L'intuition est une vue du coeur dans les ténèbres.

André Suarès.


NDA : on reprend le court de l'histoire ^^ comme toujours venez me dire ce que vous en pensez.


Sa mère, Murielle faut absolument que je le retienne, nous appelle pour venir manger. Il accélère le mouvement pour qu'on puisse partir ensemble une nouvelle fois. Soit dit au passage, il est super endurant et je suis étonné de pouvoir marcher correctement.

Je le suis, main dans la main, dans son salon souriant comme c'est pas permis. C'est une grande pièce éclairée, il n'y a que très peu de meubles en bois en fait, je crois qu'il n'y en a pas. Tout est en verre, ce n'est pas le moment d'avoir deux mains gauches !

Sur la table, en verre, des assiettes bien garnies nous attendent. Il y a de la viande bien saignante, cette femme sait parler à un homme ! J'ai une de ces faims !!

Ses parents sont assis en face de nous, ça c'est franchement flippant, je cherche tout de suite le contact de son genou.
Branleur ou pas, les parents, ça fait flipper.

Une petite tablette en bois est accrochée au-dessus des deux adultes, qui soit dit au passage me fixe souriant, me laisse.... Septique pour être polie.

« L'homme progresse vers la joie dans la mesure où il se rapproche de la sainteté » de Léon Bloy.

Donc, si mes trois neurones décryptent bien la chose, pour toucher la joie, il faut que je me rapproche de la sainteté... J'suis pas dans la merde... Je pince mes lèvres pour ne pas dire ce que je pense.

Louis me donne un petit coup de genou pour attirer mon attention, il lève les yeux au ciel en regardant la plaque.

Ouais... On est d'accord... De toute façon je suis damné et je compte bien continuer dans ce sens.

Le repas se passe plutôt bien en fait, un peu long sur les bords quand même. Je n'ai pas eu le droit à un interrogatoire en règle, j'avoue, je ne vais pas m'en plaindre. On a parlé d'un peu de tout le plus naturellement du monde, comme ci je faisais déjà partis des meubles.

Au passage j'apprends que ses parents travaillent dans une épicerie et que son père se bat avec sa vieille impala depuis des siècles. De ce que j'ai compris c'est un cadeau de mariage qui fonctionnait a l'époque, d'après son père par ce que sa mère l'a salement dévisagé a ce moment-là. Ca nous a bien fait marré d'ailleurs.

Quand il est temps d'y aller, sa mère nous fait promettre d'être prudent sur la route et de ne pas faire de bêtises. Un jour il faut que je demande à Louis c'est quoi leur définition de « bêtises », juste comme ça. Au cas où. Que j'essaie de rentrer dans les clous.

Les filles nous attendent déjà devant le lycée, Estelle n'est pas vraiment à son avantage avec ses traits tirés et ses cernes. Elle pose sur son dos la veste de son copain, j'imagine que cela doit la rassurer, Jess passe devant elle et referme un peu son col d'un geste tendre. Elle a toujours su trouver les bons mots et poser ses gestes.

L'éclaire fut. Je serre les dents, car le retour à la réalité est brutal. Je sais que c'est égoïste et pas digne d'un meilleur pote, mais, si juste pour une fois toutes les merdes pouvaient s'arrêter de nous plomber juste une journée, ouais juste un jour pour que je puisse la passer entièrement avec mon mec sans me soucier de quoi que ce soit.

J'crois que c'est trop demander...

On se gare dans le parking du lycée à quelques mètres du portail et tous les quatre, on se fait un chemin jusqu'à nos places habituelles dans les gradins, on rigole, mais le cœur n'y est pas.

Il y a quelques semaines encore les deux nanas étaient entre nous, car je ne voulais pas l'approcher, là, elles sont encore entre nous, mais aujourd'hui c'est pour veiller sur elles. Je me le suis promis dans la voiture « quand je reviens, je veille sur elles ».

Le blond, qui est en bas, avec les autres sportifs, lève ses yeux vers nous. Après avoir regardé sa copine, il me regarde et opine légèrement du chef, j'imite son geste. Une nouvelle fois pas besoin de mots, on se connaît parfaitement.

