Esprit : le sourire de l'intelligence.
(inconnue)
— Adam Laurence ? Me demande le gars qui vient de rentrer. Il n'est ni grand ni petit, brun et surtout mortellement classique, il porte aussi un tas de papier blanc dans sa main.
Je souffle, mes tripes sont en vrac, et quand je suis comme ça, mes réactions sont plus de l'ordre de l'instinct qu'autre chose. Avec toutes les merdes que ça implique... Ça va être beau.
Pendant que j'opine du chef en me concentrant sur ma jambe qui sautille d'elle-même, il décale la chaise et se pose en face de moi, étale ses feuilles blanches sur la table et sors un stylo Bic noir de sa poche.
Puisqu'il s'installe, autant faire de même. Je sors mon portable de ma poche et recule ma chaise tout en me coulant dessus.
Branleur un jour branleur toujours. Remarque, je pourrais aussi mettre mes pieds sur la table...
Idée intéressante.
Je cale mes mains sous mes cuisses et attends qu'il l'ouvre de nouveau.
— Bien, je me présente, je suis Julien Ulton psychologue, je suis ici pour parler avec toi de ce qui s'est passé dernièrement.
Un psy... Pourquoi un fouille cerveau ? Putain, j'suis pas dans la merde moi ! S'il se met à vouloir analyser mes trois neurones, j'suis carrément mort ! Faut se l'avouer, c'est le bordel là-dedans ! Autant que je me passe les menottes tout seul, ça ira plus vite. D'ailleurs, elles sont où ?
— Pourquoi un psy ? Je lui demande sans bouger d'un poil, je me concentre sur mon souffle pour ne pas dérailler, encore un truc du pater'. C'est fou ce que ses conseils servent ses derniers temps ! Ses conseils pas lui...
— Vois-tu, Adam, je travaille en collaboration avec la police. Ils m'ont demandé de faire un rapport sur les bagarres de ces derniers jours. Si tu n'as rien à te reprocher, tout se passera bien.
Je ris doucement, c'est moi ? Il essaie de se la faire au gentil et méchant flic à la fois ?
Je reprends du poil de la bête aussi sec, que le jeu du chat et de la souris commence ! Je vais peut-être moins m'ennuyer que ce que je pensais.
— J'crois que vous avez loupé un épisode, m'sieur.
Il hausse les sourcils surpris, et oui couillons, tu crois que je vais avoir peur de toi.
— Bon, et si nous commencions ?
— Faisons, faisons... Je lui réponds en prenant mon portable dans une main et le faisant glisser de haut en bas en touchant la table à chaque fois. Je fais exprès de laisser résonner le bruit du choc pour le rendre dingue.
Il débouche son stylo écrit, la date, mon nom et prénom relève son pif et repose son BIC puis renoue ses mains entre elles.
Au même moment, je reçois un message sur mon portable, il se met à vibrer et fait trembler toute la table en faisant encore plus de bruit. Je n'attends pas qu'il m'autorise ou non, je le prends et lit le message de Bryan.
« Paraît qu'on va causer à un Psy.
Ouais, il est d'vant moi
OK on fait comme on la promit.
Sûr ?
Sûr. »
— Vous avez fini ?
— Oui. Je lui réponds le plus simplement du monde en mettant mon portable dans ma poche.
— Vous avez du mal avec l'autorité, je me trompe ?
— On est là pour parler des deux enflures ou de moi ?
Il esquisse un sourire, moi aussi.
— Depuis quand connaissez-vous Jorris et Lorris ?
— C'est vraiment intéressant où c'est pour me cerner ? Je lui demande en connaissant parfaitement la réponse.
Il se recule sur sa chaise, ses yeux ne sont plus que des soucoupes maintenant et son sourire s'agrandit un peu plus.
— En effet, je me fiche de savoir depuis quand vous les fréquentez tout ce que je veux savoir, c'est ce qu'il s'est passé.
