L'amour est borgne, la haine est aveugle.
Proverbe allemand.
Si porter ses couilles demande un minimum d'énergie, je crois que je suis mal barré. Louis aussi, on a passé la nuit à s'échanger des messages, on a pas mal survolé le sujet.
Branleur totalement flippé bonjour.
Je me lève avant que mon réveil ne se fasse étendre, ce qui lui évite un coup sur la tronche, au passage, je secoue Jess. Dormir avec elle, c'est un peu comme dormir avec une glu, elle se colle à un point, c'est inimaginable ! Je suis sûr que si avait pu se lover sous ma peau, elle l'aurait fait !
Le petit singe brun descend dans la cuisine, après a voir réussi a ouvrir les yeux, en micro short et débardeur, normal...
Pour le coup, je me dis une nouvelle que c'est un beau un gâchis qu'elle n'aime que les filles, enfin pour ce que ça me regarde maintenant.
Pendant qu'elle passe devant tout le monde pour se servir de quoi manger, je me pose comme une loque sur ma chaise. Ma sainte mère lui sourit sans trop rien lui dire à part quelques banalités, quant à son mari, il la regarde et me regarde. Je sais bien ce qu'il s'imagine, mais comment dire... Nous ne chassons plus les mêmes proies elle et moi.
— Non. Je lui dis alors qu'il est à deux doigts de se faire un étirement à force de faire des allers et retours entre la belle brune et moi. Non pas que ça me fasse quoi que ce soit, mais qu'il pense que je suis avec elle ne me plaît pas des masses.
Je suis avec Louis point barre fin de l'histoire.
Il ne répond pas et baisse son nez sur son journal du jour.
Malgré toutes les douceurs sucrées sur la table et éparpillées un peu partout dans la cuisine, rien ne passe. J'ai la gorge nouée, les mains moites et le cœur qui bat des records de vitesse. De sa main de libre, la petite sœur que je n'aurais jamais, me capture la mienne, le tout devant ma mère et son mari.
Au final rien ne change vraiment. Juste le contexte, il n'y a pas si longtemps j'étais aussi dans le même état. Je flippais aussi de mes sentiments et pulsions, je me faisais des films à n'en plus finir et me torturait le crâne sans relâche. Là, aussi c'est la même chose, je flippe à m'en rendre malade. Je sais que je dois le faire pour que je me sente mieux.
Je regarde le grand chauve à la dérober. Et lui ? C'est la première fois que je me pose vraiment la question, et lui ? Si je survis à mon prochain merdier je me promets de lui en parler.
Jess s'amuse avec ma main tout en regardant son portable.
— T'as vu ?
— Fais chier, je grogne quand je regarde l'emploi du temps en ligne. Mes deux heures de pauses passent à une...
Je crois que je viens de perdre toute crédibilité auprès du grand chauve, en même temps pour le peu que j'ai et pour ce que j'en ai vraiment à foutre...
J'essaie de ne rien faire transparaître, mais j'échoue comme un bleu. Quand le grand chauve se casse de la cuisine, ma mère me prend mon visage en coupe.
— Tout ira bien mon grand, tout va bien. Puis elle me sourit comme elle seule sait si bien le faire. Jess tourne sa chaise de façon à me faire face.
— Je sais ce que c'est, je sais à quel point c'est dur et flippant. Elle se tait une petite seconde avant de reprendre. Mais une fois que tout ça sera passé... Elle ne termine pas sa phrase, elle se contente de me regarder droit dans les yeux en se mordant la lèvre et en souriant comme une bien heureuse. Y'a pas à dire Jess est vraiment belle, peut être la plus belle fille que j'ai vue.
Tous les trois, on se plonge dans un silence religieux, chacun perdu dans ses espérances. Putain ce que j'aimerais que ça se passe bien ! Que ma mère ait raison, que tout va bien se passer que je psychote pour rien.
J'crois que je rêve tout éveiller. Au fond de moi, je le sais, je sais que ça va dérailler, le tout est de savoir à quel point.
J'écourte la séance "tendresse" et prends le chemin de ma chambre, avant que je ne mette un pied sur la première marche de l'escalier le pater' se matérialise derrière moi en me faisant sursauter.
