ENDGAME, PARTIE 1
Tous ces mois pour ce moment.
Je pensais ressentir plus d'excitation, plus de satisfaction, plus de légèreté, mais ce n'était pas le cas. Au moment où tout était réglé, la seule chose à laquelle je pensais, c'était l'état d'Alex. Il n'était toujours pas sorti de l'hôpital, il devait sortir demain d'après ce que j'avais entendu à la télévision.
J'avais pu récupérer une nouvelle puce, et vu le nombre de messages que m'avait laissé Alex, ça n'allait pas être difficile de l'attirer ici. En attendant, je devais me rendre au travail pour donner ma démission à Thomas et annoncer mon départ de la ville. Lorsque j'arrivai, tous les regards se tournèrent vers moi, j'avais encore un beau bleu au visage et je ne prenais pas la peine de le cacher. Je montai directement dans le bureau de Thomas et frappai à la porte.
— Cassandra, comment tu vas ? demanda-t-il après m'avoir longuement regardé.
Je souris faiblement et m'installai après qu'il m'ait invité à le faire.
— C'est pas la grande forme pour être honnête avec toi, d'ailleurs c'est la raison pour laquelle je suis là, dis-je d'une petite voix.
Il fallait que je reste dans mon rôle de victime, au cas où les choses se passeraient mal.
— Je ne peux pas rester, continuai-je. Je suis venue déposer ma démission, je vais quitter la ville.
— Mais non Cassie, tu as peut-être besoin de temps ? Tu peux prendre des vacances si tu veux, ça ne posera pas de problèmes. L'équipe t'apprécie beaucoup, tu sais ?
— Je les apprécie aussi, Thomas, mais c'est trop compliqué pour moi... La meilleure chose c'est que je parte, je vais retourner à New York.
— C'est ta décision, je la respecte. Tu sais, Alex est vraiment quelqu'un de bien, je suis sûr qu'il ne voulait pas...
— Je le sais, Thomas, je le sais. Je vais aller dire au revoir à mes collègues et régler les détails avec la direction, je ne pense pas revenir travailler.
Il se leva et me prit brièvement dans ses bras.
— J'ai été heureux de te rencontrer, prends soin de toi, Cassandra, et si jamais tu reviens dans le coin, n'hésite pas à repasser nous voir, tu auras toujours ta place ici.
— Merci, Thomas.
Je sortis de son bureau et allai voir mes collègues.
— Cassie ! T'es de retour !
Isabelle me prit dans ses bras et chacun de mes collègues le fit sauf Tao qui se contente de me faire un signe de la tête en rougissant.
— Je suis venue vous dire au revoir, dis-je. J'ai donné ma démission, je vais retourner à New York.
— Quoi ? C'est à cause d'Alexander ? Mais tu aimes Austin Cassie, tu ne vas pas quitter la ville à cause d'un idiot comme lui ? s'insurgea Isabelle.
— J'ai besoin de partir. Tout ça, c'est trop pour moi, je ne veux pas me retrouver dans le tourbillon qui arrive...
Il y eut quelques protestations, mais je pus enfin m'en aller en promettant de rester en contact et de les inviter à New York. Je sortis du bureau après avoir dit au revoir à Josie et aux personnes que je croisais et je pus enfin sortir du bâtiment.
— Cassie !
Matthew m'attendait devant la sortie.
— J'ai essayé de te joindre, je suis même passé chez toi ! Est-ce que tu m'en veux ?
— Non Matt, plus maintenant. J'avais perdu mon téléphone, on m'a volé ma voiture, j'ai dû régler les détails de mon départ, je n'étais pas très disponible.
— Tu pars ?
— Je retourne à New York, j'ai donné ma démission.
— Mais... Je pensais que tu aimais Austin !
— C'est le cas, et je reviendrai surement, mais pour le moment, je veux juste partir.
— C'est à cause de Grayson que tu pars ? Comment tu peux le laisser dicter ta vie à ce point ? C'est juste un connard et je suis sûr qu'il regrette son geste et qu'il va tout faire pour se rattraper, mais tu n'as pas besoin de partir ! Il ne te touchera plus jamais Cassie ! s'énerva-t-il.
