#PENDERGATE#

Je ne savais pas combien de temps j'étais restée assise après le départ d'Alex, Alan a eu la courtoisie de me laisser seule un moment.

Comment je me sentais ? Écoeurée. Carl savait et contrairement à ce que m'avait dit Alan, c'était lui et pas Olivia Pender qui avait eu l'idée de mentir pour protéger Eric, même si j'étais persuadée que cette dernière avait approuvé.

— Cassie ?

Alan était de retour et il semblait gêné. Ridicule, après m'avoir piégé il regrettait ?

— Qu'est-ce que tu voulais ? demandai-je

— Que toi et Alex vous réconciliez, que tu voie que c'est un mec bien qui ne mérite pas ce que tu lui réserves Cassie.

— Tu te fous de moi ? Pourquoi tu ferais ça ? On se connaît pas, tu me fais du chantage et maintenant tu veux m'aider ? Qu'est-ce que t'y gagnes Alan ?

Il soupira et s'installa.

— Je suis autant victime que toi Cassie. Je ne suis un Pender que par le nom, j'ai passé le plus clair de mon temps dans des internats ou des centres de désintoxication, alors qu'Eric a fait pire que moi. Olivia est une vipère, prête à tout pour conserver sa petite vie tranquille et elle me déteste. Eric est un gosse de riche pourri gâté qui n'a jamais pris ses responsabilités, alors oui je veux qu'il comprenne la leçon que tu prévois de lui donner, mais Alex... C'est aussi une victime, et surtout il est fou de toi.

— Tu me prends pour la dernière des imbéciles ? Tu crois vraiment que je vais croire ce que tu me dis ? Ne te mêle pas de ce qu'il y a entre Alex et moi !

— Sinon quoi ? Donc que ça veut dire que ce que tu vis avec lui est réel ? dit-il avec un sourire.

— Tu ne me connais pas, Alan, tu m'as proposé un marché que j'ai accepté alors, respecte-le, c'est tout ce que je demande.

— Tu es une victime de plus, tu as été violée par Eric et Alex n'est pas arrivé à temps pour te sauver, je comprends ta colère, mais tu l'aimes, est-ce qu'il mérite de souffrir plus encore ?

Je me levai suite à ses mots aussi vrais que douloureux.

— Tiens-toi à notre accord et je m'y tiendrai aussi Alan !

Je sortis de chez lui fébrile, choquée par les confessions d'Alexander et surtout triste. Le regard qu'il m'avait lancé avant de sortir, l'espoir qu'il y avait dans ses yeux et surtout la déception lorsque je n'avais pas répondu. Il avait raison dans le fond, lorsqu'il disait que nos deux histoires étaient incompatibles, j'avais juste un but et c'était la raison pour laquelle j'étais ici, mais ça, il ne le savait pas et d'ailleurs je ne savais plus non plus.

La seule chose dont j'étais sûre c'était que, comme on disait dans le langage courant, j'allais lancer le PenderGate, et Eric, son père et sa mère allaient voir leur vie détruite et leur nom traîné dans la boue.

         *****************

J'avais décidé de laisser les caméras et micros chez Eric pendant quelques jours encore avant de les retirer. Il me fallait encore quelques infos avant de les envoyer aux médias locaux, même si ce que j'avais était suffisant, il me fallait autre chose.

J'avais visionné et écouté chaque minute. Carl Pender disait clairement que son nom lui permettait de vendre des chevaux à des prix exorbitants à des clients fidèles qui avaient confiance en lui. Il avait aussi eu une discussion avec Eric concernant les terres de la famille Blake, ce dernier avait invité la fille Blake chez lui et ils avaient eu une conversation sur l'oreiller durant laquelle il lui disait que bientôt une grande partie des terres allaient être vendues à des acheteurs du moyen orient et que si son père avait une proposition il devrait la saisir, car la valeur du terrain allait chuter. J'espérais que Caroline Blake n'était pas aussi naïve pour croire à des aberrations pareilles, mais à en croire la conversation téléphonique d'Eric avec son père surement, c'était en bonne voie.

J'avais attendu qu'Eric s'absente avant de m'introduire chez lui et de retirer tout ce que j'avais installé. Il ne fallait aucune trace, rien qui ne puisse me mettre en difficulté, même si je savais que je ne me ferais pas attraper.

