Il est plus actif dans ton ombre.


 ( Inconnue)

J'ai tenu parole, je suis allé cavaler comme un dingue une fois que Louis est rentré chez lui plus tard dans la soirée. Enfin une fois que ma mère à daigner le lâcher, un peu plus et c'est elle qui me le pique !

J'le dirais pas à voix haute, mais en tant que fils à sa mère, je suis plus qu'heureux que ça colle bien entre eux et surtout qu'elle s'en fout, que je reste son fils.

Ça fait longtemps que je n'ai pas couru que pour me fuir, au contraire pour la première fois je m'active pour vider mon trop-plein de bonheur. C'est l'comble quand même, obligé de suer comme un porc pour arrêter de sourire comme un demeuré.

J'suis trempé à bout de souffle, mais mon sourire ne m'a pas quitté. Pourtant, je me suis tapé un bon nombre de fois les marches du stade. Monter, descendre, monter, descendre, encore et encore jusqu'à ne plus sentir mon corps, jusqu'à ce que mon estomac se soulève, allé jusqu'au bout de moi et m'écrouler comme une larve sur une marche toujours souriant.

Le pater' me faisait souvent faire cette connerie quand j'avais un trop-plein. J'lui avouerais jamais, mais ça me faisait un bien fou.

Putain ! Non pire que putain, ma sainte mère ne m'a pas abandonné, elle m'a carrément dit qu'elle l'aime bien.
Ma mère apprécie Louis !

Je me mets à rire tout seul comme un idiot, toujours étalé sur une marche. J'ai flippé pour rien.

Le soleil décline, une légère brise me fait frissonner, pas un bruit rien même pas un piaf qui raconte sa vie en haut de son arbre. Le silence total, juste, moi et mes souvenirs, justes moi et mon bonheur presque insolent.
J'suis le branleur le plus heureux du monde.

Je me rentre finalement en trottinant, histoire de ne pas trop me refroidir, en deux-temps trois mouvements, c'était fait. Je m'arrête au niveau du terrain des gosses, juste en face de nos deux baraques, pour m'étirer.

- 'Tain t'étais ou ? ! Me grogne le blond en sortant de chez lui bière et ballon rond à la main.
Y'en a un qui m'attendait dit donc... Il est même en survêt' c'est pour dire, lui qui ne quitte jamais ses jeans.
- Cavaler. Je lui réponds en faisant un talon fesse.
- T'es un grand malade de faire ça pour le plaisir ! Il me répond, que je sache lui aussi cavale sur le terrain pour le plaisir, pas envie de polémiquer ce soir alors j'me la ferme.

Il me jette le ballon et ouvre une canette, je rattrape le premier et tends une main pour avoir de quoi boire.

- Je reste pas longtemps, j'pue.
- Ça ne change pas de d'habitude.
Il ose me répondre en haussant un sourcil que j'ai vraiment envie de massacrer pour le coup.

Je shoote dans le ballon dans sa direction, il se marre et le rattrape en cavalant un minimum.

On échange plusieurs balles tout en vidant le pack de bière. Avant on utilisait un ballon de Rugby, qu'on empruntait au lycée, mais pas franchement pratique avec une canette dans les mains, du coup, on a adopté pour le ballon rond.

On a parlé de tout. La blonde sera entendue lundi, je crois, il me dit que ça l'angoisse.

J'ai promis au blond d'en prendre un max sur le dos pour ne pas que sa bourse saute. Il me dit qu'un jour, il me le rendra. Ce qu'il ne sait pas, c'est que rien que le fait qu'il ne me juge pas, c'est assez pour moi, au final, j'suis un gars avec des besoins simples.

Le blond, Jess, ma mère et Louis. J'aime beaucoup Estelle, Idriss et quelques autres dont le nom m'échappe, mais ce sont eux les principaux. Je ne désire pas grand-chose à part qu'on me fout la paix.

Ouais, j'suis un gars simple, p't'être pas un des meilleurs, mais pas la pire des pourritures non plus.

Un gars du genre humain en gros.

- Et toi alors ? Il me demande en réceptionnant le ballon.
- Un peu plus et ma mère m'le volait ! Je lui réponds avec un sourire à la con.
- À ce point ?
- Elle lui a même dit qu'il pouvait revenir quand il veut et pas besoin de passer par le balcon
. Au moment où je finis ma phrase, je reçois le ballon et le stop avec mon pied droit.

Mon meilleur ami me regarde, sa canette à deux centimètres de sa bouche, et se marre doucement avant de boire. S'qu'on sait tous les deux, c'est que cette maîtresse de maison est très sélective sur les personnes qui passent le pas de sa porte. Je l'ai déjà vu virer des gens avec un balai où leur claquer la porte au nez, car leurs têtes ne lui revenaient pas.

