Chapitre 31 - Doux cauchemar
Quelques jours avant l'avènement de la cinquième Itération...
Sonah avait mal au ventre.
"Uhh..."
Il chercha quelque chose, sur une étagère poussiéreuse. Puis, il trottina en direction de l'opposé de l'entrepôt pour vérifier cette étagère également. Parmis toutes les potions présentes sur celle-ci, celle qu'il cherchait n'y était pas.
"Bon sang-..."
Il quitta la pièce, il traversa un couloir, avant de rejoindre un autre entrepôt, plus petit, un peu plus loin. Une petite étagère contenait une dizaine de potions, c'était là les premières que Sonah avait créées. L'herboristerie l'a toujours fasciné, et il s'est alors penché sur ces enseignements suite à l'incident d'Eleutherius. Edelweiss l'aidait beaucoup, mais c'était en sa qualité d'alchimiste, une discipline différente. De fait, les quelques œuvres du lycan étaient... différentes. Mais efficaces.
Son visage s'illumina légèrement lorsqu'il aperçut la potion qu'il cherchait, une simple potion de soin. Il l'ingurgita sans attendre, avant de souffler un coup. Il se dirigea vers le grand jardin de ce si charmant manoir, et, comme chaque matin, il se dirigea vers un coin décoré de façon assez adorable, adapté pour les animaux de compagnie.
L'animal en question sortit bien vite, c'était un bébé dragon. Il se jeta sur Sonah, ce qui était suffisant pour le faire tomber à la renverse.
Comment Edelweiss avait volé un œuf de dragon ? Il n'en avait aucune idée, mais une chose était sûre, il ne pouvait pas résister à cet adorable petit être potelé. Depuis ce fameux incident, Sonah a l'impression d'aimer plus facilement, et de mieux saisir certains de ses sentiments. Désormais, et il ne le cachait pas, il considérait qu'il n'y a aucune mauvaise raison de vivre. Un animal de compagnie est suffisant, autant que toutes les autres possibilités.
Naturellement, Sonah n'avait pas que lui, ce petit démon plein d'amour nommé Raktah. Chaque matin, il lui rendait visite.
Actuellement, Sonah était assis sur le sol, le petit être sur ses genoux. Alors que Raktah prenait bien son pied grâce aux caresses de Sonah, la voix d'Edelweiss se fit entendre.
"Tu es bien matinal, Sonah."
"Comme toujours..!"
"Pas autant."
Edelweiss vivait dans un grand manoir, assez éloigné de la capitale. Naturellement, il y a absolument tout, dont plusieurs chambres. Forcément, c'est là que Sonah a toujours vécu.
"Je... Pense que j'étais malade..?"
"Oh..? A cause du café d'hier..?"
Edelweiss l'avait gentiment invité à goûter 'le meilleur café existant', affirmant qu'il allait beaucoup aimer. Quelques heures plus tard, il était cloué au lit, pris d'une fièvre abominable. C'était donc un échec.
"Je pense, oui..."
"C'était donc si infect que cela..?"
"C'est... Si la douleur avait un goût, ce serait le goût de ce café. Ton café."
Le petit dragon souffla du nez, sous le regard amusé d'Edelweiss. Ce n'est que trois secondes plus tard que le lycanthrope réalisa l'ampleur de ce qu'il venait de dire.
"N-non, c'était-..! C'était... bon..? O-oui, ça l'était ! Ce qui m'a rendu malade, c'était..."
"La crème brûlée."
"La crème brûlée !"
"Tu paniques."
"No-... Mh, si."
Edelweiss souffla un rire face à la panique de Sonah, qui lui, soupira. Quand bien même il se sentait plus ouvert, certaines choses ne changeront pas.
"M'enfin... Si cela te va, nous nous rendrons au troisième plateau dans deux heures."
Il regarda Raktah, avant de poser sa main sur la tête du petit monstre.
"Ça me va !"
Il passa l'heure suivante à s'occuper de son cher dragon de compagnie. Il n'avait qu'un an ! A chaque fois que Sonah n'est pas là, ce sont des domestiques très entraînés qui prenaient la relève. Mais depuis l'incident, le lycanthrope en fait beaucoup plus.
Puis, il passa les quarante minutes suivantes à tout faire trop rapidement : se laver, déjeuner, se préparer, vérifier que tout soit prêt pour de vrai, observer Raktah à distance pour savoir s'il va bien... Les vingt minutes suivantes étaient dédiées à attendre anxieusement. Edelweiss arriva finalement cinq minutes en retard, elle connaît suffisamment le lycanthrope pour savoir que ça ne le dérangeait pas. Enfin, c'est surtout parce qu'il n'avait actuellement aucun moyen de savoir que la préceptrice était en retard.