Je soupirai et le regardai. Il était vraiment en colère, je l'appréciai beaucoup, mais je ne pouvais rien lui dire, juste lui mentir comme aux autres et lui dire que nous nous reverrions.
— Matt, il faut que je parte. Mais ça ne change rien, tu pourras venir me voir à New York et je passerai te voir à El Paso ou peu importe où tu es, on restera en contact, tu es mon ami, ajoutai-je.
— Tu pars quand ?
— Je vais partir demain ou jeudi au plus tard.
— Tu vas me manquer, Cassie, dit-il.
— Toi aussi Matt, mais ne t'inquiètes pas on se verra souvent !
Menteuse... On ne se reverrait surement jamais, mais peu importait, il fallait que je reste dans mon rôle. Après de longues embrassades, je repris la route jusqu'à ma maison.
J'étais entrée en contact avec une organisation. C'était le nom qu'il se donnait, l'organisation. J'avais besoin d'eux pour faire venir Annie Clarke, Callie Vasquez, Skyler Johnson, Eric Pender, Clara Rossi et Alexander Grayson chez moi. Enfin pour Alex et Eric, je m'en occupai moi-même.
Asim et Josh étaient repartis à New York après m'avoir dit qu'ils ne m'accueilleraient pas à bras ouverts lorsque je reviendrai.
Ce qui était prévu avec l'organisation, c'était qu'elle ramènerait Annie, Callie, Skyler et Clara chez moi, dans la soirée de demain. Je ne savais pas comment ils allaient faire, tout ce que je savais c'était que ça me coutait cinquante mille dollars, et que j'étais censée les retrouver attacher dans la cave à leurs sièges.
J'avais le fauteuil roulant et le monte-charge était fonctionnel. Ils n'auraient plus qu'à les installer dans la pièce pour laquelle j'avais choisi cette maison : la seconde cave. Je savais qu'ils arriveraient vers vingt-trois heures avec un camion de déménagement, juste au cas où.
Le lendemain, Alex était sorti de l'hôpital et j'avais répondu à un énième appel de sa part.
— Cassie...
Je ne m'étais pas rendu compte que sa voix m'avait manqué à ce point, mais c'était trop tard.
— Je....
Il ne termina pas sa phrase et se contenta de rester silencieux, c'était un silence douloureux, pour moi du moins, mais je n'avais pas le choix.
— Comment tu vas ? demandai-je pour combler le silence.
— Je... Ça va, mais c'est à toi que je dois poser la question... Cassie tu sais que je regrette ?
— Je le sais Alex, je le sais...
— Mais tu ne me pardonneras pas n'est-ce pas ?
— Je t'ai déjà pardonné Alex, mais...
— Je t'aime Cassandra, je t'aime. Je ne m'y attendais pas, je n'étais pas prêt et j'ai fait tellement d'erreurs, comme un ado qui a sa première histoire. Je ne me souviens pas de t'avoir frappé, je me souviens juste de ton visage le lendemain et je ne l'oublierai jamais, je ne me le pardonnerai jamais.
— Alex...
— Non, attend, s'il te plait... Je sais que pour toi notre histoire ne peut pas continuer, mais je suis sûr que toi et moi, on peut trouver une solution. Ça prendra du temps, on devra tout reconstruire, mais j'y crois, Cassie j'y crois, j'y crois pour nous deux, je t'aime assez pour nous deux, je sais qu'on peut traverser ça...
Qu'est-ce que j'étais censée répondre ? Que moi aussi j'y croyais ? Que dans un autre contexte je l'aurai aimé aussi pour nous deux ? Que s'il n'avait pas été là ce soir-là ça aurait changé quelque chose ? Peut-être, je ne le saurais jamais, tout ce que je savais c'était qu'il fallait que je termine ce pour quoi j'étais là, en faisant abstraction de tout le reste.