- Il a le droit à la grande porte !
- D'la merde !
En partant, je lui ai dit que c'est mon balcon où rien. Maintenant, il se marre franchement, moi, aussi remarque.

Ouais, je suis un poil possessif.

- Tu en sais plus ? Je finis par lui demander après quelques échanges.
– Tout ce que je sais, c'est que mon père et ton pater' ont passé la journée chez les flics et qu'ils ont croisé les parents d'Estelle. Il me répond en haussant les épaules.

On change vite de sujet, faut dire ce qui est : on flippe et ne rien savoir nous fait sentir encore plus mal. Pas besoin de se le dire, on se connaît depuis bien assez longtemps pour le ressentir.

Plus ça va, plus on tape fort, histoire de lâcher un peu de notre pression qui nous plombe l'estomac.

On a plus de bière depuis un bon moment maintenant, Bryan a les joues rouges et son tee-shirt gris est tout aussi trempé que le mien. Seule la lumière des lampadaires nous éclaire et nos souffles profonds fendent le silence du lieu.
Aucun de nous deux n'a ni entendu ni vu la voiture de José se garer dans leur allée. En fait, ce qui nous a fait percuter, c'est le ballon qui a atterri en plein sur le crâne dégarni du pater'.
Quand j'ai tapé dans le ballon, mes trois neurones s'aventuraient sur un terrain qui ne me plaît pas des masses : les jumeaux.

J'le dis pas, mais si les vieux des deux branleurs portent plainte contre nous, on est clairement dans la merde. On les a envoyés deux fois à l'hosto, si ça ne tenait qu'a moi une fois de plus ne serait pas de trop. Mais j'reviendrais pas sur ce que je lui ai promis.

Par contre quand la balle a percuté l'arrière du crâne du mari de ma mère, j'suis bien vite revenue sur terre. J'ai regardé la scène comme un grand con avec la bouche ouverte, Bryan se retourne au ralenti et tourne une nouvelle fois vers moi, il me murmure un "Outch" en grimaçant.
Ouais « Outch » c'est bien le minimum qui me vient à l'esprit.
Le grand chauve se baisse et ramasse la coupable de sa toute nouvelle bosse. Nous deux, on se résigne et allons vers eux. De toute façon, il faut bien rentrer un jour ou l'autre. Puis je pus et je suis naze.

– À ce que je vois, tu n'es pas très doué avec tes pieds. Sa voix claque dans l'aire et son rictus m'enfonce un peu plus, mais dans son regard il y a un truc que je ne calcule pas tout de suite pourtant sa malice est bien là. Elle fait briller ses yeux et lui donne un air de gentil, juste un air. Lui et moi, on sait à quel point c'est un enfoiré.

Le pater' se fout de moi, le grand con de chauve qui sert de mari à ma mère fait de l'humour et avec moi...
Bordel, j'suis pas chez moi, c'est une autre dimension pas possible ! J'me retourne j'm'attends limite à voir des éléphants orange avec un énorme joint au bec danser la macarena dans le parc, mais non y'a rien, strictement rien. Je croise le regard du blond, il est aussi étonné que moi.

Je regarde la poubelle ou sont nos bières vides et le jure de ne plus boire avant demain, je crois que j'ai trop abusé ce soir.

Mais branleur un jour, branleur toujours. J'accroche un sourire goguenard et le fixe.

- C'est bien connu : merci 'man pour mes qualités et pour l'reste, on s'est qui remercier
. Je lui réponds en croisant mes bras sur ma poitrine tout en le regardant de bas en haut.

Mon meilleur ami passe d'une jambe à une autre et baisse le nez, il le fait quand il doit se retenir de répliquer ou de se marrer.

Le responsable de mes défauts ne reste pas stoïque, comme il s'est si bien le faire, non un sourire amusé se dessine sur son visage.

J'aurais vraiment tout vu.

- Hé bien Laurent, tu n'as pas à te demander de qui ton fils tient sa grande gueule ! Affirme José en donnant une tape amicale dans le dos de son ami.
D'ailleurs, je me demande pourquoi ils sont amis, c'est deux là, ils n'ont rien en commun. José est plus du genre gros ours à l'allure mal léché, mais il a juste l'allure et l'autre... Il est indescriptible, trop de défauts.

Heureusement qu'il y a ma mère dans l'équation sinon je ne serais pas aussi parfait que maintenant.

J'me rentre avec cet homme sur les talons, enfin, il passe la porte avant moi, car j'ai ralenti le pas, j'enlève mes pompes dans le couloir et me retourne vers la porte d'entrée pour ouvrir à la personne qui vient de sonner.