"Déjà prêt ?"
"Mh, oui !"
Le duo quitta l'enceinte du manoir, un carrosse attendait déjà. Edelweiss s'occupa de récapituler ce qu'ils devaient faire sur le troisième plateau : rencontrer Vitalina d'Asphodel, et comme la préceptrice l'a dit, faire quelques 'échanges, à sens unique, de bons procédés'.
Aussi, Sonah savait que le troisième plateau était assez mal aimé, et entouré de rumeurs obscures. Après ce qu'il a vécu sur le quatrième plateau, le lycanthrope n'était pas particulièrement inquiet. Il doutait fort que trouver pire serait possible. Après avoir utilisé le cercle de téléportation menant au troisième plateau, le duo avança à travers une forêt très, trop, calme. Sonah se demandait bien pourquoi diable cette Vitalina vivrait derrière une forêt et pas dans l'un des villages voisins, mais il ne posa pas la question. Il allait sans doute en apprendre plus sous peu.
Après dix minutes de marche, ils arrivèrent face à ce qui semblait être une plaine entièrement vide. L'instinct du lycanthrope lui criait que ce n'était qu'une illusion, et il avait bien raison. Edelweiss posa sa main sur quelque chose d'invisible. Ce simple contact crée quelques vagues ondulations dans l'air. Elle fit signe à Sonah de la suivre, et, après un rapide flash lumineux, un village avait fait son apparition sous leurs yeux.
La plaine était désormais couverte de plantes blanches, d'autres dorées ou roses. Il y avait plusieurs petites habitations en bois, quelques statues simples. Deux puits, quelques arbres, quelques outils pour la vie de tous les jours, trois points d'eau... L'ambiance ici était paisible, mais un air de tristesse flottait dans l'air, malgré la beauté si simple, et pourtant si irréelle du lieu.
"O-oh..."
"Impressionné ?"
"Hm, oui. Mais... Pourquoi est-ce que ce village est caché ?"
"Tu comprendras bien assez vite."
Elle lui fit signe de la suivre, alors il lui emboîta le pas. Ils arrivèrent dans un genre de petite caverne, éclairée par des plantes à l'allure douteuse. Là se tenait une vieille femme, ainsi qu'une épée plantée dans le sol, dont émanait une aura indescriptible. La vieille femme se retourna, avec un sourire.
"Edelweiss ! Et le petit Sonah... Bienvenue, bienvenue !"
Elle serra la main de la préceptrice, avant de reporter son attention vers le lycanthrope qui fit un pas en arrière. La vieille dame se contenta de lui sourire, elle ne voulait pas le forcer à faire quoi que ce soit.
"Tu ne te souviens peut-être plus de moi... Je suis Vitalina d'Asphodel, mais appelle-moi juste Vita. Je t'ai vu pour la première fois il y a quatorze ans de cela !"
"Hm-..."
Il acquiesça simplement, ce n'est pas comme s'il avait autre chose à dire.
"Alors, Edelweiss ! Que me vaut cette visite ?"
"Oh, j'avais simplement envie de passer ici. Puis, cela permettrait à Sonah de visiter du pays."
"Tu as donc bien d'autres idées derrière la tête !"
"Ne dis pas cela comme si c'était difficile à deviner, veux-tu ?"
La vieille femme ira s'asseoir sur un rocher, avant de reporter son attention sur Sonah.
"Puis-je te poser une question, petit ?"
Il n'avait pas l'habitude des surnoms. Puis, il était légèrement plus grand qu'elle tout de même ! Après deux secondes pour réaliser qu'elle s'adressait à lui, il prit la parole.
"Oui..?"
"En tant que femme pieuse, je me dois de savoir... J'ai ressenti une présence d'une puissance incomparable, lorsque la cité d'Eleutherius a disparu... S'agissait-il de La Créatrice ?"
"... C'était bien elle. Enfin... Pas en personne. Elle a dit que ce n'était qu'un 'fragment'..."
La vieille dame pensa pour quelques secondes avant de reprendre.
"Sans surprise. Cela me surprend, tout de même... Pourquoi apparaître face à toi ? Je présume qu'elle ne t'as rien expliqué ?"
"Au contraire-..."
"Oh ?!"
Il lança un regard quelque peu inquiet à Edelweiss, qui se contenta d'hocher de la tête. Il pouvait donc bien en parler. Combien de personne sont tort à propos de leur chère divinité ? Des milliers, si ce n'est des millions, et Vitaline sera l'une des premières à s'en rendre compte.
"Elle... Voulait juste voir cette statue d'elle. Ca n'avait rien à voir avec moi."
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top