que je m'auto éjecte du balcon pour cavaler comme un damné.

Je commence à fumer, toujours pas un mot. Il attend que je sois à côté de mes pompes pour m'assommer ou quoi ? Si c'est ça, il peut attendre un peu alors. J'suis, comme qui dirait, rodé à l'exercice.

Il éjecte d'une pichenette ce qu'il ne fume pas, prend la tasse et se barre.

Juste avant de rentrer par la cuisine, il marque un arrêt, mon cœur aussi je m'avance vers la rambarde au cas où.

— Essaie de te reposer pour demain. Puis plus rien, il a disparu d'un coup.

Je n'ai pas tout compris ça je l'admets sans peine, mais qu'il ne me dise rien alors ça, c'est... J'ai pas les mots, je suis sur le cul.

Faut être lucide, soit mon fournisseur a changé sa recette ou alors le pater » a pris un sacré coup sur le crâne. Ouais, changement de recette, je me dis en regardant ma merde fumer entre mes doigts.

Je rentre dans ma chambre et pars me doucher.


****************

— T'as vu un fantôme ou quoi ? Me demande le blond sur le chemin du lycée. Il est accompagné de la petite blonde, elle a dormi chez lui.
— Pater ». Je lui réponds en guise d'explication. Il hausse un sourcil, il ne comprend rien, il n'est pas le seul remarque...
Il a piqué ma merde, je secoue le mégot fumant devant son nez, et l'a fumé devant moi, j'en ai aussi fumé un devant lui.

Bryan part dans un rire un poil ironique, quand il voit que je ne me marre pas, il comprend que je suis sérieux. Il me scrute sous toutes les coutures.

— Ho putain. Il dit dans un souffle, il passe sa main dans ses cheveux. J'sais pas quoi te dire, t'es vivant, c'est d'jà ça.

Je me frotte le visage avec mes deux mains et hausse les épaules. Tout le reste du chemin, c'est la petite blonde qui piaille, corde de guitare, j'crois.


***************


En première heure, j'ai histoire, qui dit histoire dit Idriss, qui dit Idriss dit discussion.

Merde, c'est trop d'émotion forte pour moi tout ça.

La cloche sonne pile quand on arrive, notre trio se sépare non sans un bisou pour le couple et une accolade entre le blond et moi.

— Ne perdez pas de temps jeunes gens, il y a déjà votre interrogation sur votre table. Éructe le prof en tapant dans ses mains.

Il nous a pris pour des gosses de primaire lui ? Je me demande en le regardant faire.

Je crois que c'est la première fois de ma vie que je suis content de me taper une bulle. Le sportif s'avance vers moi et me serre la main, il est normal, c'est bon, je ne suis pas mort. Au passage faut que je respire, ouais ce serait pas trop mal.

Pourquoi je flippe moi, j'ai pas de raison ? Hein ?

Au bout d'un gros quart d'heure, il me montre sa feuille, finalement, je n'aurais pas une bulle.

Quand j'ai fini, je me cale bien au fond de ma chaise et regarde vers l'extérieur, Idriss me donne un coup de genou, je me tourne vers lui.

— Je sais ce qu'il s'est passé au gymnase. Il me chuchote.
J'ouvre grand les yeux, enfonce mes mains dans mes poches et m'écrase un peu plus contre ma chaise. J'oublie encore de respirer, je crois même que mon cœur s'est fait la malle ; tout ce qui fonctionne a peu prés bien chez moi c'est mon cerveau. Ce traître à la con s'amuse à me ramener là-bas ! Je sens encore sa bouche contre sa mienne et surtout l'envie de gros malade de l'embrasser a mon tour. Je repense aussi à cette fois avec Laura. Putain je me suis vidé en pensant à lui...

HO. Bordel, il me plaît. Putain de bordel.