— Adam. Je me retourne les mains dans mes poches et la mine basse. Quand tu rentres des cours ce soir, j'aurais besoin de toi pour aller faire les papiers de ta voiture.
J'ai dû cligner une bonne dizaine de fois avant que l'information ne percute mes trois neurones.
Je me mets à sourire comme le bon branleur que je suis, avant de vraiment comprendre.
— Je finis à seize heures. Je lui réponds en me retournant, au milieu de l'escalier, je me retourner vers lui, qui n'a pas bougé et le remercie. C'est à son tour de faire une tronche de con.
J'aime.
Je suis vite rejoint par ma squatteuse d'une nuit au passage, elle me pique la place dans ma salle de bains. J'ai râlé pour la forme, car elle a ma mère de son côté.
En bas, j'me surprends à mettre les pompes que le pater' a financées l'autre fois, je ne l'avouerais jamais à qui que ce soit, même sous la torture, mais aujourd'hui, j'aimerais avoir son aura. Sa prestance fait taire à elle seule pas mal d'abrutis et éloigne même les plus coriaces. Ouais aujourd'hui, j'en aurais bien besoin. J'ai aussi besoin de sa confiance en lui, je pense souvent que le blond a trop confiance en lui, mais lui, c'est autre chose. On dirait qu'il sait absolument tout, qu'il sait avant toi ta propre réaction, bref il me fait chier ce grand con.
À côté de ma boîte aux lettres, il y a tout le monde, Jess passe devant moi et me lance un regard satisfait, pour le coup, j'ai des envies de meurtres, faut vraiment qu'on m'explique comment elle fait pour tout savoir. Je savais qu'ils allaient tous être là, le blond me la dit hier, mais entre l'entendre et le voir il y a une différence.
Elle est costaud celle-là.
Je me retourne dans l'embrasure de la porte, il y a peut-être tous mes potes, mais rien ne vaut un regard de ma mère. Bien sûr, elle est juste à côté de moi.
— À ce soir, mon grand.
— À tout à l'heure 'man. Elle me pose une main, aussi légère qu'une brise sur le dos, et me pousse gentiment vers la sortie.
Bon aller Adam, il est temps de prendre du galon !
Une fois que l'on s'est tout salué, on avance doucement, tout doucement, vers le lycée. Louis n'a pas pris en compte le fait de voir une fille sortir de chez moi, en même temps, on ne joue plus dans la même catégorie.
Il y a quelque temps la belle brune lui avait sortit qu'elle et moi c'était de toute façon impossible, déjà je suis un mec et ensuite elle m'aime trop pour tomer amoureuse.
Moi aussi je ne la suis pas toujours.
— Tu sais, on peut toujours voir ça pour plus tard. Il me dit en me faisant ralentir jusqu'à se stopper complètement. Comme un appel, tous les autres s'arrêtent. J't'en voudrais pas. Rajoute mon homme de Vitruve en laissant glisser sa main de mon coude jusqu'au creux de ma paume, je resserre mes doigts autour des siens.
Bryan se place sur ma droite, je sais pourquoi il fait ça, il me montre qu'il est là quoiqu'il en coûte. Jess est devant nous avec le sportif, elle se retourne pour me regarder. Son visage n'exprime rien de spécial, mais son regard...
— Ça va. Je réponds tout simplement après avoir soufflé et étiré mon cou.
Louis me regarde et sourit tout simplement, mais je sais que ce n'est pas un simple rictus, je sais que ça veut dire plus, je le sais bien tout ça.
— À deux. Dis mon meilleur ami en me bousculant un peu avec son épaule.
— À deux. Je lui réponds en lui rendant son coup.
Louis et Idriss échangent un regard et un hochement de tête, en fait, on a tous nos petits rituels, notre petit truc pour dire que ça va, que ce soit vrai ou non.
Jess se rapproche avec son pouce tendu, je le touche à mon tour avec mon doigt.
— Aller ! Scande l'éternelle amoureuse en nous poussant vers le lycée. On n'oublie pas le sourire de branleur, la tête haute et le regard fier les gars ! Elle termine en nous donnant une claque sur les fesses.
Louis et moi sursautons pendant que Jess repasse devant en sautillant comme la folle qu'elle est.
On se marre, ce qui fait un peu descendre la pression, et on la suit.
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