La colère a ses plaisirs aussi bien que l'amour.
Comme je disais sur les réseaux : Oranda débarque sur Fyctia ! on verra bien ce que ça donne. En attendant petite question : d'ou vous êtes ? moi de seine et marne ^^
Christine de Suède
— M'man, je sèche ! Je lui crie dans les escaliers.
— Alors pourquoi tu es debout ? Elle me demande en s'essuyant les mains sur son torchon à quelques marches de moi. Elle paraît calme comme ça, mais faut pas s'y fier. Ma mère est un monstre dans son genre, on a un deal entre elle et moi depuis un moment maintenant tant que je suis au-dessus de la moyenne dans mes bulletins elle passe sur certaines de mes conneries.
En même temps il y a de quoi se poser des questions non ? Je lui dis que je sèche, mais je suis debout et habillé pour aller en cours. La logique et moi, on n'a jamais été pote.
— Cette après-midi. Je lui précise en descendant les dernières marches.
— Je peux savoir où tu vas ?
— Ouais, j'vais au centre commercial avec Jess. Je lui réponds en mordant dans une viennoiserie maison.
J'adore le sucre, si le sucre était une femme, elle s'embrasserait, elle ne se baiserait pas.
— Dis-moi mon fils, est-ce qu'un jour dans ta vie d'étudiant studieux, tu vas me faire une semaine entière sans sécher ? Elle me demande en se tournant vers moi.
— M'man, sois réaliste, si je ne sèche plus je ne serai plus l'étudiant studieux que je suis. Je lui réponds avec un sourire de branleur.
Je sais qu'elle allait répliquer, mais son regard se pose derrière moi. Un regard pas sympa du tout.
— Combien de fois je t'ai dit de ne pas monter à l'étage avec tes chaussures ? Elle hurle sur le malotru tout en prenant son torchon entre ses deux mains.
— Mais J'... Tente de répliquer son mari.
— Pas de, mais !
Je me retourne et vois le pater', qui vient de se faire engueuler comme un gosse, venir dans la cuisine le nez baissé. Une veste à la main, ses chaussures de sport aux pieds.
Comme un bon branleur que je suis, je me marre.
— Et toi jeune homme pose ton cul sur cette chaise, tu me mets des miettes partout ! Elle me le dit en pointant du doigt une chaise, que je me précipite à occuper, enfin pas trop quand même.
Ma mère est un monstre. Un monstre qui fait les meilleures pâtisseries du monde !
Maintenant, c'est au tour de l'autre de se foutre de moi. J'aime déjà moins...
Le pater' et moi venons d'expérimenter une règle de base : à la maison, c'est maman qui commande.
Point barre, fin de l'histoire.
Elle prend mon carnet dans mon sac et commence à rédiger mon mot tout en pestant contre le monde entier et en nous jurant une mort atroce. Tout va bien c'est normal.
— Tu manges où ?
— Au snack. Je lui réponds.
— Tu as assez de sous ?
— T'inquiètes m'mam, j'ai tout ce qu'il me faut. Je soupire en avalant ma dernière bouchée.
Elle marmonne, je ne sais quoi et part dans le salon avec mon sésame, je crois qu'elle s'énervait sur un stylo vide.
Au moins, j'en ai un dans mon sac.
— Regarde dans mon portefeuille. La voix du pater' résonne dans la petite pièce, elle n'est pas méchante ni rien, je le regarde prêt à lui répondre.
Il souffle fort et sort lui-même son lare feuille de sa poche de veste, retire un billet de 50 et me le tend sans me regarder.
Who, la dernière fois qu'il m'a donné quelque chose, je devais avoir quoi ?... Sept ans, ouais un truc dans l'genre, c'était un truc du genre 20 centimes qu'il avait trouvés par terre.
Je lui prends et le remercie, ça, je le fais, car ma mère m'a bien éduqué pas par ce que j'en ai envie.
Ma mère revient avec mon Graal et un stylo neuf en me disant que cela pourrait me servir.
Je dis rien, j'vais pas la contrarier après tout, c'est elle qui fait les mots.
Elle s'en va de nouveau je ne sais où, j'en profite pour mettre mes chaussures dans la cuisine, LE truc totalement interdit. Elle a un souci avec les chaussures de toute façon.
— Ne fais pas trop le con. Me dit le pater' en insistant sur le trop.
Donc je peux faire le con un peu ? Je me demande aussi sec, puis il a pas son mot à dire ce grand con. Ça aussi je le garde pour moi, pas pour lui on est bien d'accord.
