La magie permet tant de choses, trop de choses même.  Son existence même est la genèse de presque toutes les injustices de ce monde, mais est aussi l'origine de tout ce qui est vital, la vie sans n'est pas envisageable.

Et bien que les possibilités soient infinies, elle n'est pas suffisante pour lutter face aux divers fléaux du monde. Le premier est une montée des eaux remarquée depuis quelques décennies, et qui ne tardera pas à engloutir l'humanité entière. Le second dépend de la région du monde, chacun ayant ses propres soucis. Le continent d'Asphodel est constitué principalement de plateaux plus ou moins surélevés au nombre de cinq, protégeant temporairement de la montée des eaux. Mais forcément, ceux des plateaux les plus bas s'inquiètent, et poussent au conflit par jalousie de ceux d'au-dessus.

En Asphodel, nombre de fléaux autres que politiques font rage : des gens subissent d'horribles transformations, des groupuscules se forment, les phénomènes paranormaux s'enchaînent, la folie prend place dans même les cœurs des plus pieux . Certains abandonnent leur foi envers La Créatrice au profit d'entités factices supposément capables de les sauver, en échange de nombre de sacrifices.

Toutefois, la plus grande crainte reste une prophétie délivrée par l'un des émissaires de La Créatrice : "Quand l'océan commencera à lentement dévorer le monde, certains se liquéfieront pour le rejoindre, d'autres tomberont dans un sommeil éternel jusqu'à ce que les flots les emportent. Lorsqu'un bleu, tâché des péchés de l'humanité recouvrira ce piètre monde, alors seulement une nouvelle forme nouvelle d'humanité naîtra."

Les sages ignorent les prophéties, mais face aux évidences et la fatalité, ils commencent alors à s'y accrocher. Jusqu'à présent, la prophétie est entièrement vraie. Auparavant dédié à l'enseignement des futures élites, l'Institut Fortitudo envoie désormais ses disciplines partout dans le monde mener des recherches, des études, dans l'espoir de survivre.

Celes est un envoyé de l'Institut ayant une constitution unique lui ayant permis de gravir les échelons en quelques années uniquement, surclassant entièrement des anciens ayant le double de son âge, si ce n'est plus. Relativement enthousiaste et, étonnamment, pessimiste, il ne cache pas que ce qui l'intéresse avant tout dans son voyage, c'est les divers récompenses promises par l'Institut. Ou du moins, c'est ce qu'il laisse croire.                                                                                             Ameris, une femme membre de l'Ordre de Temperantia l'accompagnera pendant son voyage. Une épéiste et mage hors paire, alliant feu et foudre, elle est sans doute l'une des personnes les plus puissantes encore vivante en ce monde. Ses raisons de voyager sont personnelles, mais suivent toutes le même thème ; la vengeance, ce qui guide ses lames en chaque instant.

Ce duo loufoque se trouvait actuellement dans la capitale, plus précisément dans l'aile du Palais dédiée à l'Institut Fortitudo. Il n'est pas rare de voir les membres étudier dans l'un des nombreux salons, mais cette fois, Celes n'étudiait pas. Il venait de finir la lecture d'un ordre de mission, envoyé par Régina d'Asphodel, celle que l'on considère comme étant l'autorité la plus élevée du continent, comme son nom peut le suggérer. Cette mission était en revanche assez vague. Elle ordonnait aux deux individus de partir en voyage dans le Continent, pour faire ce que font les chercheurs : chercher. Il va sans dire que l'un comme l'autre étaient particulièrement agacés par le manque de précision, mais le jeune homme avait malgré tout du mal à y croire.

"... Donc ?"

"C'est tout."

"Aucune aide, aucune marche à suivre ?"

"Non."

Le blond soupira. Non seulement ils n'avaient que peu d'indications sur quoi faire et comment, mais en plus de cela, voilà qu'il se retrouvait coincé avec une soldate trop taciturne à son goût. Le plus effrayant cependant, c'est qu'Ameris parle plus que la moyenne des membres de l'Ordre. C'est sans doute pour cette raison, et le fait que les deux se connaissent depuis quelques années, que la soldate a été choisie pour accompagner le chercheur.

"Bon..! On va devoir faire avec, alors. Et toi, tu es prê-"

"Je le suis."

"... C'est une bonne chose."  Celes soupira. Il n'aimait pas particulièrement être coupé lors de ses prises de parole, mais son vis-à-vis a toujours été ainsi. C'est-à-dire désagréable.

"Certainement pas, non."

Celes haussa un sourcil, perplexe, que diable voulait-elle dire ? Et s'il ne lui demandait pas de s'expliquer, elle n'allait sans doute pas le faire.

"Peux-tu expliquer ?"

"Prêts ou non, nous n'avons pas de destination prévue."

"Je pense savoir par où commencer... Allons voir ma préceptrice !"

Sa préceptrice, Dame Edelweiss, une femme reconnue pour son génie, autant que pour ses méthodes relativement peu conventionnelles. Mais il faut l'admettre, dans un monde en plein déclin, il faut créer son propre chemin, quitte à emprunter des voies peu orthodoxes. Tôt ou tard, plus personne ne pourra la blâmer.