— Enfin une réponse constructive. Je souffle en sortant ma deuxième main de dessous ma jambe, je la pose à plat sur la table et sors m'a parfaite tête du bon branleur de base. Avec le sourire et tout.
— Donc ? Il croise ses bras sur sa poitrine et me fixe.
Ce qu'il ne sait pas, c'est que le pater' me faisait souvent ça pour me foutre en rogne quand j'étais petit. J'ai bien grandi depuis je me suis renforcé et pas que physiquement parlant.
Mon sourire s'agrandit et m'adosse sur ma chaise une nouvelle fois. Là, c'est une promenade de santé pour moi.
Saint Adam, saint patron des branleurs est de retour, priez pour votre âme mes frères.
— Donc. Je répète avec mon air de ne pas y toucher, j'ai promis à ma mère de dire la vérité, c'est ce que je vais faire, mais je ne lui ai pas juré d'être un gentil gars. La première fois que j'ai cassé la gueule à un de ces abrutis, c'était au début du collège, pourquoi ? Franchement, j'ne sais plus, puis on s'en fout hein ? Il opine du chef déjà un poil moins souriant je commence a lui courir sur le haricot. J'pourrais pas dire la date exacte ni l'heure à la seconde près, mais quand Bryan et moi, on leur a sauté dessus la première fois, de cette année, je veux dire, c'était pour les remettre à leur place, ils ont harcelé la copine de mon meilleur ami et on l'a aussi retrouvé en pleur a moitié nue dans les chiottes du lycée un soir.
— Et vous qu'en pensez-vous ? Il me demande en mettant ses coudes sur la table.
— Ce que j'en pense de quoi ? Je sais qu'il essaie de me faire péter un plomb en me posant des questions pourries, mauvais point pour toi, j'ai eu un super entraînement.
— De la copine de votre meilleur ami et de ce qu'il lui est arrivé.
Son sourire en dit long, il me croit comme ça le con.
Je m'approche de lui faisant mine de faire une confidence, il s'approche à son tour, j'peux commencer à me marrer.
— J'me la retourne tous les midis dans les chiottes du snack et comme la bonne chienne qu'elle est, elle revient sans que je ne la siffle. C'est pour ça que j'ai pas apprécié de la voir si démontée l'autre soir, c'est mon droit, ça, après tout. Je finis ma phrase en grognant, je sais aussi que mon regard est entièrement noir.
Il se recule un peu brusquement de moi, les yeux grands ouverts et son petit air mesquin à enfin foutu le camp de sa tronche. J'me sens mieux. Il me regarde avec insistance alors que je me recule lentement toujours avec mon sourire de vieux vicelard bien accroché sur la tronche. Il met une bonne seconde avant de comprendre que je me fous de lui, il a peut-être fait une grande école, mais il n'est pas très futé.
— Bien, bien et âpres ce petit incident que s'est-il passé ?
À sa façon de se tenir, je vois qu'il me prend enfin au sérieux, il ne me prend plus pour le branleur que j'ai l'air d'être, mais pour un gars du genre humain, tout comme lui. Par contre il qualifie encore ce qu'il s'est passé de « petit accident » je lui éclate la tronche. Soyons clairs.
— La deuxième fois, on les a retrouvés derrière le dojo, Bryan et moi, on les a démolis sans aucune once de regret. Ces deux salops ont... Je ne finis pas ma phrase, je ne le peux pas. À la place je le regarde sans sourciller et en serrant les dents.
— Comment savez-vous que c'est eux ?
— Vous savez ce petit regard bien crade qu'un conard vous jette juste avant, ou après une de ses conneries ? Il opine du chef en fronçant les sourcils. Ils l'avaient à chaque fois. Je termine en jouant de nouveau avec mon portable.
— Donc, pour vous, ils sont coupables au vu de leurs regards ?
— Ils étaient les seuls à savoir où habite Estelle et encore plus qu'elle était la fenêtre de sa chambre.