— Il me l'a dit. Il avoue rapidement en posant son dos sur le dossier de sa chaise, au passage je l'a plein, il est pas léger l'animal.
Je me tourne vers lui en me penchant en avant.
— Te fais pas d'fausses idées. Ça, c'est mon côté petit con qui répond, c'est plus fort que moi.
Il hausse un sourcil.
— Tu crois que j'crois quoi ? Il me demande.
— T'sais bien de quoi je parle ! Je crache un peu plus fort, quelques têtes se tournent vers nous, m'en fous, quelque par toute cette connerie me gonfle. J'ai pas envie d'en parler c'est tout, point barre fin de l'histoire.
— Hé ! C'est bon calme toi puis c'est qu'un kiss rien de plus.
— J'n'étais pas d'accord avec ça
. Je croise mes bras et m'adosse contre ma chaise, j'ai plus envie d'en parler du tout.

Je sais qu'il me regarde du coin de l'œil, il prend la même position que moi, il décroise ses bras, remonte ses manches et place ses mains devant lui sur la table.

— Mon cousin l'a humilié à mort en lui faisant croire qu'il l'aimait. Pour la faire court, il avait juste besoin d'un toit pour faire ses études, quand Louis a enfin ouvert les yeux, il a demandé à ses parents de venir ici. Il habite chez moi en attendant que ses vieux viennent ici.
Je ne lui montre pas, mais j'ai, un peu, mal pour lui. Juste un peu. Son regard vient squatter mon cerveau, je dois me concentrer pour ne plus le voir.

— C'est bien joli tout ça, mais pourquoi tu me dis ça ? Je lui demande en fixant le tableau.
— Pour que tu comprennes, qu'il est maladroit plus que con, mais pas méchant.

J'encaisse ce qu'il me dit, je suis resté sur l'histoire avec son cousin. Perso je ne sais pas comment j'aurais réagi, je ne sais même pas si je suis capable d'aimer a ce point et aussi longtemps.

Pourquoi il te l'a dit ? Je lui demande finalement en soufflant doucement, je sens que tout ça va encore foutre un joyeux bordel dans mon crâne.
Le sportif esquisse un sourire, j'ai comme une énorme envie de lui en coller une là tout de suite maintenant.
— J'suis son meilleur pote. Il me dit comme si ça expliquait tout.

La sonnerie le coupe dans son élan, on range nos affaires, enfin, on ferme nos sacs, en silence puis on va vers l'amphi.

On est en début du mois, donc les heures suivantes sont consacrées à notre futur. Belle bande d'hypocrite ces profs ! Ils nous foutent tous dans l'amphi pour échanger, j'sais pas trop quoi, ça s'est la théorie. La pratique, c'est plus du genre eux qui se fendent la tronche devant un café et nous qui ne foutons absolument rien. À chaque fois, le blond, les jumeaux et moi, parfois d'autres, on se met dans un coin et on se marre bien. À part le changement de casting, j'crois que ça va être la même
En route Jess me saute dessus, elle piaille sur une de ses nouvelles conquêtes, j'sais déjà plus le nom. Entre elle et moi, ça va vraiment mieux, en même temps, on ne reste jamais vraiment froid très longtemps. La blonde et le blond nous rejoignent. Au passage, je salue le geek avec qui je parle chaque jeudi avant que le cours de philo ne commence. Il nous suit quelque pas et rejoint ses amis, des geeks aussi.

Devant une salle, une parmi tant d'autres, on croise le cure-dent. Je serre les dents pour ne rien laisser voir et surtout me contrôler, mais j'ai une vraie putain envie de meurtre. Bien sanglante, bien dégueulasse.

La belle brune glisse sa main dans la mienne et me fait avancer mine de rien.

Pas d'expression corporelle pour aujourd'hui.
C'est con.



******************

Devant la grande salle, il est là. Je baisse le nez comme un con. Je ne veux pas croiser son regard, j'peux pas. Jess resserre ses petits doigts autour des miens, je me penche et lui embrasse le haut du crâne, souffle un coup et fais comme si.

