« Tu sais ce que signifie d'autre le bleu ? » demande Jisung, détournant légèrement le regard, son ton un peu plus grave, comme s'il regrettait déjà sa question. Il se sent soudainement vulnérable, incertain de ce que cette conversation pourrait déclencher.

Chan, captivé par la question et l'atmosphère soudainement plus intime, le regarde attentivement. « Non, dis-moi. » Sa voix est douce, presque insistant. Il prend doucement la main de Jisung entre entre les siennes, lui faisant lever les yeux et croiser les siens. L'intensité de son regard contraste avec la légèreté du sujet, mais il ne peut s'empêcher de vouloir comprendre tout ce que Jisung pourrait lui dire.

Jisung laisse échapper un soupir léger, mais il se lance dans une explication, comme si le poids de cette histoire le poussait à parler. « Souvent, dans le temps, le bleu représentait l'amour impossible entre deux personnes. » Il laisse ses mots se poser dans l'air, puis il les laisse s'échapper, comme un murmure presque inaudible. Il se perd dans ses propres pensées, son regard fuyant maintenant celui de Chan. « L'amour impossible... » répète-t-il doucement, comme pour se rassurer.

Chan se mord la lèvre inférieure, absorbant les mots qui flottent entre eux. Il le fixe, curieux de savoir pourquoi le bleu a ce poids particulier. « Et pourquoi impossible ? » Il ne comprend pas bien, mais il a l'intuition que cette réponse pourrait signifier plus que ce qu'il enregistre à l'instant.

Jisung hésite un instant, puis répond avec une touche de mélancolie dans la voix. « Je sais pas moi... C'était souvent dû au fait que les deux êtres aimés n'appartenaient pas à la même classe sociale ou alors... » Il se tait, comme si cette explication n'était pas complète. Ses pensées se mélangent, un peu perdu dans la profondeur des mots qu'il vient de dire.

Chan, un peu déstabilisé par le poids des mots de Jisung, essaie de ramener l'atmosphère à quelque chose de plus léger. « Merci pour le cours d'histoire, Ji', mais ce n'est pas de ça que je te parlais. » Il sourit légèrement, cherchant à détendre l'atmosphère et à éviter que les mots ne prennent trop de sens. Il a une idée bien plus personnelle en tête, mais il ne veut pas brusquer la conversation.

Jisung le regarde, un peu confus, mais il comprend la nuance. Il hausse les épaules, un petit sourire s'étendant sur ses lèvres. « Ah... Et tu parlais de quoi alors ? »

Chan prend une profonde inspiration, et cette fois-ci il répond plus doucement, comme si les mots qu'il s'apprêtait à dire étaient lourds de sens. « De nous. » Il se rapproche lentement, les yeux plongés dans ceux de Jisung. « Pourquoi ça serait impossible ? » Sa voix est calme, mais il y a une certaine urgence, une volonté de comprendre, de ne pas laisser cet instant filer sans réponse.

Un silence s'installe entre eux, et Jisung détourne les yeux, le regard fuyant. Il fronce les sourcils, se demandant comment répondre à une question qu'il n'avait pas anticipée. « Parce que tous les deux on est des garçons, et puis tu es amoureux d'Amélia. Vous sortez ensemble. » Ses mots sont sortis presque malgré lui, comme un réflexe, une justification de ce qu'il avait dans la tête depuis un moment.

Chan secoue la tête doucement, presque en signe de dénégation. « On sortait ensemble. » Il insiste sur ce point, le regard maintenant sérieux et franc. « Je ne suis pas amoureux d'elle, mais de la personne qui m'écrivait des poèmes. » Il sourit légèrement, un peu gêné, avant de reprendre, les yeux brillants d'émotion. « J'ai mis du temps à le comprendre, j'espère que tu m'en veux pas trop. »

Jisung se détend lentement en entendant ces mots. Un soupir de soulagement lui échappe, et il sourit doucement. « Non, ça va. » Il se rapproche alors de Chan, et sans plus de réflexion, il l'embrasse tendrement, comme si la pression qui pesait sur lui depuis trop longtemps se relâchait enfin.

Le baiser est doux, mais il porte des années de non-dits, de réticences et de désirs accumulés. Quand ils se séparent, c'est presque à regret, mais les mots arrivent enfin, simples et réels. « Je vais être honnête avec toi, Ji'. Amélia ne sait pas encore qu'on est plus ensemble, mais je lui dirai demain, promis. J'ai pas pu lui dire aujourd'hui parce qu'en sortant du cours d'histoire, je t'ai cherché partout comme un fou. »

Jisung rit légèrement, ses yeux brillants d'une lueur complice. « C'est rien, je comprends. C'est important de courir après tes rêves, Bang Chan. » Il plaisante, mais il n'en pense pas moins. Il le regarde avec une tendresse évidente, ne lui en voulant absolument pas.

Le moment semble suspendu dans le temps, mais un léger bruit derrière la porte de la chambre rompt la magie. La voix de Chae-Yeon, la mère de Jisung, se fait entendre. « Je suis désolée d'interrompre votre idylle, les garçons, mais il commence à se faire tard. Chan devrait rentrer chez lui ou alors prévenir ses parents s'il veut dîner ici. » Sa voix est douce, mais son regard est rempli de bienveillance.

Jisung se tourne vers Chan, un air un peu désespéré mais aussi suppliant dans le regard. « Tu restes ? »

Chan sourit doucement, le regard empli de compréhension. « Non, je ne devrais pas. Je pense que c'est mieux si j'y vais. On se voit demain de toute façon. » Il se rapproche de Jisung une dernière fois, l'embrassant tendrement, comme pour sceller ce moment qu'ils viennent de partager.

Chan se dirige ensuite vers la porte, saluant la mère de Jisung d'un signe de tête et d'un sourire sincère. Quand il ferme la porte derrière lui, il sent son cœur battre plus fort. Ce n'est que le début de ce qu'il partage avec Jisung, mais il sait que c'est le début d'une histoire qu'il veut vivre pleinement.