Je réalise enfin lui, le mari de ma mère ne me colle pas au mur alors que j'ai clairement dit que je sèche... Il me donne de lui-même des sous et... Et il me dit de ne pas TROP faire le con... J'suis dans une autre dimension. Il doit être encore déchiré de l'autre nuit.
Je grommelle un « ouais » en mettant mon cuir et pars le plus vite possible de cette maison qui part en vrille.
Comme d'hab le blond est devant chez moi. On fait le chemin en se marrant et en se foutant des gens. Je lui ai raconté le coup du pater' ce matin, on est d'accord, il a un nœud au cerveau, un machin bien sévère, mais qui ne faut surtout pas soigner.
***************
La blonde est déjà dans sa salle, on l'entend de l'extérieur, elle s'entraîne sur la guitare. Je ne sais pas trop qui l'accompagne, Bryan me dit que c'est Aurélie qu'elle n'est pas méchante.
Ma foi, s'il le dit.
Y paraît que je me la suis faite.
Peut-être.
***************
Quand ça sonne, je vais rejoindre le geek devant la salle de philo, sur le chemin, je presse le pas, je n'ai pas trop envie de le croiser.
Je vais déjà devoir m'le farcir quatre longues heures, alors je ne vais approcher l'heure de la sentence.
J'suis pas maso à ce point -là quand même !
Pour une fois, ce gros porc de prof est déjà présent, fait rare, vraiment rare.
— Ne perdons pas de temps, voici quelques affirmations tirées de contes pour enfants que vous allez me développer. Vous avez quatre heures.
Heu... Il est sérieux ? Ils se sont donné le mot avec le prof d'histoire ou quoi ?
Je ne jette pas un œil au tableau avant de m'être posé sur a chaise habituelle, chaque chose en son temps.
Je suis sûr que ma mère était au courant de quelque chose, sinon comment elle aurait su pour le stylo ? Je me demande en le prenant au fond de mon sac.
L'abruti de service se place à côté de moi, sort un paquet de feuilles la place de son côté et se met à regarder le tableau. Sans un regard pour moi, rien, normal.
Je lui en prends une et fais la même chose. Refrénant tant bien que mal mon envie de le secouer comme un prunier.
« Chaque fois qu'un enfant dit : « je ne crois pas aux fées « », il y a quelque part une petite fée qui meurt. »
De James Barrie
À peine glauque, le truc.
« Tous les dragons de notre vie ne sont peut-être que des princesses qui attendent de nous voir heureux ou courageux. » De Rainer Maria Rilke
Là, c'est sûr, il est perché.
« Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. »
Je suis vraiment obligé de le faire ?
Je vois l'autre à côté de moi gratter comme un fou sa feuille, forcement ça inspire que les trucs dans son genre...
Allé, Adam, tu peux le faire ! Je me motive, mais rien ne sort. Puis je ne suis pas trop motivé, en même temps, je ne suis jamais vraiment motivé pour ce genre de connerie. Un jour, j'aimerais quand même qu'on m'explique comment le système éducatif détermine qui est intelligent ou non, si c'est avec ces fameux contrôles, j'suis pas dans la merde.
Adam Laurence. Le : aujourd'hui.
« Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants »
Tout ce que j'ai à dire, c'est que ce programme me paraît bien fade. Que je ne suis ni un loup ni un mouton et que donc je ne perdrais pas mon temps à développer des phrases vraiment stupides et dénuées de sens sauf pour des gens comme vous. Soit dit au passage, il n'est pas marqué de qui vient cette phrase.
Pour conclure, je reprendrais par les mots de Platon.
« Le philosophe babille le bec en l'air. »
Bon au moins, pour une fois, je sais pourquoi j'aurais une bulle et peut-être même un avertissement.
— T'as pris quoi ? me chuchote l'autre abruti. Il est tout près de moi trop prêt, je sens son odeur et ça a le don de me foutre des frissons dans le dos. Faut pas que je le regarde, c'est trop dangereux pour moi.
— La dernière. Je lui réponds toujours en fixant droit devant moi.
S'il attend que je lui retourne la question, il peut attendre très longtemps.
— C'est court. Je suis son regard, oui je l'ai regardé, non pas besoin d'en parler six mois, il lit ce que j'ai écrit.
— Pas besoin de plus. Je hausse les épaules un poil mal à l'aise.
Sans que je ne demande quoi que ce soit, il me met sa feuille sous le nez, comme ça, normal, je la repousse, mais il insiste en appuyant son index dessus. Je souffle aussi fort que je peux et tends sa putain de feuille devant moi. Je fais exprès de faire du bruit, mais c'te con de prof ne dit rien.