Le blond opine imperceptiblement du chef vers moi, je fais la même.

Tout va bien, je gère. Y'a juste tout le monde qui se doute de quelque chose, mais tout va bien... Note perso pour mes prochains potes : leur faire signer une clause de confidentialité.

On se salue, rien d'anormal, et on part s'asseoir bien au fond. Je suis contre la fenêtre, Jess est assise sur mes genoux dos au mur, un coude sur mon épaule. Bryan et moi sommes séparés par une table, sa copine est exactement installée comme la belle brune et lui comme moi, ça fait un effet miroir. En face de Jess et moi, il y a le sportif et en face du couple il y a l'autre abruti. Cet idiot me regarde vite fais avec sa saloperie de sourire j'hésite entre lui crever les yeux ou lui arracher sa bouche. Quand il s'est humecté les lèvres j'ai eu un gros frisson glacial dans le dos et une putain d'envie de....

Ouais, mais non ! Enfin je veux dire NON !

Un bruit, un rire, j'crois, me fais relever le nez et ramener sur terre au passage. Plus bas, je vois les doubles et d'autres cons passer la porte. Ils se dirigent bien plus en bas. Bryan et moi les regardons comme deux bons branleurs qu'on est, toujours prêts à attaquer.

Rien ne se passe.

Le reste de la matinée se passe bien, on se marre bien, on nous demande même de baisser un peu le ton.
On a augmenté le volume.
Pour midi, on mange tous ensemble au snack, encore une fois, on fout un joyeux bordel.

Oui il était là et oui je regardais partout sauf vers lui. Non, je gère merci enfin surtout merci a Jess qui m'a collé et écrasé le pied un bon millier de fois a peu prés. Je vais avoir la marque de son talon incrusté dans le pied un long moment...


****************

Comme prévu mercredi avant l'entraînement du blond, on se retrouve avec sa copine au snack, je crois que c'est notre nouveau fief. A force je vais leur demander une carte de fidélité ou un truc dans l'genre.

Ça fait bien une bonne demi-heure qu'Estelle nous assomme avec ses histoires de cordes de guitare ou un truc dans l'genre, j'sais pas trop en faite en tout cas elle piaille fort quand elle veut. Le petit « cling » de la porte d'entrée, qui est dans mon dos, retentit je l'entends a peine trop concentré a faire mine d'écouter la blonde. Les yeux du blond deviennent énormes, sa copine n'a rien remarqué, trop à fond dans son truc. Ca me fait tiquer. Je me retourne pour voir ce qui étonne à ce point mon meilleur ami.

Un frisson a la fois bouillant et glacial coule le long de mon dos, mes épaules se secouent d'elles même je crois même que je me bouffe la lèvre. Me faire mal pour rester sur terre, pour rester connecté a cette putain de réalité. Je serre les poings, j'ai la rage. Une putain de hargne qui me bouffe les tripes et me fait bouillir mon sang.

L'autre abrutit avec le cure-dent. Comme ça, ici, normal.

Ils ont le bon goût de s'installer dans le box juste derrière nous, pile en face de moi.

Je gère, ça ne me fait rien. Ça ne doit rien me faire. Je souffle par le nez et serre mes poings.

Le blond me regarde et me fait un petit signe du menton en fronçant les sourcils, je déplie mes doigts devant moi, je lui montre que tout va bien. Je fais genre tout va bien. Je m'enfonce dans mon siège et écoute les délires de la musicos tout en calant mes mains sous mes cuisses. Honnêtement j'ai perdu le fil, j'sais pas du tout de quoi elle parle. J'ai l'impression que l'écouter me demande beaucoup trop de tout ...

Mon cœur bat des records de vitesse, mais j'ne montre rien, de toute façon il n'y a rien a montrer. Me v'la que je me mens a moi-même maintenant ... L'seul qui est capable de voir quelque chose se concentre sur sa copine. Il ne me regarde pas mais je sais qu'au besoin il sera là. A deux, toujours a deux, c'est comme ça et pas autrement.

