ÉTAPE 8: NE JAMAIS SOUS ESTIMER SON ENNEMI SURTOUT SI C'EST UNE FEMME
J'avais fait une offre sur la maison et elle avait été acceptée dans la journée. J'avais l'endroit parfait, avec les pièces parfaites. Il s'agissait d'une magnifique maison victorienne, elle disposait de quatre chambres et trois salles de bain, un magnifique jardin, une piscine, mais mon coup de cœur avait été pour la magnifique véranda tout en bois avec un poêle, un véritable cocon.
J'avais essayé de joindre Alex, mais je n'avais eu aucune réponse, peut être que Callie l'avait encore appelé et qu'il avait été la sauver... Pathétique. Je n'en avais pas fini avec elle, tant qu'elle ne serait plus un danger pour moi, je ne la laisserai pas tranquille.
Il fallait encore que je m'introduise chez Eric, cette étape allait être compliquée. Le meilleur moment pour agir était la nuit, étant donné que la journée n'importe qui pourrait me voir, mais il fallait que je connaisse ces habitudes ou que je crée une diversion qui le maintiendrait à distance assez longtemps.
Le dégout que j'éprouvais pour lui après notre déjeuner était à son apogée et l'impulsivité dont j'avais fait preuve avec Mr Grayson et Annie Clarke ne m'apporterait rien dans cette situation. Ça allait être lent et douloureux, il fallait que ce soit lent et douloureux. Ma nouvelle acquisition était l'occasion pour moi de recontacter Annie Clarke, elle qui m'avait dit qu'elle connaissait une décoratrice d'intérieur, j'allais lui demander les coordonnées, je n'avais rien à perdre et la réaction d'Alex ne m'inquiétait pas, même si la venue de Callie avait crée des tensions entre nous.
Savoir qu'il avait souffert après cette nuit d'enfer me réjouissait sur le moment, mais maintenant, je ne pouvais m'empêcher d'avoir de la peine. C'était quelqu'un de bien, et j'aurais préféré que ce soit Eric Pender qui souffre de la sorte, pas lui. J'étais rentrée, toujours sans nouvelles d'Alex. Il ne répondait pas à mes messages et pourtant, discrétion iPhone oblige, il les avait tous lus. Je devais me faire à l'idée que Callie avait quelque chose à voir avec ça, s'il avait un problème familial il me l'aurait dit.
J'ouvris la nouvelle vidéo de ma mère que j'avais reçue et les choses étaient différentes de ce que je pensais. Elle commençait à se poser des questions et à harceler ses geôliers.
« Est-ce que ça a vraiment un rapport avec ma sœur Sara ? Est-ce que quelqu'un vous a payé pour me retenir ici ? Répondez-moi ! Qu'est-ce que vous voulez ? Vous ne pouvez pas me garder ici indéfiniment, vous voulez forcément quelque chose ! Parlez-moi putain ! »
Et ils s'étaient contentés de lui injecter une dose de calmant pour qu'elle se taise. Elle avait compris beaucoup plus tôt que prévu, mais je ne comptais pas lui répondre pour le moment, c'était beaucoup trop rapide. Je leur donnais pour instruction de continuer et, d'ici quelques semaines, je les informerai de la marche à suivre. Je ne pensais pas qu'elle me soupçonnait, étant donné qu'elle avait des informations sur les Pender et les Johnson, elle devait penser que c'était eux.
Je pris les documents que j'avais récupérés chez elle et les examinais de nouveau, étant donné qu'avec mon épaule douloureuse, m'introduire chez elle ou chez Eric n'était pas possible avant au moins une semaine. Je regardais les documents qui prouvaient les exils fiscaux et je ne vis rien de nouveau, elle disait que c'était mon père qui avait ces documents et qu'elle les avait récupérés, mais quelque chose n'allait pas. Je regardai de nouveau les documents, puis une troisième fois, et je n'arrivai pas à croire que j'étais passé à côté de ça depuis le que je les avais en ma possession. Les dates n'allaient pas, mon père ne pouvait pas avoir eu ces documents, c'était impossible. Il était mort le 24 janvier 2003, et ces documents dataient de mars 2004, alors ma mère m'avait menti, encore, mais pourquoi ? Si elle avait ces documents, elle était forcément en contact avec eux à cette période, ce qui me semblait complètement invraisemblable. La seule explication plausible serait que sa relation avec Carl Pender date de cette époque ? Impossible...
Mon téléphone sonna et me fit sursauter, c'était Annie Clarke, je ne pensais pas qu'elle m'aurait appelé.
— Allô.