Connard.
« Louis Cowel. Jeudi.
« Tous les dragons de notre vie ne sont peut-être que des princesses qui attendent de nous voir heureux ou courageux. Rainer Maria Rilke. »
Si nos soucis ne sont finalement que des femmes qui attendent de nous un certain dépassement de soit pour notre propre bonheur, je pense qu'elles sont bien pires que des êtres mythologiques capables de nous carboniser en un souffle. Une femme, un homme, notre moitié, n'est pas l'essence même de notre force ? Cet être fait de chair et de sang n'est-il pas censé nous aider et nous soutenir face à nos détracteurs ? Alors pourquoi la personne qui partage notre vie, à plus ou moins long terme, nous met-il des bâtons dans les roues ? Nous rendre plus forts ? Plus courageux ? Foutaise, il le fait, car il ne nous aime pas, s'il nous aimait, il tiendrait les bras du sac à foutre le temps qu'on lui explique avec force et courage notre façon de penser. »
Je lis et relis son texte. Il n'est pas plus long que le mien, son écriture n'est pas meilleure que la mienne. Mais ce qu'il a écrit, j'ne sais pas. Ça me fait sourire.
En fait, je suis d'accord avec lui.
Je lui rends sa feuille, sans rien lui dire.
Un long moment se passe sans qu'aucun de nous deux ne bronche. Son genou touche le mien, je replie mes jambes et les éloigne de lui.
Je ne veux pas qu'il me touche. J'peux pas, puis j'ai pas le droit c'est quand même un peu à cause de moi que le cure-dent s'est fait la malle l'autre jour...
— Ça va le rendre fou ce que tu as écrit. Il me dit finalement en mettant sa tête dans ses bras, son visage tourné vers moi. Je m'enfonce sur ma chaise histoire de mettre un maximum de distance entre lui et moi. Pour la première fois je m'avoue que je le trouve pas trop dégelasse pour un mec.
Bordel c'est moi qui viens de penser sa ?!
— M'en fou. Je lui réponds en haussant les épaules mine de rien. Je l'entends pouffer et comme un con, je me marre avec lui. Comme un con, je tourne la tête pour le regarder de nouveau, comme je le ferais avec le blond où un autre, mais ce n'est pas l'un d'eux.
Non, carrément pas.
Son putain de regard me télescope une nouvelle fois, je ne vois plus que ses deux billes noires. Il m'engloutit dans un monde qui est totalement opposé au mien.
Mon estomac se remet à danser la samba comme un idiot. Comme à chaque fois ma peau se recouvre de frissons, j'ai envie de le toucher, juste là, sur la joue du bout du doigt...
Les bruits des bavardages me sont revenir sur terre brutalement. Je suis à la masse !
Putain, mais pourquoi je ressens ça moi ?
Je me force à détourner le regard, j'peux pas, j'veux pas. J'ai pas le droit !
Le reste de l'heure se passe dans un silence de mort, je tape du pied sur le sol comme un con.
J'suis impatient, pas à l'aise, faut que j'me barre. Il est trop proche de moi pour mon propre bien
Ça sonne, je me lève et m'auto éjecte de la salle de classe en bousculant au passage deux trois blaireaux, pas graves, il ne fallait pas qu'ils soient là. J'ai l'impression de sentir la morsure de on regard partout su mon dos quand je le fuis.
Je ne mange pas avec les autres a midi, ouais, je sais, j'aurais dû, mais non, il me faut un peu de calme, un peu de solitude. Juste le temps que je me comprenne. Pourquoi il m'attire ? Pourquoi j'ai envie de le... respecter ?
Respecter... Bordel... Je veux respecter quelqu'un d'autre que ma mère ou Bryan et Jess...
J'suis grave atteins. Une bière, il me faut une bière. Vite ! Il s'appelle Cowel pourquoi, je pense a cette merde insignifiante moi !
J'ai pas le droit merde ! Je ne me donne pas le droit nuance.
**************
Jess vient me chercher au lycée avec sa voiture en tout début d'après-midi, normalement, je peux aussi conduire, mais ma mère ne veut pas. Paraît que j'suis pas assez mature et prudent. Ce que ce petit bout de femme, qui nous tyrannise ignore, c'est que la belle brune me laisse tout le temps conduire.
Ce qu'elle ne sait pas ne peut pas me faire de tort.
Point barre fin de l'histoire.
Sur la route, elle ouvre la boîte à gants une bière tombe et un petit pochon plein, et après on ose douter de moi...