— Vous ne vous mélangez pas beaucoup aux autres à ce que je comprends.
— Vous comprenez bien. Je lui réponds aussi sec en serrant les dents.
— Pourquoi ?
— Ils sont cons.
— Et vous vous considérez comment ?
— Prodigieusement con. Je lui dis avec mon sourire le plus carnassier que j'ai en stock.
Il rit doucement avant de reprendre.
— Autre chose ?
Je réfléchis rapidement.
— Oui, les textos qu'elle a reçus étaient accompagnés de photos et de messages bien crades, Bryan me les a montrés. Je finis ma phrase en sifflant de dégoût.
— Pourquoi vous a-t-il dit tout ça ?
— Parce que c'est mon meilleur ami et que toutes les conneries, on les fait à deux, c'est une règle. Vous voulez que je vous dise, j'étais même prêt à vous mentir, tout mettre sur mon dos pour ne pas que sa bourse de sport saute si les parents des deux abrutis où j'sais pas trop qui portent plainte contre nous.
— Pourquoi ne l'avez-vous pas fait ? Il me demande en fronçant les sourcils.
— Il me l'a demandé. Je lui réponds en haussant les épaules.
— Et lui que fait-il pour vous ?
Je le regarde une demi-seconde toujours aussi souriant avant de lui répondre.
— Il me laisse sauter sa copine.
Il rit de nouveau.
— Bon, bon, si vous deviez définir, Jorris et Lorris, que diriez-vous ? Là, il prend son stylo et sa feuille prêts à écrire.
— Ils sont si crades qu'ils saliraient une benne à ordures. Je crache plus sombre que jamais.
Il me regarde et rebouche son stylo sans rien avoir rajouté sur sa feuille, aucun de nous deux ne parle, je prends alors mon portable et commence à taper un message.
— À qui écrivez-vous ?
Je n'ai franchement de raison de ne pas lui répondre où de lui répondre d'ailleurs, mais il m'amuse alors je le fais en haussant les épaules.
— À Bryan, je lui dis que c'est bientôt à son tour que vous êtes chiant et un peu stupide que vous allez chercher à le déstabiliser, je lui dis donc de rester calme.
— Pourquoi faites-vous ça ? Il me questionne en s'enfonçant sur son siège.
— C'est mon...
— Votre meilleur ami. Il termine en me coupant la parole, je lève mon nez et le regarde avec un intérêt nouveau.
— Vous permettez, je rajoute que vous comprenez vite les choses, mais qu'il faut vous les expliquez longtemps.
Au bout de quelques minutes, il me retourne sa feuille sur là quelle, il y a écrit " Adam Laurence 20 octobre 2016, affaire classée. " Sur la ligne du dessous, il y a le nom et prénom du blond ainsi que la date et marquer " Idem".
— C'est tout ? Je lui demande un poil septique faut avouer que c'est quand même un peu facile.
— Vous savez, Monsieur Laurence, je comprends vite les choses même s'il faut me les expliquer longtemps. Par contre, ce que je peux dire sur vous me prendrait plus de temps, mais pour vous résumer, je dirais que vous êtes un adulte en devenir avec des valeurs et un tempérament fort et fidèle. J'ajoute également, à titre personnel, que notre petite conversation m'a beaucoup amusé et que votre façade de mauvais garçon est à la fois classique et... rafraîchissante.
Sur ce, il se lève, me tend une main que je serre et sors de la pièce.
Je sors juste après, je me pose à côté du pater' qui m'attendait dans le couloir. Quand il me voit revenir, il se redresse et je remarque qu'il a un ongle en sang à force de se faire bouffer.
— Ça va ?
— Il est chouette le psy. Il me regarde comme si une troisième baloche poussait en plein sur mon front.
Le blond nous rejoint quelques minutes après souriant, il me regarde sans calculer son père qui attend des explications et me serre dans ses bras et répétant que je déchire.
Franchement y'a que lui pour ne pas le savoir depuis tout ce temps.
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