— Cassandra Morgan, je ne m'attendais pas à ton message. Tu ne me traites pas comme une pestiférée par solidarité pour Alexander ? dit-elle avec agressivité.
— Écoute, je ne suis pas la mieux placée pour juger qui que ce soit. Tu m'as dit que tu connaissais une décoratrice d'intérieur alors je t'ai envoyé un message, je ne prends le parti de personne, ce ne sont pas mes histoires.
— Quoi, toi aussi un homme t'a fait croire qu'il quitterait tout pour toi, qu'il t'aimerait librement et ouvertement après deux ans de relation et qui finalement te jettes comme une pauvre merde parce qu'un connard a rendu publique votre histoire ? cracha-t-elle.
— Annie, je ne pense pas que tu sois disposée à discuter, alors je vais te laisser, j'ai pas vraiment envie de servir de punching-ball humain, tu vois.
— Non, attend Cassandra, désolée. C'est juste que tout le monde me traite comme une salope, alors que je ne suis pas la seule responsable. Eric est passé me voir, il m'a dit qu'après une discussion avec toi, il s'était rendu compte que ce n'était pas mon erreur qui me définissait.
Eric Pender qui pensait ça... Il devait surement se dire la même chose pour lui, sauf que son erreur et celle d'Annie étaient complètement différentes, Annie était consentante et Mr Grayson aussi.
— Je n'ai rien fait, je lui ai juste fait part de ma façon de penser.
— Oui, et j'ai été surprise, je pensais qu'étant donné ta relation avec Alex, tu me traiterais comme une moins que rien. Je t'envoie le numéro de Madison, dis-lui que tu appelles de ma part, elle est où ta maison ?
— À cinq minutes de chez Eric, apparemment, à Great Hills.
— Waouh, tu as les moyens de te payer une maison là-bas ?
Je voyais bien qu'elle cherchait à faire la conversation, elle devait se sentir vraiment seule ces derniers temps...
— Si tu veux, tu peux venir la voir, j'ai des idées, mais un avis extérieur m'aiderait pas mal, proposai-je.
— Euh... Et Alex ? Enfin, je veux pas créer d'histoires entre vous, hésita-t-elle.
— Tu sais, depuis que son amie Callie Vasquez est revenue, j'ai un peu plus de temps...
— Cette salope est revenue ? ! hurla-t-elle. Cassie, il faut que tu l'empêches d'être proche d'Alex, tu risques de le perdre, cette fille est une sorcière, il ne répond plus de rien quand elle est présente !
— Tu exagères Annie.
— Pas du tout Cassie, c'est une manipulatrice de première, elle est capable de tout pour être la priorité d'Alex ! Ne crois pas à ces airs de paumée droguée et alcoolique, tout ça n'est qu'une façade.
Si Annie disait vrai, je m'étais fait avoir comme une débutante hier soir avec elle et le silence d'Alex me confirmait cette éventualité.
— C'est vrai qu'Alex ne m'a pas répondu de la journée, tu penses que ça a à voir avec elle ?
— C'est sur Cassie ! Tu devrais aller récupérer ton homme très vite, je suis sûre qu'elle est avec lui, je la connais et son petit jeu aussi. Vas-y, et envoie-moi un message plus tard !
Je raccrochai, Annie Clarke avait réussi à me faire douter, et ce qu'elle racontait n'était pas complètement fou, elle avait raison, j'en étais persuadée et je n'avais rien vu du tout. J'arrivai chez Alex et sonnai à la porte pendant plusieurs minutes avant qu'elle ne s'ouvre.
— Bonjour, Cassandra, me lança Callie.
Elle avait un sourire malsain et elle s'écarta pour me laisser entrer. Alex était là et le regard qu'il me lança ne présageait rien de bon.
— Laisse-nous Callie s'il te plait, dit-il d'une voix blanche.
Elle prit son sac et me fit un clin d'œil en sortant de l'appartement. Je gardai un visage fermé et m'installai en face de lui.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? demandai-je.
Il me regarda dans les yeux, il semblait vraiment déçu, et je devais tout donner pour retourner la situation, je devais sortir mon meilleur jeu d'actrice.
— Callie m'a dit que vous vous étiez vu hier, au Firehouse.
— Elle a voulu qu'on se voie et on s'est vues.
— Au Firehouse Cassandra, répéta-t-il.
— Et alors ?
— Elle t'a dit qu'elle était alcoolique et tu as insisté pour la voir au Firehouse ? Ta mère est morte d'une cirrhose, tu connais donc le problème.
J'étais choquée, bon ce n'était pas la vérité, mais il n'était pas censé le savoir, alors le fait qu'il ose évoquer ce sujet m'énerva.