- Ho putain ! Je grogne quand je me fais éjecter contre la petite commode qui tremble dangereusement sous le choc. Au passage, l'angle du meuble en bois s'enfonce dans le bas de mon dos.
- Trop fière de toi. Me souffle la belle brune à mon oreille alors qu'elle est toujours accrochée à moi. Elle me serre de toutes ses forces dans ses petits bras. Tu te sens comment ? Elle me demande sans avoir bougé d'un pouce.

Je pourrais la remettre sur ses jambes et m'éloigner d'elle, je pourrais la repousser et en parler dehors, mais non, je la serre aussi dans mes bras et niche mon nez dans sa chevelure indomptable, elle sent la pomme et la cannelle, une odeur bien a elle.

- J'suis heureux. Je lui souffle en sentant mon cœur exploser.

C'est à ce moment-là que ma mère ouvre la porte et tire une drôle de tête, remarque il y a de quoi. Elle, qui est accrochée à moi comme un petit singe, ses jambes autour de mes hanches et ses bras autour de ma nuque, moi, qui m'appuie contre le petit meuble et qui la serre, mon nez dans sa tignasse.

- Jess, ma grande comment vas-tu ?
- Je vais bien merci, 'suis juste de passage.
Elle lui répond en lui faisant un clin d'œil.

Ma mère à une façon bien particulière de la regarder, un regard plein de douceur et avec une fausse sévérité, un peu comme moi en fait. Je pense qu'elle la voit comme la fille qu'elle n'a pas eue. J'le prends pas mal, j'adore Jess, et quelque part, je la vois un peu comme ça : la petite sœur que je n'ai jamais eu. La bombe brune est importante pour moi.

Le petit singe brun disparaît comme elle est apparue, comme une tornade en somme. Me laissant contre le meuble avec un beau bleu qui commence a pointer son nez. Je secoue la tête en souriant et finit par rentrer dans la cuisine.

- Lundi après-midi, je t'emmène voir le policier qui s'occupe de tout ça.
Il fait le moulin avec sa main. Il veut entendre ta déposition. Fini, le pater' en piquant un cookie.

Je regarde partout à la recherche de ces fameux petits gâteaux maison. Je tire une tronche pas possible quand je comprends que le seul plat existant est celui qu'il garde farouchement entre ses bras. Je me laisse tomber sur ma chaise, celle qui fait face à la fenêtre de la cuisine, et commence à bouder comme un gosse.

J'ai bien entendu ce qu'il m'a dit, mais je m'en fous y'a du sucre et les cookies de ma mère pourraient corrompre le plus saint des saints !
J'en fais très souvent les frais, mais comme je suis un saint et je me dévoue pour mes frères.

C'est la tronche du grand con chauve qui s'agrandit d'un coup quand ma sainte mère met devant mon nez une assiette remplie de cookies chauds et un énorme verre de lait. Forcément, je lui fais mon plus beau sourire quand je croque mon premier biscuit encore fumant.

Il grogne.

J'me marre.

- À quelle heure ? Demande ma mère qui met fin à notre joute visuelle.
- Quatorze heures. Il lui répond simplement en finissant son plat.

Ma mère hoche la tête, je sais que toute cette histoire lui prend la tête, elle n'est pas la seule. Moi aussi, ça me gonfle, mais je ne pouvais pas faire autrement. Je ne le voulais pas non plus.

- Je ne pense pas que toi ou Bryan risquiez quelque chose, les parents des deux zouaves ne veulent plus porter plainte contre vous. Je relève le nez de mon plat et le regarde attentivement. Ils ont compris que les tarés de l'histoire sont leurs progénitures. Il crache avec hargne.

Il n'a jamais parlé de moi comme ça, du moins pas devant moi. Il m'a jeté des horreurs à la tronche, mais jamais sur ce ton, pas avec autant de haine. Je relève le nez vers lui une nouvelle fois, il a les traits tirés, les lèvres pincées et une flamme de haine danse dans son regard.

- Ils l'ont compris tout seuls où grâce à une aide extérieure ? Demande ma mère en fixant son mari en s'essuyant les mains avec sont torchons.
- Ceci appartient à l'histoire. Il lui répond en se levant pour mettre son assiette vide dans le lave-vaisselle.
L'unique femme de la pièce me regarde une microseconde, mais elle me transperce. Je frissonne, son regard aide, mais la réponse de son mari aide pas mal aussi.

Message reçu.

Il m'a... Protégé.

Il a fait quelque chose pour moi ? Non, non, il l'a fait pour ma mère, ouais, il l'a fait pour elle. Comme toujours.

S'il y a bien une seule et unique chose que je ne peux pas lui reprocher, c'est sa dévotion et son amour pour elle.

- Adam, si tu comptes dormir sous mon toit file immédiatement sous la douche, avec ton odeur, tu pourrais réveiller un mort.

Ma mère est un monstre...

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