Sur place, on se dirige aussi sec vers notre fief, notre bar. Bien sûr, on se marre et deux trois vieux aigris nous regardent de travers. Donc, pour ne pas les faire mentir, on fout encre plus le bordel. Les gens devraient nous être reconnaissants, on anime leur journée.
Franchement ingrat.
Ce coup-ci, c'est elle qui part commander nos bières et moi, j'vais me poser. Elle revient avec quatre boissons et des conneries à bouffer.
— Bon alors à force de réfléchir tout seul comme un grand t'as trouvé tes réponses ? Elle me demande en prenant une plaine poignée de cochonneries salée.
— Juste comme ça a quoi j'dois cogiter ? Je lui demande en entamant ma boisson.
— Louis. Elle me sort ça comme ça, de but en blanc.
Normal.
— T'as pas fini de dire d'la merde ?
Je sais que je ne devrais pas m'énerver, elle me pose une simple question et puis c'est Jess pas n'importe qui non plus, mais...
— Y'a pas de honte, tu sais. Elle se précipite en me coupant dans mes pensées.
— Tu vas me foutre la paix ? Merde, J'suis pas pédé ! Je me mets à beugler.
Pédé. Il y a comme du verre qui se brise en moi, un miroir qui vient de voler en éclats dans tous les sens.
Non ça, c'est pas moi, j'suis un gars vulgaire, j'débite plus de jurons en un jour que le bon Dieu ne peut en accepter, en même temps, j'en ai à foutre quoi de lui ? J'suis tout ce qu'il y a de pire sur cette terre, mais ça, ce mot, c'n'est pas moi. Non, c'est pas moi.
— J'suis pas gay. Je répète un peu plus doucement en me forçant à respirer doucement.
Jess se mur dans le silence, pour une fois qu'elle se la ferme, je dois remercier qui ?
— Et toi ? Tes conquêtes ? Je finis par lui demander plus pour parler qu'autre chose.
— Moi, je suis amoureuse même de l'idée d'aimer. Elle hausse les épaules avec un sourire rêveur. Ce n'est pas demain la veille qu'une nana me capturera. Elle tapote sa bouche avec son index, tique qu'elle a toujours eue. Quand elle est comme ça, je me dis que c'est un beau gâchis qu'elle soit lesbienne.
Vraiment.
— C'est peut-être juste lui. Elle murmure en plongeant son regard dans le mien, je frémis. Trop de choses me reviennent en tête. Trop pour moi.
— On est obligé d'en parler ? Je lui demande en enfonçant mes mains dans mes poches.
Elle se marre franchement et me dit que je me voile la face et tout un autre tas de conneries. Moi, j'crois qu'elle délire sec.
—
C'est quand même pas mal le lot de débilité qu'elle est capable de sortir à la seconde c'te fille.
Elle enchaîne sur un sujet bateau, puis on part faire les magasins.
Le pater' me paye mes nouvelles pompes. J'ai déjà été poli une fois je ne vais pas recommencer.
Quand on se rentre, on passe par l'arrière du centre commercial pour passer au SAV, elle a fait cramer sa carte bleue.
Pendant qu'elle drague la nana de l'accueil, je sors faire de la place dans son coffre, j'abandonne vite, y'a trop de bordel là-dedans, sac, sac, sac, et encore un sac. Bon, elle se contentera des sièges arrière.
— Adam !! Hurle la belle brune en cavalant vers moi. Ramène-toi ! Sans attendre, elle fait demi-tour. Je lui emboîte le pas en claquant les portières. Une des règles de base avec Jess, c'est qu'elle ne court jamais, mais vraiment jamais. Si demain y'a le feu chez elle, les flammes vont devoir être patientes avant de tout brûler.
Faut être lucide, c'est une vielle carne, elle ne brûlera pas.
Je la suis, elle tourne à l'angle du SAV et s'enfonce dans la ruelle qui sert de réserve à poubelle.
Ça pue.
Ce que je vois m'explose les tripes, me tord le cœur, me coupe la respiration et me donne envie de gerber. La brunette me hurle de me bouger une longue seconde. Une longue seconde, j'peux rien faire, mes jambes sont bloquées, je ne l'entends même plus.
Un craquement, le craquement de l'un de ses os, m'électrise, me ramène sur terre, là, devant ce spectacle qui me détruit de l'intérieur.
C'est comme si un flot continu de peur, de colère et d'adrénaline shootait mes veines. J'ai peur, bordel, j'ai peur ! Pas pour moi ! Pour lui ! J'ai peur pour lui !
Merde !
Je ne vois plus qu'eux.
Je vais ratisser le sol avec la tronche de l'enflure qui vient de frapper Louis en pleine mâchoire.
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