— Je t'interdis de parler de ma mère Alexander, tu n'as pas le droit de me balancer ça à la figure ! Je ne savais pas qu'elle avait un problème avec l'alcool, elle aurait dû refuser ! Ce n'est pas une gamine !
— Comme si une alcoolique pouvait refuser, elle t'a dit qu'elle avait un problème avec l'alcool et je la crois !
— C'est une blague ? Tu me reproches le fait qu'elle se soit saoulée ? Tu prends son parti sans me demander ma version des faits ?
— Elle était là avant toi, bien avant toi ! dit-il en haussant le ton.
Alors là, pour le coup, je n'avais pas besoin de jouer la comédie, j'étais abasourdie.
— Tu devrais te remettre avec elle alors, étant donné qu'elle veut te récupérer !
— Tu es jalouse, Cassie !
— Et toi tu es aveugle Alex, tu ne vois rien et la personne que j'ai en face de moi est une personne que je ne veux pas fréquenter !
— Tu racontes n'importe quoi, Callie est comme une sœur !
— Une sœur avec qui tu as couché ? Laisse-moi rire !
Il se leva brusquement.
— Tu ne connais pas notre histoire, tu ne sais pas ce qu'on a traversé ensemble, tu ne...
— Stop ! Arrête ça tout de suite Alexander. J'ai compris d'accord ? Elle revient et tu la choisis, j'ai compris ! Mais tu aurais dû m'annoncer la couleur avant, tu aurais dû...
— Putain, Cassie, arrête avec ça ! C'est mon amie !
— Mais tu préfères croire que j'ai délibérément choisi un bar pour la tenter ? Tu te rends compte de la situation, de l'accusation ? fis-je outrée.
— C'est toi qui en fais des tonnes !
Il n'allait pas arrêter, il campait sur ses positions et je décidai de jouer le tout pour le tout.
— Écoute-moi jusqu'au bout Alex, s'il te plait, murmurai-je. Si j'avais su que le retour d'une vieille amie, aussi importante soit-elle, aurait créé ce problème entre nous, je n'aurais jamais accepté de te voir en dehors du boulot, jamais ! Je me suis ouverte à toi, à mon rythme c'est vrai, mais tu es le seul homme depuis Josh, le premier que je laisse me toucher, le premier Alex. Et tout ça pour quoi ? Pour qu'on se dispute comme des ados parce que je suis soi-disant responsable de la cuite d'une femme de vingt-huit ans ? Je suis une idiote, j'ai cru que tu étais différent, que je pouvais te faire confiance et construire quelque chose avec toi. J'ai cru que tu étais quelqu'un de stable, sur qui je pouvais me reposer, pas un de ces connards qui abusent de toi parce que tu es une pauvre gamine, qui te rabaissent, te font te sentir comme une moins que rien et te rendent responsable de leurs erreurs. J'ai été cette fille Alex, j'ai été cette fille et je me suis battue pour devenir la femme que je suis ! Je ne te laisserai pas me faire ça, je ne peux pas, il en va de ma survie, je ne peux plus laisser un homme me faire me sentir aussi mal que tu le fais actuellement. Même si je suis amoureuse de toi, même si je t'aime, je ne peux pas, alors on va arrêter notre histoire, même si ça me brise le cœur, je dois le faire, je n'ai pas le choix.
Je pleurai et je forçai à peine, mais vu l'expression de son visage, le long discours que je venais de débiter avait fait son effet, je l'espérai vraiment.
— Cassie...
— Non, ne dis rien, ce n'est pas nécessaire, je te laisse, je suis heureuse de t'avoir rencontré, vraiment Alexander, on se voit au bureau.
Je sortis de l'appartement les joues baignées de larmes et sous le regard de Mme Grayson qui était derrière la porte.
— Cassie ? Qu'est-ce que...
Je n'écoutai pas la suite et me précipitai dans l'escalier. Callie Vasquez m'avait rendu la monnaie de ma pièce, et je ne m'y attendais pas du tout. J'étais tellement sûre de moi, il s'avérait que je ne connaissais pas assez Alex pour jouer à ce jeu avec elle, mais elle ne payait rien pour attendre. Jamais je ne m'étais fait avoir à ce point, personne n'avait de longueur d'avance sur moi, et j'étais tombée dans son piège. Je devais m'occuper d'elle, je devais régler son problème en premier, peu importe le reste, je ne supportai pas d'avoir perdu une bataille aussi importante qu'Alexander Grayson.