— Est-ce qu'on peut se voir tout à l'heure ? Plutôt ce soir, je voudrais pas revoir mon visage à la télévision...
— Oui, bien sûr, répondit-il vivement.
— Je passe te prendre et on ira faire un tour.
— D'accord Cassie, à tout à l'heure, je t'aime, répéta-t-il.
C'était une chose de faite. Il fallait maintenant que je contacte Eric pour le faire venir, ce qui n'allait pas être difficile. Je l'appelai et il décrocha presque instantanément.
— Cassandra, bonjour.
— Bonjour, Eric, comment tu vas ?
— Je ne m'attendais pas à ton appel...
— Je me doute. Écoute, je retourne à New York demain et je voudrais te voir avant de partir, je crois qu'il faut qu'on ait une discussion.
— Tu pars ? s'étonna-t-il.
— Oui, c'est la meilleure chose à faire. Je suis en plein rush, mais on pourra se voir assez tard si tu es d'accord ?
— D'accord, je... J'attends ton appel alors.
Je raccrochai sans répondre et profitai du temps restant pour installer les caméras dans la cave et les micros. J'avais aussi installé une caméra à l'entrée de la maison, au cas où quelqu'un viendrait, ce qui était improbable.
J'attendais juste ma mère et Carl Pender le lendemain, ils auraient aussi leur compte. Je l'avais contacté pour lui dire que je voulais leur parler à tous les deux, que j'avais la preuve de leur culpabilité et que je voulais juste quelque chose en retour.
La nuit commençait à tomber et je stressai, je ne comptais que sur l'organisation pour faire le sale boulot et rien ne me garantissait que tout serait fait en temps et en heure. En attendant, j'allai rejoindre Alex chez lui, et l'attendis en bas de son immeuble le temps qu'il descende. Il monta dans la voiture et me regarda, mais je me contentai de démarrer en silence.
— Tu as changé de voiture ? demanda-t-il.
— On m'a volé la mienne.
Je lui lançai un regard furtif et il n'était pas en bon état, Matthew n'y avait pas été de main morte.
— Quoi ? !
— Oui, mais peu importe. Comment tu te sens ? demandai-je.
— Je ne me plains pas, je mérite ce qu'il m'est arrivé...
Il posa sa main sur la mienne et je la retirai après quelques secondes.
— J'ai prévu de repartir à New York, annonçai-je.
Il se figea et ne dit rien pendant plusieurs minutes, le temps que j'arrive dans le parc où il m'avait emmené une fois.
— C'est à cause de moi ? Je ne voulais pas être violent Cassie, s'il te plait, j'ai besoin de toi, je t'aime.
Je marquai un temps d'arrêt.
— Tu penses vraiment que toi et moi avons un avenir ? C'était voué à l'échec depuis le début..., dis-je.
— Est-ce que tu m'aimes ? demanda-t-il.
— Qu'est-ce que ça change ?
— Réponds-moi Cassie s'il te plait...
— Oui Alex, je t'aime.
— Alors on peut surmonter cette épreuve, je ferai tout ce que tu me demanderas, tout.
Mon téléphone sonna et je reçus une image des filles endormies dans la cave, et attachées sur leur siège.
— On peut aller en parler chez moi ?
— D'accord.
Je continuai jusque chez moi en restant la plus neutre possible, je me garai et sortis de la voiture avant d'entrer chez moi Alex à mes côtés.
— Tu veux un verre ? demandai-je.
— Oui s'il te plait.
Je me dirigeai vers la cuisine et mis quelques gouttes d'un puissant sédatif dans son verre. Il le but d'une traite, comme pour se donner du courage, et me prit les mains avant de se lancer.
— Ne pars pas s'il te plait, dis-moi ce que je dois faire et je le ferai. Je suis même prêt à venir à New York s'il le faut, je te suivrai partout dans le monde.
Je ne dis rien, les effets devraient se faire ressentir au bout d'une minute et il ne tarda pas à cligner des yeux...
— Qu'est-ce que...