J'avais donc envoyé tout ce que j'avais, incluant la relation sexuelle avec la gamine de dix-sept ans qu'avait eus Eric et tout ce qui incriminait sa famille. Je l'avais envoyé à tous les médias locaux, les vidéos, les enregistrements, et j'avais même diffusé ça en ligne au cas où les médias ne le feraient pas, même si c'était très peu probable. La provenance étant illégale, les Pender pouvaient simplement porter plainte, mais bon le mal serait fait et demain matin tout le monde saurait ce que sont vraiment les Pender, une espèce à détruire.

          ***********

J'avais acheté les journaux en allant travailler le lendemain et la première page me fit sourire.

«La famille Pender de père en fils, Carl le voleur, Eric le violeur et Alan l'erreur, les vidéos chocs diffusées sur internet nous apprend que l'une des familles les plus importantes de la ville n'est composée que de criminels»

«Une source anonyme nous dit la vérité sur la famille Pender»

«Le PenderGate, qui se cache derrière les vidéos diffusées cette nuit?»

Rien ne pouvait me faire plus plaisir, l'implication de Sharon Johnson était mentionnée, et la probable complicité d'Olivia Pender aussi. Toutes les conversations les concernaient, lorsque j'étais arrivée au bureau tout le monde parlait de ça et je m'étais dépêchée de rejoindre mes collègues sentant certains regards sur moi, étant donné que je connaissais Eric. L'implication d'Alan me peinait un peu, mais bon il fallait bien des dommages collatéraux.

— Cassie ! Oh mon Dieu tu as vu les vidéos ? m'interpella Isabelle.

— Non, j'ai lu rapidement les journaux, mais bon il y a toujours deux histoires dans une version, répondis-je.

— Eric Pender a couché avec une gamine, il l'a saoulé et elle a dit non Cassie ! Tu devrais regarder, je sais que c'est ton ami, mais c'est horrible, cette famille est horrible !

Je ne répondis pas et m'installai. J'avais passé la meilleure matinée de ma vie, tout le monde traitait Eric de violeur, Carl de voleur, mais apparemment ça ne choquait personne, mais Alan était épargné, les gens l'appelaient le drogué, ou le paumé, donc ça allait. J'étais descendue déjeuner avec Isabelle qui ne décolérait pas, d'ailleurs c'était un peu l'ambiance générale et moi je ne pensais qu'à ce que j'allais manger ce midi, c'était surement cette histoire qui m'ouvrait l'appétit.

— Cassie, je peux te parler ?

Alex était là, c'était la première fois qu'il me parlait devant tout le monde et surtout qu'il m'appelait Cassie. Je savais que ça avait un rapport avec les Pender, mais je savais surtout que je n'avais pas à m'inquiéter.

— Cassie est occupée ! intervint sèchement Isabelle.

Je la regardai incrédule, elle venait de prendre ma défense à sa manière comme si j'en avais besoin, mais son geste me touchait.

— C'est urgent !

— Je reviens, Isabelle, lui dis-je en souriant.

Je le suivis jusqu'à son bureau et il referma la porte. Il faisait les cent pas, desserrant et resserrant sa cravate.

— Qu'est-ce que tu as Alex ?

— Est-ce qu'il t'a fait du mal ? lâcha-t-il.

— De qui tu parles ?

— Ce soir-là, quand Eric est venu chez toi est-ce qu'il t'a fait du mal ? Est-ce que c'est pour ça que tu étais dans cet état-là ?

Je le regardai essayant de comprendre dans quel état d'esprit il était, mais je voyais juste qu'il retenait sa colère. Il devait surement se demander si, comme quinze ans plus tôt, il était arrivé trop tard pour m'aider, ce qui le détruirait à jamais si ça avait été le cas.

— Non, il ne m'a pas fait de mal physiquement. J'ai eu peur, je me suis retrouvée dans une situation où j'étais seule, sans défense, des années en arrière, j'ai juste eu peur.

Il hocha la tête, mais n'arrêta pas de tourner en rond comme un lion en cage. Je fis abstraction de la manière donc nous nous étions quittés quelques jours auparavant, du fait que nous ne nous étions pas adressé la parole, du fait qu'il avait menti sur la soirée qui m'avait changé à tout jamais sous la manipulation de Carl Pender, et me levai pour lui prendre la main.

— Alex, tout ce que tu dois retenir c'est que tu m'as été d'une aide précieuse, tu as pris soin de moi comme jamais personne ne l'a fait. Je sais que ma réaction n'a pas été celle que tu attendais quand tu m'as raconté ton histoire, mais tu dois passer à autre chose, pour ton bien il le faut, dis-je en le pensant vraiment.