J'avais passé mon dimanche à me concentrer sur Callie, j'avais rassemblé toutes les informations que j'avais pu trouver sur elle, mais je n'avais pas trouvé quelque chose d'assez cruel. Elle n'avait pas vraiment d'argent, elle avait été en cure de désintox payée par Alex en personne, mais elle était sortie après six mois. Trois années étaient passées depuis, mais je n'avais plus rien sur elle, j'avais juste trouvé une contravention à El Paso. Elle avait donc vécu là-bas, mais je n'avais rien à son nom, je fis une recherche avec son prénom entier, qui était assez original pour réduire les résultats. Bingo, elle vivait à El Paso sous le nom de Calliope Hill, elle avait donc été mariée, je continuai mes recherches pour savoir si elle avait divorcé, mais ce n'était pas le cas. Je fis des recherches sur son mari, Jonathan Hill, c'était un avocat de renom apparemment. Il avait déjà été marié et avait une petite fille de quatre ans. Ils étaient mariés depuis presque deux ans et il avait dû se passer quelque chose pour qu'elle parte comme ça. J'étais sûre que je devais creuser cette partie, je récupérai le numéro de ce Jonathan Hill et tentai et appelai d'un des téléphones jetables que j'avais.
— Jonathan Hill, j'écoute, dit-il d'une voix grave.
Je ne dis rien, et patientai.
— Allô ? Qui est à l'appareil ?
Je ne dis rien, c'était maintenant ou jamais, si mon intuition était la bonne.
— Calliope ? Est-ce que c'est toi ? Où es-tu ?
Je raccrochai, j'avais raison, c'était la meilleure piste pour me débarrasser d'elle, j'en étais sûre. Elle avait fui cet homme, qui était peut être mauvais, je n'en savais rien et je m'en fichais, Callie n'allait plus être un problème, et peu importe si ça me prenait un jour ou une semaine.
********
Le lendemain, j'arrivai au bureau le cœur lourd, ma fausse rupture m'avait empêché de dormir et étant donné que j'avais éteint mon téléphone, je ne savais pas si Alex avait essayé de me joindre, en tout cas il n'était pas passé. J'allais vite prendre la température, étant donné que nous avions notre réunion mensuelle.
— Bonjour Josie, dis-je en me forçant à sourire.
— Bonjour Cassie, dit-il avec un sourire de pitié. Tiens, prends un beignet, ça te mettra du baume au cœur.
Elle me sourit avant d'ajouter doucement.
— Lorsque j'ai vu l'état de Mr Grayson et le tien, j'ai supposé que vous aviez eu une violente dispute. Ne t'inquiète pas, ça va s'arranger, vous allez tellement bien ensemble.
Je montai sans lui répondre, donc il allait mal aussi, j'espérai vraiment qu'il ferait tout pour me récupérer sinon je perdrais un véritable avantage et ce serait beaucoup plus difficile. J'entrai dans la salle de réunion et m'installai suivi de mes collègues qui n'avaient pas posé de question en voyant mon état. Tout le monde arriva sauf Alex et la seule place restante était celle à ma droite, comme si c'était fait exprès, il arriva donc et marque une hésitation avant de s'installer à ma droite et à la gauche de Thomas. Son visage était inexpressif malgré ses traits fatigués et je ne savais pas à quel moment Josie avait pu voir qu'il était malheureux.
J'écoutai distraitement, essayant de réguler mon rythme cardiaque. Je voyais bien qu'il était préoccupé aussi étant donné qu'il bougeait nerveusement sa jambe depuis au moins dix minutes, j'avais l'impression de ressentir chacun de ses mouvements et ça me rendait tout aussi nerveuse que lui. À bout de patience, je posai ma main sur sa cuisse pour qu'il arrête et la retirai aussitôt, réalisant ce que je venais de faire. Au moins, il arrêta et je pus me reconcentrer.
Je n'avais pas vu son geste, juste senti sa main prendre la mienne discrètement. Je me raidis et il le sentit, car il resserra son étreinte et après quelques secondes je retirai ma main avec difficulté. Je dansais intérieurement, s'il avait eu ce geste pour moi, ça voulait dire qu'il voulait se rattraper, et qu'il avait surement essayé de me joindre. La réunion se termina, tout le monde sortait et je me levai dans les derniers en pensant que peut-être Alex me dirait quelque chose surtout après le geste qu'il avait eu envers moi, mais rien. Il se contenta de rassembler ses documents et de sortir sans m'adresser un regard.
Ce moment m'avait conforté dans ma décision concernant Callie Vasquez, même si j'étais déjà sure. Elle n'était pas l'ennemie auquel je m'attendais, mais elle m'avait causé plus de tort que n'importe qui, et ce en très peu de temps. Si je la laissais faire, elle retournerait le cerveau d'Alex qui, je m'en rendais compte maintenant, était beaucoup plus faible que ce que je pensais.
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