La petite blonde m'attrape la main, je me colle a, elle, elle me fait un sourire pincé et se plonge dans le match, enfin son lancement quoi. Louis et moi, nous regardons une trop brève seconde à mon goût. Je balaye les gens derrière lui du regard, pas de jumeaux en vue. Je remarque qu'il fait la même chose.
Je souris intérieurement.

Jess passe son bras autour des épaules de la blonde. Juste en un regard, je comprends qu'elle sait ce qu'il s'est passé pour la blonde. Mon estomac se tord, il est hors de question qu'il lui arrive quelque chose.

Le coup de sifflet fait vibrer la foule et pour la première fois je ne me sens pas concerné par ce match.

Tout le long du match, on subit sec. Idriss a pris un mauvais coup dans le mollet, il s'est fait évacuer dès la première mi-temps. J'ai vu son meilleur ami se tendre, je ne suis pas spécialement jaloux, je serais vert de rage si Bryan avait subi la même chose. J'aurais sûrement écopé d'un renvoi quelques jours plus tard. Pour le plus grand bonheur de ma sainte mère !

Quand la fin de la torture est annoncée, le constat final fait mal au cul. On s'est mangé une bonne déculottée.

Une de celles qui se noient dans l'alcool de toute urgence.

Le blond me dit qu'il va vite fait se laver et qu'il revient. Idriss s'est fait soigner sur place, il n'a rien de grave, mais repos pour le prochain match et sûrement le suivant. Je ne l'ai jamais entendu autant râler qu'aujourd'hui. Enfin lui, c'est rien comparé à son père... Louis a dû lui rappeler que ce n'est qu'un match pas une course pour la vie et qu'il aurait pu avoir de grosses séquelles. Mais allez faire comprendre ça à un gars qui vit son rêve de gloire à travers son fils.

Puisqu'on n'a pas gagné, pas de fiesta, de toute façon personne n'en a vraiment envie. On voit bien que la musicos fait de son mieux pour prendre sur elle, mais c'est encore trop frais pour elle. Il faut que je demande à Bryan où s'en est cette merde d'ailleurs.

J'envoie un message pour le dire à ma mère, elle me dit que ce n'est pas grave, qu'on va se refaire et elle me dit à ce soir. Comme le bon fils à ma mère que je suis, je souris devant mon téléphone.


Bryan me chope, enfin non, il me suit quand je vais pisser, question d'habitude. Quand il vient me parler dans ce genre de moment, il se pose contre la porte pour me laisser un minimum d'intimité et commence son discours et vis versa. Au passage il bloque l'entrée et ne compte pas bouger d'un poil.

— T'étais ou en fais ? Il me demande en étirant son cou sur les côtés, il n'est pas mauvais, je le sens dans sa voix, mais je grince des dents quand même.
— Chez Louis. Je lui réponds sur le même ton.
— O... Ouais, ouais, tu me l'avais dit. Il se frotte la nuque maintenant.
Je me retourne et me lave les mains.
— Pourquoi, y'a eu un problème ?
— Non ! Non ! T'inquiètes...
Il souffle et enfonce ses pouces dans ses poches. Il prend une grande inspiration et secoue la tête de gauche à droite. Sérieux m'en veux pas, écoute, J'suis content pour toi et tout, mais j'ai besoin de toi là.
Je fronce les sourcils, je me sens un peu floué pour le coup. Je sens ma colère virer tous mes autres sentiments a grand coup de pompes bien placé.
— Tu crois que j'vais te lâcher ? Je demande un peu plus fort que je ne l'aurais voulu. Attend, attend. Je le coupe en secouant mes mains pour les sécher. Par ce que je suis avec Louis, tu crois que toi et moi s'est morts ? Je fais des vas et viens avec ma main entre lui et moi.
– Non...
— Si ! Carrément que si !
Je beugle en le fixant. J'espère franchement que tu t'fous de moi là ! Oui, j'suis allé chez lui, j'ai même vu ses vieux et bouffer avec eux, j'ai eu le droit a une putain de partie d'jambes en l'air aussi ! Mais j'suis là. Je me frappe le torse sans baisser le ton, ouais je l'ai mauvaise, car il sait que quoiqu'il se passe je serais toujours là ! À deux, toujours à deux merde ! On va pas s'prendre le crâne maintenant quand même ? Je lui demande en le fixant sans bouger. J'en rajoute pas même si dans le fond je l'ai quand même mauvaise. J'ai l'impression qu'il me zappe. Je sais que c'est con, qu'il a juste autre chose dans le crane et tout, mais...