L'autre con d'abruti sourit au cure-dent. J'vois même pas pourquoi je remarque ce genre de connerie.

Je serre les dents à m'en faire saigner. Je suis en colère aussi bien contre eux que contre moi. P't'être plus contre moi qu'autre chose en faite.
J'arrive pas a détourner mon regard. J'suis comme absorbé et l'autre la avec ses maudites dents a la con ! Je lui ferais bien bouffer ses belles quenottes ... Non, faut pas, je gère, oui, je gère. C'est passager, oui toute cette merde est passagère comme mon paternel. Juste passager, rien de plus. Ouais il fait comme l'autre grand con d'chauve. De toute façon ils finissent tous par se barrer.

La blonde nous parle d'une nouvelle partition, je crois, qu'elle ne peut pas faire, encore cette histoire de corde de guitare.

L'abruti en chef caresse la joue du cure-dent, rapidement, mais il le fait.
Je serre les dents un peu plus et essais de fixer mon regard sur la blonde. Au bout de trente secondes, je décroche totalement. Ils sont là l'un en face de l'autre. Le cure-dent est assis sur le bout du fauteuil rouge et Louis et debout devant lui, la serveuse est obligée de faire un petit écart pour ne pas le percuter.

Je gère. Toute roule.

Le cure-dent regarde rapidement autour de lui sans vraiment voir ce qui l'entour, satisfait de je ne sais quoi, il attrape l'abruti par le col de son cuir, le fait se pencher et l'embrasse.

Là je n'gère pas, vraiment pas. Y'a un truc qui se brise en moi. Un truc qui n'aurait pas du se faire la malle. Mon estomac part en vrille, mes tripes se tordent et me clouent sur place, j'ai de l'acide qui se déverse dans tout mon corps. Elle me brûle et réduit tout en bouillit sur son passage. Je me recule un peu trop fort sur mon siège et frotte mon visage avec mes deux mains. Mon meilleur ami me regarde désolé pour moi. Je détourne le regard, j'ai pas envie de voir ça dans ses yeux.

J'veux pas admettre, y'a rien à faire, c'est mort, je chasse les filles et c'est moi le salop dans l'équation pas le contraire. C'est plus logique comme ça.

Putain de merde.

Il se laisse faire comme ça ! Par ce bon a rien de cure-dent ! Sérieux ! Mais c'est quoi son problème ? C'est quoi MON problème ?!

Puis tout se passe vite, j'ai à peine le temps de relever le nez et de me retenir de gerber sur la table que la blonde est debout. Elle se retourne vers le cure-dent, qui est tout seul, et se penche vers lui.

— On ne va pas s'fâcher mon grand, alors tu vas te barrer. Elle lui grogne à quelques millimètres de son oreille. Elle parle juste assez fort pour que nous seuls puissions entendre.
Il essaye de moufter, mais elle le calme aussi sec.
— Qu'es c'que tu ne comprends pas ? Lève-toi avant que je te réduise les couilles en biscuit pour chien.
Je jure d'avoir vu le cure-dent déglutir et partir du snack sans toucher le sol.

Quand Louis revient avec leur commande, il a juste le temps de le voir se casser comme un voleur. Il pose son plateau sur la table et me regarde. Il me fixe sans en voir à foutre quelque chose des autres. Il est furieux, il me hait je le vois dans son regard noir, ce coup-ci il m'envoie pas ailleurs il me clou sur place. Il secoue imperceptiblement la tête de gauche à droite, il pince ses fines lèvres et secoue une fois d eplus sa tronche de gauche à droite. Il transpire la colère, tant mieux mon gars moi aussi j'suis pas de bonne humeur.