... Avant de s'endormir. Je descendis rapidement et vis que les filles étaient bien là, je remontai le fauteuil roulant par le monte-charge, installai Alex dessus avec difficulté et le descendis dans la pièce avant de l'attacher avec les autres.
Il ne me restait plus qu'à m'occuper d'Eric, ce qui ne fut pas difficile, il arriva quelques minutes après mon appel et un quart d'heure plus tard, il était installé aussi. Si tout était bien dosé, ils se réveilleraient dans deux heures. Ce qui me laissait le temps de tout fermer, de faire croire qu'il n'y avait personne dans la maison, au cas où des curieux regarderaient à travers les grilles du portail.
J'avais également numérisé toutes les preuves que j'avais et j'avais tout rangé, je les ferai envoyer à New York dès demain.
J'installai tout ce qui avait été utilisé lors de ma nuit d'horreur. De l'alcool, des bougies, des ciseaux, j'avais ajouté un couteau et une arme, même si je ne comptais pas les utiliser. Tout ce que je voulais c'était des aveux et peu importait les moyens pour y arriver. Je descendis lorsque je fus certaine qu'ils étaient tous réveillés.
Ils étaient tous là, les six, face à moi, attachés, les filles pleuraient.
Leurs supplications ne me faisaient aucun effet, j'avais tellement attendu ce moment, j'avais fait tellement de choses, j'avais perdu mon âme pour arriver à ce moment.
Je me remémorais chaque détail de la soirée. Tout ce qu'ils m'avaient fait subir, leurs rires face à mes pleurs, leur ignorance face à ma souffrance, comment ils avaient contribué à la destruction de ma famille, jusqu'au meurtre de mon père. J'ignorais les sentiments que j'avais pour Alex, la seule chose qui pouvait m'arrêter.
Je leur souriais, ils ne comprenaient pas ce qu'il se passait et enfin l'un d'eux prit la parole, c'était Eric Pender :
— Cassandra, on ne comprend pas, qu'est-ce qu'il se passe ?
Je voyais bien qu'il essayait de se débattre, mais il ne pouvait pas bouger, pas avec ce qu'il avait dans le sang.
— Tu ne comprends pas ? Ne t'inquiète pas, ne vous inquiétez pas, je vais tout vous expliquer.
Alex, qui jusqu'à maintenant n'avait pas dit un mot parla à son tour :
— Cassie, qu'est-ce qu'il t'arrive ? Écoute, si c'est à cause de ce que j'ai fait, réglons ça tous les deux, et laisse les autres partir, s'il te plait. Ta réaction est disproportionnée, je sais que j'ai été loin, mais regarde ce que tu es en train de faire. Je pensais que...
Je ris en entendant ces propos, Alexander Grayson, j'étais amoureuse de lui, mais j'avais pris la bonne décision, j'étais venue dans un seul but.
— Alex, si tu savais à quel point faire semblant de t'aimer a été difficile et écœurant. Mais bon, pour en arriver là il fallait bien que je fasse des sacrifices, crachai-je.
— De quoi tu parles Cassie ?
Je m'approchai et lui mis le couteau sous la gorge, il retint son souffle.
— Chut, ne crie pas Alexander, j'aimerai prendre mon temps alors ne m'agace pas, dis-je en lui appuyant la lame légèrement sur la peau.
Je reculai et me mis au centre de la pièce afin de tous les regarder.
— Je ne m'appelle pas Cassandra Morgan.
Ils levèrent tous les yeux, voilà, c'était exactement ce que je voulais.
— Qui es-tu alors et qu'est-ce que tu veux ? demanda Eric
— Je m'appelle Sara Parker.
La première à réagir fut Annie Clarke.
— Oh mon Dieu, Sara Parker...
— Exactement. Maintenant nous allons jouer à un jeu que vous connaissez tous très bien.
— Sara, si tu savais comme je m'en veux, pleura Annie.
— Ça n'a plus aucune importance, c'est trop tard. Alors, commençons par toi Annie, action ou vérité ?
Le jeu pouvait enfin commencer...
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