Réaction à la con.

Il ne répond pas tout de suite, je vois ses méninges en pleine surchauffe. On ne s'est jamais embrouillé vraiment jamais ! À la limite on gueule un bon coup et ça se passe, mais rien de plus.

Je m'appuie contre le lavabo et attends qu'il l'ouvre. J'sais pas trop quoi penser pour le coup, faut pas que lui et moi, on se bouffe.

Non, c'est juste non. Sans lui je ne suis pas sûr de pouvoir gerer tout le reste.

Il se passe la main dans ses cheveux.
— Ouais, ouais, ouais. Il se frotte le front. À deux ?
— Comme toujours ! Mais faut que tu m'expliques quand même.
Je grogne, y'a un gars qui a essayé de rentrer, mais Bryan repousse la porte comme un veau. Du coup le gars est dehors en train de nous couvrir de mots doux.

Ce qui est bien avec lui, c'est que pour qu'il me réponde, il suffit de lui poser la question, il n'a pas été fourni avec un filtre cerveau/bouche ce gars.

— J'sais pas... J'ai pas l'habitude qu'on s'éloigne de trop... J'ai peur de dérailler sec Adam. Il souffle en fermant les yeux.
— Je t'ai dit, on se les bouffera à l'extérieur, j'te le promets, mais tu ne peux pas m'en vouloir de tester mes atomes crochus avec lui.

Aucun de nous deux ne parle pendant une poignée de minutes. Je me jure de les anéantir et de taire mon ressenti négatif qui au final ne sert à rien.
— Alors ton repas ? Il me demande en relevant son nez, un coin de sa lèvre contredit l'apesanteur.

Voilà le Bryan que je connais, du moins en façade.

— Plus culs bénis que ça, tu meurs. Mais super gentil. Je rajoute.

Je lui raconte les préceptes un peu partout chez eux, on se marre un peu.

— Tu m'demandes pas pour ma partie de jambe en l'aire ? Je termine en haussant un sourcil tout en le regardant.
— Ferme-la. Qu'il me grogne en souriant. Tu marches c'est que ça va. On se marre doucement.

Avant de sortir, il me fait un truc qu'il ne m'a fait que quelques fois depuis qu'on est mômes. Il me prend dans ses bras. Les fois où cela s'est produit, on était dans la merde jusqu'au cou, une histoire de renvois qui a mal tourné. Une fois de plus.
Mauvais souvenir, vraiment.

— J'te jure, j'le sens pas. Sa confession me tord les tripes.
— T'inquiètes ça va le faire. Je lui promets en serrant les dents.

On rejoint les autres et on fait bonne mesure le reste de la journée. Personne ne remarque vraiment que mon meilleur ami en a gros sur le cœur, qu'il joue un rôle. Il tient bien son rôle faut dire.

Dans le fond d'un couloir, je vois les deux futurs cadavres qui nous regardent sans bouger. Je les fixe a mon tour en écartant les bras, je les invite a ramener leurs miches pour qu'on parle eux et moi. Ils me connaissent, je sais qu'ils ont compris le message. Pourtant ils ne bougent pas d'un iota, ils se contentent de me regarder avec arrogance. Ya aussi un truc bien dégueulasse qui passe sur leurs tronches. Je serre les dents et me grandis.
Je dois bien dire que pour le coup, je ne le sens pas non plus, ils sont bien trop crades pour moi.

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