Puis il ferme les yeux, prend une inspiration bruyante et me jette un dernier regard glacial. Celui-là il me fait mal au ventre. Il m'a regardé avec de la tristesse et du dégout.
Il fait quelques pas vers moi et sans que rien ne puisse le présager, il se tourne entièrement vers moi et m'empoigne le col de mon haut. Il le serre si fort dans son poing que j'entends le tissues craquer. Il cale un de ses genoux sur ma banquette et me pousse jusqu'à que mon crane cogne contre le mur blanc du snac.

- Pauv' con. Qu'il me souffle à la tronche, il n'est qu'a une poignée de centimètres de moi et comme un naze j'ai eu, l'espace d'un tout petit instant de perdition a la con, envie de l'embrasser. C'est a cause de la bière. Je déglutis difficilement. 

Ses mots m'électrisent et je sens mon regard se noircir. J'ai vais lui éclater la tronche. Je commence a me lever comme un malade vraiment prêt a lui inculquer ce que je pense de lui. Bryan se jette entre nous en se vautrant sur la table, mais ce n'est pas lui qui me stop. Ce qui m'arrete vraiment c'est le regard de l'autre abruti. Il me regarde bien droit dans les yeux il ne cille pas et je vois, oui j'y vois très clairement, qu'il me hait plus que tout. Qu'il est déçus et ça me fait un putain de mal. Une toute petite seconde je vois son regard changer, une lueur de douleur le traverse. Je vais gerber. 

C'est la pire chose que j'ai vue. Je suis incapable de bouger, je suis la cause de sa douleur et ça c'est ... Merde. Je serre les dents une fois de plus et m'interdit de fermer les yeux. Comme pour me punir je ne peux pas me soustraire a ce que je vois et avant que quoi que ce soit d'autre puisse se passer il me lâche te se casse sans toucher le sol.

Quelques secondes après un second « cling » se fait entendre.

Plus rien ne va. J'gère rien là, vraiment rien.

Le blond retourne sur sa place sans me lâcher du regard, je le sens plus qu'autre chose.

- Ca va vieux ?
Pour toute réponse j'opine du chef par automatisme.

Ça doit être les nerfs, car je commence à me marrer tout seul, un rire pas vraiment joyeux, juste un rire de circonstance un peu comme celui que je sors quand je dois jouer la comédie avec le mari de ma mère, Bryan me suit. Il me suit juste pour sauver la face.

— Quoi ? Demande Estelle un peu paumée en nous regardant tour à tour, je ne sais pas s'ils ont vue ce que j'ai vue. J'en sais franchement rien. J'ai mal aux tripes. Je me dégoute plus que jamais. J'ai mal aux tripes. 
— Mais quoi ? répète le petit de femme en se retenant de rire.
— T'es juste génial ! S'écrie son copain en la prenant dans ses bras tout en se marrant comme il peut. Là aussi il fait en sorte de sauver les apparences. J'arrive pas a réagir. Son regard est incrusté dans mon crane et mes trois neurones sont complètement foutu en l'air.
Trop ! Je lui confirme avec un demi-sourire avant de me frotter une fois de plus le visage avec mes deux mains.
— Tu viens de nous faire un exemple parfait de la loi Talion. Dis Bryan toujours secoué d'un rire d'usage.

Finalement, on part tous dans un autre fou rire quand nos regards se croisent, chacun pour des raisons différentes mais on se marre quand même. Jouer le jeu c'est ce qu'il m'aide a tenir pour le moment. 

Les gens nous regardent, ils nous prennent sûrement pour des fous. Pour une fois, je ne leur donnerais pas tort. Pour une fois aussi j'aimerais me planquer dans un coin et chialer tout ce que je peux.

Après l'entraînement du sportif, on se retrouve tous les trois en ville. J'ai décidé de lui acheter ses fameuses cordes, franchement, c'est bien le minimum. Elle a voulu bien faire je le sais.
Bien sûr, elle saute dans tous les sens et hurle dans le magasin et franchement aujourd'hui ça me gonfle sec. 

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