Même si j'allais tout lui dire très bientôt, dans des conditions difficiles, il fallait qu'il aille mieux ou du moins qu'il pense que Cassandra Morgan ne lui en voulait pas.

— Je vais y aller, Isabelle m'attend.

— Est-ce que je peux passer te voir ce soir ? demanda-t-il.

Je lui lâchai la main et le regardai, il me suppliait presque, il en avait besoin et peut être que moi aussi. Un dernier moment d'amour, avant la désillusion et la vérité qu'il apprendrait, était bon à prendre.

— D'accord Alex, dis-je avant de sortir.

J'avais passé le reste de la journée le cœur toujours aussi léger que ce matin, j'avais regardé les informations de temps en temps pour voir l'ampleur que prenaient les révélations sur les Pender. Eric en prenait pour son grade, pas assez à mon goût, mais le fait que tout le monde sache qu'il était un violeur récidiviste me faisait un bien fou, même si la pauvre gamine devait être dans une situation compliquée. Certains clients de Carl Pender avaient déclaré être sous le choc et envisageaient de déposer plainte pour escroquerie. Des journalistes étaient devant chez Eric et ses parents aussi.

J'étais rentrée chez moi, j'avais rangé tout ce qui était suspect dans la pièce que je réservais à mes vieux camarades, et je m'étais installée devant la télé à écouter les journalistes qui analysaient la situation. Beaucoup se demandaient qui était derrière ça et pourquoi c'était sorti maintenant ? Une victime de l'arnaque Pender disaient-ils... et ils n'avaient pas tort. Mon téléphone sonna et c'était Alan, il savait surement que c'était moi-même s'il n'avait aucune preuve.

— Allô ?

— C'est ce que tu avais prévu ?

— De quoi tu parles ?

— Arrêtes ! s'énerva-t-il. Je pensais que c'était Eric ta cible, pas toute ma famille !

— Je n'ai rien à voir avec ça.

— Je ne te crois pas !

— Peu importe Alan, ton père a beaucoup d'ennemis ça peut être n'importe qui, soupirai-je.

Je savais qu'il était seul, mais je ne pouvais pas risquer de dire quelque chose qu'il pourrait utiliser contre moi.

— Je suis enfermé chez moi depuis ce matin ! Il y a des journalistes partout, merde Cassie !

— Écoute, je suis désolée de ce qu'il t'arrive vraiment, mais je n'y peux rien si ta famille est pourrie !

— Est-ce que tu as trouvé qui était ma mère biologique ? demanda-t-il passant du coq à l'âne et me confirmant qu'il était bien seul.

— Pas encore Alan,, ça ne devrait pas tarder, ajoutai-je.

— Tu as une piste ?

— J'attends des résultats, mais ils viennent de loin, ce que je peux te dire c'est que la personne dont tu m'as parlé n'est pas ta mère biologique.

Il resta silencieux plusieurs secondes.

— Il m'a menti sur tout...

— Je suis désolée, dès que j'ai le nom je te le dirai...

— Les résultats arrivent quand ?

— Dans une semaine maximum, je te dirai dès que je sais.

Il soupira et raccrocha juste avant qu'on ne sonne à ma porte, Alex était là avec des fleurs et de quoi dîner.

— J'arrive pas à croire tout ça sur les Pender, lâcha-t-il en s'installant.

— Moi non plus...

— Je les connais depuis si longtemps, Eric a fait des erreurs dans le passé, mais là... Et son père ! Dire que la plupart des chevaux qu'on a viennent de chez lui...

Je ne dis rien et pris une gorgée du vin qu'il avait apporté. Tout semblait normal, comme si nous n'avions jamais eu cette discussion il y a quelques jours, comme si tout allait bien. Nous avions passé la soirée à discuter des Pender d'abord puis de tout et de rien, naturellement, riant parfois, je l'avais laissé passer son bras sur mes épaules et je m'étais laissé aller.

Je savais que c'était surement une de nos dernières soirées, bientôt la relation de son père et Annie serait révélée au grand jour, j'allais publier les comptes offshores des Johnson dont celui de Skyler, les mails que Clara Rossi avait envoyés au chef de la boîte concurrente de la sienne, mais avant ça il fallait que j'obtienne des photos de Callie Vasquez après un passage à tabac de son mari, je le dénoncerai et ferai en sorte qu'elle revienne ici pour le clap de fin.

En attendant, j'avais passé une nuit d'amour avec l'homme que j'aimais depuis toujours, celui qui, malgré sa lâcheté de l'époque, me permettait de ressentir de l'amour, ce que je pensais perdu à jamais...

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